The Killer de John Woo
(1989)
(1989)
Ancienne critique.
Le remake sort en salle, Madame n’avait jamais vu le film, ma première vision remontait à 12 ans, c’était la bonne occasion pour le revoir. Sans trop de surprise, c’est une revision à la hausse : non seulement il y a eu largement le temps pour assimiler la note d’intention de Woo sur ce film, mais en plus, à parcourir sa filmographie ces dernières années, je me rend compte que j’accepte plus facilement le traitement de l’émotion chez ce réalisateur, qui est souvent exacerbé au point qu’il peut paraître ridicule si on le regarde avec un tant soit peu de cynisme.
Si j’avais en plus gardé en mémoire tout ce qui touche à la chanteuse aveugle (hormis la fin, j’avais oublié à quel point ça se finit pas bien ), j’avoue avoir complètement redécouvert tout ce qui touche à l’amitié entre le tueur et le flic, le jeu de miroir qui s’installe entre eux (jusque dans leurs amitié respectives qui vont mal finir) et du coup la profonde connexion qui se crée au fur et à mesure, et qui trouve un pinacle dans le final apocalyptique. Est-ce que le scénario du film est simple ? Assurément, mais ça ne l’empêche pas de fonctionner pour autant : les personnages existent, les relations entre eux aussi, et j’ai envie de dire que c’est aussi cette forme d’épure propre à une partie du cinéma de Woo qui fait que ça marche. Le meilleur exemple à mon sens, c’est tout le jeu chorégraphique qu’il y a dans l’appartement de la chanteuse, avec les deux héros qui se jaugent tout en faisant en sorte que la demoiselle ne soit pas effrayée : c’est casse -gueule sur le papier, ça pourrait paraître ridicule au possible dans un film très écrit, ici c’est pur et ça fonctionne du feu de dieu.
Mais la vraie star du film, plus que Chow Yun-fat (excellent quand il est mutique, genre Delon asiatique, mais moins convaincant à mon sens quand il va dans l'expressionnisme) c’est clairement la mise en scène de Woo. D’une part parce qu’elle trouve un terrain particulièrement fertile pour s’exprimer (le début qui est une version bien violente du Samouraï de Melville, l’assassinat sur le port et la course-poursuite qui s’ensuit, les deux gros climax de la dernière demi-heure), mais aussi parce que Woo y trouve un parfait équilibre : on est pas encore la débauche jouissive de Hard Boiled, ici c’est de l’action qui, à quelques exceptions près, sert toujours l’histoire et permet de dire presque autant sur les personnages qu’une scène dialoguée. Du coup, contrairement à la première vision où j’avais trouvé qu’il y avait un gros contraste entre l’excellente première heure et la partie plus orientée action, je trouve désormais une homogénéité évidente à l’ensemble.
Et puis là où le film me fascine, c’est dans son montage qui est une véritable leçon : je pensais déjà, avec la découverte de la filmo de Woo, que 90% de l’efficacité de sa mise en scène dépendait de la qualité de son montage, mais c’est clairement un argument qui se confirme avec cette nouvelle vision (et d’autant plus avec celle du remake ). Ainsi, ce n’est pas tant les angles de caméra qui font les scènes d’action (les meilleurs plans, ou les plus originaux, sont souvent des inserts d’à peine une seconde), mais tout se joue dans la façon dont les plans et les mouvements s’accordent et se répondent entre eux. Woo cite régulièrement les comédies musicales comme principale influence de sa manière de créer l’action, et on comprend aisément pourquoi. The Killer était déjà un film que j’aimais malgré les défauts que je pouvais lui trouver, avec ce revisionnage c’est désormais c’est un film que j’adore.
Si j’avais en plus gardé en mémoire tout ce qui touche à la chanteuse aveugle (hormis la fin, j’avais oublié à quel point ça se finit pas bien ), j’avoue avoir complètement redécouvert tout ce qui touche à l’amitié entre le tueur et le flic, le jeu de miroir qui s’installe entre eux (jusque dans leurs amitié respectives qui vont mal finir) et du coup la profonde connexion qui se crée au fur et à mesure, et qui trouve un pinacle dans le final apocalyptique. Est-ce que le scénario du film est simple ? Assurément, mais ça ne l’empêche pas de fonctionner pour autant : les personnages existent, les relations entre eux aussi, et j’ai envie de dire que c’est aussi cette forme d’épure propre à une partie du cinéma de Woo qui fait que ça marche. Le meilleur exemple à mon sens, c’est tout le jeu chorégraphique qu’il y a dans l’appartement de la chanteuse, avec les deux héros qui se jaugent tout en faisant en sorte que la demoiselle ne soit pas effrayée : c’est casse -gueule sur le papier, ça pourrait paraître ridicule au possible dans un film très écrit, ici c’est pur et ça fonctionne du feu de dieu.
Mais la vraie star du film, plus que Chow Yun-fat (excellent quand il est mutique, genre Delon asiatique, mais moins convaincant à mon sens quand il va dans l'expressionnisme) c’est clairement la mise en scène de Woo. D’une part parce qu’elle trouve un terrain particulièrement fertile pour s’exprimer (le début qui est une version bien violente du Samouraï de Melville, l’assassinat sur le port et la course-poursuite qui s’ensuit, les deux gros climax de la dernière demi-heure), mais aussi parce que Woo y trouve un parfait équilibre : on est pas encore la débauche jouissive de Hard Boiled, ici c’est de l’action qui, à quelques exceptions près, sert toujours l’histoire et permet de dire presque autant sur les personnages qu’une scène dialoguée. Du coup, contrairement à la première vision où j’avais trouvé qu’il y avait un gros contraste entre l’excellente première heure et la partie plus orientée action, je trouve désormais une homogénéité évidente à l’ensemble.
Et puis là où le film me fascine, c’est dans son montage qui est une véritable leçon : je pensais déjà, avec la découverte de la filmo de Woo, que 90% de l’efficacité de sa mise en scène dépendait de la qualité de son montage, mais c’est clairement un argument qui se confirme avec cette nouvelle vision (et d’autant plus avec celle du remake ). Ainsi, ce n’est pas tant les angles de caméra qui font les scènes d’action (les meilleurs plans, ou les plus originaux, sont souvent des inserts d’à peine une seconde), mais tout se joue dans la façon dont les plans et les mouvements s’accordent et se répondent entre eux. Woo cite régulièrement les comédies musicales comme principale influence de sa manière de créer l’action, et on comprend aisément pourquoi. The Killer était déjà un film que j’aimais malgré les défauts que je pouvais lui trouver, avec ce revisionnage c’est désormais c’est un film que j’adore.
8/10