[oso] Mes balbutiements gâteux en 2024

[Val]

Pas vu, de même que j'avais évité Marriage Story avec également Adam Driver, pas le genre de segment où j'ai envie de le voir, j'sais pas trop pourquoi, et j'ai sans doute tort.

Les deux films (le Jarmusch et le Wenders) sont très proches dans l'ambiance et le sujet. Deux chefs d'oeuvres qui m'ont bouleversés.

[osorojo]

Du coup, j'me suis maté Paterson (qu'on m'annonçait dispo sur prime, mais il fallait foutre une rallonge de 7e pour filmotv alors j'ai sorti la barque) ce soir. Je n'irai pas jusqu'à le qualifier de chef d'oeuvre comme toi, et c'est en grande partie la faute du personnage de Golshifteh Farahani que je trouve clairement déséquilibré, un peu manqué, disons que j'ai du mal à comprendre cette dualité passion / adversité qu'elle incarne.

En revanche, une nouvelle fois, grande prestation d'Adam Driver, qu'est-ce qu'il est balaise quand même, ce naturel dingue, ce calme placide, vraiment il est magnétique. Bien aimé la déclaration d'amour à la poésie, si l'on aime le verbe, on ne peut qu'adhérer au propos même si une nouvelle fois, je reste un peu sur ma faim vis à vis de la prose mise en lumière.

Soyons clairs, ce sont des réserves mesurées, j'ai passé une séance très sympa, apaisante. Je te remercie pour la suggestion, ça m'a fait du bien, j'y ai retrouvé le Jarmush que j'apprécie, dans les séquences qui se passent dans le bus ou dans le bar notamment (également ce dialogue avec les jeunes branleurs en bagnole haha ou encore le passage dans la laverie avec le rappeur qui traque la punchline). Une jolie bobine

Du coup, j'peux pas faire le trouillard avec le Wenders, d'autant plus qu'au même titre que Jarmush, je suis client de son cinoche habituellement.

[Val]

[osorojo]

LE MARCHAND DE SABLE
Film de Steve Achiepo · 1 h 46 min · 2023



Sur un sujet pas vraiment évident et peu porté à l'écran, à savoir les marchands de sommeil et les conditions de vie très précaires des réfugiés (et plus largement des personnes sans ressources) en France, Steve Archiepo signe un premier film réussi à mon sens malgré quelques maladresses (je trouve notamment que les histoires de couple des protagonistes alourdissent le propos), assez raide à regarder tant on pourrait lui prêter une portée documentaire qui fait froid dans le dos.

A la fin de la séance, le moral est dans les chaussettes et on se demande vers où l'on se dirige dans nos vies modernes qui n'ont jamais été aussi déséquilibrées en ce qui concerne la répartition des richesses et où le roi immobilier semble être hors de contrôle. Alors certes, on pourra se dire que le dernier acte est un peu abusé dans sa portée dramatique, de même que la symbolique de la jeune fille albinos qui traverse le film comme un personnage à part qui scellera le destin du protagoniste n'est pas spécialement évidente à saisir, mais je trouve pour ma part qu'il aurait été un peu malhonnête de finir le film autrement que dans une profonde tristesse alors je souscris à la démonstration.

L'ensemble est sacrément maîtrisé pour une première péloche, que ce soit niveau mise en scène et dans sa gestion du rythme surtout, Moussa Mansaly et Ophélie Bau sont tous les deux très bons, ça vaut le coup d'oeil pour tous ceux qui aiment le cinéma social à la française. Je vais de mon côté suivre le réal, j'espère qu'il continuera à tourner. Ah oui, pour ses fans, Magimel joue toujours aussi bien l'enfoiré de service dans un rôle taillé pour son plaisir à flirter avec le cabotinage.

Bon je raccroche le clavier, parce que ça n'aide pas mon âme en déprime tout ça, mais je trouve que c'est un film nécessaire alors je me devais d'en dire quelques mots.

[osorojo]

VINCENT DOIT MOURIR
Film de Stéphan Castang · 1 h 48 min · 2023 (France)



Je ne me rappelais plus que Vimala Pons jouait dans le film et quand je l'ai vue apparaître à l'image, j'me suis dit que ce petit film de genre, qui jusqu'à cet instant était plutôt intriguant, prenait un virage qui allait lui être dommageable. En tout cas, pour moi.

Parce que si j'ai bien accroché à la première demi-heure qui exploite une idée bien trouvée, à savoir celle d'un mec qui se fait péter la gueule par tout le monde sans savoir pourquoi et qui va donc chercher à comprendre la logique derrière cette situation aussi rocambolesque que carrément flippante, j'ai commencé à décrocher dès que le même bonhomme, alors que sa vie est menacée, est plus préoccupé par se trouver une nouvelle compagne que résoudre sa situation précaire. Pour finir presque le film agacé dans son dernier tiers où tout part en sucette parce que malheureusement au lieu de continuer dans l'intime, d'exploiter le point de départ malin à l'origine de son film, Stéphan Castang choisit l'option baston générale à laquelle je n'ai pas accroché.

J'en suis triste parce qu'on est clairement en présence d'un film qui a tout pour me plaire, que j'ai envie d'aimer, qui représente une idée de cinoche qui se fait de plus en plus rare et que j'aime partager / défendre, alors quand en fin de séance, je soupire de tout mon soul et je n'ai qu'une envie, passer à autre chose, ça m'embête.

J'engage tout de même tout le monde à tenter le visionnage, ce genre de film est précieux, alors même si je n'ai pas accroché aux choix narratifs qui exploitent une très bonne idée, ce sera propre à chacun de partager mon avis ou au contraire se laisser embarquer jusqu'à la fin par ce drame romantique qui préfère abandonner son ton survivaliste au profit d'une amourette gentillette qui surfe sur les terres d'un Romero apocalyptique déraisonnable, mais néanmoins assumé : moi qui aime les scripts qui ne font pas dans le compromis, je salue l'effort de prendre une direction et y aller à fond, même si elle n'est pas à mon goût dans le cas présent.

[Mark Chopper]

Malgré l'attaque de ton dernier paragraphe, toi et Scalp m'avez coupé toute envie là

[osorojo]

Je viens de lire la critique de Scalp, à laquelle je souscris pleinement mais ça vaut le coup de tenter tout de même je pense, suffit que toi tu accroches au virage pris par le film et tu passeras un bon moment, même si effectivement, et je n'en ai pas parlé — Scalp oui —, formellement ça manque de jus dès que le réal sort des plans serrés / gros plans. Et je suis curieux d'avoir ton avis

Sinon, il y a un souci de référencement je pense, je n'ai pas trouvé le titre dans la bdd au moment de saisir la critique, alors que Scalp a fait une review (ptet pas encore référencée).

[Olrik]

Même chose : intrigué au début, mais finalement l'histoire retombe comme un soufflé à partir du moment où le réalisateur se contente d'aller dans la direction du film de zombis déguisé.
Durant la première demi-heure,j'ai songé au Locataire, de Polanski, par l'étrangeté de la situation et les conséquence sur la vie sociale du personnage (assez bof d'ailleurs, l'acteur principal). Mais tenir tout un film sur ce registre,c'était sans doute trop pour Castang.

[osorojo]

Ah, t'as pas aimé Leklou ? Je le trouve correct là, il a toujours un jeu un peu nonchalant, et je l'aime bien mais peut etre effectivement qu'il n'était pas le meilleur choix pour ce rôle, un peu trop apathique, surtout au début quand il commence à se faire taper dessus, j'sais pas ça affecterait beaucoup plus n'importe qui je pense

[Scalp]

J'aurais tellement kiffé qu'il balance un gosse dans les escaliers.

[Olrik]

Ah, t'as pas aimé Leklou ? Je le trouve correct là, il a toujours un jeu un peu nonchalant, et je l'aime bien mais peut etre effectivement qu'il n'était pas le meilleur choix pour ce rôle, un peu trop apathique, surtout au début quand il commence à se faire taper dessus, j'sais pas ça affecterait beaucoup plus n'importe qui je pense

Il manque un peu de nerfs, c'est le moins qu'on puisse dire. J'ai bien compris qu'il a été choisi pour le côté "monsieur tout le monde", mais au bout d'un moment, je me suis désintéressé de son sort.
Tiens, Vincent Lindon dans La Moustache ou Laurent Lucas dans Harry, un ami qui vous veut du bien étaient plus convaincants.

[osorojo]

PERFECT DAYS
Film de Wim Wenders · 2 h 03 min · 2023 (France)



Challenge Wim Wenders - Avril 2024

Je n'ai pas spécialement envie de théoriser ce que j'ai pensé de cette tranche de vie émouvante et préfère me contenter de l'émotion ressentie devant un deuxième acte que j'ai trouvé très juste en tout point pour un petit avis express histoire de poursuivre le challenge Wim Wenders lancé en grande pompe par l'ami Olrick.

Perfect days a été pour moi un chouette moment au démarrage moyen puisque j'avais commencé à trouver le temps un brin longuet à la fin de la première heure. Et pourtant me voilà nostalgique devant un générique de fin que j'aurais bien aimé retardé d'encore quelques minutes. La bonne idée de Wim Wenders d'altérer, sans pour autant la briser, la routine du personnage qui tourne un peu à vide après quelques répétitions est payante, son film trouve un état de grâce heureux quand deux mondes incompris s'échangent une boîte de chocolat.

Quelle prestation de Koji Yakusho, dans le rôle subtil et loin d'être évident d'un bonhomme simple qui préfère ressentir sans vraiment se formaliser. Le joli tour de force de Win Wenders c'est de l'entourer de quelques personnages bien esquissés, sa nièce apporte une dynamique nécessaire à un moment où la chansonnette devenait rengaine, et c'est finalement le cas pour toutes les sources d'énergie qui font partie de la routine du personnage, à commencer par son collègue insouciant que l'on se plait à détester, sans oublier les tauliers des bars où il aime se restaurer : belle rencontre d'ailleurs avec cette tenancière taquine et distinguée qui accompagne le repas d'une ritournelle émouvante.

Pour la faire courte, un très beau film qui devrait plaire à pas mal de monde ici, à la bande son enivrante en plus même si je regrette un peu la clôture par Nina Simone que j'aime pourtant beaucoup, mais qui sonne un peu comme un choix facile.

[Mark Chopper]

Tiens, je l'ai maté ce matin.

Même avis que toi. Olrik parle de Taniguchi dans sa critique et j'y ai pensé également... Le genre de film qui fait du bien.

[osorojo]

On a été synchro, je l'ai regardé aussi ce matin ^^

Grosse lacune de mon côté Taniguchi, je n'ai rien lu de lui.

[Olrik]

à commencer par son collègue insouciant que l'on se plait à détester

Ça dépend. Au début, sans doute un peu. Ma crainte était

qu'il cambriole l'appartement d'Hirayama pour lui barboter sans vergogne sa collection de vieilles K7.

Mais la perception du personnage change avec

la scène courte mais touchante du garçon trisomique faciné par ses oreilles.

Sympa en tout cas de voir Tokio Emoto dans un film d'auteur (il jouait aussi dans Ain't no tomorrows, évoqué récemment).
Bien sinon que le film vous ait plu.