[Alegas] Mes Critiques en 2024

Vos critiques de longs-métrages

Modérateurs: Dunandan, Alegas, Modérateurs du forum

Bonne année (La) - 7/10

Messagepar Alegas » Mar 20 Fév 2024, 16:48

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La bonne année de Claude Lelouch
(1973)


Malgré le fait que j’aime beaucoup son Les uns et les autres, je reste assez méfiant du cinéma de Lelouch, dont la qualité me semble particulièrement aléatoire d’un film à l’autre. Plutôt bonne surprise du coup avec celui-ci car je le matais surtout pour la présence de Ventura en lead, même si ça n’était pas promesse de qualité, en témoigne L’aventure c’est l’aventure que je considère comme un film moyen et pas très drôle. Seconde et dernière collaboration entre Lelouch et Ventura donc, ce dernier ayant beaucoup apprécié l’expérience de tourner avec un réalisateur qui laisse place à l’improvisation, là où il était habitué auparavant à tourner avec des méthodes plus classiques où on respectait la moindre ligne de script et le placement de la caméra.

Une entente qui se ressent beaucoup à l’écran à mon sens : Ventura paraît particulièrement à l’aise dans ce rôle qui l’oblige pourtant à des méthodes dont il n’était pas très fan (le port de postiches notamment), et on sent une alchimie évidente entre lui et Françoise Fabian sans laquelle le métrage n’aurait tout simplement pas fonctionné. Concrètement, c’est un film de casse, mais où l’important n’est pas le casse en lui-même, mais plutôt comment une histoire d’amour va réussir à se créer et à vivre autour de cet acte criminel. Ca pourrait être rapidement anecdotique, mais Lelouch arrive à trouver une balance efficace entre le film de genre (qu’il ne maîtrise pourtant pas) et le film sentimental (auquel il est déjà plus habitué) et du coup ça donne un récit qui réussit dans les deux domaines, et où cohabitent des séquences radicalement différentes les unes des autres.

Si la partie intimiste reste classique pour du Lelouch, avec néanmoins quelques bons dialogues (j’aime bien tout le dîner qui se termine en eau de boudin, avec Ventura qui expose sa vision des choses : “je choisis les films comme je choisis les femmes”), c’est davantage la partie casse qui m’a surpris de sa part, avec deux scènes remarquables : le test de l’itinéraire de la fuite du casse en plan-séquence, et le casse en lui-même qui est un beau morceau de tension alors qu’il est formellement très sommaire. J’aime bien aussi les touches expérimentales de Lelouch sur ce film : les passages en noir et blanc qui induisent en erreur sur l’époque où ça se déroule, le tout début avec les extraits et la musique de Un homme et une femme, ça donne un côté ludique supplémentaire au film, qui correspond bien avec ce qui va suivre (le jeu autour de la table qui permet au couple de se rapprocher). Même les passages avec Ventura déguisé en vieux passent bien, autant au niveau du jeu, que du maquillage, en passant par la suspension d’incrédulité, alors que sur le papier c’était sacrément casse-gueule. Bref, un joli petit film même si tout n’est pas parfait, à ranger parmi les réussites de son réalisateur.


7/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar pabelbaba » Mer 21 Fév 2024, 09:13

Plus trop envie de mater des Lelouch, mais ça titille là.
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Sinon, oui, j'aime les nibards. :chut:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar osorojo » Mer 21 Fév 2024, 11:19

Vaz-y, il est cool celui là, je plussoie Alegas.
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Highlander, le retour - 2/10

Messagepar Alegas » Jeu 22 Fév 2024, 22:00

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Highlander II : The Quickening (Highlander, le retour) de Russell Mulcahy
(1991)


Bon, c’est chaud de parler de ce film, il y a tellement à dire et c’est difficile de savoir par où commencer. Déjà, je précise que, contrairement à ce que je pensais initialement, la version que j’avais en ma possession était la Renegade, qui correspond donc au Director’s Cut de Mulcahy (le film original ayant été terminé par une compagnie d’assurance qui avait rushé la production pour essayer de rentrer dans ses frais). Le problème, c’est que cette version aboutit tout de même à un film nul :eheh: , et quitte à regarder une merde j’aurais presque préféré voir un truc qui aille encore plus loin dans la nullité (autant voir les effets visuels nuls de l’époque plutôt que des trucs refaits), heureusement qu’il y a la vidéo de Chroma pour me montrer ce que j’ai loupé (la fairytale ending ça a l’air quand même assez ultime dans son genre, impossible de ne pas rire nerveusement devant :eheh: ).

Alors bon, l’idée d’une suite à Highlander était déjà sacrément conne en soi : vu la façon dont se terminait le premier volet c’était chaud de justifier ça, mais le fait est que Mulcahy a trouvé la solution en décidant de dire fuck à la mythologie et à la moindre cohérence :eheh: . Je n’ose pas imaginer la gueule des spectateurs de l’époque qui se sont ainsi retrouvés devant un Highlander en mode film d’anticipation (le film se déroule en 2024, c’était écrit que je devais regarder ce film cette année ! :mrgreen: ) avec message écologique, avec l’annonce que les immortels sont finalement des extra-terrestres (dans la version Renegade, ce sont finalement des membres d’une civilisation ancienne envoyés dans le futur, ce n’est guère mieux). La cerise sur le gâteau : le fait de ramener Sean Connery contredit absolument tout ce qui avait été dit et fait dans le premier film (il devient écossais alors qu’il était d’origine égyptienne, il ressuscite juste parce qu’on prononce son nom, et en plus il était super pote de McLeod avant les évènements du premier film), et on sent que c’est un retour fait à l’arrache tant ça ne sert à rien dans le récit, en gros il sert pour trois scènes humoristiques, puis crève dans une scène complètement débile, bref il est juste là pour vendre un minimum le projet et choper trois millions de dollars pour une semaine de tournage.

Franchement, on comprend aisément que tout le monde se soit désolidarisé de ce film, et qu’il ait été zappé de la chronologie Highlander par la suite : autant la première demi-heure se suit un peu par curiosité, autant tout le reste n’a aucun sens et ne cherche jamais à raconter quelque chose d’intéressant. Parmi ce désastre surnage des scènes complètement WTF qui auront eu le mérite de beaucoup me faire rire : la façon dont sont amenés les flashbacks pour expliquer la provenance des immortels, l’infiltration complètement débile du Bouclier et ses gardes aveugles :lol: , Christophe Lambert qui joue une version vieillie de lui-même avec une voix à se pisser dessus :eheh: , le fight avec les skates volants et les décapitations low budget, Lambert et Virginia Madsen qui baisent dans la rue alors qu’ils se sont rencontrés dix minutes avant, Michael Ironside qui prend le contrôle d’un métro et qui va tellement vite qu’il tue la totalité des passagers :eheh: , Sean Connery qui va chez le tailleur, le même Connery qui prend l’avion, autant de passages qui font que je ne peux pas mettre 0 car cette suite a définitivement un gros potentiel nanardesque. Le pire, c’est que Mulcahy semble y croire selon les scènes, et si globalement le film est nul à chier en termes de mise en scène (les combats sont encore plus foirés que ceux du premier, fallait le faire), il y a des sursauts de qualité soudaine, notamment avec ce plan de grue assez impressionnant dans l’opéra, ou ces décors futuristes qui donnent l’impression que tout le budget est passé dedans et qu’il ne restait plus rien pour les courses-poursuites ou les combats :mrgreen: . C’est objectivement complètement nul, mais ça a au moins le mérite de l’être tellement, en mode faut le voir pour le croire, que ça en devient drôle, et c’est clairement un ratage dont les coulisses sont plus passionnantes que ce que raconte le film.


2/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Dunandan » Jeu 22 Fév 2024, 22:23

Je l'avais adoré à 9 ans car c'était cool les décapitations
et les combats à l'épée :mrgreen:, mais j'ai déchanté quand je l'ai revu quelques années plus tard :chut: !

J'avais en plus commencé la saga par celui-là alors je ne bitais rien à ce que je regardais.
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Épouses et concubines - 6,5/10

Messagepar Alegas » Dim 25 Fév 2024, 13:39

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Da hong deng long gao gao gua (Épouses et concubines) de Zhang Yimou
(1991)


Je continue ma lancée dans les premiers films de Zhang Yimou avec ce Épouses et concubines qui sera le film qui lancera définitivement le réalisateur sur la scène internationale (encore aujourd’hui, c’est l’un des films les plus réputés de sa carrière). En ce qui me concerne, c’est un poil en-dessous de Ju Dou, qui avait pour lui une simplicité qui faisait beaucoup dans la qualité du métrage, alors qu’ici Yimou cherche à livrer un récit et un propos plus dense, quitte à avoir la patte un peu lourde par moment. Comme Ju Dou, on va suivre le destin d’une femme contrainte de se marier à un homme qu’elle ne désire pas, sauf qu’ici l’homme en question est un noble d’une famille prestigieuse, dont la lignée implique un protocole de vie particulièrement strict, et surtout un homme qui a déjà pour lui trois autres femmes vivant dans le même domaine. Cerise sur le gâteau : les coutumes ancestrales poussent les différentes femmes à se livrer une véritable compétition entre elles. Ainsi, celle qui a le droit de partager la couche de son mari se voit offrir des privilèges que n’ont pas les autres, des décisions aussi bêtes que le choix du déjeuner ou la possibilité d’avoir des massages.

Un pitch qui donne lieu à un film centrée sur les relations perverses entre les personnages, où tout va être question de supériorité vis à vis des autres, de faux semblants (un personnage paraît sympathique, puis la scène d’après c’est la connasse ultime), de coups de poignard dans le dos, et évidemment ça ne va pas se terminer bien, la fin se voulant particulièrement noire (on fait difficilement plus pessimiste pour le coup). Forcément, à l’instar de Ju Dou, on sent que Yimou en a gros, et plus qu’un film sur le besoin d’émancipation de la femme, c’est aussi et surtout un film à charge contre les valeurs chinoises, et notamment les coutumes qui se passent d’une génération à l’autre, qui ne sont plus adaptées au monde moderne (le film se déroule au début du 20ème siècle, mais malgré ça on a l’impression de suivre un récit qui pourrait se dérouler des siècles auparavant), et qui ne peuvent mener qu’à des fins malheureuses (en gros, si on s’y oppose, on en meurt ou on devient cinglé). Concrètement, le film est plutôt efficace dans son déroulement, avec quelques scènes fortes, notamment sur son dernier tiers, mais j’ai tendance à penser que la durée un peu trop longue fait du mal au rythme qui devient un peu trop étiré et qui crée quelques répétitions. Pour le reste, Yimou confirme une aisance particulière dans la composition des cadres et le jeu des couleurs (les fameuses lanternes rouges qui viennent indiquer que ça va se terminer dans le sang), sans jamais tomber dans quelque chose de l’ordre de la démo visuelle. Enfin, le film vaut beaucoup pour la prestation de Gong Li qui confirme quelle sacrée actrice elle est, d’autant qu’elle enchaîne avec Yimou des compositions pas faciles du tout. Un beau film donc, même si j’aurais préféré que Yimou aille un peu plus à l’essentiel avec son histoire.


6,5/10
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Flic Story - 2/10

Messagepar Alegas » Dim 25 Fév 2024, 23:18

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Flic Story de Jacques Deray
(1975)


Il est bien nul celui-là, mais bon d’un autre côté c’était à prévoir : d’une part le film se situe dans une partie pas glorieuse de la carrière de Delon, qui commençait à enchaîner les projets foireux et/ou répétitifs, d’autre part c’est réalisé par Deray, réalisateur dont les films que j’ai pu voir oscille entre le moyen et le nul, difficile de comprendre ce que Delon trouvait chez lui car passer de Melville à ça, c’est chaud. Pour le coup, c’est le film de Deray que je trouve le plus naze, car au moins dans Le Marginal il y avait un côté rigolo à sauver, et dans Borsalino une certaine ambition, mais là on navigue vraiment dans le polar bas de gamme, où on commence à avoir les codes du polar français fin 70’s/80’s qui se met en place, avec des personnages masculins hyper désagréables et sexistes, et qui balancent des insultes toutes les trente secondes pour la jouer plus viril que le voisin.

Sur le papier, c’est un peu Heat avant l’heure avec un flic qui doit traquer un bandit, les deux personnages étant joués par deux des plus grands acteurs de l’époque qui, finalement, n’auront que très peu de temps à l’écran ensemble. Inutile de dire que c’est le jour et la nuit avec le Mann :eheh: , là c’est un peu la version téléfilm français où le budget est passé quasi totalement dans le cachet des deux leads. Il en résulte déjà un film objectivement moche, tout y est gris et terne, rien n’est mis en valeur, les intérieurs font cheap, ce qui rend la reconstitution d’époque peu crédible, et puis il y a la mise en scène anecdotique de Deray qui vient sublimer tout ça. C’est chaud d’avoir un tel sujet et de tels acteurs et de ne rien en faire avec sa caméra, le pire étant dès que ça s’emballe, ce qui donne des scènes parfois involontairement drôles (il y a un moment où Delon saute sur un toit, se loupe, et tombe dans une ruelle quelques mètres plus bas : le mec tombe littéralement le cul sur un tas de sable en disant “oh merde” comme s’il avait laissé tomber ses clefs :eheh: , gros moment de rigolade alors que c’est censé être une scène de tension).

Mais même côté histoire c’est foireux : sur le papier, le film promet d’être un polar en mode grande fresque, mais à l’écran ça donne un tout petit récit où on ne sent jamais que c’est censé se dérouler sur plusieurs années, où les personnages secondaires n’arrivent pas à exister, et où les deux acteurs principaux font un concours de qui saura le mieux tirer la gueule. Comme dit plus haut, c’était le début de la période problématique de Delon, où il commençait à faire quasiment toujours le même rôle, juste parfois en plus vulgaire, et là c’est peu de dire qu’on voit plus Delon qu’un personnage. Trintignant pour le coup s’en sort un peu mieux avec un personnage plus intéressant, et avec lequel il peut jouer sur sa figure de belle gueule, mais ça reste Trintignant et comme d’habitude j’ai beaucoup de mal avec cet acteur dont j’ai sans cesse l’impression qu’il livre le minimum syndical pour jouer ses personnages. Tout ça donne un film très pénible à suivre, dont je ne sauve presque rien, et qui illustre à mon sens plutôt bien tout ce qui n’allait, et n’ira pas dans le polar français des années suivantes (à quelques exceptions près bien entendu).


2/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Alegas » Sam 02 Mar 2024, 10:42

BILAN FÉVRIER 2024


Films vus :

52 : El espinazo del diablo, Guillermo Del Toro, 2001, Ciné VOST : 8/10
53 : Feast, Patrick Osborne, 2014, TV VO : 7,5/10
54 : Lou, Dave Mullins, 2017, TV VO : 7/10
55 : The zone of interest, Jonathan Glazer, 2023, Ciné VOST : 6/10
56 : The Iron Claw, Sean Durkin, 2023, Ciné VOST : 6,5/10
57 : Da hong deng long gao gao gua, Zhang Yimou, 1991, DVD VOST : 6,5/10
58 : Systemsprenger, Nora Fingscheidt, 2019, TV VOST : 7,5/10
59 : Flic story, Jacques Deray, 1975, TV VF : 2/10
60 : May December, Todd Haynes, 2023, Ciné VOST : 7/10
61 : 20 ans d'écart, David Moreau, 2013, TV VF : 5/10
62 : Get a horse !, Lauren MacMullan, 2013, TV VOST : 6,5/10
63 : Greystoke : The Legend of Tarzan, Lord of the apes, Hugh Hudson, 1984, DVD VOST : 6,5/10
64 : Knight and day, James Mangold, 2010, TV VOST : 4/10
65 : What we do in the shadows, Taika Waititi & Jemaine Clement, 2014, Truc VOST : 7,5/10
66 : Dune, Denis Villeneuve, 2021, Ciné VOST : 7,5/10
67 : True Grit, Henry Hathaway, 1969, TV VOST : 6,5/10
68 : Dì yī lèi xíng wéi xiǎn, Tsui Hark, 1980, Ciné VOST : 7/10
69 : Electrocuting an elephant, Edwin S. Porter, 1903, Truc VO : 0/10
70 : Be my Valentine, Charlie Brown, Phil Roman, 1975, DVD VOST : 6/10
71 : 10 things I hate about you, Gil Junger, 1999, TV VOST : 6/10
72 : Hidden figures, Theodore Melfi, 2016, TV VOST : 6/10
73 : Moonfleet, Fritz Lang, 1955, Ciné VOST : 3,5/10
74 : Wild Bill, Walter Hill, 1995, TV VOST : 4/10
75 : Argylle, Matthew Vaughn, 2024, Ciné VOST : 2/10
76 : Guilty by suspicion, Irwin Winkler, 1991, TV VOST : 6/10
77 : Daaaaaali !, Quentin Dupieux, 2024, Ciné VF : 7/10
78 : Highlander II : The Quickening, Russelll Mulcahy, 1991, Truc VOST : 2/10
79 : A rainy day in New York, Woody Allen, 2019, TV VOST : 6/10
80 : Yallah !, Nayla Nassar, Edouard Pitula, Renaud de Saint Albin, Cécile Adant, Anaïs Sassatelli & Candice Behague, 2021, Truc VO : 5/10
81 : The Floorwalker, Charlie Chaplin, 1916, DVD VO : 4/10
82 : One life, James Hawes, 2023, Ciné VOST : 6/10
83 : Man of the West, Anthony Mann, 1958, Blu-Ray VOST : 6,5/10
84 : Grimsby, Louis Leterrier, 2016, TV VOST : 6,5/10
85 : John Wick, Chad Stahelski & David Leitch, 2014, Blu-Ray VOST : 6,5/10
86 : Angela's ashes, Alan Parker, 1999, Blu-Ray VOST : 8/10
87 : Holes, Andrew Davis, 2003, TV VOST : 4/10


Découverte du mois :

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Autres découvertes marquantes :

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Homme de l'Ouest (L') - 6,5/10

Messagepar Alegas » Sam 02 Mar 2024, 16:36

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Man of the West (L'Homme de l'Ouest) de Anthony Mann
(1958)


Un peu déçu vu la réputation du film : j’avais souvent lu que c’était à ranger parmi les meilleurs westerns d’Anthony Mann, et pour le coup je trouve que c’est quand même un bon cran en-dessous de films comme Tin Star ou Man from Laramie. Alors bon, ça reste quand même un chouette film, avec énormément de qualités, mais il y a un côté inégal qui fait que je suis un peu emmerdé par une partie du métrage. Concrètement, ça commence super bien avec une introduction réussie : on suit un Gary Cooper au passé trouble, qui cherche à prendre un train sans se faire repérer par les autorités, mais manque de bol le train va se faire attaquer, et un malheureux concours de circonstance va faire qu’il va retrouver des personnes liées à son passé, et qui va forcément le faire ressurgir.

Toute cette partie là est vraiment cool, avec un héros qui quitte l’Ouest sauvage auquel il est habitué pour découvrir les avancées de la civilisation (sa réaction face au train en dit long, d’ailleurs c’est rare de voir ce genre de choses dans les westerns alors qu’au fond ça fait sens), et une mise en scène de Mann qui accentue le mystère autour du personnage. Malheureusement, ça se gâte avec la découverte de la planque des brigands, et autant sur le papier le fait de confronter le personnage de Cooper à son passé qu’il cherche à fuir fonctionne (après tout, c’est le cœur du métrage, avec cet oncle dont il essaye de briser la chaîne qui le lie à lui), autant dans l’exécution on peut difficilement dire que ce soit la meilleure partie du récit. Il y a quelque chose d’étrange qui se passe à partir de là : le film qui, jusqu’ici, était nickel, devient d’un coup trop verbeux et didactique dans ce qui raconte. On se tape une bonne demi-heure à expliquer le lien entre Cooper et son oncle, à mettre en place la suite, alors qu’il y avait moyen d’avoir quelque chose de nettement plus rapide et efficace, d’autant qu’on ne peut pas dire que cette longueur est justifiée par une volonté de densifier les personnages secondaires (que ce soit les sous-fifres ou le joueur de cartes, ça reste très light en termes de caractérisation :? , et le personnage de Julie London reste trop lisse pour être réellement remarquable).

Il faut attendre un bon moment avant que le film reparte sur de bons rails, et finalement c’est dans le long climax que Mann arrivera à retrouver l’excellence du début du film, à ce titre toutes les scènes dans la ville abandonnée sont particulièrement réussies formellement, avec une gestion de l’espace admirable :love: (je suis pas loin de penser que c’est probablement le meilleur gunfight du réal, c’est dire). Le film se distingue aussi par une violence prononcée pour le genre, c’était déjà quelque chose qui se remarquait chez Mann dans ses films précédents (la main de Stewart dans Man from Laramie) mais là ça va assez loin avec notamment un combat à mains nues en milieu de film qui joue sur la longueur, ou encore l’exécution froide d’une mexicaine innocente (violence d’autant plus soutenue à cause du retour du mari à la fin de la scène). On sent que Mann veut aussi retrouver la puissance tragique de Man from Laramie avec le lien quasi père/fils entre Cooper et son oncle, mais c’est loin d’être aussi réussi, peut-être que le manque d’alchimie entre Cooper et Lee J. Cobb y est pour quelque chose. En l’état, c’est un film réussi à bien des égards, notamment sur le plan formel, mais le ventre mou et le fait que le film arrive après des westerns nettement plus réussis font que je ne peux m’empêcher de sortir relativement déçu de la découverte.


6,5/10
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Benni - 7,5/10

Messagepar Alegas » Sam 02 Mar 2024, 20:15

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Systemsprenger (Benni) de Nora Fingscheidt
(2019)


Joli film que voilà, comme quoi c’est intéressant d’écouter les conseils ciné de certains collègues de boulot (en tout cas ça change de ceux qui conseillent la dernière nouveauté Netflix :mrgreen: ). Sur le papier, j’avoue que j’étais pas très engagé par la perspective de suivre une gamine insupportable sur tout un film, mais le fait est que le métrage est plus subtil que ça, et ne perd jamais de vue l’importance du développement des personnages. Le film raconte donc l’histoire d’une enfant de neuf ans qui est particulièrement problématique, puisqu’elle est turbulente à l’extrême (ceux qui ont des gamins, c’est peut-être l’occasion de vous rendre compte que vous avez finalement des anges chez vous) et qui pique des crises de colère de façon aléatoire, au point d’être un danger pour ceux qui l’entourent, qu’ils soient enfants ou adultes. Alors que tout le monde est prêt à lâcher le morceau et à l’envoyer dans un hôpital psychiatrique, elle va rencontrer un éducateur un peu hors-normes qui va tenter le tout pour le tout avec elle, et donc le film va globalement s’intéresser à la relation qui va se tisser entre les deux personnages.

Pour le coup, bien que ce genre de cinéma social ne soit pas toujours ma tasse de thé, j’ai été très agréablement surpris par la qualité de l’ensemble, notamment du côté du script où ça refuse le misérabilisme (et pourtant ça aurait pu avec la mère), ça ne tombe pas dans le tire-larmes et ça arrive tout de même à être émouvant (le moment où celle qui gère le suivi de la gamine craque parce qu’elle comprend que toutes les portes sont fermées, c’est déchirant :cry: ). Il y a aussi une réelle qualité sur l’écriture des personnages, loin d’être des protagonistes au background prévisible, et ça permet au métrage d’avoir une vision très nuancée de son sujet. Après, comme souvent avec ce genre de film, ça repose en grande partie sur un casting qui se doit de faire authentique, et ici le pari est particulièrement réussi, que ce soit avec l’acteur jouant l’éducateur qui est très bon, mais aussi et surtout avec la gamine (qu’on a revu depuis dans le dernier Greengrass) qui est juste phénoménale alors que c’est très loin d’être un rôle facile puisqu’il peut être sujet à des dérives faciles. Formellement, ça se veut porté sur quelque chose de très réaliste, presque documentaire, mais sans que ça soit moche ou dénué de mise en scène, il y a un bel équilibre de trouvé pour le coup. Sinon, j’ai trouvé que le film entretient beaucoup de liens avec Mommy : le héros plus que turbulent, la note d’espoir qu’on garde sur la majorité du film alors que les solutions sont de moins en moins nombreuses, et la fin qui est quasiment la même que celle du Dolan. Un beau film, qui ne paye pas de mine au premier abord, mais qui s’avère très efficace et touchant, dommage qu’il soit un peu passé inaperçu à sa sortie en pleine période COVID.


7,5/10
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Contrebandiers de Moonfleet (Les) - 3,5/10

Messagepar Alegas » Lun 04 Mar 2024, 00:18

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Moonfleet (Les contrebandiers de Moonfleet) de Fritz Lang
(1955)


Sacrée déception pour le coup car c’est la première fois que je vois un mauvais film de la période américaine de Lang. Pour le coup, Moonfleet est un film que je rapprocherais plus de son diptyque d’aventure qu’il fera quelques années plus tard à son retour en Allemagne, et on y retrouve le même côté film qui se voudrait dépaysant mais qui fait finalement plus cheap qu’autre chose. Visuellement, c’est vraiment pas dingo : à quelques scènes près, c’est du film avec beaucoup de tournage en studio, alors que l’action se déroule souvent dans des extérieurs des côtes anglaises. Il y a en plus le côté film d’époque qui vient rajouter une dose de difficulté pour la reconstitution studio, et j’ignore si c’est le budget qu’il faut blâmer (j’en doute car deux millions pour l’époque c’est quand même beaucoup) mais le résultat à l’écran n’est guère convaincant entre les intérieurs cheap et les extérieurs qui font fake, et on sent que Lang n’est pas aidé par cet aspect dans sa mise en scène, qui se réduit souvent à un angle de vue dans lequel il essaie de créer de la variété de cadres (c’est particulièrement visible sur les scènes d’action comme celle du fight dans la taverne). Le pire, c’est que quand il y a enfin du tournage en extérieur, le film ne décolle toujours pas formellement, en témoigne la scène sur la plage/falaise qui n’est pas ouf, entre un découpage mou et une nuit américaine laide.

Entre ça et son diptyque, j’en viens à penser que le film d’aventure n’était vraiment pas fait pour Lang, quand bien même ce dernier avait peut-être de réelles envies dans ce genre. Bon après faut avouer qu’il n’est pas aidé par un script pas terrible : j’ignore ce que vaut le roman de base, mais le scénario a beaucoup de mal à intéresser son spectateur à ce qu’il raconte, alors qu’on parle tout de même d’une chasse au trésor, un truc censé être un minimum intéressant. Personnages peu engageants, beaucoup de rôles secondaires dont on ne pige pas l’utilité, casting qui ne semble pas impliqué (et le gamin n’est pas terrible alors que le film repose sur lui en grande partie), trop de dialogues explicatifs, rythme trop lent, autant d’éléments qui rendent le récit pénible à suivre. Il faut attendre la toute fin pour que ça se réveille, avec enfin l’apparition d’un semblant d’attachement émotionnel entre deux personnages, mais à ce stade, le mal est déjà fait. La seule chose que je sauve réellement du métrage, c’est le score de Miklós Rózsa, on a le sentiment que c’est le seul qui croit au film. Tout ça donne le moins bon film de Fritz Lang que j’ai pu voir jusqu’ici, je préférerais même revoir Le Tigre du Bengale/Le Tombeau hindou en comparaison.


3,5/10
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Cent dollars pour un shérif - 6,5/10

Messagepar Alegas » Lun 04 Mar 2024, 23:15

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True Grit (Cent dollars pour un shérif) de Henry Hathaway
(1969)


Assez surpris pour le coup car je m’attendais à voir un film qui souffrirait de la comparaison avec le remake des Coen, mais en fait il faut avouer que ça se tient plutôt bien et je comprends désormais pourquoi on considère souvent celui-ci comme un des meilleurs de son réal. Hathaway c’est un mec dont on peut difficilement dire que c’est un foudre de guerre, mais ça lui arrive parfois de se sortir les doigts pour livrer des films tout à fait honnêtes : j’aime évidemment Peter Ibbetson, j’apprécie son Niagara, et ce True Grit, malgré des défauts évidents, a pour lui un capital sympathie certain. Pour le coup, c’est un film à prendre plus comme un film d’aventure initiatique qu’un véritable western. Ici, le grand Ouest est une toile de fond où l’on joue des codes pour permettre une histoire de vengeance avec une gamine en héroïne, et le fait est que ça marche très bien, chose possible de par l’époque à laquelle est produite le film, car clairement le même récit quinze ans avant aurait difficilement pu exister. Globalement, même si ça souffre de quelques longueurs (chose que les Coen ont réussi à virer alors que c’est quasiment les mêmes séquences et le même enchaînement entre elles, comme quoi la gestion du rythme a son importance) et que l’empathie envers les personnages n’est pas tout à fait là, le récit fonctionne très bien et ça se suit sans déplaisir.

La grande force du métrage, c’est le lien entre des personnages très différents qui vont peu à peu se comprendre sans que ce ne soit réellement dit, et évidemment ça se joue beaucoup entre la gamine (jouée très correctement, l’actrice a ce qu’il faut de sincérité, d’innocence, et d’horripilant) et le personnage de John Wayne, qui accepte ici de jouer un rôle qui ne le met pas vraiment en valeur mais qui marche complètement avec son âge avancé. Moins convaincu par contre par Glen Campbell (apparemment imposé par la production selon Tavernier). On notera aussi la présence de deux petits acteurs, Robert Duvall et Dennis Hopper, qui ont probablement de l'avenir :mrgreen: . Le film a aussi un bel équilibre entre sérieux et second degré, pas étonnant du coup que les Coen ont été intéressés par l’idée d’un remake. Par contre, on ne peut pas vraiment dire que le film doit beaucoup à son aspect formel : il y a bien quelques jolis plans mais dans l’ensemble Hathaway se contente de juste faire un truc efficace sans chercher à aller au-delà. Ça n'empêche pas le film de fonctionner, mais quand on en ressort on a du mal à avoir des séquences précises qui restent en tête, là où le film des Coen est nettement plus réussi. Pas un grand film donc, mais ça se regarde bien et se recommande sans souci pour peu qu’on sache dans quoi on s’aventure.


6,5/10
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Enfer des armes (L') - 7/10

Messagepar Alegas » Jeu 07 Mar 2024, 19:00

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Dì yī lèi xíng wéi xiǎn (L'enfer des armes) de Tsui Hark
(1980)


Je l’avais longtemps mis de côté, mais j’ai enfin vu ce troisième film de Tsui Hark, et ça se range facile dans mon Top 3 du réal. Je l’ai donc découvert via sa version cinéma, souvent conspuée car ayant subi un bon paquet de coupes pour alléger son propos subversif (le film évoque une jeunesse violente dans un Hong Kong alors réellement perturbé), mais au final je suis plutôt content de l’avoir découvert ainsi car je pense que ça me permettra d’avoir une réaction encore meilleure devant le cut que Tsui Hark a remonté par la suite. Alors clairement, ce montage initial a beaucoup de défauts, et nul doute que la director’s cut est plus cohérente autant dans son propos que dans sa narration, mais il n’en reste pas moins un film très intéressant, et dans lequel les qualités l’emportent sur les défauts.

C’est d’ailleurs amusant de constater que les coupes de la production crée un côté hyper chaotique dans la narration, au point que le film fait parfois penser à du Time and Tide avant l’heure : on nous présente beaucoup de storylines en peu de temps, on passe de l’une à l’autre sans cesse, et on ne sait pas trop où le film veut nous emmener. Ceci dit, au delà de ce côté foutraque, c’est toute la caractérisation des persos qui se perd : les jeunes apprentis terroristes sont ici assagis à l’écran, ce qui crée beaucoup d’incohérences d’une scène à l’autre, en témoigne le passage de l’attentat dans le cinéma (en gros, on nous montre une explosion, mais vu qu’on a pas vu les héros poser la bombe, on fait difficilement le rapprochement :? ) qui vient remettre en cause toute la rencontre avec le perso de la jeune femme. C’est un exemple parmi tant d’autres, mais globalement c’est toutes les 45 premières minutes qui souffrent des coupes (coucou la scène du bus qui paraît sortie d’un autre film vu qu’on nous a jamais montré les persos capables d’aller dans un tel extrême auparavant) et c’est vraiment à partir du moment où les étrangers entrent en scène que le film paraît repartir sur des bases narrativement solides.

A partir de ce passage (le vol de l’argent), ça part dans une lente descente aux enfers où on se doute que ça ne va pas bien finir, et même si j’ai quelques réserves sur certains passages du film (globalement pas très convaincu par la storyline du flic, c’est peut-être mieux dans la version DC), c’est largement rattrapé par l’aspect jusqu’au boutiste du métrage, qui lui apporte une noirceur vraiment dérangeante (les scènes sur les animaux, j’ignore si c’est du trucage super bien fait ou si des souris et chats ont réellement été maltraités, mais le fait est que ça fout dans un état bien malaisant dès le départ :shock: ), et un constat assez déprimant sur toute une jeune génération hongkongaise. Et puis il y a ce climax qui est, à mon sens, l’une des meilleures séquences ever de la carrière de son réalisateur, une scène d’action violente à souhait et particulièrement âpre, qui me fait penser un peu à du Zahler avant l’heure tant tout peut arriver d’un plan à l’autre :love: . Une prouesse d’autant plus étonnante que ces bad-guys sont sans cesse à deux doigts de tomber dans la représentation parodique du méchant occidental, mais à l’arrivée ce sont vraiment une pure menace de cinéma. Fait un peu déroutant : la BO est composée d’un paquet d’emprunts illégaux , et ça donne un film de Tsui Hark avec, parmi tant d’autres, du Jean-Michel Jarre et du John Williams, kamoulox :mrgreen: . Très curieux de découvrir la version de Tsui Hark qui est sans doute mieux construite et qui doit gommer une bonne partie des défauts de la première moitié du récit, mais en l’état cette version ciné reste tout de même une chouette découverte.


7/10
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Fortress - 4,5/10

Messagepar Alegas » Sam 09 Mar 2024, 14:21

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Fortress de Stuart Gordon
(1992)


Le film de prison d'anticipation est presque un sous-genre en soi, avec ce concept scénaristique plutôt jouissif qui pousse à imaginer la prison de haute sécurité ultime, puis de tenter de trouver la petite faille qui permettrait au héros de s’échapper de l’endroit. Ici, on a un contexte plutôt original : le héros n’est ni un meurtrier, ni un innocent injustement condamné, c’est juste un homme qui a voulu refaire un enfant dans une société où la politique de l’enfant unique est mise en place pour lutter contre la surpopulation, et du coup direction une prison souterraine gérée par une société privée, avec à sa tête un patron particulièrement sadique qui réserve quelques surprises.

C’est assez étonnant de voir Stuart Gordon diriger un tel projet alors que rien ne semblait le destiner à ça, et ça se ressent dans le résultat final : outre quelques passages gores, on a pas vraiment l’impression de regarder quelque chose de l’ordre de Re-Animator, et en réalité on a plus la sensation de voir un film réalisé par un yes man où ça se contente de faire du fonctionnel. Même en termes de mise en scène, même si je trouve de base que Gordon n’est pas vraiment un foudre de guerre, ça reste nettement moins inspiré que son film précédemment cité. C’est aussi assez surprenant de voir Christophe Lambert en lead d’un tel film, car à la vue du script on penserait presque que c’est un rôle plus pour une grosse figure du cinéma d’action de l’époque (ce qu’était un peu Lambert certes, mais il n’a pas vraiment le physique de l’emploi), et je pense que ce choix de casting oriente le film vers un entre-deux qui le dessert, car Fortress se voudrait à la fois un film d’action et un vrai film d'anticipation avec un fond romantique, mais a bien du mal à marier les deux de façon convaincante.

Du coup, il y a un peu la sensation de voir une version cheap de ces deux volontés, et c’est d’autant plus dommage que le film démarre relativement bien : en gros tout ce qui se passe avant que Lambert soit lancé dans la machine destinée à le transformer en légume (avec des effets qui ne vieillissent pas bien du tout), une bonne grosse demi-heure donc, marche pas trop mal. Ça se gâte malheureusement par la suite, avec le personnage de la femme qui prend une place beaucoup trop grande alors que c’est clairement pas ce qu’il y a de plus passionnant à suivre. A cela s’ajoute une évasion qui semble trop facile, où sa réussite est quasiment toujours justifiée par le fait que Lambert est un super soldat (détail évoqué dans un dialogue, mais qu’on ne prouve jamais réellement au spectateur), des twists hors-propos (est-ce que ça sert réellement à quelque chose que le directeur soit finalement un être créé artificiellement, et que les gardes soient des êtres modifiés ? Je n’en ai pas l’impression :? ) et une scène finale bien naze, autant d’éléments qui viennent gâcher un film qui démarrait comme un bon petit divertissement sans prétention. Côté production design, c’est assez inégal : les plans d’ensemble de la prison sont réussis et ont de la gueule, mais on peut difficilement dire qu’on ressent le budget de quinze millions avec le reste, le must étant le passage dans les tunnels d’aération où c’est en réalité une seule et même portion qui est ré-utilisée d’un plan à l’autre :eheh: . Au final, tout ça donne un film pas réussi, mais pas détestable non plus, ça se regarde gentiment et c’est juste dommage que le film ne soit pas à la hauteur des premières scènes dans la prison.


4,5/10
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Dune (2021) - 7,5/10

Messagepar Alegas » Sam 09 Mar 2024, 20:34

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Dune de Denis Villeneuve
(2021)


Je n’avais pas fait de critique à l’époque car c’était assez difficile de donner un ressenti définitif de par la nature du métrage, qui s’assume complètement comme une gigantesque introduction à quelque chose de plus grand encore, et donc maintenant que la suite a été vue, on peut enfin saisir la totalité des choix de Villeneuve sur cette adaptation. Alors, concernant le fait que ce soit une première partie et que le film se suffit difficilement à lui-même (à la fin, aucun arc narratif n’est réellement bouclé, si ce n’est peut-être celui des visions de Paul), c’est quelque chose qui m’a frustré à la première vision et que je supporte difficilement d’habitude sur d’autres films, mais maintenant que j’ai lu le bouquin je peux clairement comprendre cette volonté, et à vrai dire je ne vois pas comment ça aurait pu être évité.

Car pour le coup, en tant qu’adaptation pure, Villeneuve remporte son pari, d’autant plus difficile qu’il avait déclaré par le passé que c’était le projet de ses rêves et qu’il aurait pu se perdre avec une folie des grandeurs. Le film de Lynch se caractérisait par un côté hyper rushé, de par la volonté de tout raconter en un seul film pour surfer sur le succès de Star Wars, alors qu’ici, Villeneuve prend son temps, quitte à désarçonner son spectateur (à l’exception d’une bataille, ce premier film n’a finalement que peu d’action), et livre donc sa propre vision de ce que devrait être ce space opera. Car s’il y a bien quelque chose qu’il ne fait pas louper dans une adaptation de Dune, c’est bien le world building, pour permettre la compréhension de l’Imperium, des différents clans, de l’importe de l'Épice et donc d’Arrakis, de la culture Fremen, et ça tombe bien car c’est justement la grande force de cette adaptation.

Car si on peut trouver, à raison, que Villeneuve n’est pas forcément le meilleur réalisateur pour filmer de l’action ou de l’épique, je n’ai aucun doute sur le fait qu’il a pleinement conscience de ses forces et faiblesses en mise en scène, et qu’il a donc pensé son adaptation en conséquence, en privilégiant l’ambiance, la lenteur et le hors-champ, au lieu de chercher à rentrer dans un moule qui ne lui sied pas. Il en résulte un film qui, à bien des égards, est la continuité logique de ce que Villeneuve avait entrepris dans Blade Runner 2049 : on est ici dans un cinéma qui peut paraître froid et aseptisé aux yeux de certains, mais qui est en réalité un travail minutieux sur l’épure (grandement aidé par une production design de fou furieux et un beau mariage entre effets numérique et practical effects), la composition des cadres (travaillant sur une notion de verticalité, c’est d’ailleurs fort dommage que les éditions vidéo ne permettent pas de bénéficier des cadres IMAX) et le rapport entre les échelles des différents éléments à l’écran. Autant d’éléments qui font de ce premier film Dune un gros morceau d’un point de vue formel, on ne compte plus les plans qui marquent la rétine, et l’aisance avec laquelle Villeneuve nous fait accepter des concepts liés à l’univers en l’espace de quelques secondes (fonctionnement des boucliers, cône de silence, la façon de récolter l’Épice, l’utilisation de la Voix, etc…) est assez incroyable.

Cerise sur le gâteau : Villeneuve arrive à trouver avec ce film une manière de développer le background de l’univers en faisant confiance à l’imagination de son spectateur. Contrairement à un Star Wars où l’écran regorge de choses insolites, dans Dune on préfère place un ou deux éléments à des endroits stratégiques, ne pas s’attarder dessus, et laisser au spectateur s’imaginer ce qu’il y a autour (la bestiole mi araignée mi humaine sur Giedi Prime, les sacrifices humains par les Sardaukars, etc…). Une idée toute bête mais qui fonctionne particulièrement bien dans un univers aussi foisonnant, et qui va à contre-courant des blockbusters actuels où le moindre élément est surexpliqué, ici Villeneuve fait confiance à son public, et ça se révèle payant. Alors bon, il y en aura toujours pour râler sur un soi-disant manque d’épique, alors que l’intérêt du film ne se trouve pas là, mais là encore, comme je disais plus haut, je trouve que Villeneuve a conscience de ses forces et faiblesses en tant que réalisateur, et quand je le vois éluder une bataille je pense qu’il le fait avec une réelle réflexion derrière : mieux vaut reléguer au hors-champ plutôt que de mal le montrer.

Côté casting, c’est peu dire que le film est particulièrement inspiré, puisque chaque rôle, même secondaire, s’avère particulièrement bien choisi. Si on a beaucoup parlé du choix de Chalamet en Paul qui fonctionne très bien, la meilleure idée de casting à mon sens de trouve en la personne de Rebecca Ferguson, parfaite en femme tiraillée entre son devoir ancestral de Bene Gesserit et son devoir de mère. Au final, sur ce point, le seul retour négatif que j’aurais à faire serait du côté du Jason Momoa qui donne toujours l’impression de jouer le même registre, heureusement il apparaît peu. Autre réserve : la BO de Zimmer qui, comme souvent avec lui ces dernières années, donne plus l’impression d’être du sound design que de la réelle musique qui accompagne les images. Ça n’empêche pas le compositeur d’être inspiré par moment, mais c’est quand même dommage de ressortir du film sans avoir un réel thème en tête (chose qui sera réparé dans la suite, heureusement). Un premier film qui souffre donc de son statut de première moitié, là où le second film est plus homogène avec des arcs qui débutent et se terminent, mais qui remplit parfaitement ses objectifs, à savoir livrer un spectacle total tout en introduisant un monde relativement compliqué à mettre en image.


7,5/10
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