Les Derniers Jours du Parti socialiste / Aurélien Bellanger (2024)
Il faut bien que je poste un avis, sinon Val va croire que je ghoste tous ses messages
Dans son dernier roman, Bellanger part du principe qu'une partie de la gauche a cessé de parler au peuple et, sous couvert de combat pour la laïcité, a développé l'islamophobie et fait le jeu de l'extrême-droite. C'est vrai et c'est un bon sujet.
Mais plus un sujet de pamphlet que de roman à mon sens.
Comme (presque) toujours depuis ses débuts, il s'inspire de figures médiatiques pour créer ses personnages. Et pour la première fois, j'y vois deux soucis.
Le premier, c'est qu'il s'inspire de personnalités antipathiques (euphémisme) comme Enthoven, Onfray, Zemmour, Fourest... et on se retrouve avec un roman peuplé intégralement de personnages qu'on hait autant que l'auteur les hait. Je me souviens d'une vieille interview de Houellebecq qui affirmait qu'un romancier ne peut pas faire de bonne littérature s'il hait
tous ses personnages. Cette idée - que l'on peut toujours interroger - m'a marqué et j'avoue aller dans le sens de l'auteur des
Particules élémentaires.
Le second souci, c'est que jusqu'ici Bellanger s'inspirait de personnalités réelles... Mais prenait énormément de libertés dans une logique romanesque. Le héros de son premier roman rappelle fortement Xavier Niel par exemple, mais il n'est pas Xavier Niel : ce n'est pas une biographie déguisée, mais un archétype balzacien - un Rastignac ou un Rubembré - habilement remis au goût du jour. Là, j'ai trouvé qu'il faisait le paresseux, se reposait sur ses acquis, et ne prenait même plus la peine de développer ses personnages. Des coquilles vides en fait.
Alors oui, le roman se lit très bien - et au cours d'une année très décevante pour moi côté lectures, surtout côté lectures romanesques, ce n'est pas rien. J'ai néanmoins trouvé l'ensemble vain - un pamphlet déguisé qui fait le buzz quelques semaines mais qu'on oubliera vite, tandis que les sinistres clowns médiatiques qu'il attaque continueront de sévir.
Déception donc. J'ai un peu l'impression que Bellanger produit trop, se laisse porter par une plume facile, plutôt que de muscler davantage sa trame romanesque.
Mais je serai bien entendu au rendez-vous pour son prochain livre.