Elyas de Florent-Emilio Siri
(2024)
(2024)
Grosse déception que voilà. A la vue de la bande-annonce, je ne m’attendais pas à ce que Siri nous ressorte un grand film, mais j’espérais au moins une bobine qui montre que le réalisateur de Nid de guêpes est toujours là, avec du talent à revendre. Alors bon, cette introduction paraît un peu méchante comme ça, car on notera quand même qu’avec Elyas, on est loin, très loin de la catastrophe qu’était Pension complète. Siri déclare qu’après ce dernier et sa série Marseille, il a ressenti le besoin de faire une pause jusqu’à ce qu’il puisse monter un projet dont il serait l’initiateur, et c’est une approche qui est tout à son honneur, là où il aurait pu continuer à faire le yes-man façon Cavayé. Malheureusement, on peut difficilement dire que ce film du retour soit ce qu’il y a de plus réjouissant, déjà le pitch en mode Man on fire du pauvre fait craindre le pire, et même si le résultat n’est pas honteux, c’est loin d’être ce qu’on aurait pu espérer de la part de Siri.
La note d’intention est pourtant louable sur le papier : contrairement à ce qu’on peut voir ailleurs dans la concurrence française récente (je pense notamment aux films Balle perdue et à AKA), l’action est ici quelque chose de secondaire, qui sert d’abord un récit construit par et pour des personnages. Bref, on est pas dans du John Wick like, et ça souhaite même avoir une approche très psychologique, notamment à travers un personnage principal dont le trauma l’empêche d’avoir les idées claires sur ce qu’il voit, perçoit et ressent. Une idée malheureusement peu exploitée, ou mal : que l’on questionne la perception de la réalité du personnage principal est une idée plutôt cool, mais pourquoi désamorcer systématiquement ces doutes quelques minutes plus tard ? Sur ce point, il y a l’impression de voir un métrage qui n’ose pas aller au bout de ce qu’il souhaiterait proposer, de peur de trop chambouler son spectateur. Du coup ça donne un côté bancal à l’ensemble car dès que Siri tente de créer de l’étrangeté via sa mise en scène, ça donne plus l’impression que c’est une erreur de cadrage ou de montage, alors que si l’idée était poussé jusqu’au bout ça réussirait à convaincre.
A côté de ça, on ne peut pas vraiment dire que le film brille par son écriture : thriller psychologique ou non, ça reste une trame vue et revue, dont les contextes n’apportent finalement pas grand chose. J’aurais aimé dire que la relation entre Roschdy Zem et la gamine porte le film sur ses épaules, et même si elle fait concrètement le taf, ça reste bien trop basique pour emporter le film au-delà. En plus, le script fait des choix assez étranges, notamment dans la volonté de révéler certaines informations au spectateur tardivement, et donc d’avoir un train de retard vis à vis du personnage que l’on suit. Ça donne quelques moments décontenançants, à l’image de cette baston bien violente dans une caravane, où Elyas tue apparemment sans raison une famille entière de gitans, pour finalement nous révéler quelques minutes plus tard la raison qui l’a poussé à le faire. J’ignore si c’est un choix délibéré de Siri, mais c’est hyper bizarre en tant que spectateur d’avoir une telle distance qui se crée vis à vis du personnage d’une séquence à l’autre, et là encore ça donne plus l’impression d’être une erreur de narration .
L’autre gros souci du film, c’est de ne pas avoir les moyens de ses ambitions : Siri déclare qu’il a fallu tourner la plupart des scènes d’action en une journée, et le problème c’est que ça se voit. Globalement, c’est tout le film qui donne une impression cheap, en particulier le climax final qui possède des effets visuels bien foireux, mais c’est aussi une impression qui ressort de la photographie qui, étonnement, donne plus une impression de produit télévisuel qu’autre chose. A croire que le passage au numérique ne sied guère à Siri, car c’est vraiment à partir de là que ses films ont perdu en cachet visuel. Côté mise en scène, malgré les quelques choix étranges évoqués plus haut, ça reste assez efficace dans l’ensemble, Siri cherchant à raconter son histoire avant tout par l’image (chose de trop rare au sein du cinéma français), et se permettant quelques fulgurances au détour de quelques plans (celui avec le père qui se fait assassiner, avec les balles qui fusent dans la pièce, et Zem qui reste immobile au milieu, c’est le genre de shot qui marque au sein d’un film plutôt avare). Dommage encore une fois qu’on le sente trop restreint, que ce soit par son budget ou son temps de tournage, car ça fait un peu retour en demi-teinte pour le coup. Au final, le seul élément du film que j’ai trouvé vraiment impeccable, c’est Roschdy Zem qui, malgré son âge, tient vraiment bien la route en protecteur/tueur qui parle peu. Forcément, il n’a pas ou plus les capacités physiques d’un Alban Lenoir, mais il a pour lui nettement plus de charisme et de présence. Tout ça donne un film décevant vu ce que j’en attendais. C’est pas honteux, c’est pas bon, c’est juste un film très anecdotique, et vu les chiffres au box-office je doute de plus en plus que Siri puisse un jour revenir avec un film de premier plan.
La note d’intention est pourtant louable sur le papier : contrairement à ce qu’on peut voir ailleurs dans la concurrence française récente (je pense notamment aux films Balle perdue et à AKA), l’action est ici quelque chose de secondaire, qui sert d’abord un récit construit par et pour des personnages. Bref, on est pas dans du John Wick like, et ça souhaite même avoir une approche très psychologique, notamment à travers un personnage principal dont le trauma l’empêche d’avoir les idées claires sur ce qu’il voit, perçoit et ressent. Une idée malheureusement peu exploitée, ou mal : que l’on questionne la perception de la réalité du personnage principal est une idée plutôt cool, mais pourquoi désamorcer systématiquement ces doutes quelques minutes plus tard ? Sur ce point, il y a l’impression de voir un métrage qui n’ose pas aller au bout de ce qu’il souhaiterait proposer, de peur de trop chambouler son spectateur. Du coup ça donne un côté bancal à l’ensemble car dès que Siri tente de créer de l’étrangeté via sa mise en scène, ça donne plus l’impression que c’est une erreur de cadrage ou de montage, alors que si l’idée était poussé jusqu’au bout ça réussirait à convaincre.
A côté de ça, on ne peut pas vraiment dire que le film brille par son écriture : thriller psychologique ou non, ça reste une trame vue et revue, dont les contextes n’apportent finalement pas grand chose. J’aurais aimé dire que la relation entre Roschdy Zem et la gamine porte le film sur ses épaules, et même si elle fait concrètement le taf, ça reste bien trop basique pour emporter le film au-delà. En plus, le script fait des choix assez étranges, notamment dans la volonté de révéler certaines informations au spectateur tardivement, et donc d’avoir un train de retard vis à vis du personnage que l’on suit. Ça donne quelques moments décontenançants, à l’image de cette baston bien violente dans une caravane, où Elyas tue apparemment sans raison une famille entière de gitans, pour finalement nous révéler quelques minutes plus tard la raison qui l’a poussé à le faire. J’ignore si c’est un choix délibéré de Siri, mais c’est hyper bizarre en tant que spectateur d’avoir une telle distance qui se crée vis à vis du personnage d’une séquence à l’autre, et là encore ça donne plus l’impression d’être une erreur de narration .
L’autre gros souci du film, c’est de ne pas avoir les moyens de ses ambitions : Siri déclare qu’il a fallu tourner la plupart des scènes d’action en une journée, et le problème c’est que ça se voit. Globalement, c’est tout le film qui donne une impression cheap, en particulier le climax final qui possède des effets visuels bien foireux, mais c’est aussi une impression qui ressort de la photographie qui, étonnement, donne plus une impression de produit télévisuel qu’autre chose. A croire que le passage au numérique ne sied guère à Siri, car c’est vraiment à partir de là que ses films ont perdu en cachet visuel. Côté mise en scène, malgré les quelques choix étranges évoqués plus haut, ça reste assez efficace dans l’ensemble, Siri cherchant à raconter son histoire avant tout par l’image (chose de trop rare au sein du cinéma français), et se permettant quelques fulgurances au détour de quelques plans (celui avec le père qui se fait assassiner, avec les balles qui fusent dans la pièce, et Zem qui reste immobile au milieu, c’est le genre de shot qui marque au sein d’un film plutôt avare). Dommage encore une fois qu’on le sente trop restreint, que ce soit par son budget ou son temps de tournage, car ça fait un peu retour en demi-teinte pour le coup. Au final, le seul élément du film que j’ai trouvé vraiment impeccable, c’est Roschdy Zem qui, malgré son âge, tient vraiment bien la route en protecteur/tueur qui parle peu. Forcément, il n’a pas ou plus les capacités physiques d’un Alban Lenoir, mais il a pour lui nettement plus de charisme et de présence. Tout ça donne un film décevant vu ce que j’en attendais. C’est pas honteux, c’est pas bon, c’est juste un film très anecdotique, et vu les chiffres au box-office je doute de plus en plus que Siri puisse un jour revenir avec un film de premier plan.
5/10