J’avais découvert le film à sa sortie vidéo, loué à un vidéoclub pour le mater un week-end avec des potes, c’était accessoirement ma première rencontre avec la figure du Predator (je n’avais, hélas, pas encore vu le McT à l’époque), et le moins qu’on puisse dire, c’est que je n’en gardais pas un bon souvenir. A la revoyure, je suis assez surpris, car c’est loin d’être le film nul à chier qu’on a tendance à moquer facilement, et je trouve même que c’est le film de Paul W.S. Anderson qui se regarde le mieux (pas vu
Event Horizon ceci dit). Encore plus surprenant : la première demi-heure est vraiment sympathique, avec une grosse inspiration Lovecraft (c’était d’autant plus évident pour moi étant donné que j’ai lu Mountains of Madness l’année dernière) dans ce délire de voyage en Antarctique pour découvrir une ruine datant de plusieurs millénaires, et j’ai même été choqué de constater que le début du film a beaucoup de parallèles avec celui du
Prometheus de Scott (le briefing de Weyland à l’équipe notamment). Après recherche, la similitude est normale, étant donné que Scott avait pitché quelques années avant à la Fox un synopsis similaire (qui donnera lieu donc à
Prometheus). Comme d’habitude à Hollywood : rien ne se perd, tout se transforme
. On note aussi que le film est assez respectueux des deux univers traités : l’arrivée des Predators, la présence de la compagnie Weyland, le fait que le PDG ait la tête du futur Bishop, etc...).
Dans cette introduction, il y a quand même quelques éléments qui font tiquer, notamment un passage qui donne l’impression qu’Anderson est allé copier des séquences similaires de
Stargate et
Jurassic Park pour introduire ses personnages, mais évidemment c’est fait en beaucoup moins bien et ça fait donc plus rire qu’autre chose. Globalement, le film se tient vraiment bien jusqu’à l’arrivée dans la ruine, et malheureusement c’est vraiment avec l’arrivée des Predators que ça se gâte sérieusement. Premier problème : l’action est filmé soit hyper maladroitement (difficile de comprendre quoi que ce soit avec des plans aussi serrés dans des environnements souvent sombres), soit elle cède à des plans en CG et/ou au ralenti qui se voudraient iconiques mais qui sont surtout typiques du cinéma d’Anderson, on a plus l’impression d’être devant une cinématique faussement cool d’un mauvais jeu vidéo qu’autre chose.
D’ailleurs, je parle de CG, mais à ma grande surprise il y en a bien moins que dans mes souvenirs. Ils sont bien là et font tâche (surtout aujourd’hui où tout n’a pas super bien vieilli) mais une grande partie du métrage fait la part belle à des animatroniques, surtout pour les xénomorphes et leur reine, et ça, ça fait franchement plaisir même si la mise en scène et le montage ne leur rend pas justice (encore une fois, c’est filmé trop serré, et trop cut au niveau du montage, on a pas spécialement le temps de les apprécier). Le concept d’
Alien vs Predator est cool sur le papier, et fait sens suite au final de
Predator 2, mais ce qu’en fait ce film n’est pas terrible : toute l’explication censée poser une mythologie n’arrive pas vraiment à convaincre, et le décor du temple (lieu très fermé donc) ne donne pas réellement de bonnes opportunités de scènes de chasse pour le Predator, ce qui est quand même dommage.
Scénaristiquement, même si on attends difficilement un grand script de la part d’un projet pareil, il y avait quand même moyen d’avoir mieux : on ne s’attache à aucun personnage, ils sont tous des clichés ambulants (pas aidé par le fait que la majorité sont un casting de seconde zone
), et du coup c’est vraiment juste de la chair fraîche qui attend d’être exécuté. Mais le pire vient avec le retournement de situation qui permet de garder un humain jusqu’à la fin du film, puisqu’on crée de façon hyper artificielle une alliance temporaire entre une aventurière random et un Predator pour qu’ils combattent la reine. A la limite, pourquoi pas, mais c’est hyper mal amené, le coup de la tête d’Alien en bouclier c’est ridicule, et ça fait un peu mal au cœur de voir un Predator avoir besoin d’un humain pour arriver à ses fins. Heureusement, ça se rattrape sur un final pas dégueu avec une grosse baston contre la reine, et l’idée qu’un Predator respecte un guerrier humain au point de le laisser vivant fait sens. En l’état, c’est pas spécialement un bon blockbuster, mais il y a assez de choses à sauver pour que ça se regarde, et franchement, vu la suite, on se dit qu’il y avait vraiment moyen de faire pire.