Typiquement le genre de film qu’on me conseille depuis très longtemps (je me souviens qu’on m’en parlait dès le lycée) mais que je n’ai jamais eu l’occasion (d’abord) ou la motivation (ensuite, le dvd traîne sur mes étagères depuis quelques années
) pour le mater, sûrement parce que, depuis, toute la hype autour de Tarsem Singh s’est complètement évaporé, sa carrière n’ayant pas résisté à une succession de flops commerciaux. Pourtant,
The Cell est bel et bien un bon film, imparfait certes, souvent inégal, mais on ne peut pas dire que c’est un film qui manque d’une proposition ou d’une vision. Le fait qu’il soit sorti durant l’année 2000 le rend, à mon sens, encore plus fascinant : c’était le moment où le champ des possibles s’élargissait, où les limites techniques commençaient à devenir floues, et du coup voir un film qui reprend un concept déjà vu (le film de serial killer, avec une victime à retrouver dans un temps imparti) pour aller vers complètement autre chose, qui permet des concepts plus abstraits, le rend très en accord avec son époque. Le même film dix ans plus tard aurait nettement moins eu d’impact, et j’aurais vraiment aimé voir la tête des spectateurs qui découvraient
The Cell en salle sans rien en savoir, ça devait être quelque chose.
Sur le papier, le concept est simple : c’est
Silence of the lambs meet
Inception avant l’heure, avec un inspecteur et une psychologue qui doivent trouver la localisation d’une victime encore vivante, information cachée dans le cerveau du serial-killer qui est dans le coma. C’est hautement prometteur, carrément excitant, et le résultat à l’écran est franchement plutôt cool. J’ai l’impression que Tarsem Singh comprend rapidement qu’il n’a pas forcément la force pour faire une intrigue de serial-killer du niveau de ses modèles (nul doute qu’il a apprécié
Seven, la composition d’Howard Shore y fait beaucoup penser), et qu’il oriente rapidement son récit vers ce qui va faire son originalité (apparemment, dans le script d’origine, la machine permettant d’entrer dans l’esprit n’était qu’un élément mineur), mais aussi vers là où Singh sera formellement plus à l’aise. Le bonhomme vient du vidéo-clip, et ce serait mentir de dire que ça ne se voit pas dans
The Cell (il y a des idées kitschs, mais assumées), mais le film ne se résume pas à une avalanche d’effets de style, et tout le côté visuellement clinquant sert réellement toute la partie fantastique, permettant une liberté sans réelles limites.
Du coup, quand bien même le premier acte est plutôt pas mal avec la découverte progressive du psychopathe, c’est réellement à partir du moment où l’on rentre dans son esprit que le film dévoile ses meilleurs atouts, et pour le coup Singh se lâche complètement avec des plans jamais vus, des idées WTF, du baroque complètement assumé, sérieux toute la découverte de cet univers est vraiment mortelle. C’est du coup un peu dommage de constater que le métrage n’arrive pas toujours à maintenir ce niveau, je pense notamment au dernier quart du film qui part dans quelque chose de plus classique et attendu (le duel final est pas ce que le film a de plus réussi) là où on demanderait au contraire quelque chose qui nous étonne toujours plus. Ceci dit, cette inégalité indéniable n’empêche pas le film d’être assez marquant pour bien faire le boulot, on ressort avec nettement plus de positif que de négatif en tête, c’est juste un peu frustrant de voir le métrage rater de pas grand chose l’excellence.
Autre point négatif, c’est le fait d’avoir Jennifer Lopez en lead qui me paraît trop fade dans un rôle où on aurait envie de sentir plus d’implication, elle ne gâche pas le film non plus mais là encore on se dit qu’avec une meilleure actrice on aurait pu avoir un meilleur résultat à l’écran. A côté de ça, le contre-emploi de Vaughn est bien plus réussi, le mec montrait déjà à l’époque, bien avant sa rencontre avec Zahler, qu’il avait du talent à revendre. Enfin, D’Onofrio en serial killer complètement allumé est une évidence. J’ignore si c’est un film qui sera aussi fort à la seconde vision, mais le fait est que, quelques jours après la découverte, j’ai des images qui tournent en boucle dans ma tête, et ça c’est plutôt bon signe.