[Alegas] Mes Critiques en 2024

Vos critiques de longs-métrages

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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Alegas » Ven 01 Nov 2024, 11:37

BILAN OCTOBRE 2024


Films vus :

397 : Megalopolis, Francis Ford Coppola, 2024, Ciné VOST : 5/10
398 : The commuter, Jaume Collet-Serra, 2018, TV VOST : 6/10
399 : Another Earth, Mike Cahill, 2011, TV VOST : 4,5/10
400 : Quand tu liras cette lettre, Jean-Pierre Melville, 1953, Ciné VF : 4/10
401 : L'aile ou la cuisse, Claude Zidi, 1976, TV VF : 7/10
402 : The fall of the Roman Empire, Anthony Mann, 1964, Ciné VOST : 6,5/10
403 : The Outrun, Nora Fingscheidt, 2024, Ciné VOST : 7,5/10
404 : Stop ! Or my mom will shoot, Roger Spottiswoode, 1992, TV VOST : 1,5/10
405 : Rob Roy, Michael Caton-Jones, 1995, TV VOST : 5,5/10
406 : Joker, Todd Phillips, 2019, Blu-Ray VOST : 6/10
407 : All of us strangers, Andrew Haigh, 2023, Blu-Ray VOST : 8/10
408 : Flugt, Jonas Poher Rasmussen, 2021, Blu-Ray VOSTA : 9/10
409 : Ferrari, Michael Mann, 2023, UHD VOST : 7/10
410 : My own private Idaho, Gus Van Sant, 1991, Ciné VOST : 3/10
411 : The return of the living dead, Dan O'Bannon, 1985, TV VOST : 6,5/10
412 : The wild robot, Chris Sanders, 2024, Ciné VOST : 7,5/10
413 : Pauline, Céline Sciamma, 2009, Truc VF : 5/10
414 : Official secrets, Gavin Hood, 2019, TV VOST : 7/10
415 : Exodus, Otto Preminger, 1960, TV VOST : 3,5/10
416 : From beyond, Stuart Gordon, 1986, TV VOST : 6/10
417 : Deux hommes dans Manhattan, Jean-Pierre Melville, 1959, Ciné VF : 5,5/10
418 : Blackfish, Gabriela Cowperthwaite, 2013, TV VOST : 6,5/10
419 : Sing : Thriller, Garth Jennings, 2024, TV VOST : 5,5/10
420 : Black Widow, Cate Shortland, 2021, TV VOST : 3/10
421 : Lee, Ellen Kuras, 2024, Ciné VOST : 4,5/10
422 : Phone booth, Joel Schumacher, 2002, TV VOST : 7,5/10
423 : Hot water, Fred C. Newmeyer & Sam Taylor, 1924, DVD VO : 6,5/10
424 : Joker : Folie à deux, Todd Phillips, 2024, Ciné VOST : 4/10
425 : Act of violence, Fred Zinnemann, 1948, Ciné VOST : 7/10
426 : L'innocent, Louis Garrel, 2022, TV VF : 6,5/10
427 : Meet the parents, Jay Roach, 2000, TV VOST : 6/10
428 : Meet the Fockers, Jay Roach, 2004, TV VOST : 6,5/10
429 : The Killer, John Woo, 1989, DVD VOST : 8/10
430 : The Killer, John Woo, 2024, Ciné VOST : 2,5/10
431 : Little Fockers, Paul Weitz, 2010, TV VOST : 5/10
432 : L'amour ouf, Gilles Lellouche, 2024, Ciné VF : 7,5/10
433 : Blue giant, Yuzuru Tachikawa, 2023, Ciné VOST : 6,5/10
434 : Desperate hours, Michael Cimino, 1990, TV VOSTA : 4,5/10
435 : Winterschläfer, Tom Tykwer, 1997, TV VOST : 5/10
436 : Deadpool & Wolverine, Shawn Levy, 2024, Truc VOST : 5/10
437 : Transformers One, Josh Cooley, 2024, Ciné VOST : 6,5/10
438 : The sessions, Ben Lewin, 2012, TV VOST : 5,5/10
439 : Wait until dark, Terence Young, 1967, DVD VOST : 7,5/10
440 : The Hound of the Baskervilles, Terence Fisher, 1959, TV VOST : 6/10
441 : Juror #2, Clint Eastwood, 2024, Ciné VOST : 7,5/10


Découverte du mois :

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Autres découvertes marquantes :

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Speak no evil - 7/10

Messagepar Alegas » Ven 01 Nov 2024, 12:09

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Speak no evil de James Watkins
(2024)


Déjà, il faut dire ce qui est : c’est un film qui mérite d’être vu sans rien en savoir, donc je déconseille la vision du trailer qui vend la mèche de l’orientation du dernier quart du film, ce qui est quand même bien dommage dans un récit où tout l’intérêt se trouve dans la méconnaissance de ce qui va suivre. C’est vendu un peu comme un film d’horreur alors que c’est bien plus un film de tension, mais de la tension psychologique puisque tout se joue dans un certain choc des cultures (un peu comme As bestas avec qui il partage quelques ressemblances), avec en gros la famille de la ville et la famille de la campagne qui vont passer un week-end ensemble.

Sur ce point, le film est particulièrement appréciable et plutôt bien écrit : les relations entre personnages sont crédibles, évoluent petit à petit, le doute concernant les intentions de la famille campagnarde s’installe progressivement, et il y a parfois de la tension qui arrive à être créée de pas grand chose, genre une blague qui ne paraissait pas en être une, certaines réactions du personnage de James McAvoy, etc… En plus, le film arrive à créer une vraie empathie vis-à-vis de la famille rurale, même si ses dysfonctionnements sont révélés peu à peu, et de mon côté il y a eu une réelle crainte par rapport à ce qu'ils allaient vivre. C’est typiquement le genre de films qui, quand c’est bien fait (et c’est le cas ici), arrive à me mettre en tension pendant des séquences entières, et pour le coup toute la dernière demi-heure à mi-chemin entre le film de siège et le home invasion est vraiment réussie. Certains reprocheront peut-être au film de ne pas aller assez loin dans la violence, d’avoir une fin qui paraît facile, mais d’un autre côté ce n’est pas vraiment le propos du métrage : ce n’est pas tant la survie physique qui compte dans ce récit, c’est plutôt l’état psychologique à l’arrivée, et sur ce point le film est assez ludique je dirais, tant on est pas loin de la thérapie de couple, mais avec un psy qui serait complètement psychopathe :mrgreen: .

James Watkins, réal dont je ne suis pas fan au demeurant (j’avais trouvé The woman in black assez vain dans sa tentative de ramener un cinéma d’horreur à mi-chemin entre la Hammer et le film de fantômes des années 2000), livre ici un film efficace dans sa retenue, c’est pas brillant non plus mais tout marche tellement bien que je trouve assez difficile de faire un reproche formel au métrage, c’est du bon boulot. Là où le film est vraiment excellent, c’est du côté du casting où tout le monde donne son meilleur, en particulier McAvoy qui rappelle quel super acteur il peut être dans un registre proche de celui de Split. Je trouve qu’il y a en plus un vrai boulot sur son physique au fur et à mesure du récit : c’est un regular guy au début, mais plus le film avance et plus il y a un côté bestial qui transparaît dans sa façon de se mouvoir, on sent que l’acteur travaille son personnage à fond et ça donne un résultat assez impressionnant à l'écran. J’ignore si c’est un film qui se reverra bien, dans le sens où ça joue énormément sur la surprise, et donc peut-être que ce sera moins efficace une fois qu’on connaît tout le déroulement, mais en l’état c’était une chouette séance, et donc un film que je pourrais recommander sans problème pour les amateurs du genre.


7/10
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Film: Speak no evil
Note: 5/10
Auteur: Scalp

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Robot sauvage (Le) - 7,5/10

Messagepar Alegas » Sam 02 Nov 2024, 19:03

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The wild robot (Le robot sauvage) de Chris Sanders
(2024)


Le film était une vraie attente de mon côté, notamment parce que c’est le retour de Chris Sanders sur un film d’animation pour la première fois depuis The Croods. J’ai toujours pas trop compris pourquoi il a fait une tentative dans le live-action avec un film pas honteux mais clairement oubliable, mais le fait est qu’il revient en grande forme avec The wild robot qui est d’un tout autre niveau. C’est apparemment l’adaptation d’une série de bouquins que je ne connaissais pas du tout, et je peux comprendre ce qui a pu attirer Sanders dans une telle histoire, lui qui a souvent aimé parler de parias de rapport profond à l’environnement. Ici donc, on suit un robot à tout faire fraîchement sorti d’usine et qui se retrouve, suite à un accident, piégé sur une île peuplée d’animaux sauvages, et tout l’enjeu du film va se jouer entre le rapport du personnage vis-à-vis de sa fonction (il lui faut un objectif à atteindre, sinon il n’a pas de raison d’être) et l’apprentissage du fait qu’il y a bien plus derrière ce pour quoi il a été programmé.

J’imagine que c’était le but premier de Sanders : le métrage parle d’humanité sans pour autant évoquer les humains, il est donc question de sentiments, de valeurs, d’émotions, et de trouver sa place dans l’existence, mais avec comme seuls protagonistes un robot et des animaux. C’est complètement casse-gueule sur le papier, mais ça marche à l’écran, et pour le coup j’ai vraiment trouvé que le film était chargé émotionnellement alors qu’on a 90% du temps à l’écran un personnage principal au design qui empêche de montrer la moindre émotion, un peu comme avait pu le faire Wall-E en son temps. C’est très fort, et cette qualité est là non seulement grâce à un casting vocal réussi (Lupita Nyong’o assure dans un rôle pas facile), mais aussi et surtout grâce à un gros travail d’animation qui permet à ce robot d'acquérir de plus en plus de personnalité juste à travers ses mouvements. Côté écriture, c’est déjà moins original mais tout à fait efficace, la relation maternelle fonctionne très bien (superbe scène de l’envol pour la migration, une séquence qui donne des frissons :love: ), idem pour celle avec le renard, finalement il y a juste le dernier acte que je trouve plus convenu que le reste avec le classique message du “on est plus forts quand on est ensemble”, mais encore une fois c’est bien amené et c’est logique narrativement.

Là où le film m’a en revanche surpris, c’est sur son humour : c’est de plus en plus rare dans des films d’animations US d’avoir un humour un peu borderline, la faute à des producteurs qui veulent s’assurer un produit tout gentil pour la famille. Ici, contexte animalier sauvage oblige, on n’hésite pas à parler de la mort et à blaguer dessus (le coup de la mère opossum qui compte ses gamins et qui constate qu’il y en a qui vient de se faire bouffer et qui trouve ça normal, je ne m’y attendais pas :eheh: ), y’a un vrai côté cruel qui ressort sans que ça n’empêche le métrage d’atteindre le public visé (si j’en crois les réactions dans ma salle, les gamins n’ont jamais été gênés du côté cru que peut avoir le film). Le fait que les animaux parlent m’a un peu surpris au début, car à la vue du premier trailer j’avais l’impression que c’était un film muet façon La tortue rouge, bon pour le coup je peux comprendre cette décision commercialement parlant, mais j’ai un peu l’impression que Sanders passe à côté d’une opportunité, ça aurait pu être cool d’avoir un film entier avec la problématique de faire comprendre l’histoire uniquement à travers l’animation et la voix du robot.

Sinon, le film confirme une certaine tendance de Dreamworks dernièrement : ils ont beau continuer à faire des projets pas très intéressants d’un côté, mais de l’autre ils suivent la voie ouverte par Into the spider-verse en prenant un virage nettement plus stylisé graphiquement. Du coup, après The bad-guys et Puss in boots 2, on a de nouveau un gros festival visuel qui prouve qu’on peut faire de l’animation 3D et s’éloigner de ce que Disney et Pixar nous ont habitué. C’est graphiquement superbe, avec énormément de textures peintes, et c’est d’autant plus fascinant que c’est sur un contexte de nature sauvage où tout se mélange très facilement, ça aurait pu virer dans quelque chose de brouillon mais ce n’est pas le cas du tout. Bref, je ressors du film ravi par ce que j’ai vu, et si suite il doit y avoir (la fin est ouverte, et il y a apparemment d’autres livres à adapter) je serais preneur.


7,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar lvri » Sam 02 Nov 2024, 19:17

:super:
J'ai personnellement passé un excellent moment à découvrir ce Wild Robot !
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Official secrets - 7/10

Messagepar Alegas » Dim 03 Nov 2024, 10:34

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Official secrets de Gavin Hood
(2019)


Un film que j’ai lancé sans réels espoirs vu le CV du réal, mais au final ça se révèle pas mal du tout. Je ne connaissais pas du tout le sujet (ce qui m’a permis de réagir par surprise à chaque rebondissement, notamment la fin), à savoir la fuite volontaire d’un mémo de la CIA aux services secrets britanniques qui demandait, en 2003, d’influer sur les votes des Nations Unies pour justifier l’entrée en guerre en Irak, et pour le coup c’est vraiment une histoire qui, à mon sens, méritait une adaptation sur grand écran : au-delà du fait que c’est nécessaire (bon, le film arrive plus de quinze ans après les faits, mais mieux vaut tard que jamais), c’est aussi un récit assez inspirant sur ce qu’il véhicule vis-à-vis de la position du peuple face à son gouvernement.

Sans trop spoiler, c’est assez fascinant de suivre cette affaire, d’autant qu’on a plusieurs points de vues pertinents entre la lanceuse d’alerte, les journalistes qui décident de publier malgré les doutes, et l’avocat qui va se charger de défendre la première, tout se complète très bien et il n’y a pas de storyline qui paraît de trop, c’est vraiment un script bien équilibré sur ce point. Est-ce un film à tendance Wikipédia ? Oui, c’est évident, mais pour le coup ça le fait bien et jamais le film ne m’a paru didactique : ça raconte une histoire, avec des personnages qui existent à l’écran et auxquels on peut s’attacher, ce n’est pas juste un enchaînement de faits avec des protagonistes transparents. Formellement et narrativement, je ne peux pas crier au grand film : c’est académique et fonctionnel, mais ça marche assez pour rendre certaines séquences efficaces (la tension lorsque Keira Knightley copie le mémo sur disquette, le passage où les journalistes se rendent compte qu’une secrétaire a altéré par erreur, ou le procès final) à défaut d’avoir le truc en plus qui permettrait au métrage de transcender son sujet. Au final, ce qui fait que le film fonctionne, au-delà de son histoire, c’est clairement le casting qui est solide comme il faut : Keira Knightley dans un tel rôle tombe sous le sens, Matt Smith et Matthew Goode font très bien le taf, et Ralph Fiennes, malgré un temps à l’écran réduit, en impose (la scène finale sur la plage, c’est une conclusion parfaite). Rien de révolutionnaire dans ce film, juste une histoire intéressante bien menée, mais ça m’a clairement suffi par rapport à ce que je venais chercher.


7/10
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Exodus - 3,5/10

Messagepar Alegas » Dim 03 Nov 2024, 15:53

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Exodus de Otto Preminger
(1960)


J’avais entendu un peu tout et son contraire sur ce film, et à la découverte je comprends mieux pourquoi les avis sont si divisés. Grosse fresque de la part d’un Preminger au sommet de sa carrière (il sort alors tout juste de Anatomy of a murder) sur un sujet déjà délicat à l’époque mais qui l’est encore plus aujourd’hui, à savoir la création de l’état d’Israël à la fin des années 40. Sur ce point, on ne peut guère dire qu'Exodus vieillisse bien : évoquer ce récit uniquement à travers le point de vue juif semblait peut-être une bonne idée en 1960, mais à le découvrir aujourd’hui, ça donne vraiment l’impression une grosse machine qui s’auto-congratule vis-à-vis des évènements dépeints. Le peuple juif y a rarement le mauvais rôle, est souvent montré comme le peuple martyr par excellence, et la quasi-totalité des arabes que l’on peut voir dans le film sont des visages sans nom qui font le mal sans chercher à discuter. Un traitement très limite donc (et très limité), qui a probablement joué sur le fait que j’ai eu très vite une distance vis-à-vis des personnages présentés, mais je pense cependant que le métrage a aussi de vrais soucis qui dépassent son sujet même et la façon dont on peut le percevoir.

Déjà, le film est beaucoup trop long : j’entends qu’il y a beaucoup de choses à dire, mais 3H30 pour au final avoir un point de vue aussi limité sur les évènements, c’est quelque chose qui me dépasse un peu. D’autant que la longueur n’est jamais réellement justifiée : le rythme est affreusement lent (tout le début à Chypre ça met des plombes à démarrer, ça devient réellement intéressant lorsque tout le monde embarque sur le navire), lorsque ça aborde des sujets géopolitiques complexes on finit par s’y perdre tant le film n’arrive pas à bien gérer la mise en place des contextes, et enfin les personnages ne donnent jamais l’impression de bénéficier de la longueur du métrage, tant ils paraissent être majoritairement des fonctions du début jusqu’à la fin (jamais, par exemple, je n’ai cru réellement au personnage de Kitty, alors qu’elle est l’une des protagonistes qu’on voit le plus à l’écran). Du coup, ça donne un film extrêmement pénible à suivre, alors que concrètement les évènements relatés sont intéressants sur le papier.

De plus, Preminger filme ça de façon vraiment pas terrible : c’est tellement mou et peu intéressant que j’ai d’abord pensé que c’était un film de fin de carrière. De toute évidence, la grande fresque historique ne sied guère à son réalisateur, qui semble très peu à l’aise ou en manque de contrôle de l’ensemble, et seules quelques rares scènes viennent rappeler qu’il est derrière la caméra, à l’image de la séquence de la préparation de l’évasion de prison, séquence qui dispose pour le coup de vraies idées de mise en scène (pas comme la majorité du film donc, on est pas devant du David Lean). Côté casting, s’il y a du bon comme du mauvais (encore une fois, j’ai beaucoup de mal avec le personnage d’Eva Marie Saint qui fait très artificiel), on retient surtout Paul Newman qui semble être l’un des rares à croire pleinement à la rage de son personnage. Tout ça donne un film vraiment pas terrible : trop long, trop peu engageant à tous les niveaux, trop unilatéral dans sa façon de dépeindre son sujet, il y a vraiment l’impression de voir un long tract pro-Israël qui, comble de l’ironie, se finit par un discours en mode “on va se battre pour créer une terre où cohabiteront juifs et arabes” :? . Encore une fois, ça passait peut-être en 1960, mais en 2024 c’est assez gênant et triste.


3,5/10
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Aux portes de l'Au-delà - 6/10

Messagepar Alegas » Lun 04 Nov 2024, 13:42

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From Beyond (Aux portes de l'Au-delà) de Stuart Gordon
(1986)


Je ressors un peu déçu de celui-ci vu la réputation qu’il a, et je me demande si, du même Stuart Gordon, je ne préfère pas de peu Re-Animator qui me semblait mieux se tenir dans l’ensemble. Le film commence pourtant bien avec cette introduction qui va dans le vif du sujet, avec une expérience paranormale qui va mal tourner, où l’un des participants va finir dans un asile, et où une psychiatre se demande s’il n’y a pas un fond de vérité dans sa supposée folie, au point de le ramener sur les lieux de l’expérience. Le souci, c’est qu’une fois revenu dans la baraque où va se dérouler la quasi-totalité du métrage, j’ai vraiment eu le sentiment d’un rythme faiblard et d’un manque de générosité concernant le bestiaire.

Du coup, pendant une bonne demi-heure, j’ai pourtant trouvé le temps long vu que la seule chose qu’on nous propose sont de nombreuses séquences dialoguées qui font du surplace (on ne peut pas vraiment dire que l’écriture soit le point fort de l’ensemble) et des personnages dont l’intérêt est particulièrement inégal (si Jeffrey Combs et Barbara Crampton s’en sortent mieux, celui de Ken Foree est inintéressant au possible tant il est fonctionnel :| ). Du coup, c’est vraiment dans la dernière demi-heure que j’ai eu ce que j’étais venu chercher : des bestioles dégueulasses, un bad guy dont les transformations sont impressionnantes (malgré le budget qu’on devine faiblard, il y a eu bon boulot sur l’aspect body horror), du gore, des éléments sexy (la tenue BDSM qui a probablement marqué pas mal d’ados à l’époque :mrgreen: :love: ), etc… Ça permet de terminer la bobine sur une impression positive, mais il y a quand même cette sensation d’avoir vu un film dont une bonne moitié est finalement peu intéressante.


6/10
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Deux hommes dans Manhattan - 5,5/10

Messagepar Alegas » Lun 04 Nov 2024, 19:13

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Deux hommes dans Manhattan de Jean-Pierre Melville
(1959)


Je progresse dans la complétion de la filmo de Melville, avec ici un film assez particulier, puisque se déroulant intégralement à New York, et avec Melville himself dans l’un des deux rôles principaux. Si on connaît un peu le bonhomme, on sait qu’il a voué une passion particulièrement intense pour le cinéma américain, et donc le voir poser sa caméra aux States (enfin surtout pour les extérieurs, le reste étant tourné en France dans un studio) semble particulièrement logique, d’ailleurs le script initial se déroulait en France, et a donc spécialement été transposé par Melville. Pour le coup, c’est clairement un film qui relègue l’intrigue au second plan : il est bien question de la recherche par deux journalistes d’un parlementaire français qui a disparu, mais au fond on voit bien que ce qui intéresse Melville, c’est plus le voyage que la destination.

C’est clairement plus un film d’ambiance, avec extérieurs nocturnes new yorkais tournés à la sauvette (là encore, Melville montrait déjà les bases de la future Nouvelle Vague), musique jazzy dès que c’est possible, ambiance qui se rapproche du film noir (beaucoup de femmes, et un mystérieux conducteur qui poursuit les deux héros durant la nuit), et c’est là où Melville met la majorité de ses forces, au détriment de l’histoire qui, du coup, devient un peu secondaire et pas très intéressant, si ce n’est dans son dernier quart. Le problème, c’est que ça se fait aussi au détriment des personnages, et si celui joué par Pierre Grasset se révèle par moment intéressant (surtout sur la fin avec le dilemme du corps retrouvé et de la photo à prendre), celui joué par Melville restera très transparent jusqu’au bout, pas aidé par son interprète qui montre vite ses limites de jeu (ce qui me fait me demander pourquoi il a joué ce rôle : économie de budget ? Volonté d’apparaître en tant que héros new yorkais ?).

Ça donne un film qui n’est pas emmerdant à suivre, mais qui n’est jamais passionnant non plus. Formellement, c’est déjà plus intéressant car c’est du Melville qui essaye alors autant que possible d’aller dans un style très libéré, avec du tournage souvent improvisé, un film qui se décide autant en tournage qu’en montage, et c’est d’autant plus intéressant que ce sera le dernier film qu’il fera ainsi : suite à l’échec du métrage au box office (alors que c’est son film le plus cher à l’époque), le réalisateur se remettre complètement en question, et partira vers un cinéma plus maîtrisé qui aboutira notamment sur Le Doulos quelques années plus tard. Au final, c’est plus une curiosité qu’un réel bon film, j’aurais du mal à le conseiller à n’importe qui, mais pour les fans de Melville c’est intéressant à analyser. Maintenant, manque plus qu’à voir L’aîné des Ferchaux.


5,5/10
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Blackfish - 6,5/10

Messagepar Alegas » Mar 05 Nov 2024, 17:47

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Blackfish de Gabriela Cowperthwaite
(2013)


C’est toujours un peu compliqué d’aborder ce genre de documentaire à travers une critique. D’un côté, on a un film qui a le mérite d’exister. Le sujet est passionnant (la vie d’un orque, de sa capture à ses années en captivité dans un parc Sea World, avant qu’il ne se mette à tuer une dresseuse), les révélations et rebondissements font mouche en provoquant régulièrement un sentiment de révolte et de dégoût vis à vis des conditions de captivité de ces animaux, c’est plutôt bien fourni en images d’archive (j’ignore comment la réalisatrice s’est procuré les vidéos des précédentes tentatives d’attaques, mais ça montre bien que Sea World était au courant et a cherché à camoufler la vérité pendant des années), bref ça fait bien le job. D’autant que le film a eu le mérite d’avoir un réel impact à sa sortie : Sea World a vainement tenté de se justifier, la fréquentation des parcs a baissé, et globalement il y a une eu vraie sensibilisation vis-à-vis des conditions de vie des grands animaux dans ce type de lieux.

Mais de l’autre côté, c’est un documentaire assez pauvre sur la forme : rien de nouveau sous le soleil avec une présentation digne du reportage télévisuel moyen, et même si le tout fonctionne bien il y a l’impression que le film aurait pu prendre plus de risques sur sa narration au lieu de choisir un angle très didactique (choisi, j’imagine, pour toucher le public le plus large possible, ce qui est tout de même à son honneur). Autre manque qui se ressent : l’absence de différents points de vue, puisque la totalité des personnes interviewés vont toujours dans le même sens. On sent que ce manque n’est pas volontaire, puisqu’il est dit plusieurs fois que Sea World a refusé de participer, ne serait-ce que via l’interview d’un représentant, mais du coup ça donne un peu le même problème qu’on peut trouver chez certains films de Michael Moore avec un traitement unilatéral. Du coup, malgré mes réserves, je choisis de noter ce film plutôt à l’instinct, et donc en privilégiant l’importance du sujet, qui est clairement sa plus grande force.


6,5/10
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Black Widow - 3/10

Messagepar Alegas » Mer 06 Nov 2024, 19:51

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Black Widow de Cate Shortland
(2021)


Chère Scarlett,

Tu le sais, ça fait longtemps que je vais voir des films avec, comme simple raison, ta présence au casting. Parfois, la qualité n’est pas au rendez-vous, et souvent j’ai l’impression que tu prends la voie de facilité en privilégiant des grosses licences ou des réalisateurs qui bénéficient d’une hype. Cela se fait souvent au détriment des personnages que tu incarnes, mais généralement je peux voir ce t’intéressait au sein du projet. On en arrive au personnage de Black Widow. Je peux comprendre ton envie de jouer une femme d’action, et je peux comprendre que ça devait être sympa de jouer régulièrement avec un casting XXL dans les blockbusters les plus attendus chaque année. Mais ton personnage a eu une fin héroïque dans Avengers Endgame, alors pourquoi vouloir continuer avec un film solo ?

La réponse, je pense malheureusement qu’elle se trouve dans le fait que tu étais productrice exécutive sur le film, et je pense que le début de procès que tu as intenté à Marvel quand ces derniers ont voulu sortir le film en SVOD plutôt qu’en salle ne fait que confirmer cela. Du coup, j’ai fortement le sentiment de voir un film que tu n’as fait que pour des raisons financières, et c’est d’autant plus flagrant que ce film, en définitive, ne sert à rien, si ce n’est introduire de nouveaux personnages à l’univers, et qui serviront dans de futurs films. L’explication de ce qui arrive à Black Widow durant la Civil War ? On s’en foutait pas mal. Les origines de ton personnage ? Les flashbacks aperçus dans le second Avengers suffisaient très bien, pas besoin d’expliciter tout ça. L’explication de ton changement de couleur de cheveux dans Endgame ? Là aussi, c'est complètement inutile.

Mais au fond, ce qui me désole le plus, c’est que même dans un film vendu comme ton unique opus solo, tu finis par être la figurante d’un groupe, cette fois de ta famille, aspect d’ailleurs complètement loupé du film tant on ne ressent jamais quelque chose entre toi et les autres comédiens, vous êtes tous en mode automatique (même Rachel Weisz, c’est dire le gâchis). L’exploration des tes origines n’est finalement qu’une énième excuse pour livrer une histoire écrite en mode automatique, à aller d’un point A à un point B, puis C, le tout avec un bad guy aux trousses (Taskmaster, plein de promesses, mais un personnage qui tombe finalement à plat), un grand méchant nul à chier, et une grosse base à faire péter à la fin (j’entends que l’univers Marvel soit fantastique, mais cette base secrète qui a toujours réussi à se cacher dans les nuages à l’heure des satellites, je n’y crois pas une seconde).

Le pire, c’est que ton film solo n’est finalement même pas un film d’action potable. Pour une raison obscure, toi et les autres producteurs êtes allé chercher une obscure réalisatrice australienne qui n’avait jamais approché un gros budget ou ne serait-ce qu’un film d’action, sans doute juste pour vous assurer une personne docile qui n’allait pas coûter très cher. Résultat : le film est formellement tout ce qu’il y a de plus oubliable. C’est mal filmé, mal monté, et jamais les compétences de ton personnage ne sont mises en valeur. Je n’ai aucun doute sur le fait que tu considères le film comme une opération réussie, notamment sur le plan financier, mais ça m’emmerde au plus haut point de te voir te rabaisser à ça. Au moins, ton aventure avec Marvel est terminée (s’il te plaît, ne fait pas comme Downey), mais j’espère sincèrement que tu auras le nez plus fin concernant tes futurs blockbusters. Wait and see pour le Jurassic World signé Gareth Edwards…


3/10
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Film: Black Widow
Note: 1/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar osorojo » Mer 06 Nov 2024, 21:00

Ptain t'es éclaté niveau dating Alegas. Si tu n'avais qu'une chance sur 1.000.000 de conclure avec Scarlett avant cette lettre enflammée, maintenant c'est sûr et certain, la probabilité est tombée à 0 :x
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Lee Miller - 4,5/10

Messagepar Alegas » Mer 06 Nov 2024, 22:48

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Lee (Lee Miller) de Ellen Kuras
(2024)


Le trailer ne m’avait pas spécialement enchanté, mais la perspective de revoir Winslet dans un rôle de premier plan me donnait envie de tenter tout de même l’aventure. Malheureusement, le film est à l’image de ce que laissait présager sa bande-annonce, et même s’il y a des efforts de fait pour qu’on s’attache à son personnage, on reste clairement devant du film wikipédia particulièrement fade. Il y avait pourtant de quoi faire : un personnage de reporter de guerre en pleine Seconde Guerre Mondiale, qui a notamment été sur place lors de la découverte des camps de concentration, et dont la publication des photos ne s’est faite que sur le tard, c’est un peu un sujet en or. Mais le résultat à l’écran prouve que même un bon sujet peut donner, avec le mauvais traitement, un film anecdotique, et c’est très clairement le cas ici avec une écriture peu engageante. Dès le début, ça sonne faux : l’interview contemporaine en guise de fil rouge, c’est une idée qui a pu faire ses preuves sur d’autres films, mais là ça ne sert strictement à rien (si ce n’est faire un petit twist de fin, lui aussi complètement inutile), et toute l’intro en France, qui permet de présenter la joie de vivre de Elizabeth Miller avant la guerre, a bien du mal à poser ce personnage.

Au final, c’est surtout Winslet qui, avec sa qualité de jeu habituelle (c’est mine de rien une actrice qui, à ma connaissance, et malgré des choix de carrière parfois douteux, n’a jamais été mauvaise) rend le film un minimum intéressant à suivre, car côté écriture c’est vraiment pas la joie tant tout est survolé : le rapport à la hiérarchie masculine, la tendance exhibitionniste issue des années en tant que modèle, la relation avec le perso d’Andy Samberg, etc… Ce que je trouve le plus réussi dans le métrage se trouve plutôt sur le dernier tiers : la réaction face aux camps, lla fin de la guerre, l'ambiguïté créée via la photo dans la baignoire du Führer, la non publication des photos et la réaction de Miller, mais tout ça arrive bien trop tard, après plus d’une heure de film qui peine à passionner. Surtout que visuellement, le film n’est pas dingo : non seulement c’est filmé sans idées (la réal est pourtant une directrice photo ayant bossé Scorsese et Gondry, on a fait pire comme CV), mais en plus l’ensemble fait particulièrement cheap, en particulier la recréation du Paris des années 40 qui ne marche pas du tout. On devine vite que le budget ne devait pas être à la hauteur de l’histoire contée. En l’état, ce n’est pas un film détestable, et ça se regarde, mais je mentirais si je ne disais pas que j’ai trouvé les deux heures plutôt longuettes. Vu le casting, vu le potentiel du sujet, il y avait matière à mieux.


4,5/10
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Film: Lee Miller
Note: 5/10
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Phone Game - 7,5/10

Messagepar Alegas » Jeu 07 Nov 2024, 15:02

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Phone booth (Phone game) de Joel Schumacher
(2002)


"Three million New Yorkers are cell phone users. It used to be a mark of insanity to see people talk to themselves, now it's a mark of status."


Un film que j’avais vu un certain nombre de fois à sa sortie dvd, et pour cause : c’était l’époque où j'envisageais de plus en plus sérieusement des études de cinéma, et l’idée d’un film tourné en moins de deux semaines, et se déroulant intégralement au même endroit, avait quelque chose de fascinant. J’avoue que j’avais peur de la revision, mais le fait est que ça conserve son efficacité quand bien même je connaissais le film quasiment par cœur. Sur un pitch minimaliste (un homme est coincé dans une cabine téléphonique, en contact permanent avec un sniper qui menace de le tuer), Schumacher livre un thriller qui est une petite pépite en termes de rythme : ça dure 1H20, 90% des plans du film c’est Colin Farrell au téléphone, mais jamais on ne s’emmerde.

Faut dire que le script est très bien conçu, avec une logique de rajouter constamment des éléments narratifs pour éviter que la situation ne fasse sur surplace, et ce qui est fort c’est que malgré ces ajouts, on a jamais le sentiment que le film en fait trop pour garder notre attention, ça reste toujours dans la logique de ce que le métrage raconte, avec un tueur qui se révèle être un homme avec un but : trouver les pires connards possibles de New York et leur offrir une chance de se racheter. Et puis c’est dingue de voir à quel point, malgré la disparition des cabines téléphoniques, le film est toujours aussi pertinent aujourd’hui dans le rapport des gens au téléphone : au final cette histoire d’homme pour qui abandonner le téléphone est synonyme de mort peut donner une analyse intéressante de ce que cet outil est désormais devenu pour nous.

Sans surprise vu le concept du métrage, c’est Colin Farrell qui porte le projet sur ses épaules, et il le fait super bien. Je me souviens que c’était cette année-là que je découvrais cet acteur (avec ce rôle et celui dans Minority Report) et il y avait déjà la sensation de voir la naissance d’un super acteur, chose qu’il a clairement prouvé par la suite. Dans Phone booth, il a une aisance assez étonnante à transformer son personnage petit à petit (probablement aidé par le fait que le tournage a été fait dans l’ordre chronologique), de connard arrogant à victime qui veut juste s’en sortir et qui est prêt à avouer ses torts (superbe scène de pardon en public), c’est clairement lui qu’on retient le plus du visionnage (la voix de Kiefer Sutherland fait aussi son petit effet, mais c’est pas non plus le même niveau).

Formellement, c’est peut-être bien l’un des films les plus surprenants de Schumacher, qui donne l’impression de se renouveler complètement pour épouser le budget de son film : split-screen, tournage à plusieurs caméras à l’épaule pour diversifier les angles de vue, jeux de cadre pour avoir la caméra à l’intérieur de la cabine, montage très dynamique, photographie qui nous vend le fait que ça se passe à New York alors que c’est tourné à Los Angeles, etc… Autant Schumacher est un réal très inégal en général, autant là il livre un film particulièrement solide, le meilleur de sa part que j’ai pu voir jusqu’ici.


7,5/10
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Film: Phone Game
Note: 7/10
Auteur: Jipi

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Joker : Folie à deux - 4/10

Messagepar Alegas » Ven 08 Nov 2024, 01:39

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Joker : Folie à deux de Todd Phillips
(2024)


Attention ça spoile.

A la sortie de Joker, lorsqu'il démarrait en trombe au box-office, Todd Phillips avait dit en interview que son film était pensé comme une histoire qui se suffisait à elle-même, et qu’il n’était pas question de faire une suite. Cinq ans plus tard, Joker : Folie à deux arrive sur les écrans. À première vue, il est aisé de penser que la seule chose qui a provoqué ce revirement chez le réalisateur a été la perspective d’une grosse somme d’argent, mais maintenant que cette suite a été vue, je me demande réellement si c’était le cas. Non pas que je pense que Phillips soit un réalisateur particulièrement louable, sa carrière parle pour lui, et il a démontré par le passé que les suites cherchant à capitaliser sur un film original ne le dérangent pas, mais dans ce second Joker il y a clairement quelque chose de l’ordre de l’auto-destruction, ou plus précisément de la destruction de tout ce que le premier film posait, qui me fait penser que le mec avait quand même une ou deux idées pertinentes derrière la tête.

Plus qu’une suite à Joker, ce second film est à mon sens bien plus méta qu’il n’en a l’air (on y évoque même un film relatant les évènements décrits dans Joker et que les protagonistes ont soit adoré, soit détesté), et son sujet n’est autre que la réception même du premier opus, qui avait notamment été reçu par une bonne partie du public américain comme une sorte d’appel à l’anarchie, et érigeait Joker comme un modèle à suivre. C’est peut-être pour cela que Phillips s’amuse dans cette suite à déconstruire son personnage, qui a bien conscience qu’il est Arthur Fleck avant d’être Joker, mais qui va, durant tout le récit, se demander quelle part de lui-même doit prendre le dessus. Pendant la majeure partie du film, ses décisions ne sont pas vraiment les siennes, elles ne sont motivées que par la façon dont il est perçu par les autres, mais lorsqu’il finit par penser par lui-même, il se rend effectivement compte que la figure de Joker n’est qu’une chimère : elle lui apporte certes la célébrité et l’amour d’une partie de la population, mais c’est une figure qui est apprécié, pas Arthur Fleck qui reste regardé comme un être misérable, donc retour à la case départ pour le personnage.

Une boucle intéressante qui, après plusieurs jours à digérer le film, me semble en accord avec l'opus original tout en changeant radicalement son message, je n'irais pas jusqu’à dire que c’est un happening ultra maîtrisé façon Matrix Reloaded, mais l’idée est là. La toute fin du film vient en plus se poser dans le sens des détracteurs du premier film : non, Fleck n’est pas le Joker tel qu’on l’entend, il sera finalement juste le créateur, malgré lui, d’une figure qu’un autre cherchera à imiter, à reprendre son héritage (puisque Fleck décide de ne plus l’accepter). Un final qui provoque forcément des réactions extrêmes (je peux aisément comprendre pourquoi les adorateurs du premier rejettent en bloc cette idée), mais que je trouve particulièrement couillu dans un contexte hollywoodien où, d’ordinaire, on frotte le fan dans le sens du poil. Phoenix est, en plus, aussi investi dans ce film qu’il ne l’était dans l’original, donc jusqu’ici, c’est du tout bon.

Mais voilà, le film se tape aussi de bons gros défauts qui prennent le pas sur les qualités que j’ai décrites, et quand bien même j’ai trouvé le métrage pertinent sur bien des points, la séance a tout de même été pénible. Déjà, c’est beaucoup trop long pour ce que ça raconte. Pendant un bon moment, le récit fait du surplace avec l’arrivée d’Harley Quinn et l’absence de dilemme de Fleck. En expédiant tout ça, il y avait moyen de virer une bonne demi-heure du film et avoir un récit qui gagne en rythme. Globalement, il y a l’impression que le film existe surtout pour sa dernière demi-heure, donc c’est étonnant que Phillips cherche autant à meubler avant d’y arriver. Mais le gros défaut du film à mon sens, ou plutôt sa fausse bonne idée, c’est clairement tout l’aspect comédie musicale qui, en plus de ne servir à rien, est tout simplement mauvais.

J’avais pourtant des bons espoirs avec le trailer qui vendait de superbes scènes, et la présence de Lady Gaga (qui joue une Harley Quinn intéressante en plus, très manipulatrice), mais au final c’est du bon gros pétard mouillé avec des chansons toutes plus oubliables les unes que les autres (la seule que j’ai retenu, c’est parce que c’est du Jacques Brel), et des numéros pas du tout inspirés, ça en est désespérant. Puis bon, avoir la puissante voix de Lady Gaga d’un côté, et Phoenix qui ne sait pas chanter de l’autre, ça fait vraiment un énorme fossé, et je ne pige pas comment Phillips a pu se dire que ça passerait pour le public. Franchement, avec tout le côté musical viré, je pense que le film aurait gagné en qualité sur tous les points, puisque ça aurait aussi réglé en grande partie les soucis de rythme et de narration. Tout ça donne une bobine qui est loin, très loin de la suite ultra attendue d’un film qui a tapé le milliard au box-office, pour le pire comme pour le meilleur. C’est un film avec de très gros défauts, mais il y a selon moi une prise de risque, soit géniale, soit inconsciente, qui est clairement à saluer.


4/10
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Film: Joker : Folie à deux
Note: 3/10
Auteur: caducia

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Acte de violence - 7/10

Messagepar Alegas » Ven 08 Nov 2024, 12:31

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Act of violence (Acte de violence) de Fred Zinnemann
(1948)


Dans les années suivant la fin de la Seconde Guerre Mondiale, Fred Zinnemann a réalisé une suite de films ayant pour contexte l’après-guerre, à travers des sujets différents. Ce film en fait donc partie, et il est assez étonnant dans la mesure où ça parlait d’un sujet finalement peu évoqué à l’époque, à savoir le retour des vétérans qui se révèlent être complètement cassés psychologiquement. On pourrait penser que ce serait raconté via un drame, mais ici on est plutôt dans une forme intéressante de film noir, avec un ancien soldat, joué par Robert Ryan, qui traverse les États-Unis pour retrouver un ancien officier afin de le tuer, sans que la raison ne soit dévoilée d’emblée (elle n’est pas non plus gardée pour la fin, mais pendant vingt à trente bonnes minutes le spectateur ne peut que faire des suppositions).

Pendant tout le début du récit, on va suivre ce vétéran dans la recherche de sa cible (et on montre que le mec est motivé en prenant le bus de New York à Los Angeles), et après une opportunité ratée le film change soudainement de point de vue pour épouser celui de l’officier, homme qui a laissé volontairement son passé derrière lui et qui tente de retrouver une vie paisible avec sa famille. On pourrait penser alors que le récit va passer dans quelque chose de l’ordre du survival (ce que que j’avais espéré en tout cas sur le moment), mais c’est finalement plus subtil que ça, puisque le film va alors peu à peu se transformer en une sorte de réflexion psychologique sur la culpabilité, et sur la vaine volonté d’échapper à la mort. Dès lors, le métrage adopte un rythme assez lent, avec le héros qui va procéder à une dérive nocturne où il tentera de rallier des alliés à sa cause pour le sauver. Un passage qui m’a un peu décontenancé vu que ce n’est pas du tout ce que j’attendais, mais ça vieillit plutôt bien en tête donc je n’ai pas trop de doutes sur le fait que ça passera mieux lors d’un éventuel revisionnage.

En revanche, à partir du moment où l’ancien officier accepte son destin, le film repart de plus belle et se termine sur un climax super bien foutu : Zinnemann y fait là, quatre ans avant High Noon, un western avant l’heure avec cette gare déserte, la tension avant la rencontre, et ce règlement de comptes qui va être interrompu par une tierce personne. Du coup, malgré le ventre mou qui a précédé, le métrage se termine sur une note positive, et qui confirme une certaine sobriété d’écriture avec notamment l’ultime réaction de Robert Ryan. Ce dernier est d’ailleurs excellent en vétéran revanchard avare de paroles, mais il a une telle présence qu’il éclipse finalement Van Heflin qui a une prestation moins marquante, c’est d’ailleurs peut-être aussi pour ça que le film m’a moins convaincu lorsqu’on suit son personnage. Il était question à un moment que le film se fasse avec Bogart et Peck dans les premiers rôles, j’aurais été curieux de voir ça. On notera aussi la présence d’une jeune Janet Leigh dans un de ses tout premiers rôles. Un chouette petit film qui vieillit bien en tête.


7/10
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Film: Acte de violence
Note: 8,5/10
Auteur: Mr Jack

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