[Alegas] Mes Critiques en 2024

Vos critiques de longs-métrages

Modérateurs: Dunandan, Alegas, Modérateurs du forum

Silent night - 6/10

Messagepar Alegas » Mer 17 Jan 2024, 19:38

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Silent night de John Woo
(2023)


Après Manhunt, il y avait vraiment de quoi perdre espoir vis à vis de John Woo, qui était alors tombé dans la caricature de ce qui faisait le sel de son cinéma. Bonne nouvelle : il ne fait pas comme l’ami De Palma en continuant à creuser après avoir touché le fond, et retourne faire un film américain pour livrer une petite série B au concept fort. Évidemment, ceux qui s’attendent à un retour aux affaires du niveau de ses meilleurs films vont être déçus, mais pour peu qu’on attende juste une honnête série où l’absence de dialogues est bien gérée, il y a de quoi s’y retrouver. Face au concept de film muet, Woo part sur un script tout ce qu’il y a de plus basique : un père de famille, son gamin tué par une balle perdue lors d’une guerre entre gangs, une évolution progressive du personnage vers le statut de machine à tuer, et un gros climax final où le bodycount s’affole. A la limite, il y a bien les personnages de la femme et du flic qui viennent donner un peu d’épaisseur, mais c’est tellement secondaire que le film pourrait exister sans cela, autant dire que Woo va à l’essentiel.

Formellement, on sent que Woo en a moins sous le capot, ou alors qu’il répartit ses forces de façon différente par rapport à ses précédents métrages : ici, l’action est filmée correctement, et c’est tout, pas de maestria dans les chorégraphies, dans les mouvements de caméra, ou dans le montage, à l’exception peut-être d’un faux plan-séquence, mais qui a déjà été vu bien mieux ailleurs dans d’autres films récents. C’est forcément un peu décevant de la part de Woo, si ce n’est qu’il semble plus inspiré lorsqu’il s’agit de trouver comment faire fonctionner son histoire en se passant de mots pour la faire avancer. Là encore, je mentirais en parlant de maestria, mais le film possède son lot de petites fulgurances par-ci par là, dans des moments plus calmes, intimistes, dans la progression difficile de son personnage (le passage à l’hôpital puis le retour au domicile), dans l’installation du trauma (jolis flashbacks qui se mêlent au temps présent), dans des choix de décors (les boules géantes sur la fin qui permettent de boucler la thématique Noël du récit) ou dans des transitions où l’on reconnaît l’amour de Woo pour les symboliques (la larme de la femme qui devient une balle en l’espace d’un cut, c’est fort). Côté casting, malgré le fait qu’on ne peut pas dire que ce soient de grands comédiens à l’écran, tout le monde fait le job, ce qui est déjà pas mal du tout compte tenu du concept. Un film sympathique donc (moins bien que Face/Off et Windtalkers, mais meilleur que Paycheck et Broken Arrow), chose déjà assez incroyable de la part d’un réalisateur qui avait signé une purge juste avant. Je ne peux pas dire que je suis rassuré vis à vis de son futur remake de The Killer, mais au moins il prouve qu’il reste encore de la capacité à livrer un film qui se tient bien.


6/10
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Auteur: Scalp

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3h10 pour Yuma (2007) - 7,5/10

Messagepar Alegas » Ven 19 Jan 2024, 21:21

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3:10 to Yuma (3h10 pour Yuma) de James Mangold
(2007)


Un film que j’avais loupé en salle à l’époque, et je me souviens avoir longtemps regretté. La déception aurait pu être de mise après toute cette attente, mais non, c’est bien un super western, l’un des meilleurs des années 2000 (bon faut dire que la concurrence est pas rude, les très bons se comptent sur les doigts des deux mains), mais aussi l’un des meilleurs films de son réalisateur, celui que je préfère juste derrière Logan. Le seul regret que j’ai est d’avoir finalement découvert ce remake avant le film original, ce qui m’empêche d’avoir la vue d’ensemble sur le boulot d’adaptation, mais de ce que je lis Mangold a été respectueux du sujet tout en s’appropriant le truc en partant dans d’autres directions. Là où j’imagine que l’original est un film qui se rapproche de Last train from Gun Hill, avec la notion d’attente au sein d’un même endroit qu’il faut quitter, ici Mangold livre plus quelque chose de l’ordre du road movie, avec ce prisonnier qu’il faut livrer d’un point A à un point B, en passant par plein d’endroits différents. A ma grande surprise, c’est un film qui repose énormément sur ses personnages et les relations entre eux, et même si certaines sont simplement esquissées (Crowe et sa bande) ça reste efficace juste ce qu’il faut pour que ça fonctionne à l’écran.

Forcément, le cœur du film se trouve dans la relation entre les personnages de Bale et Crowe, et c’est peu de dire que c’est bien écrit. A une exception près (le revirement final de Crowe est un poil trop brusque, il aurait fallu une autre étape pour que ça fonctionne avec fluidité), on croit complètement à ces deux personnages qui vont peu à peu révéler leurs secrets l’un à l’autre pour dévoiler des facettes inattendues. De bad guy charismatique, Crowe devient une énième victime de l’Ouest qui cherche inconsciemment à se venger de son passé, et on découvre petit à petit le trauma de Bale, que je vais éviter de dévoiler ici pour ne pas gâcher la surprise. En somme, il y a une écriture qui fait sens, et un final qui va jusqu’au bout des idées développées sur la totalité du métrage, le tout supporté par une mise en scène qui s’efface derrière son sujet (peut-être un peu trop : le climax est un peu décevant sur ce point). Le casting est top, les deux têtes d’affiche en tête, mais il y a aussi de bons seconds rôles avec notamment Foster en excité de la gâchette, Lerman en fils qui va peu à peu créer un lien d’admiration avec son père, ou Peter Fonda en vieux de la vieille qui a la rancune solide. Bon maintenant faut vraiment que je mate l’original, dont le blu-ray traîne depuis quelques années sur l’étagère.


7,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Mark Chopper » Ven 19 Jan 2024, 21:30

l’un des meilleurs films de son réalisateur, celui que je préfère juste derrière Logan


Tiens... Je préfère largement Copland.
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Expend4bles - 0/10

Messagepar Alegas » Sam 20 Jan 2024, 23:25

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Expend4bles de Scott Waugh
(2023)


Il en faut beaucoup généralement pour qu’un film m’énerve au point de ne lui trouver aucune qualité, mais celui-ci y arrive avec une facilité déconcertante. C’est quand même une belle idée de merde d’avoir voulu relancer cette franchise : d’une part c’est commercialement douteux étant donné que le précédent opus (dix ans déjà !) avait seulement rapporté le double du budget, et je vois mal comment on a pu penser une seule seconde qu’un quatrième film avec un casting moins sexy aurait pu faire mieux. D’autre part, le troisième film avait sérieusement montré les limites de la franchise qui, au lieu de suivre l’aspect somme toute assez sérieux de l’opus original, s’est peu à peu enfoncé dans un second degré et une posture méta hors de propos. Ce qui était pensé comme un revival des gros bras, pour leur donner un second souffle sur grand écran, est devenu peu à peu une blague, et le casting de vieilles gueules a vu de plus en plus de jeunes rejoindre les rangs, histoire d’attirer autre chose dans les salles que des vieux nostalgiques. L’avantage de ce quatrième film est d’être logique à cette direction, jusqu’à l’extrême : vous trouviez que, dans Expendables 3, l’humour était déjà lourdingue et le concept de base volatilisé ? Pas de problème : Expendables 4 arrive à faire plus fort sur ces points.

Tout est déjà plus ou moins synthétisé dans la première demi-heure du métrage : l’enjeu principal est que Stallone retrouve sa bague perdue lors d’un bras de fer, ce qui donne lieu à plusieurs tentatives d’humour assez pitoyables avec Statham. Puis direction la Lybie le temps d’une (moche) scène d’action, qui va se conclure par… la mort de Stallone :shock: . A partir de là, je savais déjà que le film allait prendre cher tellement la dite-scène est nulle à chier (zéro émotion, zéro tentative de donner l’impression qu’on vient de tuer le personnage fondateur de la franchise, absolument rien, que dalle :evil: ), car soit c’est une scène de fausse mort et dans ce cas c’est mal foutu, soit c’est une véritable mort et dans ce cas c’est clairement un gros doigt d’honneur à ceux qui ont pu apprécier un tant soit peu les précédents films, car on nous dit clairement que Stallone est revenu le temps de vingt minutes puis a décidé de se casser de cette franchise pour laisser la main à Statham et Megan Fox (oui, elle est la chef des Expendables dans ce film, ce n’est pas une blague :lol: ).

Bref, le film était déjà plus ou moins condamné à mes yeux, mais j’avais quand même envie de voir jusqu’à quel niveau de connerie et de mocheté ça pouvait aller, et je n’ai pas été déçu. Déjà, c’est le summum du mauvais goût avec des répliques beauf nulles à chier, des scènes d’action que l’on peut trouver dans n’importe quel DTV cheap (celle avec les motos mitrailleuses, c’est hallucinant de connerie), des arcs narratifs nawak (Lundgren a une nouvelle coupe de cheveux et porte des lunettes, Randy Couture explique à tout le monde ce qui cloche avec son oreille, et on fait sérieusement des dialogues sur tout ça, voilà voilà :? ) et de l’humour qui se voudrait transgressif mais qui est juste pathétique (et si on prenait la main carbonisée du cadavre de Stallone pour lui faire faire un doigt d’honneur pendant ses funérailles ? :evil: ). Ensuite, c’est écrit n’importe comment : tout ce qui touche au personnage d’Andy Garcia est traité n’importe comment au point qu’on devine le twist super rapidement, le fait de remplacer Banderas par un autre latino qui parle tout le temps et on dit que c’est son fils, comment dire… :? , le passage de relai avec Statham est très mal géré, au point de ne plus du tout avoir l’aspect esprit d’équipe des précédents, il y a vraiment l’impression de voir un film écrit par des gens qui n’en ont plus rien à foutre.

Et évidemment, tout ça est emballé de la pire des façons possibles, avec une mise en scène tout ce qu’il y a de plus pauvre, des effets visuels pas finis absolument partout (de la modélisation d’un cargo sur lequel on passe la moitié du film, jusqu’aux incrustations dès qu’un acteur se trouve sur un véhicule ou dans un pays étranger), sérieusement on ne ressent absolument pas le budget qui dépasse celui du précédent épisode, et quand je lis que le quart du budget est passé dans le cachet de Statham, je commence à comprendre pourquoi. Je ne parle pas du casting : tout le monde joue mal, mais genre vraiment, et mention spéciale à la botoxée Megan Fox dont la présence ici est absolument incompréhensible (depuis quand on pense à Megan Fox quand on pense film d’action ?! :lol: ). Évidemment, le film est parsemé de choix à la con, comme celui de prendre l’acteur de The Raid en guise de bad-guy, mais de n'utiliser ses capacités martiales que pour cinq minutes, mais ça ce n’est rien avant les ultimes minutes du film.

Car forcément, la mort de Stallone était fake, il revient sauver Statham au dernier moment dans une scène qui n’a absolument rien d’héroïque, mais le pire c’est quand il explique que le corps carbonisé retrouvé au début du film était en fait celui du mec qui avait gagné sa bague au bras de fer, mec innocent qu’il a donc kidnappé et indirectement assassiné, et une fois qu’il a raconté ça, Statham et lui se marrant en buvant une bière :shock: . Tuer des terroristes et salopards en tout genre, ok, mais voir une icône de l’action aussi sympathique que Stallone en être réduit à faire ce genre de choses c’est, à mon sens, la preuve ultime que la franchise Expendables a complètement oublié sa note d’intention initiale. La seule bonne nouvelle dans tout ça, c’est qu’avec les chiffres désastreux de cet opus, c’est quasiment certain qu’on aura jamais de suite, mais bon, allez savoir ce qui se passera dans dix ans.


0/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar ril » Dim 21 Jan 2024, 00:21

Lundgren a balancé que Stallone bosserait sur un Expendables 5.
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Quatre fils de Katie Elder (Les) - 5/10

Messagepar Alegas » Dim 21 Jan 2024, 23:16

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The sons of Katie Elder (Les quatre fils de Katie Elder) de Henry Hathaway
(1965)


Un western qui vieillit un peu mal en tête. La séance a pourtant été pas trop mal sur le moment, malgré des défauts évidents, mais quelques jours après la vision le constat est sans appel : c’est trop moyen et anecdotique pour être réellement marquant. Globalement, c’est un film qui donne l’impression d’arriver beaucoup trop tard, et ça se confirme en se renseignant sur les conditions de production, puisqu’on parle d’un script qui est passé de mains en mains pendant quasiment une décennie, et qui s’est monté sur une star à la fois vieillissante et malade (John Wayne venait alors d’apprendre qu’il avait contracté un cancer, dû aux radiations atomiques chopées sur un lieu de tournage plusieurs années auparavant), bref on peut difficilement dire que le film partait sur de bons rails.

Côté script, le mélange entre histoire tragique et moments plus comiques ne fonctionne pas à mon sens (tout le passage avec les frangins qui se battent entre eux, ça fait clairement niais) et il y a un gros souci de temps de présence sur les personnages. Pour que l’histoire fonctionne à plein régime, il aurait vraiment fallu s’attacher à chacun de ses frères pour se prendre en pleine tronche le dernier quart, mais pour le coup le film donne tellement la part belle à Wayne et Dean Martin qu’on devine assez vite que les deux autres sont de l’ordre du second rôle, et donc qu’ils vont être aisément sacrifiables quand il faudra de la tragédie à l’écran. L’autre gros problème, c’est qu’on commence à arriver dans la fin de carrière compliquée de Wayne, qui joue de façon identique un registre qu’il connaît par cœur, mais qui le fait sans donner l’impression d’une moindre motivation. Résultat, le mec est là sans l’être vraiment, balance ses répliques sans y croire, et autant le duo Wayne/Martin fonctionnait d’égal à égal dans Rio Bravo, autant ici c’est clairement Dean Martin qui remporte la sympathie du spectateur, quand bien même on tente autant que possible de mettre Wayne au centre du récit.

Pour le reste, ça se suit sans déplaisir, mais sans réelle implication non plus, alors qu’il y avait moyen de faire un truc sympa avec cette histoire de frangins qui essayent de résoudre une problématique familiale où, semblerait-il, le riche du coin aurait fait en sorte de les plonger dans la pauvreté des années auparavant. Là encore, le script passe à côté d’un potentiel film d’enquête sympathique, et préfère identifier dès le départ qui va être la menace à viser, c’est quand même bien dommage. Le film souffre aussi du fait d’avoir finalement assez peu d’action, on retient surtout une fusillade près d’une rivière (malheureusement pas terrible dans sa gestion de l’espace) et un climax final avec un peu d’infiltration (déjà plus réussi pour le coup). J’aurais pas craché non plus sur un final plus noir, car là c’est presque trop gentil, mais j’imagine que ça rejoint mon grief initial sur le fait que le film se veut à la fois être une tragédie et un divertissement plus léger. On notera aussi, parmi les curiosités du film, un tout jeune Dennis Hopper dans le rôle du fils du bad guy. Pas un mauvais film dans l’absolu, mais ça se voit qu’une fois et ça laisse assez peu de souvenirs.


5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar francesco34 » Lun 22 Jan 2024, 09:04

ril a écrit:Lundgren a balancé que Stallone bosserait sur un Expendables 5.


Et ça sort en salle alors que Fincher et d'autres se retrouvent sur Netflix... il est beau le monde :mrgreen:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Alegas » Lun 22 Jan 2024, 11:37

Expendables 5 dans un futur proche je n'y crois absolument pas : le quatrième a coûté 100 millions et n'a rapporté même pas 40. Un cinquième opus serait du pur suicide commercial.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar ril » Lun 22 Jan 2024, 11:44

Lundgren dit que Stallone n'a rien fait sur le 4 c'est pour cela que c'est nul, le 5 serait pour corriger le tir.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Mark Chopper » Lun 22 Jan 2024, 11:47

En fait Lundgren délire pour enfumer son conseiller Pôle Emploi. Il n'y aura pas de 5, ou alors en DTV miteux.
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Proxima - 7,5/10

Messagepar Alegas » Mer 24 Jan 2024, 13:24

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Proxima de Alice Winocour
(2019)


Un film que j’avais malheureusement loupé à sa sortie alors que le sujet et la perspective de voir Eva Green tenir un film sur ses épaules me tentaient bien, et du coup bien content de l’avoir rattrapé car c’est effectivement très bien. D’entrée, je dirais que ce n’est pas un film pour tout le monde, étant donné que ça utilise le sujet de la conquête spatiale, mais avec une volonté d’axer sur l’intime et le refus du spectaculaire, et en plus en se concentrant uniquement sur la préparation d’une astronaute, autant dire qu’une telle approche peut faire des déçus. Néanmoins, pour peu qu’on soit un minimum ouvert d’esprit, Proxima possède une jolie proposition de cinéma en questionnant un aspect auquel on ne pense pas immédiatement lorsqu’on évoque le départ d’un astronaute : comment les parents vivent-ils la future séparation avec leurs enfants pour des voyages durant des mois, voire des années ?

A partir de là, Alice Winocour explore cette voie via une femme choisie pour partir sur Mars, dont c’est le rêve de sa vie, mais qui va peu à peu se rendre compte qu’elle vit de plus en plus mal la séparation avec sa jeune fille, ce qui va créer des tensions non seulement intérieures, mais aussi avec son équipe et son entraînement. Un angle d’attaque assez passionnant, d’autant plus qu’il est rarement (jamais ?) abordé de plein front, et qui est en plus traité avec beaucoup de justesse : c’est émouvant sans tomber dans le pathos, c’est réaliste sans refuser de faire du cinéma, bref il y a un bon juste milieu qui est trouvé dans l’entreprise, alors que ça aurait pu aisément virer dans quelque chose d’un peu chiant. Le film est globalement très bien écrit, faisant la part belle à un personnage féminin fort et une relation mère-fille très jolie. J’aurais juste quelques réserves sur le dernier quart d’heure qui me paraît un poil abusé même si l’idée de base est jolie (ok avec le fait que la mère veuille absolument passer un dernier moment avec sa fille pour tenir sa promesse, mais j’ai beaucoup de mal à croire qu’elle puisse sortir de quarantaine si facilement, puis revenir sans se faire repérer), mais pour le reste c’est du quasi sans faute.

Formellement, ça s’efface derrière le récit, surtout que ça opte pour quelque chose d’assez naturaliste avec une caméra proche de son personnage, c’est pas là où le film brille le plus mais ça fait très bien le taf. La grosse surprise vient d’Eva Green qui livre ce qui est à mes yeux la plus belle performance que j’ai pu voir de sa part, et je pense de plus en plus que c’est une actrice qui a beaucoup à donner quand elle est bien dirigée, car vraiment entre sa prestation ici et celle, par exemple, dans Les Trois Mousquetaires, c’est le jour et la nuit. Côté seconds rôles, on retient surtout Matt Dillon dans un rôle qui est peut-être un poil sous-utilisé : j’aime bien le fait qu’on le voit d’abord comme un connard puis que ça évolue par la suite, mais ça ne sert pas tant que ça le récit au final. La gamine aussi est particulièrement juste alors que c'est un rôle pas évident du tout. Sur la BO, on a Sakamoto (dans une de ses dernières compositions donc), mais sauf erreur c’est une partition très courte car le film refuse généralement l’utilisation de musique (ou alors je ne l’ai pas remarqué). Tout ça donne un très joli petit film, un peu trop passé inaperçu à mon sens.


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Pique-nique à Hanging Rock - 6,5/10

Messagepar Alegas » Jeu 25 Jan 2024, 20:57

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Picnic at Hanging Rock (Pique-nique à Hanging Rock) de Peter Weir
(1975)


Je me souviendrais toujours de mon premier contact avec ce film, au cours de ma première année d’université, où un prof d’analyse filmique (qui avait bon goût, contrairement à d’autres) nous avait montré la séquence de l’élément déclencheur du film, en faisant un parallèle très intéressant avec 2001, où la réflexion était que le Hanging Rock avait grosso modo la même fonction mystérieuse et créatrice de fascination que le fameux monolithe. Une séquence et une analyse qui sont restées gravées dans ma mémoire, et qui, forcément, m’ont donné envie de voir le reste du film, mais l’occasion ne s’était jamais présentée jusqu’ici. Je rattrape donc le retard, et même si j’aurais du mal à qualifier ce film de chef-d’œuvre (chose que j’ai souvent lu mine de rien, c’est un film important dans l’histoire du cinéma australien), j’ai bien conscience pour le coup que c’est plus dû à un rapport très subjectif.

Pour autant, j’aime beaucoup le métrage, et ce pour un paquet de raisons, notamment le fait qu’on sent que Peter Weir ne s’est pas encore enfermé dans un académisme qu’il représentera par la suite (ce qui n’est pas négatif, mes films préférés du bonhomme sont ceux qu’il fera plus tard justement) et qu’il se lâche donc en termes d’expérimentations, autant visuelles que narratives. Car même si le postulat du film est facile à pitcher (trois jeunes filles et leur enseignante disparaissent au cours d’un pique-nique, et tout laisse à croire que les raisons sont de l’ordre du surnaturel), c’est nettement plus difficile de décrire ce qui se passe une fois passée la première demi-heure, j’ai l’impression que c’est un récit qui laisse énormément de place à l’interprétation, qui ouvre un paquet de pistes sans condamner aucune d’entre elles, et donc qui pose plus de questions qu’il ne donne de réponses. Un film qui pourrait donc créer facilement un rejet, mais dans ce cas précis il y a un pur travail sur l’ambiance qui fait que ça passe, et que le métrage en devient fascinant par moment.

Ceci dit, cet aspect a néanmoins un effet double tranchant : impossible de s’attacher réellement à qui que ce soit, étant donné qu’il y a très peu de développement de personnages, et difficile d’avoir une réelle implication dans l’enquête, étant donné qu’elle tourne rapidement en rond une fois qu’on comprend que c’est forcément quelque chose d’inexplicable qui s’est produit. Il en résulte un film passionnant à bien des égards, mais qui laisse en même temps sur le bas côté, c’est assez déstabilisant. Formellement, c’est assez fort dans le sens où c’est très loin de ce à quoi on est habitué avec les films les plus connus de Weir : ça ose pas mal de choses en termes de montage, dans la façon de retranscrire des moments simples, ou dans l’iconisation des futures disparues, et c’est, en plus, sublimé par une belle photo et une jolie BO. Un film difficile à appréhender donc, mais qui finit en laissant en tête nettement plus de positif que de négatif.


6,5/10
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Thriller 40 - 6/10

Messagepar Alegas » Sam 27 Jan 2024, 16:53

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Thriller 40 de Nelson George
(2023)


Ce documentaire s’est fait attendre, car mine de rien le dernier film sur un album de Michael Jackson remontait à 2016, et en plus la tâche n’est pas aisée car on parle ici ni plus ni moins de l’album le plus connu de la carrière du chanteur, et l’un des rares albums que tout le monde connaît, fan ou pas. Histoire de ne pas tourner autour du pot : le film est assez décevant dans la mesure où il n’est clairement pas à la hauteur de l'œuvre qu’il évoque, et globalement tout donne l’impression que l’Estate ne s’est pas donné les moyens de faire un film qui marquerait un grand coup. Sortie discrète sur une plateforme SVOD, on ne reprend plus Spike Lee à la réal, on écourte sérieusement la durée (les précédents documentaires faisaient deux heures minimum, ici on raconte tout en moins d’une heure et demie :| ), bref il y a la sensation que le film a été fait parce qu’il devait être fait, et pas réellement fait avec passion, ce qui fait toute la différence.

Le contenu est finalement sans trop de surprises : ça raconte la genèse de l’album, découlant de la frustration de MJ qui considérait ne pas avoir frappé aussi fort qu’il l’aurait souhaité sur Off the Wall, la fabrication de chacun des tubes (par contre, on zappe honteusement P.Y.T. et Lady in my life, sérieusement… :roll: ), l’importance des vidéo-clips et notamment celui de Thriller, et on finit même sur ce qui a amené au Victory Tour, ça se veut donc assez exhaustif. Dans tout ça, il y a quelques passages vraiment intéressants : le fait que MTV refusait en premier lieu les clips de MJ (et des artistes noirs en général), la décortication de la rythmique de Thriller, comment la fameuse chanson Someone in the dark, faite pour E.T., n’a pas pu se retrouver sur l’album, et si on ajoute à ça les superbes images restaurées des clips, du making of de Thriller, ou du Victory Tour :love: , le fan saura y trouver son compte.

Dommage cependant qu’il y ait un paquet de défauts cumulés à côté : outre l’absence des deux chansons évoquées plus haut, tout passe trop vite, tout est traité en surface, et en plus le documentaire perd un temps précieux sur des trucs dont on se fout complètement, que ce soit les interviews de certains intervenants (on a Usher et Mary J. Blige, mais pas Quincy Jones, allez comprendre :eheh: ) ou le trop long passage sur le fait que l’héritage de MJ perdure à travers des applications comme Tik Tok, comme si l’Estate cherchait à se convaincre que le chanteur est encore capable de parler à des jeunes qui ne l’ont jamais connu de son vivant, alors que c’est déjà une évidence. Même si le doc reste sympa en soi, il y a une impression de gâchis qui reste, tant c’est clairement un bon cran en dessous des films de Spike Lee. J’ose espérer un jour des documentaires sur Dangerous, History et Invincible, mais entre la distribution de celui-ci et la gestion de l’Estate qui continue à être catastrophique, je ne me fais plus trop d’illusions :| .


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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar lvri » Sam 27 Jan 2024, 17:02

Tu résumes parfaitement ma pensée...
C'est assez étrange cette gestion de la carrière de MJ. Je sais qu'il y a quelques soucis de droits ici ou là, mais quand même : l'artiste qui a vendu le plus d'albums au monde n'a même pas une édition digne de ce nom d'un concert ou de ces clips.

Et quand on pense que seul le doc Off The Wall est sorti chez nous officiellement... (Bad25 n'est sorti qu'aux US et UK de mémoire, et Arte n'a diffusé que la version courte).
Bref, un gachis...
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Alegas » Sam 27 Jan 2024, 17:29

Je pense sincèrement que c'est la pire gestion posthume ever pour un artiste musical aussi connu.

Voilà 15 ans qu'il est mort, et tout ce qu'on a eu c'est : un album avec des chansons trafiquées/imitées, un autre dont la majorité du contenu était déjà trouvable sur le net durant le vivant de MJ, trois documentaires sur des albums sortis dans des conditions pas géniales, un autre sur This is it qui a été fait à l'arrache pour rattraper le manque à gagner de la tournée, des sorties anniversaires d'albums existants, et... c'est tout ?

On voit avec les documentaires qu'il existe un paquet d'images d'archives, et que les clips et concerts peuvent être restaurés, on sait aussi que MJ faisait des dizaines/centaines de démos par album pour finalement ne pas tout utiliser, ça me tue qu'ils n'en fassent rien.

Je suis en train de mater Beatles : Get Back en ce moment, je rêverais d'un projet similaire avec ce qui existe des behind the scenes des albums de MJ.

Ivri, ça pourrait t'intéresser : il y a quelques semaines j'ai découvert ce site où un fan semble vendre des éditions non officielles de Bad 25, Ghosts, et de concerts. J'ignore ce que ça vaut, mais ça pourrait être une solution.
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