Ce n’est qu’une fois achevée cette ultime phase que le producteur Michel Seydoux, qui carbure aux tranquillisants depuis le premier jour de plateau, peut enfin voir le film. « Je ne m’étais mêlé de rien, se souvient-il. Je voulais laisser s’exprimer tout le génie d’Alejandro. La première fois qu’il m’a montré des images – ça a duré toute une journée –, je pensais visionner les rushes. Alors qu’en fait je regardais le film sous sa forme finale. Ça avait duré très exactement douze heures, quatre minutes et sept secondes. »
À sa sortie en France, le film n’est exploité que par une poignée de cinémas art et essai. Aux États-Unis, il est réduit à une version de 1h25 – ce nouveau montage erratique sera plus tard considéré comme le premier vidéoclip de l’histoire, préfigurant l’ère MTV à venir. Sur les 30 millions de dollars investis, le long métrage n’en gagnera que deux – ce qui en fait à ce jour le plus grand cataclysme financier du 7e art.
Douchés par ce four galactique, les studios américains mettent au placard le moindre script où il est question de vaisseau spatial. La Fox abandonne notamment celui de George Lucas, fraîchement auréolé de la réussite d’American Graffitti, intitulé La Guerre des étoiles. Le producteur de Lucas, Gary Kurtz, n’y croit de toute façon pas et confie même à ses proches collaborateurs que « cette histoire de samouraï dans l’espace ne tenait pas la route ».
Quant à Dune, d’autres cinéastes ont tenté, décennie après décennie, de lancer un nouveau projet, sans jamais parvenir à convaincre le moindre studio. Heureusement, l’espoir renaît puisqu’on a appris que Terry Gilliam vient d’acquérir les droits du roman.
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