[Alegas] Mes Critiques en 2024

Vos critiques de longs-métrages

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Luke la main froide - 8,5/10

Messagepar Alegas » Sam 05 Oct 2024, 06:56

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Cool hand Luke (Luke la main froide) de Stuart Rosenberg
(1967)


Une belle claque celui-ci. Je ne peux pas dire que c’était complètement une surprise dans la mesure où le film possède une sacrée réputation, au point que c’est sans doute l’un des plus iconiques de la carrière de Paul Newman, mais j’avoue que je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi bon. Pourtant, sur le papier, ça aurait pu être tout ce qu’il y a de plus classique : un film de prison, un détenu qui va se retrouver, de par son charisme et ses actions, au centre des attentions, et des tentatives d’évasion face à une autorité qui abuse de son pouvoir, on ne peut pas vraiment dire qu’on navigue dans l'originalité. Et pourtant, comme parfois avec des genres ultra-codifiés comme le film de prison, on a des bobines qui arrivent à jouer des codes et à proposer autre chose via leur traitement, et c’est clairement ce qui se passe ici.

Plus qu’un film de prison, c’est surtout un film sur les relations humaines, le baraquement devenant un microcosme, avec un Luke qui doit apprendre à faire sa place, notamment vis à vis des figures d’autorité, qu’elles se trouvent du côté des détenus ou des gardiens. C’est aussi et surtout un film sur les déviances de l’autorité et des systèmes, et sur un homme qui s’est juré de ne jamais s’y plier : en cela, il est aisé de comprendre comment le film a pu atteindre un statut culte, tant c’est un métrage qui synthétise son époque et qui crée une véritable icône à travers le personnage de Newman, dont la détermination est plus qu’admirable. Du coup, on se retrouve devant un film assez lent et avec peu d’action, mais pour le coup c’est loin d’être un défaut car c’est vraiment la vie entre détenus qui importe ici, et c’est peu de dire que toutes ces séquences sont réussies, entre la fameuse scène des œufs, les punitions dans la box, le passage avec la blonde qui émoustille avec son car-wash :bluespit: , ou encore cette sublime séquence où Luke apprend la mort de sa mère :cry: .

Non seulement le film réussit totalement son pari sur son focus sur les relations entre personnages (on atteint un niveau d’authenticité assez éblouissant à mon sens), mais en plus il y a un gros travail d’ambiance qui fait qu’on sent réellement le côté claustrophobique du baraquement, la chaleur du travail sur les routes et la frustration des détenus. On sent la sueur, la poussière, la chaleur du goudron. Une qualité qui doit sans doute beaucoup à la réalisation de Rosenberg, qui semble pourtant être l’homme d’un seul film (je tenterais quand même Brubaker à l’occasion), mais qui livre ici une mise en scène particulièrement efficace. Elle a beau s’effacer souvent derrière son histoire, ça ne manque pas d’idées, que ce soit dans les cadrages (l’iconisation du gardien aux lunettes noires est mortelle), les mouvements (sublime plan-séquence de Newman qui joue du banjo) ou le montage (super introduction avec les parcmètres :love: ), on sent que c’est particulièrement réfléchi, en témoigne l’ultime plan lourd de sens. Le film ne manque pas de seconds rôles marquants, entre les différents prisonniers, les gardiens, ou le directeur, mais c’est définitivement Newman et son sourire qui volent le show pour des raisons évidentes. Dans ce film, il est tout simplement parfait, et c’est peut-être bien le plus grand de tous ses rôles tant il devient ici plus qu’un personnage, mais une icône à part entière. Un grand film, ni plus ni moins.


8,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Jed_Trigado » Sam 05 Oct 2024, 07:52

Un des dialogues sert d'intro au morceau Civil War des Guns N Roses en plus. 8)
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar pabelbaba » Sam 05 Oct 2024, 08:56

What we’ve got here is failure to communicate... :mrgreen:
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Sinon, oui, j'aime les nibards. :chut:
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Silence de la mer (Le) - 7/10

Messagepar Alegas » Sam 05 Oct 2024, 22:24

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Le silence de la mer de Jean-Pierre Melville
(1949)


Ça a beau être un premier film, les attentes sont hautes lorsqu’il est mis en scène par l’un des plus grands réalisateurs français. Pour une première tentative de long-métrage, on peut difficilement dire que Melville a choisi la facilité, puisqu’il décide d’adapter à l’écran une nouvelle qui a beaucoup fait parler d’elle durant la Seconde Guerre Mondiale, où elle fut publiée clandestinement, et qui est pourtant assez compliquée à imaginer en film (c’est littéralement un mec qui parle tout seul face à deux autres qui l’écoutent sans rien dire). Concept à priori anti-cinématographique, sujet délicat tant il traite de choses encore fraîches dans les mémoires (j’imagine qu’avoir un nazi sympathique n’était pas une habitude à l’époque), et si en plus on ajoute les galères pas possibles de Melville pour être le premier à adapter ce récit, allant jusqu’à tourner sans être syndiqué, et promettant de brûler le film s’il n’était pas réussi, on tient là un premier long qui n’a pas été une partie de plaisir à mettre en place.

Le résultat, à défaut d’être parfait, est tout de même très convaincant, notamment parce que du concept très littéraire, il en tire un film tout à fait plaisant à suivre et sur lequel on ne s’emmerde pas. Alors oui, on devine l’adaptation trop fidèle, que Melville adapte sagement, ce qui donne un film particulièrement verbeux, et c’est clairement la limite principale du projet, mais ça n’empêche pas Melville de se faire la main en termes de mise en scène. Déjà, il y a une très belle photo de Decaë (dont c'est le premier film, décidément le mec en avait déjà sous le capot), et puis Melville sait qu’il ne doit pas se contenter de simples champs/contrechamps s’il veut donner de la consistance à son récit, ce qui fait qu’on a une réalisation travaillée, jouant sur les axes de caméra, les plongées/contre-plongées, les jeux de lumière (ce plan dingue du français lançant son dernier regard à l’allemand), autant d’éléments qui permettent au film de transcender un concept qui aurait pu être bien lourdingue à l’écran. Encore une fois, ça n’empêche pas le film d’avoir de vrais défauts : la voix-off du français pour expliquer ce qu’il pense, l'interprétation du même personnage (alors que Howard Vernon est impeccable), les nombreux couloirs de monologues, mais pour le coup, vu le matériau adapté, et vu que c’est un premier long, je trouve que Melville ne démérite pas, d’autant qu’il évite à côté de ça un bon nombre d’autres pièges. Ce n’est clairement pas un film représentatif du cinéma à venir de Melville, mais ça reste une mise en bouche particulièrement intéressante à découvrir.


7/10
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Flingueur (Le) (1972) - 6/10

Messagepar Alegas » Dim 06 Oct 2024, 12:44

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The Mechanic (Le Flingueur) de Michael Winner
(1972)


Bon déjà j’avoue que je ne m’attendais pas du tout à un récit de ce genre : je me suis lancé dans le film sans rien en savoir si ce n’est la collaboration Winner/Bronson, et du coup je m’attendais à un pur vigilante alors que c’est un hitman movie :mrgreen: . J’ai été encore plus surpris par la façon dont démarre le film, à savoir une longue introduction où on suit Bronson qui traque sa future cible, enregistre ses habitudes, prépare son coup, puis exécute son plan sans que qui que ce soit ne puisse conclure à un assassinat. Si on ajoute à ça que cette intro est quasiment muette , et que toutes les informations passent par l’image, autant dire que le film démarrait très bien pour moi. Malheureusement, ce début réjouissant restera à mon sens la meilleure partie du métrage, qui enchaîne ensuite sur quelque chose de plus conventionnel.

Sur le papier, pourquoi pas : questionner ce qui fait un tueur, les origines de ce qui fait un psychopathe, des questions posées à travers une relation maître/disciple, ce qui fait naître une ultime interrogation : l’élève peut-il dépasser le maître ? Pour le coup, le film n’est jamais aussi bon que quand il développe tout ça à travers les scènes où Bronson, vieux tueur qui sent ses vieux jours arriver, transmet son savoir et ses compétences à un jeune loup qui ne demande que ça. Mais dès que l’intrigue se remet en route et que l’action dirige le duo vers l’Italie, le film perd clairement en intérêt. Ça se rattrape par une fin assez jouissive dans son genre, et qui m’a bien fait marrer :mrgreen: , mais tout ce qu’il y a avant donne l’impression qu’on a forcé Winner à justifier une facette action pour mieux vendre le film, le souci étant que l’action elle-même n’est pas folle, même dans la réalisation. Apparemment, le script de base voulait que les deux tueurs aient une relation homosexuelle, j’ignore si ça aurait amélioré le film, mais nul doute que ça aurait pu complexifier la relation du duo, et que ça aurait abouti sur un film un peu moins classique. En l’état, c’est une bobine qui se regarde bien, mais on sent derrière un potentiel meilleur projet, ce qui crée une certaine frustration.


6/10
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