[oso] Mes balbutiements gâteux en 2024

[osorojo]

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Le Café des Jules
PAUL VECCHIALI, 1989, 1h05 ... 7,5/10

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Il y a deux ans, je découvrais Le Café des Jules qui m'avait retourné. C'est un film éprouvant parce que tellement plausible dans son horreur malsaine qu'on ne peut qu'en ressortir abasourdi.

A peine 1 heure à la pesée, mais le sentiment en fin de bobine donne l'impression d'avoir assisté à une interminable torture. Le pitch est simple, dans le bar incontournable pour les âmes en peine d'un bled perdu, l'alcool fait son oeuvre tout au long d'une soirée que l'on devine tristement routinière, transformant petit à petit les âmes charitables du lieu en énergies noires incontrôlables. Les comédiens ne sont pas tous au même niveau, mais au final, le côté parfois amateur sert farouchement le propos, une atmosphère particulière se crée et lorsque l'horreur surgit, le malaise n'est plus fictionnel. Je n'en dis pas davantage, parce que je n'en savais rien quand je l'ai vu et que ça avait sans doute contribué au coup de massue que j'avais pris.

[osorojo]

Rosa la Rose, fille publique
PAUL VECCHIALI, 1986, 1h32 ... 7,5/10

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Une tranche de vie très touchante qui s'intéresse au destin d'une travailleuse du sexe enjouée dans un bled toujours un peu perdu où Jean Sorel tire le fruit du travail des quelques femmes dont il a pris la vie en otage pour une rente mensuelle. Marianne Basler qui joue Rosa, sa meilleure employée et amante par dessus le marché, magnétique, irradie la bobine de son charme insolent et d'un naturel saisissant qui ne permet aucun questionnement : cette bonne humeur qu'on lui prête, ces têtes qu'elle fait tourner, on ne saurait les remettre en question. Alors quand le sort décide de brouiller les cartes, on se contente d'être spectateur, combien même certains choix d'écriture cavaliers, à tête reposée, s'avèrent être plus accessoires à l'avancée de l'intrigue vers la conclusion du destin de Rose que guidés par une logique plus terre à terre.

Mais peu importe, le film m'a habité après la séance et c'est bien le principal, j'y repense avec beaucoup de sympathie, autant pour ses qualités (une certaine poésie qui guide l'écriture, notamment pour l'acte final, des rôles secondaires dont on aime retrouver les ganaches à l'écran — Evelyne Buyle et Catherine Lachens — et comme dans Le Café des Jules, une belle manière de filmer le banal, et la France d'une époque clairement révolue) que pour ses défauts (la raison d'une histoire qui se fait dévorer par la poésie, ou encore le côté un peu amateur de certains acteurs, contrepied sans doute d'une quête d'authenticité).

[osorojo]

Corps à coeur
PAUL VECCHIALI, 1979, 2h01 ... 7/10

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A nouveau, on sent que l'envie première de Paul Vecchiali dans ce film est de filmer hommes et femmes dans leur quotidien, sans froufrou, pour composer l'instantané d'une époque à travers les joies, les drames, les accidents qui se déroulent dans cette ruelle tant aimée qui enferme les différents personnages, voire les hante lorsqu'ils s'en éloignent.

Mais contrairement à Rosa la Rose, fille publique, ici l'histoire est plus ambitieuse, on la sent très réfléchie, peut-être un peu trop d'ailleurs. Si la sérénade presque maladive à laquelle se livre Pierrot, le très viril beau gosse de la ruelle pour conquérir Jeanne, une pharmacienne d'une cinquantaine d'années qui ne fait pas partie de son microcosme, est particulièrement amusante à suivre, on la sent aussi un peu forcée par moment. Mais peu importe, le jeu de séduction, la remise en question des valeurs d'un homme qui s'est toujours contenté de foncer, possédant, sans vraiment en demander l'autorisation, ce qui lui faisait envie, brutalement si nécessaire, par une femme de tempérament bien décidée à dicter son propre tempo, fonctionne. Comme leurs personnages, Hélène Surgère et Nicolas Silberg soufflent un peu le chaud et le froid dans leurs échanges en début de film pour se retrouver ensuite dans une belle passion mise en images avec pudeur et sensualité.

Dommage que le rythme du film suive, lui, la réserve que j'évoquais plus tôt : les 2 heures se font sentir. Certes il faut prendre son temps pour faire naître les sentiments, mais c'est au détriment, à mon sens, de la fluidité d'une histoire ponctuée pourtant de très beaux moments, mais aussi d'autres un peu moins réussis, très écrits, moins spontanés (le sitting de Pierrot devant la pharmacie notamment). Mais pour qui saura persévérer, la fin du voyage est belle, touchante et à nouveau on ne peut s'empêcher, en repensant au film par la suite, de nourrir une profonde sympathie pour les différents acteurs/personnages.

Preuve s'il en faut que Paul Vecchiali a un truc à bien à lui pour composer des ambiances et y faire vivre ses personnages, de quoi en tout cas me donner envie de continuer la découverte de sa filmographie.

[osorojo]

L'ETRANGLEUR
PAUL VECCHIALI, 1972, 1h33 ... 5.5/10

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Pas réussi à rentrer dans celui-ci, de l'intro qui pose le trauma à l'origine du personnage de tueur qui m'a semblé très précipitée au final tiraillé par tout un tas de thématiques en passant par les meurtres éclairs orchestrés par un romantique au sourire indéboulonnable, je n'ai pas réussi à trouver de liant. Pas inintéressant, comme d'habitude avec Paul Vecchiali, on peut toujours se raccrocher aux ambiances si particulières de son boulot (les scènes de marché, la séquence avec les prostituées, la furtive construction de la danseuse attendant la mort etc) mais il manque une ligne directrice pour que j'y trouve davantage mon compte. En l'état, je reste sur ma faim, peut être notamment parce que le personnage de l'inspecteur négociateur / démissionnaire ne trouve pas sa justification. Petite mention tout de même à la jolie scène avec Hélène Surgère qui confirme tout le bien que j'ai pensé de sa prestation dans Corps à coeur, j'aurais aimé la voir plus longtemps d'ailleurs, dans un rôle plus important, tant elle éclipse ici, en 10 minutes, le reste du casting.

[pabelbaba]

Je ne le connaissais pas, même de nom.

[osorojo]

C'est du cinoche particulier, ça parlera pas à tout le monde ^^

[pabelbaba]

J'imagine en te lisant. 60 ans de carrière quand même...

[osorojo]

ENCORE
PAUL VECCHIALI, 1988, 1h27 ... 5.5/10

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Un film qui combine thématique sensible et défi technique puisque c'est au moyen d'une succession de plans séquences plus ou moins longs, qui témoignent à chaque coupe de l'écoulement d'une année, que Paul Vecchiali narre l'histoire d'un homme qui découvre son homosexualité après des années d'un mariage pourtant heureux. Bien décidé à croquer le fruit défendu, et ce malgré les conseils de son entourage, l'homme en mâchera des pépins imprégnés d'Arsenic.

Double belle intention donc, puisque formellement parlant, certains passages sont sacrément bien gaulés (dans le métro notamment) et le sujet est puissant dans son potentiel dramatique. Et pourtant, je sors de la séance un poil amorphe, et si j'essaye de comprendre pourquoi, je pense que cette forme spéciale, bien que techniquement louable, n'y est pas étrangère. En effet, les limites de l'exercice donne un air très théâtral au film, ce qui ne m'a pas spécialement emballé. De même que le choix d'envahir à quelques occasions les terres de la comédie musicale, en faisant chanter les comédiens à plusieurs reprises ne m'a pas convaincu : disons que c'est bien fait, pas ridicule en soi, mais de mon point de vue, je n'ai pas trouvé que ça servait les acteurs, ni le sujet.

Sentiment très personnel, sans doute. Dommage parce que côté comédiens, comme souvent avec Vecchiali, de jolies performances parsèment le film, à commencer par celle de Florence Giorgetti. Mais rien à faire, j'étais plutôt content que la pièce se termine tout en étant très respectueux du travail accompli.

[osorojo]

CHANGE PAS DE MAIN
PAUL VECCHIALI, 1975, 1h25 ... 3,5/10

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Bon, j'me suis fait surprendre, je pensais que je lançais un petit polar bancal avec un peu de charme pépouze comme ça avait pu être le cas dans les autres films du bonhomme que j'ai découverts, mais que nenni, on passe ici de l'autre côté de la barrière, et quand dans la première séquence du vilain fait chanter une maman avec des vidéo qui montrent des demoiselles empoigner du chibre langoureusement, je n'étais pas prêt. Du coup, j'ai rigolé un petit coup et j'me suis dit que quitte à y être, j'allais aller au bout, l'idée d'un porno soigné ne me rebutant pas du tout, bien au contraire.

Mais bon, en dehors du fait que j'ai retrouvé certains actrices que j'apprécie bien voir dans le cinoche de Vecchiali (Hélène Surgère notamment que j'aime beaucoup), j'ai bien du me rendre à l'évidence très tôt : Change pas de main est un énième film aux multiples ambitions qui peine fâcheusement à raconter une histoire simple. Résultat, en dehors de quelques sourires nerveux pour de mauvaises raisons, je me suis passablement ennuyé, et comme je n'étais pas là pour ça, les scènes porno m'ont lassé bien vite, surtout que c'est fait sans idée, alors que Vecchiali n'est pas le dernier pour tenter des trucs de mise en scène d'habitude. Du coup, déception, il n'y a guère que des allumés comme Olrik qui pourraient y trouver un quelconque intérêt, il faut dire que le casting féminin se dévêtit généreusement, la dessus, il n'y a pas tromperie sur la marchandise.

[Alegas]

il n'y a guère que des allumés comme Olrik qui pourraient y trouver un quelconque intérêt

La violence.

[osorojo]

EN HAUT DES MARCHES
PAUL VECCHIALI, 1983, 1H32 ... 6/10

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Il y a clairement quelque chose ici, c'est assez rare de voir un film qui s'intéresse aux répercussions de la libération en 1945 du point de vue d'un collaborateur sous le régime de Pétain. Ici on suit la vengeance, et plus précisément les états d'âme d'une femme dont la réputation assez dingue dans la ville ou elle était influente a volé en éclats après la fin de la guerre, parce qu'elle était mariée à un pétainiste qui vécut un destin funeste.

Si j'en crois ce que j'ai pu lire ça et là, Vecchiali avait à coeur de rendre hommage à sa mère et sa famille avec ce film, tout en essayant de lever le voile sur le cliché moral de la collaboration en temps de guerre en s'intéressant aux gens qui ont tenté de faire avec le climat de collaboration pour rendre le truc vivable par leur communauté sans forcément tirer avantage de ce climat politique très particulier. J'ai personnellement trouvé le point de vue intéressant, d'autant plus qu'il est porté par une actrice en place.

Daniel Darrieux est de tous les plans, froide mais tellement belle, et digne. Le montage à base d'allers/retours entre présent et passé via des flashback voulus poétiques n'est pas toujours réussi mais l'intention y est et le résultat est cohérent. Peut être que la mécanique du point de vue unique pour enchaîner les retrouvailles limite la portée du propos, et puis j'avoue avoir ressenti un peu de lassitude dans la dernière partie, mais de jolis moments émergent de ce parti pris, à l'image des retrouvailles entre deux soeurs — l'occasion pour moi de retrouver Hélène Surgère <3 —, très touchant. Pas un grand film, mais une oeuvre personnelle qui ne manque clairement pas d'intérêt.

[osorojo]

il n'y a guère que des allumés comme Olrik qui pourraient y trouver un quelconque intérêt

La violence.

Je pensais pas que ce petit clin d'oeil pouvait être pris négativement... je suis dans sa team, il sait bien que je dis ça avec beaucoup de sympathie ^^

[Alegas]

Je me doutais bien que c'était de l'humour, mais c'est violent quand même.

[Mark Chopper]

C'est violent pour les autres