[Alegas] Mes Critiques en 2024

Vos critiques de longs-métrages

Modérateurs: Dunandan, Alegas, Modérateurs du forum

Rivière sans retour - 6/10

Messagepar Alegas » Sam 06 Jan 2024, 15:53

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River of no return (Rivière sans retour) de Otto Preminger
(1954)


Otto Preminger sur un western, c’est plutôt intriguant, et ça l’est encore plus avec deux têtes d’affiche comme Marilyn Monroe et Robert Mitchum. Le film est assez fidèle à sa réputation, à savoir que c’est assez mineur, que ce soit pour un western ou pour un film de Preminger, mais ceci dit je trouve quand même le métrage assez plaisant pour que la séance se suive sans ennui. Pour le côté western, mieux vaut prévenir que c’est surtout une question de cadre au sein de ce film, car au final c’est plus un film d’aventure avec un peu de comédie romantique. C’est assez prévisible avec Monroe au casting, mais nul doute que ça n’empêchera pas certains d’être déçus lors de la découverte.

Après une demi-heure d’exposition, on va donc suivre un trio (un homme et son fils, et une chanteuse de saloon qui, par un concours de circonstances, se retrouve coincée avec eux) qui va voir pour but de descendre une rivière dangereuse avec un radeau, et forcément cette descente ne se fera pas sans embûches, avec notamment attaque de puma, d’indiens, etc… Si le film donne l’impression que son cœur va se trouver dans la relation Mitchum/Monroe (qui vont, évidemment, tomber amoureux l’un de l’autre, de façon un peu étrange d’ailleurs avec une scène en milieu de film qui n’est pas loin du viol), c’est surtout la relation père/fils qui s’avère être la plus importante au sein du script : tout tourne autour de l’un et de l’autre qui apprennent à se connaître (le père ayant été en prison pendant plusieurs années), et de leçons de vie qui vont devoir être apprises à la dure, jusqu’à un final symboliquement fort où le fils devient littéralement ce qu’a été son père.

Dans les défauts du métrage, on pourra notamment citer le fait que les péripéties ne sont jamais vraiment passionnantes, ou sont limitées par une mise en scène beaucoup trop conventionnelle, à l’image de cette attaque d’indiens où ces derniers font les pires choix possibles (bon ça, à la limite, ça se retrouve dans plein de westerns) et où c’est filmé de la façon la plus plate possible. Nul doute que les limitations techniques sont la cause de ce défaut formel : avoir un film qui se déroule quasi entièrement sur une rivière n’est pas une mince affaire, et cela se voit dès qu’il y a des scènes nécessitant les acteurs devant une projection, le film vieillit mal sur ce point. Heureusement, ça se rattrape sur le charme global qui découle de l’histoire et des interprétations : Mitchum joue le genre de cow-boys calme et intègre qu’il a souvent été, et ça lui va bien, quand à Monroe elle apporte une réelle plus-value avec son personnage moins fragile qu’il n’y paraît, et qui inonde l’écran de son charme. Clairement pas un grand film, mais un divertissement honnête qui doit beaucoup à ses deux stars.


6/10
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Terre des pharaons (La) - 5,5/10

Messagepar Alegas » Dim 07 Jan 2024, 20:04

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Land of the Pharaohs (La terre des pharaons) de Howard Hawks
(1955)


S’il y a bien un genre auquel on n’associe pas vraiment Howard Hawks, c’est bien le péplum, et pourtant il se trouve qu’il en a réalisé un au cours de sa carrière, un film méconnu coincé dans sa filmographie entre deux poids lourds qui sont, eux, restés gravés dans les mémoires (Gentlemen prefer blondes et Rio Bravo). A l’époque, le genre a le vent en poupe (The Ten Commandments et Ben-Hur arriveront quelques années plus tard), et Hawks décide donc de s’engouffrer dans la brèche avec un sujet particulièrement intéressant, à savoir la construction d’une pyramide par un pharaon désireux d’avoir un tombeau capable de résister aux pilleurs pendant des millénaires.

La première chose qui étonne, c’est la durée très courte pour un péplum : on a l’habitude de grandes fresques de deux heures minimum, ici tout est raconté en une heure et demie, ce qui est appréciable. Ceci dit, on ne peut pas vraiment dire que ce que Hawks tente de nous raconter soit réellement passionnant, ou plutôt qu’à moitié : les scénaristes font le choix d’avoir deux storylines distinctes au sein du récit, la première étant la construction même de la pyramide, principalement vue par les yeux des architectes et esclaves, de l’autre une lutte de pouvoir entre le pharaon et l’une de ses femmes qui s’avère être une manipulatrice voulant le contrôle total du trésor qui se retrouvera dans le futur tombeau. Hélas, autant le premier arc est assez plaisant à suivre, dans le sens où cela nous permet d’avoir un point de vue rarement évoqué au cinéma (il doit y avoir pas mal de libertés historiques, mais c’est cool de voir comment a été pensée la construction de tels monuments, avec les esclaves dont on cache la vue et qui sont guidés par les architectes dans la labyrinthe), autant le second fait vraiment drama cheap, la faute à la fois à des séquences intimistes vraiment pas ouf, mais aussi à un casting qui frôle de très près le mauvais jeu (et cela concerne quasiment tout le monde, ça en est désespérant).

Du coup, difficile de se sentir concerné par ces histoires de trahisons et de complots, surtout lorsqu’ils sont ponctués par des combats tout nazes (ce combat à l’épée entre le pharaon et son capitaine…), alors que les enjeux sont, sur le papier, intéressants, et que tout cela se conclut de façon assez dark (toujours plaisant de voir un bad guy se faire prendre au piège de son propre plan). Formellement, on ne peut pas réellement dire qu’on se qu’il y a Hawks derrière, tout est très fonctionnel et sent le film tourné majoritairement en studio, et sans surprise les séquences les plus réussies visuellement sont celles qui combinent à la fois le nombre impressionnant de figurants à l’écran et les décors de Trauner. Reste donc une séance pas déplaisante, surtout vu la courte durée, mais il y a tout de même l’impression de voir un sujet qui aurait pu donner quelque chose de bien meilleur.


5,5/10
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Hellraiser 3 - 3/10

Messagepar Alegas » Mar 09 Jan 2024, 00:02

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Hellraiser III : Hell on Earth (Hellraiser 3) de Anthony Hickox
(1992)


On m’avait prévenu qu’il y avait un gouffre qualitatif de la saga entre le second volet et celui-ci, mais j’avoue que je ne m’attendais pas à ce que ce soit à ce point. Le deuxième film avait ses défauts, mais restait une entrée pertinente et qui continuait, sur bien des points, une certaine ambition visuelle et thématique, tout en donnant une quasi finalité à ce que le premier film avait débuté. Du coup, de base, la mise en place de ce troisième opus peut être vu avec un regard méfiant, et encore plus quand on sait que la conception du métrage s’est faite non sans difficultés : problèmes de droits entre Barker et la production, changement de réalisateur (Tony Randel était censé rempiler), script modifié plusieurs fois, etc…

Le résultat est carrément décevant, d’autant plus quand on sait que le film a coûté plus cher que le second alors que cela ne se voit vraiment pas à l’écran. Il y a un peu l’impression de voir un script horrifique basique sur lequel on aurait tenté de plaquer du Hellraiser par-dessus, et ça donne un film non seulement qui ne tient pas vraiment debout malgré ses tentatives de justification (le retour de Pinhead via la statue qui sort de nulle part, c’est assez poussif comme tentative de faire revenir le personnage), mais qui est surtout carrément inégal dans ce qu’il raconte. La storyline avec la statue et le boss de la boîte de nuit est plutôt cool, on retrouve une cruauté toujours bienvenue dans l’univers de Hellraiser, mais alors le reste est quand même bien pénible à suivre, en particulier tout ce qui tourne autour du personnage de Terry Farrell, tout simplement insupportable entre le jeu au ras des pâquerettes de l’actrice :evil: , et les régulières scènes de visions toutes cheap (celle en pleine Première Guerre Mondiale est collector tellement c'est fait à l'arrache).

Une impression de sous-budget qui se ressent sur une grande partie du film, à l’image de toute la course-poursuite finale, qui semble avoir été improvisée pour rallonger artificiellement le métrage. Cet opus tente de se donner un côté film d’exploitation en rajoutant du nu et du sexe par-ci par là, mais à l’exception d’une scène (celle du sacrifice de la blonde :love: ) ça fait très artificiel. La scène que je retiens le plus, la seule qui vaille réellement le coup d’œil, c’est l’énorme massacre dans la boîte de nuit où on ressent enfin une ambition et un budget, elle permet en plus d’avoir la naissance de nouveau cénobites qui, à défaut d’être aussi réussis que les originaux, ont le mérite d’être fun (mention spéciale à l’ancien DJ qui… lance des CD pour découper ses victimes :mrgreen: ). Une suite vraiment pas ouf et assez chiante, qui marque pour la première fois un grand écart de qualité dans cette saga, et de ce que je comprends cette dernière ne fera que s’enfoncer par la suite. Reste à voir si je trouverais la curiosité d’aller mater quelques autres épisodes :mrgreen: .


3/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Val » Mar 09 Jan 2024, 10:22

Le 4è, malgré son côté cheap et foutraque, est suffisamment singulier pour mériter d'être tenté.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Alegas » Mar 09 Jan 2024, 13:08

Je note !
Madame a beau, comme moi, ne pas apprécier le troisième film, elle est tellement conquise par la mythologie qu'elle m'a demandé de choper la totalité de la saga, juste au cas-où. :eheh:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Jed_Trigado » Mar 09 Jan 2024, 18:01

Le 4 c'est dans mon flop 3 de la saga. :chut:
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Momie (La) (1999) - 7/10

Messagepar Alegas » Mer 10 Jan 2024, 23:31

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The Mummy (La Momie) de Stephen Sommers
(1999)


La dernière fois que je l’avais vu, c’était à sa sortie vidéo, et je ne sais même plus si je l’avais vu en VHS ou en DVD, c’est dire à quel point ça remonte :mrgreen: . J’en gardais principalement le souvenir des scarabées, notamment la scène où l’un d’entre eux pénètre dans la peau de quelqu’un, le genre d’image qui marque quand on a même pas dix ans, donc au final j’avais plus souvenir d’un film à tendance horrifique qu’un pur film d’aventure. A la revision, il y a déjà une bonne surprise : le fait que ce soit un film qui tient toujours debout et qui se regarde sans problème. Pourtant, il y a des défauts, c’est une évidence, mais le film s’inscrit dans une lignée de films qui seront blockbusters ayant un pied à la fois dans le vingtième siècle avec une fabrication dite classique, et un autre dans le vingt-et-unième avec l’arrivée massive des effets numériques, mais qui sont là pour servir une ambition à l’ancienne.

Le fait est plutôt connu : le film a été développé chez Universal sur la base du script de King Kong que Peter Jackson développait dans les années 90 avant de se lancer dans l’aventure Lord of the Rings, et évidemment ça se voit avec une équipe de personnages qu’on retrouvera en partie dans le remake de Jackson. Une écriture efficace donc, qui rentre vite dans le vif du sujet, et qui laisse juste ce qu’il faut de respirations entre les nombreux morceaux d’action/aventure. Il y a aussi beaucoup d’humour, peut-être même trop par moment, et sur ce point j’aurais tendance à dire que c’est quelque chose qui découle du fait que Sommers a eu les mains assez libres sur le projet (le film était certes un des plus importants d’Universal cette année là, mais personne ne s’attendait à ce que ça devienne un aussi gros évènement). Du coup, le bonhomme se lâche, parfois pour le meilleur (le côté cartoon par moments), d’autres fois pour le moins bon (il y a quelques seconds rôles un peu lourdingues), mais on ne peut pas reprocher au film de ne pas être fun.

La grande qualité du métrage, c’est de finalement récupérer des influences de toutes les époques pour faire un gros best-of du cinéma d’aventure, et même si on pense évidemment beaucoup à Indiana Jones, il est évident que le film doit aussi beaucoup à tout un pan du cinéma d’aventure des années 30. C’est d’ailleurs quelque chose qui se ressent jusque dans la mise en scène, et même si Sommers ne se transforme pas en Spielberg sur ce film, c’est clairement, de ce que j’ai vu, le film où il se débrouille le mieux formellement, avec beaucoup de scènes d’ampleur, et une volonté de ne pas trop couper inutilement (le gag de la bibliothèque avec les étagères qui tombent, le plan lors du climax final avec Fraser qui combat plusieurs momies en même temps, etc…). Encore une fois, le film a ses défauts, même formellement (quelques scènes d’action plus brouillonnes), mais dans l’ensemble ça passe quand même bien.

Côté effets visuels, le film vieillit plutôt bien alors que c’était pas spécialement une évidence : les momies fonctionnent encore très bien, les scarabées aussi, la tempête de sable passe encore, idem pour l’introduction, finalement ce qui marche le moins c’est les plans d’ensemble avec les plaies qui s’abattent sur l’Égypte. Le score de Goldsmith fait un poil répétitif dans les sonorités par rapport à Mulan et 13th Warrior, mais le bonhomme arrive tout de même à sortir son épingle du jeu : c’est loin d’être un score subtil, mais si on cherche un truc qui bouge bien et qui sonne aventure arabisante, on est servis. Enfin, le film marche aussi bien grâce à un trio de têtes d’affiche qui fonctionnent super bien : Brendan Fraser devenait une réelle figure du cinéma d’aventure de l’époque, un peu comme Antonio Banderas avec Mask of Zorro, Rachel Weisz montrait un véritable talent comique sans pour autant transformer son personnage en potiche, et j’aime beaucoup John Hannah dans celui-là, avec son personnage casse-gueule sur le papier (toujours compliqué ce genre de sidekick) mais qui fonctionne très bien à l’écran. Le reste du casting est globalement assez efficace, mais sont aussi moins finement écrits et donc tombent parfois dans le surjeu (le mec qui joue Beni en est le parfait exemple). Dans le film d’aventure de l’époque, c’est évidemment en dessous de Mask of Zorro, 13th Warrior, et encore plus de Lord of the Rings, mais ça ne démérite pas pour autant, c’est du spectacle plus inégal mais aussi plus décomplexé. Maintenant, va falloir que je mate la suite.


7/10
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Laurel et Hardy conscrits - 4/10

Messagepar Alegas » Sam 13 Jan 2024, 14:35

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The flying deuces (Laurel et Hardy conscrits) de A. Edward Sutherland
(1939)


J’avais découvert il y a quelques mois mon premier Laurel & Hardy (Block-Heads), et même si je trouvais que c’était loin d’égaler ce que j’avais pu voir chez Chaplin, Keaton ou Lloyd, ça se regardait plutôt bien. Pour ce second pick, j’ai nettement moins de chance, et au passage j’ai l’impression que ça me confirme une tendance dans le duo qui fait que je n’accroche pas complètement à leur délire. Peut-être cela vient du fait que je n’ai vu d’eux pour le moment que du cinéma parlant, mais j’ai le sentiment que c’est du cinéma où les ressorts comiques viennent soit de situations répétées jusqu’à ce que les gags soient complètement essorés, soit que cela provient du dialogue avec, en base, toujours le même rapport hiérarchique entre les deux personnages (Laurel qui joue le bêta innocent, et Hardy qui joue quelqu’un de plus malin mais qui se retrouve avec les situations que jouent en sa défaveur).

Autant cela ne m’avait pas gêné plus que cela dans Block-Heads, qui était relativement bien construit, autant ici c’est nettement plus problématique puisqu’on a l’impression que chaque dizaine de minutes est égale à une situation qu’on exploite jusqu’à plus soif (la scène de la tentative de suicide dans la Seine), et pire encore : la construction scénaristique est tellement mal gérée que ça crée l’impression de voir des scénettes humoristiques qui se suivent avec peu de lien entre elles. L’autre gros problème, c’est que le film n’est pas spécialement drôle. Je me doute que cela vient probablement de mon appréciation purement personnelle, puisque je sais de plus en plus que je suis plus réceptif à un humour visuel qu’à un humour de mots, mais même avec ça j’ai quand même bien du mal à imaginer ce film comme étant une référence du genre. Surtout que, côté histoire, c’est hyper light et téléphoné, et difficile d’accrocher aux péripéties de ce duo alors que, quand je regarde un Lloyd ou Keaton, j’ai une réelle appréciation et empathie envers le personnage. Il y a bien quelques moments surprenants, comme la mort finale assez inattendue, mais c’est trop peu pour rattraper l’ensemble. Peut-être qu’il faudrait que je tente soit des films encore plus réputés, soit leur période muette, mais dans tous les cas, je doute fort que j’irais jusqu’à me mater la totalité des films Laurel & Hardy, alors que c’est quelque chose que je fais volontiers pour d’autres comiques de la période.


4/10
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Auteur: Jipi

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Sportif par amour - 6/10

Messagepar Alegas » Dim 14 Jan 2024, 17:11

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College (Sportif par amour) de Buster Keaton & James W. Horne
(1927)


Un petit Keaton que voilà, si le film est plutôt bon et se regarde bien, c’est néanmoins assez loin de ses œuvres plus marquantes. Le défaut majeur du film réside à mon sens dans son pitch de départ, nettement moins inspiré qu’habituellement chez Keaton, puisqu’ici il est question d’un nerd qui doit s’essayer à plusieurs épreuves sportives pour l’amour d’une femme, bref le genre d’histoire déjà vue auparavant, et refaite à de bien nombreuses reprises depuis. Ça se regarde néanmoins sans ennui, d’autant que le film est assez court (un peu plus d’une heure), même si on peut aussi pointer du doigt un rythme un peu inégal alors que c’est généralement un aspect que Keaton gère plutôt bien.

Le métrage a plusieurs scènes qui restent en mémoire : le discours de Keaton au début (avec un carton que je trouve très drôle “Future generations depend upon brains and not upon jumping the discus or hurdling the javelin” :mrgreen: ), la partie de baseball où Keaton ne comprend pas les règles, le moment où les autres athlètes se vengent en le faisant rebondir sur un drap (d’ailleurs, je note l’utilisation d’un ralenti, et c’est peut-être bien la première fois que j’en vois un dans un film de cette époque), la longue séquence où Keaton tente plusieurs disciplines, la course d’aviron, le climax final, bref comme je disais plus haut il n’y a vraiment pas de quoi s’emmerder. Il manque un truc au film pour être du niveau d’autres films de Keaton, une folie ou un discours. Sur ce point, ça se rattrape in extremis avec le final où le héros réussit là où il échouait précédemment juste parce qu’il est motivé par la sécurité de sa fiancée, ainsi que sur le plan final avec les fondus enchaînés qui mènent aux tombes conjointes (assez osé de finir comme ça pour une comédie, mais ça marche). Pas un grand film donc, mais une comédie néanmoins sympathique.


6/10
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Misérables (Les) (1958) - 6,5/10

Messagepar Alegas » Dim 14 Jan 2024, 20:17

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Les Misérables de Jean-Paul Le Chanois
(1958)


Globalement agréablement surpris par cette adaptation dont je n’attendais pas grand chose à la base. C’est pourtant, sur le papier, assez semblable à ce que j’imaginais, à savoir une grosse production française des années 50 où on aligne les stars, les décors en studio, un script qui adapte de façon plus ou moins fidèle le récit de base, le tout avec un réal à la barre carré mais pas super talentueux (j’aime bien quelques films de Le Chanois, mais on ne peut pas dire que c’est sa mise en scène qui élève la qualité, ça fait juste le job). Ma surprise vient plutôt du fait que c’est un film qui dégage plus que ce que je croyais : ce genre de fresque a tendance à donner des résultats assez froids et ternes, sans grandes émotions, et là pour le coup ça apporte juste ce qu’il faut pour que ça se laisse suivre avec un certain plaisir.

Côté script (signé Le Chanois et Barjavel), je ne suis pas expert en Hugo, et je ne connais pas par cœur les détails de l’histoire des Misérables, mais pour une adaptation qui doit condenser le récit sur trois heures (sachant que Le Chanois avait un premier cut de plus de cinq heures, qu’il a dû couper pour raisons commerciales), j’ai trouvé ça assez efficace, quand bien même j’ai eu l’impression de gros raccourcis, pour justifier qu’on fasse revenir des personnages (je n’ai, par exemple, pas souvenir que Thénardier soit aussi présent une fois qu’on arrive sur Paris, mais peut-être que je me trompe). Là où ça coince un peu plus, c’est sur la mise en image de ce script, qui marche pas trop mal sur les parties intimistes (quand bien même on ressent beaucoup le tournage en studio, et donc avec une caméra qui filme toujours de la même façon les intérieurs) mais qui montre vite ses limites dès que le récit doit gagner en ampleur. Que ce soit la vision rapide de la bataille de Waterloo, ou le cœur de la seconde époque avec la révolte de 1832, on sent que Le Chanois n’a pas les capacités de bien rendre ces passages à l’écran, et il faut avouer que le résultat est assez mou et cheap, alors qu’il doit y avoir un sacré budget passé dans ces séquences.

Heureusement, c’est très loin d’être la majorité du métrage, et tout le reste peut se targuer d’être pas trop mal foutu, avec certes une mise en scène fonctionnelle (et avec un recours trop régulier à la voix-off pour expliquer des choses que Le Chanois n’arrive pas à faire passer à l’image), mais avec un script parfois touchant qui développe bien ses personnages, et un casting qui arrive à leur rendre justice. Sur le casting, hormis une faute de goût (Silvia Monfort, habituée du cinéma de Le Chanois, mais mauvaise comme pas possible à chaque fois), tout le monde assure. Alors certes, Gabin est clairement trop vieux pour le rôle, ce qui pose quelques soucis de cohérence puisqu’on ne ressent pas vraiment le fil des années du récit sur son visage (plus facile de vieillir un acteur que de le rajeunir), mais il campe un Jean Valjean solide, et le côté vertueux du personnage passe super bien avec la présence et le charisme de l’acteur. Blier est très bon aussi en Javert, au point qu’on aurait envie de le voir plus souvent, et Bourvil fait un excellent Thénardier, même si ça vire parfois un poil au one-man-show, aussi bon soit-il. Je doute fort que ce soit la meilleure adaptation de ce célèbre roman (la version de 1934 a notamment une excellente réputation), mais elle n’en est pas moins recommandable sur bien des points, et c’est, pour le moment, celle qui a ma préférence.


6,5/10
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Film: Misérables (Les) (1958)
Note: 4/10
Auteur: Scalp

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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Olrik » Dim 14 Jan 2024, 22:33

Alegas a écrit:Gabin est clairement trop vieux pour le rôle

Quand il sort de prison, Valjean a 46 ans après avoir passé 19 ans de bagne. Le genre d'année qui compte double. Du coup Gabin me semble cohérent dans le rôle (il avait 54 ans au moment du tournage).
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Alegas » Dim 14 Jan 2024, 23:12

Sur le papier ouais mais bon le Gabin d'après-guerre a toujours fait plus que son âge. J'ai l'impression de voir un mec qui a 60 ans à sa sortie de captivité.
C'est pas énormément dérangeant, mais comme je le dis ça limite le vieillissement en cours de film, et le passage au bagne où il soulève un énorme rocher ne fait absolument pas crédible.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Mark Chopper » Lun 15 Jan 2024, 07:40

Valjean a de toute façon une force peu crédible dans le roman.
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Lion en hiver (Le) - 6,5/10

Messagepar Alegas » Lun 15 Jan 2024, 20:37

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The lion in winter (Un lion en hiver) de Anthony Harvey
(1968)


Film sympathique que voilà, qui m’a assez surpris dans le sens où j’avais de gros a-priori dessus tant ça a tout du film à Oscars 60’s, avec de grosses têtes d’affiche, une pièce de théâtre adaptée en film d’époque, et un réal qu’on a largement oublié depuis. Alors bon, c’est effectivement tout ça à la fois, mais pour le coup la pièce adaptée est réellement intéressante, et ça donne lieu à ce qui pourrait s’apparenter au film de Noël en famille le plus fucked up jamais fait :mrgreen: . Concrètement, ça raconte un passage de l’histoire de la monarchie anglaise assez fascinant : Henri II doit décider lequel de ses trois fils va régner sur le trône après sa mort, et pour cela il réunit toute la famille, avec notamment sa reine qu’il a enfermé dans un château pendant des années sans la voir, et sa maîtresse, princesse française, qui est aussi la fiancée d’un de ses fils, le tout alors que le Roi de France est lui aussi invité, ce dernier étant aussi l’ancien mari de la reine déjà évoquée, tout un programme :eheh: .

Tout le film pourrait être résumé dans une réplique ironique dite par le personnage de Katharine Hepburn : “What family doesn’t have its ups and downs ?” :mrgreen: , et effectivement le film entier est une énorme querelle de famille alors qu’elle se retrouve pour la première fois depuis longtemps. Malgré le fait qu’on ressent forcément que c’est une pièce à l’origine (l’action se déroule dans un château unique) et que le film dure peut-être un poil trop longtemps (ça aurait pu passer sous le cap des deux heures tout en restant aussi impactant), c’est assez bien écrit pour que ça reste plaisant à suivre. Tout le côté partie de tentatives de prises de pouvoir évidemment (le film possède son lot de trahisons et révélations) joue évidemment en sa faveur, mais le script me paraît être aussi un gros défouloir en termes d’écriture, avec notamment quelques répliques balancées qui sont de véritables punchlines moyen-âgeuses.

Comme d’habitude avec ce genre de film, le casting a une très grande importance, et pour le coup on est bien servis : Peter O’Toole et Katharine Hepburn sont tops et forment un couple tour à tour attachant et toxique, et le film est l’occasion d’avoir les premiers rôles d’Anthony Hopkins et Timothy Dalton, et si le second est plus effacé, le premier, lui, explose à l’écran dans un rôle plein de fureur. Côté mise en scène, c’est pas fou, disons que c’est très posé et fonctionnel, comme souvent avec ce genre d’adaptation, je n’aurais pas craché sur un peu plus de folie visuelle, même si ça se tient bien en l’état. Outre un Oscar pour Hepburn, ainsi qu’un autre pour son script, le film a été l’occasion pour John Barry d’en remporter un pour sa composition. C’est pas forcément le score que je préfère du bonhomme, loin de là, mais faut avouer que le morceau d’ouverture fait son petit effet. Un chouette film, même si un peu trop inégal du fait de sa longueur, à regarder à Noël avec sa famille :mrgreen: .


6,5/10
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

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Vermines - 7/10

Messagepar Alegas » Mar 16 Jan 2024, 21:24

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Vermines de Sébastien Vaniček
(2023)


C’est pas souvent qu’on a un bon film de genre en France (même si faut avouer qu’on a été plutôt gâté en 2023), et c’est encore plus rare dans le genre de l’horreur, et là pour le coup, Vermines s’impose à mes yeux comme le meilleur depuis le Haute tension d’Alexandre Aja (vingt ans déjà, mine de rien), et c’est d’autant plus impressionnant qu’on parle d’un premier long-métrage. Sur le papier, c’était déjà acté que ça allait fonctionner sur moi, étant arachnophobe à un point presque maladif, mais étonnamment le film ne fait pas si peur que ça, en tout cas pas dans le sens où ça m’a littéralement effrayé, il va plutôt chercher à distiller tout le long une tension qui fait qu’on ne se sent jamais vraiment en sécurité, vu que la menace peut débarquer de partout, comme l’araignée du quotidien.

C’est tout le génie du concept du film : faire un film d’araignées monstrueuses, mais sans leur en donner l’aspect, éviter la mygale ou autre espèce exotique et opter pour celle qu’on a l’habitude de croiser. Ça marche sacrément bien, et on sent que le réal a voulu jouer sur des peurs qu’on a quasiment tous plus ou moins connu : l’araignée dans la salle de bain, lieu intime s’il en est, la découverte de l’une d’entre elles via un reflet dans le miroir, l’hésitation de l’attaquer de peur qu’elle s’échappe et ne soit plus visible ensuite, bref il y a du gros boulot de ce côté là. Mais là où le film m’a réellement surpris, c’est sur tout l’aspect hors-horreur finalement, notamment en faisant de l’histoire un véritable récit conduit par et centré sur les personnages. C’est généralement un défi dans les film d’épouvante d’avoir des personnages qui tiennent la route, qui soient attachants, qui ont des comportements qui tiennent la route, et qui prennent des décisions sans qu’on se fasse la remarque à quel point ils sont demeurés, et là pour le coup c’est vraiment réussi tant ça arrive à éviter les pièges dans lesquels tombe les réals et scénaristes.

Le côté film de potes marche vraiment bien, surtout que cette bande est loin d’être infaillible (j’aime bien tout ce qui touche à la séparation de deux anciens meilleurs amis), et à ça s’ajoute tout un esprit de la cité qui donne une plus-value aux personnages, notamment tout le passage où ils se disent, avant d’essayer de fuir l’immeuble, de convaincre toutes les personnes à qui ils se sont attachés. Vermines arrive du coup à être un film d’horreur très humain, qui vire parfois dans le drame, parfois dans la comédie (et ce, jamais de façon poussée), et même un film social à bien des niveaux avec tout ce rapport aux forces de l’ordre et à l’immeuble (super choix de building d’ailleurs, ça en jette :love: ). Concrètement, en termes d’écriture, le seul reproche que j’aurais serait sur le concept des araignées qui grossissent au fur et à mesure qu’elles pondent : ça marche jusqu’à un certain point, mais vient un moment dans le dernier quart du métrage où ça crée une légère rupture, mais vu ce qui se passe à ce moment du film c’est peut-être voulu que l’araignée ne soit plus vue comme la menace la plus grande.

Formellement, pour un premier long, c’est assez dingue de maîtrise. Il n’y a rien de complètement dingue, mais c’est carré, efficace, avec des idées qui ne font pas kéké (le plan du couloir aurait pu l’être, mais ça marche bien au final), il y a beaucoup de scènes qui marchent avec pas grand chose (celle de la salle de bain déjà évoquée, le montage sur les victimes, la séquence où on sort du cagibi et où on tente de repousser les araignées avec la lumière, le combat contre les flics) et c’est carrément encourageant pour la suite de la carrière du réal qui, en interview, a l’air d’être très humble vis à vis de son travail, c’est clairement pas le genre de mec qui a fait un film pour se faire remarquer à l’international, il a juste fait le film qu’il voulait faire. Gros boulot aussi sur les araignées : pendant tout le film je me suis dit que c’était que du CG vu la façon dont elles sont filmées, mais il s’avère qu’il y a en fait un bon paquet de vraies araignées dressées, ce qui me paraît du coup encore plus dingue. Chose surprenante : tout le casting est top, chose assez exceptionnelle vu le genre où on en fait souvent trop, mais encore plus improbable dans le contexte d’un film français où on a du mal à rendre crédible les personnages face à des situations de films de genre. Un vrai bon film d’horreur francophone, qui mérite tout le soutien possible, je croise désormais les doigts pour que ce film soit synonyme de naissance d’un talent du genre.


7/10
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Auteur: Scalp

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