Deadpool & Wolverine / Shawn Levy (2024) J'ai envie de partager quelques réflexions suite à la découverte de ce film en salle. Parce qu'il se révèle symptomatique de la décadence du
blockbuster hollywoodien depuis un quart de siècle, mais aussi parce qu'il n'est pas dénué de qualités - des qualités qui, si j'étais optimiste, pourraient annoncer des jours meilleurs.
(Bien entendu, je ne suis pas optimiste.)
Une précision importante avant de commencer : j'aimerais pouvoir écrire des critiques sans me fendre d'une note, mais comme ce site ne le permet pas, je choisis un 5/10 qui ne signifie rien. Donc ne venez pas me faire chier comme à l'époque de
The Flash en courant voir ce film parce que :
"Oh putain, Mark a mis la moyenne à un film. Aigri comme il est, ça doit vouloir dire qu'il est bon en fait. Quand il colle de vraies bonnes notes à des films avec des japonaises à poil ou des indiens moustachus qui dansent, on s'en branle, mais là je fais chauffer le pop corn".
J'insiste : cette note ne veut rien dire. Je ne vous encourage pas à regarder ce film. J'essaie juste de faire vivre le forum. Et si, malgré cet avertissement, vous n'êtes pas content, vous pouvez vous coller un sonic screwdriver dans le cul.C'est parti. Vingt-quatre ans après le premier
X-Men, Hugh Jackman retrouve ses griffes en adamantium alors qu'on le croyait mort et enterré depuis le
Logan de James Mangold. L'occasion d'entretenir sa bromance à l'écran avec Ryan Reynolds et de préparer - je suppose - son entrée dans le
Marvel Cinematic Universe.
Sauf que le MCU est en crise. Les acteurs emblématiques sont partis - pour mieux revenir ? - et les derniers films et séries se sont crashés au
box office,
Les Gardiens de la galaxie 3 mis à part. Pire encore : la dernière phase a été tuée dans l'œuf suite aux casseroles de Jonathan Majors. Alors que faire pour sauver cette bonne vieille machine à cash ? Se souvenir que Disney a racheté la Fox et demander aux deux mutants les plus populaires, Deadpool et Wolverine, de relancer la machine.
Et ils font. Le premier, avec sa fausse subversion et son cynisme habituel. En vannant non stop sur les limites fixées par Kevin Feige, la vaine tentative de James Mangold d'enterrer le genre ou encore les codes du MCU (les cameos notamment). J'insiste sur le côté faussement subversif de Deadpool : s'il l'était vraiment, il aurait évoqué Jonathan Majors. Par contre, le cynisme, lui, répond bien présent en jouant littéralement, dès l'ouverture, avec le cadavre de Logan.
Je dois préciser autre chose : je suis allé voir ce film avec deux personnes. Un homme de 23 ans et une femme de 28. Et je n'ai pas pu m'empêcher de penser, pendant la foire aux caméos - assez inattendus, je dois le reconnaître - que de nombreuses vannes de
Deadpool & Wolverine tombent à l'eau si on n'a pas vu certains films vieux de vingt ans environ. Et je ne parle pas de classiques qui méritent d'être rattrapés. Non : je parle de purges. Vu leur réputation ignoble, les deux personnes qui m'accompagnaient ne les ont jamais vus.
J'ai également pensé à ma mère, depuis, en me disant que je ne pourrai jamais lui montrer ce film, malgré le fait qu'elle a aimé
Wolverine, le combat de l'immortel et
Logan, tant elle serait perdue. Elle ne comprendrait pas les références à Kevin Feige, se demanderait qui sont tous ces super-héros et super-vilains
has been rappelés ici... Bref, c'est un film qui doit mettre en transe les fans absolus du genre, mais qui laisse trop de monde sur le carreau en se perdant dans un trop-plein de références plutôt que d'exister par lui-même.
Sans parler du fait qu'il est assez mal écrit, avec son intrigue à base de MacGuffin surexpliquée par le personnage de Matthew Macfadyen. Cynisme oblige, tout ceci est reconnu et post-modernisé par Deadpool / Ryan Reynolds dans ses adresses aux spectateurs.
On pourra toujours me rétorquer qu'il ne fallait pas s'attendre à autre chose avec Deadpool, mais si je suis allé voir ce film, c'est bien entendu parce que je suis attaché au personnage de Wolverine - personnage incarné par le même acteur depuis un quart de siècle. Ce qui représente en soi un petit miracle : combien d'acteurs ont interprété Superman, Batman, Spiderman ou encore le Punisher sur la même période (mais là encore : on peut compter sur les vannes / coups de coude au spectateur) ?
C'est bien entendu grâce à lui - par lui, je parle autant de Wolverine que de Hugh Jackman - que le film vaut le coup par moments.
On le sait, avant les deux films de James Mangold, le personnage de Wolverine manquait de rage à l'écran. Trop javellisé... Ici, au moins, ce n'est pas le cas : ce Wolverine issu d'une autre dimension est aussi violent que chez Mangold et j'ai été assez surpris de voir que l'émotion fonctionnait dans de nombreuses scènes sans être court-circuitée par une vanne. L'échange nocturne entre Hugh Jackman et Dafne Keen, par exemple, reste la plus belle scène du film. Si la suite du MCU pouvait abandonner à jamais le concept de multivers - les vannes à ce sujet sont également nombreuses - et se prendre plus au sérieux comme ici, ce serait appréciable.
Je dois également reconnaître que l'alchimie Ryan Reynolds-Deadpool / Hugh Jackman-Wolverine fonctionne. Et que Shawn Levy peut, comme il l'avait prouvé dans
Real Steel, emballer décemment ses scènes d'action. Je mentirais si je disais que je n'avais pas été diverti. Des blagues de cul et du sang, ça fait toujours mon bonheur.
Bref... Je ne sais toujours pas quoi penser de ce film, détestable par moments et efficace à d'autres.
Seule certitude :
Ah et j'ai été assez surpris d'apprendre depuis que le chien de Deadpool existe vraiment et qu'il ne s'agit pas d'un effet spécial
Note : 5/10