If You Are the One / Feng Xiaogang (2008)
J'explore depuis la rentrée la filmographie de Shu Qi et le hasard m'a fait enchaîner deux comédies romantiques - If You Are the One de Feng Xiaogang et Look for a Star d'Andrew Law - tournées à la même époque. Le film d'Andrew Law coche toutes les mauvaises cases : un homme richissime (Andy Lau) garde sa fortune secrète pour séduire une jolie femme pauvre (Shu Qi), ils se séduisent et tombent amoureux (acte I), elle découvre qu'il lui a menti et ils se séparent (acte 2), mais l'amour est plus fort que tout bla-bla-bla (acte 3)... Le tout dans un contexte bling-bling qui sort tout droit d'un roman Harlequin. Impossible de croire à ce scénario éculé et de ne pas le subir, malgré mon affection pour les deux interprètes principaux. Le film de Feng Xiaogang, lui, m'a surpris. Le personnage principal, pour commencer, a un physique... quelconque. Ce n'est pas Matthew McConaughey ou Andy Lau. Il est chauve, il fait plus que son âge et, la quarantaine bien tassée, cherche une épouse. Il poste une petite annonce et multiplie les rencontres un peu foireuses. Y compris avec Shu Qi - le contraste saisissant entre leurs physiques respectifs est intelligemment traité - mais le rendez-vous tourne court, car il comprend qu'elle est paralysée dans sa vie sentimentale par l'amour qu'elle éprouve pour un homme marié. Ils vont toutefois développer une amitié, qui rappelle bien évidemment Quand Harry rencontre Sally... Mais pas que. Lui va continuer les rendez-vous foireux (il rencontre de sacrés phénomènes, mais reste bienveillant avec eux, qu'il s'agisse d'un ancien collègue ayant fait son coming out sur le tard, une veuve qui ne lui garantit qu'un rapport sexuel par an ou une femme qui souffre du syndrome Memento) ; elle va peu à peu tourner la page de son amour impossible... Alors oui, on sait comment tout ça va finir, mais pourtant le film ne donne jamais l'impression de sombrer dans le cliché et de forcer. Pas trop d'artifices narratifs ici comme dans la structure en trois actes citée plus haut et usée jusqu'à la corde. Le scénario en joue, au contraire, avec intelligence. Le film prend son temps, fait plus que flirter avec le road movie, adopte un ton doux-amer et un faux rythme qui charme plus qu'il n'ennuie (l'incroyable beauté de certains paysages, notamment en Hokkaidō, aide beaucoup). L'alchimie Ge You / Shu Qi fonctionne et, surtout, on croit aux sentiments qui se développent lentement mais sûrement sous nos yeux. Ce qui n'est pas rien avec ce genre généralement aussi mal écrit qu'un téléfilm de Noël. Bref, j'ai apprécié la séance et je suis curieux - si je parviens à mettre la main dessus - de découvrir la suite qui a été tournée deux ans plus tard.
Note : 7/10