[Alegas] Mes Critiques en 2024

Vos critiques de longs-métrages

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Glaneurs et la glaneuse (Les) - 7/10

Messagepar Alegas » Lun 16 Sep 2024, 17:32

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Les glaneurs et la glaneuse de Agnès Varda
(2000)


Dans ma critique des Cent et une nuits de Simon Cinéma, j’évoquais l’idée que le style de Varda siérait sans doute plus au documentaire qu’au film de fiction, et je suis content d’avoir découvert ce film car ça confirme complètement ma pensée. Sur le papier, on se demande vraiment ce que ça va pouvoir raconter, Varda s’intéressant aux glaneurs, donc aux personnes qui, après la récolte des fruits et légumes, ramassent ou cueillent ce qui reste. Et pourtant, d’un tout petit sujet, Varda en tire une œuvre assez passionnante qui non seulement va jusqu’au bout de son sujet, en évoquant l’historique de la pratique, ou encore sa législation en France (j’ignorais complètement qu’il y avait un droit à la récupération de la nourriture, même sur des propriétés privées), mais qui va aussi en tirer tout un portrait saisissant de la société moderne et de ses contradictions.

Ce qui fascine, c’est le fait que Varda saisit la moindre opportunité pour faire un pas de côté et ainsi livrer des portraits sincères d’hommes et de femmes du quotidien, ça va être soit une famille qui chope des pommes de terre invendues pour manger plus à leur faim, des personnes qui récupèrent les encombrants dans la rue, souvent pour prendre le cuivre, d’autres qui le font pour en faire des œuvres d’art, ou encore un homme intriguant qui est prof la nuit pour les nécessiteux, et qui, le jour, prends les restes des légumes du marché pour manger au jour le jour. De tout ça, Varda tire un film qui donne l’impression d’aller dans tous les sens, mais qui, étrangement, reste toujours cohérent avec sa note d’intention. On la sent passionnée par son sujet et les personnes qu’elle rencontre, et il y a en plus un côté ludique qui se rajoute avec l’aspect technologique, puisque c’est apparemment le premier film que Varda tourne à la caméra numérique, ce qui lui permet de jouer avec l’idée d’une caméra que l’on peut sortir à n’importe quel moment, même futile (les camions sur la nationale), ou que l’on peut laisser filmer par erreur tout en incorporant la scène au montage final. Pour le coup, c’est une vraie surprise de la part d’une réalisatrice qui n’avait jamais réussi à me convaincre jusqu’ici.


7/10
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Sang froid - 3/10

Messagepar Alegas » Mar 17 Sep 2024, 00:42

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Cold pursuit (Sang froid) de Hans Petter Moland
(2019)


Déjà, petit hommage à la fabuleuse accroche journalistique des affiches françaises de l’époque, on a difficilement fait mieux :eheh: . Je ne sais plus qui m’avait conseillé ce film, prétextant que c’était très différent des actioners habituels de Liam Neeson, et que ça ne se prenait pas au sérieux. Alors oui, on est très loin du premier degré des productions dans lesquelles l’acteur s’engage depuis une quinzaine d’années, mais le fait de ne pas se prendre au sérieux ne veut pas dire non plus qu’il faut faire de la merde sous prétexte que c’est drôle. Pour le coup, il y a peu de choses que je trouve un tant soit peu réussies dans ce film, qui me donne l’impression qu’un mec a découvert Fargo et le cinéma des Coen en général, et s’est dit qu’il fallait absolument marier ce traitement avec le revenge movie, où Liam Neeson chercherait à tuer un baron de la drogue du Colorado après que son fils ait été assassiné par l’organisation.

Bon, en réalité c’est plus complexe que ça, car le film est un remake apparemment très fidèle d’un métrage norvégien du même réalisateur, mais alors soit le film d’origine n’est pas terrible non plus, soit il y a clairement un loupé dans la transposition américaine. D’ailleurs, l’accroche publicitaire évoquée plus haut est assez mensongère, car finalement Neeson tue bien quelques personnes, mais majoritairement en début du film. Ensuite, à partir du moment où les amérindiens entrent en jeu, ça devient plus une succession de règlements de compte entre deux organisations criminelles, avec Neeson au milieu qui tentent de comprendre ce qu’il se passe tout en profitant du chaos créé pour atteindre sa cible. Globalement, on peut le dire sans détour, c’est très mal écrit, et le film donne l’impression qu’il cherche à être plusieurs choses à la fois, en multipliant les ruptures de ton et en brouillant les limites entre les genres, mais au final on a un film qui fait du médiocre sur tout ce qu’il tente.

Ça souhaite être un drame à hauteur d’homme, sauf qu’il y a zéro émotion, et que l’impact de la mort du fils est traité par dessus la jambe (Neeson qui veut se suicider juste après alors qu’il a encore sa femme :lol: , cette dernière qui disparaît après trente minutes de film, j'espère que Laura Dern était bien payée pour le peu de scènes qu'elle a), ça souhaite être une comédie, sauf que c’est tellement too much que ça en devient rarement drôle, en plus d’être répétitif dans les gags (le coup de l’élévateur qui va lentement, on le ressort deux fois tout de même :roll: ), ça veut être un film de mafieux, mais aucun ne paraît être une réelle menace, enfin ça veut être un revenge movie, mais on a jamais la tension ou le crescendo que c’est supposé avoir en se rapprochant peu à peu du but. C’est mou, pas bien rythmé, il n’y a aucune scène qui ressort, et c’est joué soit comme si on en avait rien à faire, soit en tombant dans le surjeu total (le boss bad-guy, c’est une plaie… :evil: ). Je pourrais bien trouver quelques points positifs, entre le fait que ça se déroule dans un Colorado enneigé et où on joue avec l’environnement, quelques gags qui font sourire (le passage dans le taxi avec le hitman qui râle contre la musique) ou quelques éléments comme la romance gay qui sort de nulle part mais qui apporte un plus à des personnages qui se révèlent déterminants pour la suite, mais ça serait bien peu face à la montagne de défauts que le film se trimballe. C’est pas un film absolument détestable, car ça a le mérite de tenter des choses, mais c’est clairement raté vu les intentions, comme quoi le style des Coen est dur à émuler, et encore plus à égaler.


3/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Mark Chopper » Mar 17 Sep 2024, 08:06

prétextant que c’était très différent des actioners habituels de Liam Neeson


Tu as confondu avec les films de Robert Lorenz, ce n'est pas possible.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Scalp » Mar 17 Sep 2024, 08:31

Il avait des retours positifs celui-là, genre c'est bien, alors que non c'est bien de la merde.
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Félins (Les) - 6/10

Messagepar Alegas » Mar 17 Sep 2024, 18:29

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Les félins de René Clément
(1964)


C’est la troisième des collaborations Clément/Delon que je découvre, et sur celui-ci j’arrive sur un ressenti à peu près similaire à celui que j’avais eu en voyant Plein soleil, à savoir que c’est bourré de qualités, et que je peux comprendre totalement qu’on apprécie pleinement, mais que, de mon côté, ça ne me cause pas tant que ça, et pire, ça me perd en cours de route. Le film commence pourtant super bien avec Delon traqué sur la Côte d’Azur par des gangsters parce qu’il couchait avec la femme de leur chef, c’est rythmé, il y a des idées de mise en scène (le passage en POV avec Delon qui se fait mettre à terre), Clément maîtrise son scope, Delon est impliqué et joue de sa jeunesse et de sa beauté, et il y a même de la séquence spectaculaire avec une bagnole balancée au sommet d’une falaise.

Pourtant, le métrage fait un violent volte-face une fois que Jane Fonda et Lola Albright apparaissent, et le récit se dirige petit à petit vers le thriller psychologique et sensuel au sein d’une demeure qui va se révéler pleine de surprises. Ce tournant est bienvenu, mais j’ai souvent eu l’impression que Clément grillait ses cartouches trop rapidement : dès que la maison révèle son principal secret et que les intentions des personnages sont révélés, le film est nettement moins intéressant à suivre, d’autant qu’on se doute assez vite du dénouement. Manque de bol, à ce stade, il reste encore une moitié de film à faire. C’est d’autant plus dommage que Clément semble à l’aise quand il s’agit de conférer à un lieu une empreinte de mystère, en multipliant les jeux de reflets, en accentuant le côté labyrinthique des pièces et couloirs, et on sent la volonté de côtoyer le film fantastique, voire carrément la maison hantée, mais encore une fois ça se perd complètement une fois que le spectateur à toutes les cartes en mains. Reste donc la fin très noire, la sensualité de Delon et Fonda (quelle femme c’était sur cette décennie !), les expérimentations de Clément, la photographie de Decaë, qui viennent rattraper une seconde moitié de film un brin chiante et trop bavarde.


6/10
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Vacances à Paris - 4,5/10

Messagepar Alegas » Jeu 19 Sep 2024, 17:46

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The perfect furlough (Vacances à Paris) de Blake Edwards
(1958)


Cinquième film de Blake Edwards, on est encore dans la période pré-Breakfast at Tiffany’s, et donc à l’époque où Edwards est encore un simple exécutant des studios qui enchaîne les comédies pas vraiment marquantes. Sans surprise donc, on a ici un film peu mémorable, qui tient un minimum sur deux éléments : Tony Curtis en lead, et le pitch qui est quand même bien rigolo. En gros, on a l’armée américaine qui doit envoyer un caporal en permission, ce dernier est bloqué depuis des mois dans une base au Pôle Nord, et en compensation l’idée est de lui faire passer la permission absolue : plusieurs jours à Paris en compagnie d’une sublime actrice hollywoodienne. Problème : le caporal est un chaud lapin reconnu et séduisant, ce qui va forcer l’armée à organiser toute une surveillance autour du bonhomme pour faire en sorte que la permission se passe sans aucun ébat sexuel. Un récit qui donne lieu à un bon paquet de situations fun, d’autant que le personnage de Tony Curtis ne manque pas d’idées pour esquiver les contraintes qui l’entourent.

Le souci, c’est que ça fait moyennement le taf en termes de comédie : c’est drôle mais jamais vraiment plus, on esquisse plusieurs fois des sourires sans jamais rire, on sent que Edwards est assez limité dans le traitement sexuel, le film aurait sans doute eu une toute autre gueule s’il avait été fait dix ans plus tard. Même dans les mécaniques d’humour, c’est assez prévisible et répétitif (le gradé chargé de surveiller Curtis et qui fait des gaffes en permanence), ça tire trop en longueur (Curtis qui récupère les tickets de loterie), j’ignore si cela vient du fait qu’Edwards est bridé ou s’il est en train de se faire la main, mais on est très loin de la maestria vaudevillesque qu’il y aura quelques années plus tard, alors qu’il y avait clairement moyen de mettre ça en oeuvre dans ce film (l’hôtel, avec ses nombreuses chambres et le fait qu’on change Curtis d’étage, aurait pu être un fabuleux terrain de jeu).

L’autre problème, c’est que le film se vend en grande partie sur le fait que ça se déroule quasi intégralement à Paris et que… ça se voit comme le nez au milieu de la figure que ça n’a pas été tourné là-bas. Dans la totalité du film, les plans du véritable Paris se comptent sur les doigts d’une main, le reste est de la reproduction en studio, mais autant c’est quelque chose qui peut avoir de la gueule quand c’est bien fait (An american in Paris et Irma la douce sont les deux principaux exemples qui me viennent en tête) autant là non seulement c’est cheap, mais en plus ça donne l’impression que c’est fait par un décorateur qui n’a jamais vu Paris autrement qu’en photo. Si on ajoute, comble du comble, le fait que la quasi totalité des acteurs jouant les français sont en réalité des américains qui savent parler français :evil: , on peut dire que tout cet aspect du métrage est complètement foiré. Enfin, côté écriture, c’est pas foufou, on voit tout venir à l’avance, et la love-story avec Janet Leigh n’est pas vraiment convaincante : sur un personnage avec un arc narratif similaire, Wilder faisait bien mieux avec A foreign affair. Un film qui confirme que le début de carrière d’Edwards n’est pas folichon.


4,5/10
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Opération diabolique (L') - 8/10

Messagepar Alegas » Ven 20 Sep 2024, 11:05

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Seconds (L'opération diabolique) de John Frankenheimer
(1966)


C’est un film que je gardais depuis longtemps sous le coude, persuadé qu’il avait tout pour me plaire, et ça n’a pas loupé : ça se range aisément parmi les meilleurs films de Frankenheimer. J’ai pu découvrir le métrage vierge de toutes informations concernant l’histoire et son déroulé, et très franchement c’est probablement le meilleur moyen de découvrir le film tant on épouse complètement le point de vue du personnage, quitte à être malmené en tant que spectateur, notamment sur le début du film où on a très peu d’infos et on suit un personnage qui suit des indices sans trop savoir où ça va le mener ni pourquoi il le fait. Concrètement, j’ai assez peu de réserves sur le film, même si j’avoue avoir été quelque peu dérouté par la façon dont Frankenheimer aborde son récit, et qu’il y a un ventre mou en milieu de film (quand le héros essaye de se faire à sa nouvelle vie) qui vient ternir le tableau global, mais ça s’oublie assez vite comparé à la qualité du reste, et je n’ai pas trop de doutes sur le fait que le film sera encore plus appréciable lors d’une revision.

Sans spoiler, le film est une analyse super intéressante du rêve américain, qui devient ici ni plus ni moins qu’un cauchemar éveillé. On vend la vie idéale, la plus belle des maisons, le boulot et la réputation de rêve, mais on se rend finalement compte que c’est quelque chose de tellement artificiel qu’on s’en lasse vite, et qu’on en vient à regretter le caractère réel de la vie précédente, quand bien même elle avait ses défauts. Le film est parsemé de passages dialogués passionnants, comme la scène du retour à la maison, ou encore tout le passage avec le boss de la compagnie qui persuade le héros que sa vie actuelle est plus merdique qu’il ne le pense, c’est clairement ce qui permet de vendre efficacement tout ce qui va se passer par la suite.

Mais la très grande qualité du métrage, celle qui permet au métrage de se transcender, c’est clairement la forme soignée de Frankenheimer. Ce dernier était déjà un réalisateur qui n’hésitait pas à employer des partis-pris radicaux dans ses films, mais là c’est carrément du niveau de l’expérimentation, avec un montage qui vient brouiller les pistes, des cadres et une photographie qui accentuent l’étrangeté et le côté clinique, quand ce n’est pas carrément des séquences entières qui viennent, questionner, à raison, le caractère réel de ce qu’on est en train de regarder. A l’arrivée, il y a une grande œuvre paranoïaque, à la fin d’une noirceur absolue, et brillamment accompagnée par un Jerry Goldsmith inspiré. Le film ne convaincra pas grand monde à sa sortie, mais heureusement, le temps a depuis fait son œuvre avec la réhabilitation qu’on connaît.


8/10
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Sous les toits de Paris - 4/10

Messagepar Alegas » Ven 20 Sep 2024, 22:44

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Sous les toits de Paris de René Clair
(1930)


La décennie 30’s a beau être l’une des plus réputées de René Clair, j’avoue que j’ai personnellement du mal à y trouver mon compte. A nous la liberté, que j’avais découvert l’année dernière, avait déjà été une semi-déception, mais là pour le coup c’est un film que je ne qualifierais même pas de moyen. Concrètement, on est devant une love story très classique entre un chanteur de rue et une jeune femme qu’il rencontre suite à un concours de circonstances, mais l’idylle va être quelque peu perturbée par des connaissances peu recommandables du chanteur. Chose très surprenante, il se passe en réalité très peu de choses durant la majorité du récit, et j’ai presque envie de dire que le plus intéressant se déroule durant les dernières minutes, avec l’apparition du triangle amoureux. Mais à ce stade, c’est à se demander pourquoi cet élément arrive aussi tard dans le film, d’autant que la fin est particulièrement précipitée avec les deux amis qui se pardonnent d’une minute à l’autre :? .

Le métrage a la particularité d’être le premier film parlant de Clair, et c’est quelque chose qui se voit de façon évidente, avec la mise en avant de chansons pour vendre le procédé sonore au public, mais aussi plusieurs séquences complètement muettes, révélatrices d’une période où tout ne pouvait pas être tourné avec le son, et où il fallait parfois faire des choix d’une séquence à l’autre. Sur la partie sonore, on peut difficilement dire que Clair tire son épingle du jeu, mais le film possède en revanche quelques plans remarquables, notamment un plan-séquence d’ouverture qui va des toits jusqu’au visage d’une femme dans la rue, le tout dans un décor recréé en studio et qui est plutôt bien foutu. Entre ça et la prestation de Préjean qui fait un peu du Gabin avant l’heure (remarque que je m’étais déjà faite lorsque je l’avais vu dans le Jenny de Marcel Carné), c’est malheureusement les choses choses positives que j’aurais à retenir de ce film qui m’a gentiment ennuyé alors qu’il dure en tout et pour tout 1H20. Je tenterais quand même Le million à l’occasion, mais de ce que j'ai vu, René Clair m’a l’air d’être un réal à la filmographie assez inégale.


4/10
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Planète des singes (La) (2001) - 3,5/10

Messagepar Alegas » Dim 22 Sep 2024, 18:07

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Planet of the apes (La Planète des singes) de Tim Burton
(2001)


Cela faisait une éternité que je ne l’avais pas revu, et là pour le coup je pense pouvoir dire sans trop de risques que ce sera sûrement la dernière fois que je le verrais. Le film est souvent considéré comme le vilain petit canard de la filmographie de Burton, sans doute parce qu’il est celui qui n’a jamais l’identité de son auteur. Est-ce pour autant que le film devient le pire de sa filmographie ? Je ne le pense sincèrement pas, car c’est certes un métrage bourré de défauts, mais ça a aussi assez de qualités pour sauver un peu la face, là où un film comme Alice in Wonderland est un immondice complet. En fait, ce reboot a surtout deux défauts : il coche toutes les cases du blockbuster à la production chaotique, et il est réalisé par un Burton qui s’est engagé dedans pour les mauvaises raisons (de son propre aveu, dans son livre d’entretiens, il déclare qu’il voulait prouver qu’il pouvait faire un blockbuster éloigné de son univers, mais qu’il a perdu le contrôle très vite sans jamais y trouver son compte).

L’idée d’un reboot de la saga avait été émise dès la fin des années, un bon paquet de réalisateurs et scénaristes ont tentés le coup sans jamais concrétiser la chose (Oliver Stone, James Cameron, Peter Jackson, parmi tant d’autres), et du coup c’est forcément un peu dommage qu’un mec comme Burton finisse derrière la caméra, surtout qu’il s’efface effectivement complètement, ça pourrait être réalisé par n’importe quel yes man au final. Il faut dire aussi que le script choisi n’aide pas (script qui sera réécrit au jour le jour, chose qui se ressent énormément) : ça essaye de faire son propre chemin sans jamais y arriver, on sent qu’il y a des idées de storylines mais ça reste toujours traité en surface (la love story entre Mark Wahlberg et Helena Bonham Carter qui n’aboutit pas alors que tout est là), la fin est nulle à chier (nul doute que les prods se sont dit qu’un twist était nécessaire, résultat le film n’a aucun sens), et surtout le traitement des personnages est particulièrement inégal, avec des protagonistes secondaires qui ne servent littéralement à rien.

Le film souffre aussi des lacunes de Burton : c’était la première fois qu’il gérait un budget aussi haut, le script et le tournage ont été fait dans la précipitation pour coller avec la date de sortie prévue, et du coup ça se sent que le bonhomme n’est pas à l’aise, et qu’il doit torcher des passages entiers au pif, en témoigne la séquence de bataille qui est vraiment gênante à regarder. C’est d’autant plus dommage que le film a quelques idées pas mal : la société moyen-âgeuse des singes, la représentation de leur société qui se veut plus réaliste que celle de la saga d’origine, le rapport des singes à la technologie, le caméo de Charlton Heston, mais c’est finalement bien peu par rapport à l’ensemble. Surtout qu’à ça se rajoute d’autres gros défauts, notamment du côté de l’acting : autant les singes ça va (Giamatti est savoureux par exemple, et Tim Roth fait un bon bad guy), autant les humains c’est chaud, en particulier Estella Warren qui est là juste pour son décolleté, et Mark Whalberg qui est absolument épouvantable, même son chimpanzé est plus convaincant.

Ceci dit, le film a aussi de vrais qualités : la BO de Danny Elfman, et notamment le main theme, est top (si le film était à la hauteur du générique d’introduction, il serait fantastique :love: ), la direction artistique dans l’ensemble est très cool, et puis il y a ces maquillages encore impressionnants plus de vingt ans après, ok ils sont un peu rigides et empêchent les singes d’avoir toutes les expressions nécessaires (on comprend pourquoi la performance capture a été privilégiée plus tard), mais le boulot est tout de même dingue. Clairement un film qui est l’exemple même de ce qui arrive quand on conçoit un blockbuster sans un script finalisé, et où on précipite toutes les étapes de la production. Il n’y avait peut-être pas matière à un grand film, mais nul doute qu’il aurait pu être meilleur avec peu de choses.


3,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Mark Chopper » Dim 22 Sep 2024, 18:26

la love story entre Mark Wahlberg et Helena Bonham Carter qui n’aboutit pas alors que tout est là


Burton a clairement dit en interview qu'on ne l'a pas laissé pousser plus loin l'idée d'une romance interespèce.

Et n'oublions pas Marky Mark qui a déclaré en interview que Helena Bonham Carter ressemble dans ce film à Janet Jackson :chut:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Val » Dim 22 Sep 2024, 19:12

Mark Chopper a écrit:
Et n'oublions pas Marky Mark qui a déclaré en interview que Helena Bonham Carter ressemble dans ce film à Janet Jackson :chut:

:shock:
:eheh:
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Naissance des pieuvres - 5,5/10

Messagepar Alegas » Dim 22 Sep 2024, 20:36

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Naissance des pieuvres de Céline Sciamma
(2007)


Premier long-métrage de Céline Sciamma, et je pense que c’est celui que j’apprécie le moins, ce qui est plutôt rassurant dans un sens : il y a eu de l’amélioration depuis. Concrètement, c’est une petite chronique du quotidien adolescent à la sauce auteurisante française, donc rien de bien neuf sous le soleil, et c’est ce qui fait à mon sens la limite du film, mais à côté de ça, Sciamma apporte de sa personnalité au sein du récit, et notamment toute une approche sur le désir homosexuel qui permet au métrage de se distinguer un peu. Formellement et narrativement, Naissance des pieuvres n’a pas grand chose de remarquable, au mieux quelques séquences isolées comme la contemplation sous-marine d’une prestation de natation synchronisée, mais sinon c’est désespérément peu enthousiasmant : forme austère pour “faire vrai”, film qui privilégie les silences pour cacher une certaine pauvreté dans les dialogues, comédiens qui tirent la gueule la plupart du temps, la storyline de l’ado qui ne supporte pas son corps mais continue à aller au McDo, bref on est pas loin de la caricature qu’on pourrait faire de ce genre de film.

Mais je dois avouer que malgré ces griefs, j’ai trouvé le récit assez touchant par moment, ça a un regard plutôt juste sur l’éveil de la sexualité, ça n’en fait pas trop, ça évite pas mal de pièges qui pourraient rendre le film insupportable, et les trois actrices principales sont convaincantes à défaut d’être de véritables révélations en ce qui me concerne (même Haenel, elle est bonne actrice, pas de soucis là-dessus, mais elle a pas le petit truc qui me donnerait envie de mater un film juste sur son nom). A l’arrivée, il y a un premier long inégal, où Sciamma manque probablement de confiance pour imposer un style qui lui est propre, mais heureusement elle s’est bien améliorée sur ce point via ses films suivants.


5,5/10
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Dans la ligne de mire - 4,5/10

Messagepar Alegas » Lun 23 Sep 2024, 19:52

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In the line of fire (Dans la ligne de mire) de Wolfgang Petersen
(1993)


Assez surpris de la plutôt bonne réputation de celui-ci, alors qu’en vrai c’est vraiment pas fameux :? . Il y avait pourtant matière à faire quelque chose de cool avec le postulat de base : Eastwood en ancien garde du corps présidentiel qui garde le trauma de l’assassinat de Kennedy, un fou à lier très malin qui veut tuer le président actuel, et surtout l’idée de jouer sur l’âge d’Eastwood en le montrant comme un papy rapidement fatiguée qu’on ne prend plus trop au sérieux. Malheureusement, il y a l’impression de voir un film qui ne fait que les choses à moitié, notamment sur tout ce qui touche au rapport à l’âge, car c’est une chose de nous montrer le héros essoufflé après quelques heures de fonction, mais à côté de ça c’est quasiment toujours lui qui a raison, il arrive à séduire Rene Russo (un quart de siècle de différence d’âge, mais on ne l’évoque évidemment pas :lol: ) en continuant à être un connard machiste, et le must du must : à chaque fois qu’il court à côté d’autres acteurs, ces derniers ralentissent autant que possible pour donner l’impression qu’Eastwood en a encore sous le capot. Bref, derrière la volonté de mettre à mal son héros, ça reste un truc boursouflé à la gloire de l’acteur, ce qui vient niquer en bonne partie la note d’intention.

Le côté vieillot se ressent malheureusement aussi du côté du script (c’est très convenu), du rythme (c’est mou sur la majorité du film), et de la réal (souvent digne du téléfilm, autant sur la mise en scène elle même que sur la photo), on a plus l’impression de voir un film du milieu des années 80 que de 1993. Les capacités limitées d’Eastwood côté action ajoutées à la mise en scène mollassonne de Petersen donnent parfois lieu à des grands moments de gênance, en témoigne toute la séquence de course-poursuite sur les toits, qui a quand même eu le mérite de provoquer sur moi quelques éclats de rire :eheh: . Il paraît que Morricone a signé la BO, mais on aurait plus envie de croire que c’est un homonyme peu doué vu le résultat :| . Du coup, à part Malkovich en roue et qui semble bien s’amuser, et un climat paranoïaque dont je suis plutôt client, il n’y a pas grand chose à se mettre sous la dent, même le climax final est décevant.


4,5/10
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Note: 5,5/10
Auteur: Scalp

"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

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Emprise (L') (1934) - 5/10

Messagepar Alegas » Jeu 26 Sep 2024, 14:48

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Of human bondage (L'emprise) de John Cromwell
(1934)


Un film que j’aurais peut-être plus apprécié s’il ne m’avait pas été vendu comme un film noir, chose qu’il n’est quasiment pas du tout. Au mieux on pourra dire que ça se passe effectivement dans un milieu urbain (le Londres des années 30), et qu’il y a plus ou moins une femme fatale qui va provoquer une obsession chez le héros, mais franchement ça s’arrête là, et on est plus à mon sens sur un drame romantique obsessionnel. Le pitch est simple : un peintre raté, qui tente de se diriger vers la médecine, voit sa vie changer alors qu’il rencontre une serveuse dont il tombe éperdument amoureux. Le problème, c’est que la relation ne va que dans un sens, et cette femme, jouée par Bette Davis, va utiliser le bonhomme comme un bouche-trou, lui soutirant de l’argent et du temps dès que ça lui est nécessaire, tout en n’hésitant pas à coucher avec d’autres hommes.

C’est donc un récit entier où un homme se fait mener par le bout du nez, et qui va prendre conscience très tard de sa condition et se révolter, autant dire qu’on ne peut pas spécialement dire que l’histoire soit particulièrement rythmé, c’est un peu toujours le même schéma qui se répète pendant une heure avec Bette Davis qui revient à la charge, qui lâche le mec, puis qui revient pour demander plus. Si le film se laisse suivre, c’est surtout grâce à deux raisons, la prestation de Bette Davis, qui n’avait pas volé sa nomination à l’Oscar (la scène où elle pète un câble et dit au héros qu’elle ne l’a jamais aimé, on la croirait possédée :shock: ), et la forme qui, sans être exceptionnelle, se permet tout de même quelques trucages issus du muet pour signifier l’amour obsessionnel, avec des incrustations dans le cadre ou dans un livre, ou via des transparences, et faut avouer que ça marche bien. Le reste est malheureusement un peu trop anecdotique pour être marquant, et le film se repose trop souvent sur Leslie Howard qui est un peu trop transparent pour transcender l'ensemble. Une curiosité donc, à voir surtout si on apprécie Bette Davis.


5/10
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Australia - 5,5/10

Messagepar Alegas » Jeu 26 Sep 2024, 19:48

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Australia de Baz Luhrmann
(2008)


Après avoir terminé sa trilogie dite du rideau rouge, Luhrmann a l’ambition de lancer une nouvelle série de films qui développerait l’histoire australienne. Après une production compliquée et des remaniements du studio qui iront jusqu’à virer des scènes entières et changer la fin du tout au tout (voir la série Faraway Downs qui ressemble plus à la vision initiale de Luhrmann et qui rajoute quasiment une heure supplémentaire), Luhrmann accouchera finalement d’un seul film, Australia, et qui reste encore aujourd’hui son film le plus bancal, et celui que je considère le moins bon. Globalement, je ressors de ce visionnage avec les mêmes impressions qu’à la sortie en salles : Luhrmann essaye de lorgner du côté de la fresque épique, avec de multiples personnages, storylines, thématiques, le tout traité sur plus de deux heures et demie, mais on le sent assez peu à l’aise hors de sa zone de confort.

Déjà, formellement, le film est carrément inégal, effet qui doit sans doute beaucoup au tournage chaotique où Luhrmann a enchaîné les emmerdes : températures en plein bush qui provoquent des malaises au sein du casting, principal décor du film détruit par des inondations, chevaux malades, actrice principale enceinte, plusieurs fins tournées à la demande du studio. Autant d’éléments qui ont poussé le réalisateur à alterner entre décors naturels, décors en studio, et extensions via fonds verts. Problème : les effets visuels n’ont jamais été le fort de Luhrmann, et autant ça passait sur Moulin Rouge qui jouait avec un visuel hors de toute réalité, autant ici ça contraste complètement avec l’effet naturaliste que le métrage souhaiterait avoir. Résultat, le film alterne constamment entre plans magnifiques (mais genre vraiment, les décors naturels australiens y sont pour beaucoup) et passages carrément dégueulasses, genre la scène du stampede, les passages sur le port de Darwin, ou les gros plans de visages qui sentent bon les reshoots. C’est même pas tant la mocheté qui est problématique, c’est réellement le fait que la note d’intention du film en pâtisse : ça se voudrait être proche des fresques de David Lean dans l’esprit (et encore une fois, il y a beaucoup de choses au sein du résultat final qui en témoignent), mais ça a vraiment le rendu d’un gros budget mal géré des années 2000, il y a de quoi tomber de haut.

Des soucis qui se ressentent aussi au niveau du script : en plus du fait qu’il manque un paquet de scènes et une fin plus dark, Luhrmann a été à mon sens trop gourmand. Que le film soit un parcours initiatique de plusieurs personnages, why not, mais à côté de ça le réal voudrait aussi faire un film sur les classes sociales australiennes, sur la corruption, sur la génération perdue aborigène, sur le choc des cultures, sur une guerre qui arrive de plein fouet, bref ça veut être beaucoup trop pour son propre bien, et on sent bien que Luhrmann patauge avec tout ça. Ça n'empêche pas le film d’avoir de beaux moments et des arcs narratifs efficaces, mais il y a tout de même un côté bordélique qui prédomine dans l’ensemble, autant ça passe sur la première moitié qui se tient parce qu’elle reste centrée sur les mêmes personnages, autant la seconde est moins efficace à vouloir traiter trop de choses en même temps. En plus, il y a l’impression que Luhrmann passe à côté de plein d’opportunités, la principale en ce qui me concerne est l’attaque de Darwin par les japonais : enfin au sein du film il y a moyen d’avoir une putain de scène qui envoie du pâté, et finalement hormis deux plans (le panoramique autour de l’aborigène et le plan clôturant le bombardement) c’est très déceptif, ça dure 3-4 minutes à tout casser.

Côté casting, c’est déjà mieux avec un duo Kidman/Jackman qui fonctionne bien, et un gamin très convaincant, mais c’est dommage que Luhrmann dirige son casting en lui en demandant parfois d’en faire trop : tout ce qui touche à l’humour n’est pas le meilleur aspect du film (ça fait hors-sujet en fait, alors que dans Moulin Rouge ça se mariait très bien), et le bad guy joué par Wenham en mode grosse merde absolue font qu’on regrette qu’il n’y ait pas plus de nuances au sein du métrage. C’est pas un film catastrophique comme on avait voulu le faire croire à sa sortie, ça se regarde même plutôt bien et les 2H40 passent rapidement, mais c’est aussi un film particulièrement inégal et très frustrant quand on imagine ce qu’il aurait pu être.


5,5/10
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