On entendait parler d’une suite à
Independence Day depuis la fin des années 90, le Fox sentant la possibilité d’un nouveau carton, et il aura fallu donc vingt ans pour la voir à l’écran, sans qu’il n’y ait un réel engouement autour (ou alors je l’ai complètement loupé : qui avait réellement envie de voir une suite de ce film ?!
). En fin de compte, il aurait mieux fallu qu’elle arrive plus tôt, car à sortir en 2016 elle arrive non seulement dans un contexte de suites tardives d’anciens succès, suites qui ont la fâcheuse tendance à être bien loupées, et surtout ça repart entre les mains d’un Emmerich qui n’a plus l’aura qu’il pouvait avoir par le passé. Entendons-nous bien, je ne dis pas qu’Emmerich a été un bon réalisateur à un moment, mais c’est indéniable qu’il avait, dans les années 90, la force de mettre en place des blockbusters généreux et visuellement impressionnants, et c’est quelque chose qui s’est clairement perdu par la suite chez lui, donnant lieu à des spectacles de plus en plus passe-partout.
Un aspect qui se confirme ici : cette suite a beaucoup de mal à proposer quelque chose de différent du blockbuster habituel qu’on se tape depuis déjà plusieurs années, autant dans l’écriture que dans la fabrication, et c’est dommage car en dépit de ces aspects on sent néanmoins une volonté initiale de refaire un blockbuster 90’s avec ce que ça comporte en qualités et défauts. On a donc un récit qui se déroule vingt ans après le film original, dans un contexte plutôt bien trouvé pour le coup : l’attaque de 96 a permis l’alliance des nations du globe, et les humains ont utilisé la technologie alien pour reconstruire, aller plus facilement dans l’espace, coloniser la Lune, et se préparer à une éventuelle nouvelle attaque en se blindant côté défenses. On se retrouve donc dans une version alternative de la Terre, ce qui peut paraître une bonne idée de départ sur le papier, mais qui s’avère être la première faute de cette suite : la qualité de l’original était de voir une invasion se déroulant dans notre quotidien, alors qu’ici il y a une distance qui se crée directement avec ce monde où l’on peut aller dans l’espace en quelques minutes, où tout paraît trop facile, et où on aimerait te faire prendre pour acquis des événements qu’on ne nous montre pas et qu’on ne nous explique pas.
D’autant que la menace alien n’a pas vraiment une plus-value par rapport à l’invasion précédente, on a juste un vaisseau plus gros et une reine géante, les scénaristes ne se sont pas vraiment cassés le cul sur ce coup là
. A cela s’ajoute d’autres idées incongrues, notamment le fait de ramener une seconde espèce extra-terrestre qui veut aider les humains, idée qui ne sert en réalité qu’à donner un appât pour la menace finale, et entamer l’idée d’un troisième. D’ailleurs, sur ce point, le film est involontairement drôle à découvrir alors qu’on sait désormais qu’il a été une déception au box-office : on balance rapidement sur la toute fin que le voyage interstellaire est à portée, et que le troisième film va donc montrer les humains envahir la planète alien, on fait bien monter la sauce en mode cliffhanger, tout ça pour un film qui n’arrivera finalement jamais
. Autre loupé sur l’écriture : le fait de vouloir conjuguer deux générations différentes de spectateurs à travers deux générations d’acteurs. Le résultat est assez désastreux, avec d’un côté un casting de vieux qu’on ramène parfois de façon hyper poussive (le scientifique tombé dans le coma, c’était vraiment pas nécessaire), et de l’autre une pure distribution de têtards sans charisme où l’on fait bien en sorte que ça coche toutes les cases de la diversité (et on a même une chinoise parce que le film est financé en partie par des fonds de ce pays).
Même en divertissement pur ça a du mal à être plaisant : c’est, dans la construction, un remake du premier avec tout en moins bien, les séquences d’action sont très anecdotiques, et c’est hyper avare en scènes de destruction puisque la totalité des shots étaient dans le trailer
. D’ailleurs, même ces scènes souffrent de la comparaison avec le premier film : outre le fait que tout soit en CG, c’est abordé avec énormément de distance, là où le film original plaçait le spectateur au milieu des foules qui allaient mourir. Résultat : on voit littéralement des millions de gens mourir à l’écran, et on regarde ça sans aucun affect, ce qui est à mon sens un énorme défaut dans un film catastrophe. Cerise sur le gâteau : on ne reprend même pas David Arnold au score, Emmerich préférant reprendre le compositeur sans talent de ses derniers films
. Sans être une purge absolue, c’est assez honteux comme suite.