[Olrik] Mes 8/10 minimum de 2024

Vos critiques de longs-métrages

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[Olrik] Mes 8/10 minimum de 2024

Messagepar Olrik » Mer 03 Jan 2024, 18:35

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Parce que la vie est trop courte pour perdre son temps avec des navets, on se limitera ici aux films provoquant extase, euphorie ou béatitude métaphysique (éventuellement érections).


Guerre et Paix (1966)
L'Innocence (2023)
The First Slam Dunk (2022)
Safe Word (2022)
Perfect Days (2023)
Paris, Texas (1984)
Voyage à Tokyo (1953)
Le Mal n'existe pas (2023)
Anselm (2023)
Hantise (1944)
Ils n'ont pas obtenu 8 mais on les recommande quand même :

Tokyo-Ga (1985)
Carnet de notes sur vêtements et villes (1989)
Pina (2011)
Hitcher (1986)
The Wicked (1980)
Shaka (1961)
Helpless (1996)

Du côte des anime :

Ping Pong : The Animation

Mangas :
Ushijima
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Re: [Olrik] Mes 8/10 minimum de 2024

Messagepar Mark Chopper » Mer 03 Jan 2024, 18:36

Je t'envoie le DVD de Umami par La Poste.
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Guerre et Paix (1966) - 9,5/10

Messagepar Olrik » Jeu 04 Jan 2024, 22:17

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Guerre et Paix
Sergueï Bondartchouk - 1966


J’avais lu Guerre et Paix il y a longtemps, fort longtemps, et je me souviens m’y être embourbé pire que l’armée napoléonienne lors de la retraite de Moscou. Des années plus tard, il ne me restait plus rien de l’histoire dans mon esprit. Aucun souvenir des personnages principaux, de l’intrigue, rien. Il y a deux ans, j’ai entrepris une nouvelle lecture : grosse déconvenue, j’ai abandonné au bout de cinquante pages. Autant dire que j’étais assez méfiant avant d’entamer cette adaptation russe de sept heures, désireuse d’en remontrer à la version de King Vidor sortie dix ans plus tôt. Sept heures, réparties en quatre films, était-ce bien raisonnable que tout cela ? Mais passé le cap du premier film (2H20 tout de même), une évidence m’est apparue : cette version est autant un chef-d’œuvre du cinéma mondial que la meilleure des portes d’entrée pour qui serait tenté par l’idée de lire un jour le roman de Tolstoï.

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Si on accepte sa durée, qu’on ne cherche pas bêtement à y voir un défaut (avec l’habituel argument du « mais quand même, c’est un peu long, on aurait pu le raboter d’une bonne heure. »), il est alors bien difficile de déceler un défaut tant le film respire l’ambition dans le moindre de ses aspects, qui plus est une ambition heureuse. On sent la volonté d’atteindre les sommets et dans ceux-ci, un peu à l’image des plans aériens survolant des nuages), il faut bien avouer que Bondartchouk a bien su s’y vautrer.

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Le casting est parfait (avec notamment Bondartchouk qui joue lui-même Pierre Bezoukhov), le développement de l’intrigue, ample, fidèle et finalement jamais lassant (aidé en cela par le découpage en quatre films), enfin le montage et la photographie, particulièrement inventifs et inspirés, touchent parfois au sublime, donnant lieu à des audaces que l’on ne trouve certes pas dans le film de Vidor. Un exemple parmi tant d’autres : la rencontre entre Natacha (époustouflante Loudmila Savelieva) et Kouraguine, ponctuée par des sortes de figements d’images cristallins, symbolisant sans doute la cristallisation stendhalienne entre les deux personnages. Quant aux scènes de bataille, c’est une continuelle maîtrise des grands espaces, remplis de fourmilières de figurants, et de brutaux plans rapprochés faisant sentir la sueur, la boue et le sang.

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On aurait pu craindre un effet propagande pour exalter le régime communiste de l’époque. On est libre de le penser, mais l’ultime minute du film, avec la voix off du narrateur, montre surtout qu’au-delà de la guerre et de la victoire des Russes sur Napoléon, il s’agit surtout d’exalter le pacifisme humaniste de Tolstoï. Clairement une autre idée de la Russie par rapport à celle que propose Vladimir...
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Film: Guerre et Paix (1966)
Note: 8/10
Auteur: Alegas

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Re: [Olrik] Mes 8/10 minimum de 2024

Messagepar Mark Chopper » Jeu 04 Jan 2024, 22:30

J’avais lu Guerre et Paix il y a longtemps, fort longtemps, et je me souviens m’y être embourbé pire que l’armée napoléonienne lors de la retraite de Moscou. Des années plus tard, il ne me restait plus rien de l’histoire dans mon esprit. Aucun souvenir des personnages principaux, de l’intrigue, rien. Il y a deux ans, j’ai entrepris une nouvelle lecture : grosse déconvenue, j’ai abandonné au bout de cinquante pages


Argh. J'avais prévu de m'y coller cette année. Hier, je mate une vidéo d'Ishiguro qui disait l'avoir relu pendant un confinement et avoir été déçu. Et maintenant, toi...

Il va continuer de prendre la poussière dans la bibliothèque.
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Re: [Olrik] Mes 8/10 minimum de 2024

Messagepar Olrik » Jeu 04 Jan 2024, 22:37

Anna Karénine est plus simple d'accès. Et là, il m'est resté bien plus d'images que pour Guerre et Paix.
Le film de Bondartchouk peut quand même être une précieuse aide pour dompter la bête.
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Re: [Olrik] Mes 8/10 minimum de 2024

Messagepar Mark Chopper » Jeu 04 Jan 2024, 22:39

J'ai lu Anna Karénine en 2020, sans y trouver mon compte. La Mort d'Ivan Ilitch m'avait davantage intéressé.
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Re: [Olrik] Mes 8/10 minimum de 2024

Messagepar Olrik » Jeu 04 Jan 2024, 22:43

Mark Chopper a écrit:La Mort d'Ivan Ilitch m'avait davantage intéressé.

Jamais lu par contre.
D'une manière générale, je préfère Dostoïevski (même si pour les Possédés, il y a eu un peu le même syndrome que pour Guerre et Paix).
Tiens ! Puisque j'évoque Dostoîevski, je suis dans une adaptation drama des Frères Karamazov (de 2013). Vraiment pas mal :
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Re: [Olrik] Mes 8/10 minimum de 2024

Messagepar Mark Chopper » Ven 05 Jan 2024, 19:17

Pour rebondir avec une recommandation de drama : je te conseille Fence. 5 épisodes à Okinawa. Tu prendras un peu le soleil.
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Innocence (L') - 8/10

Messagepar Olrik » Dim 07 Jan 2024, 11:50

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L’Innocence (aka Monster)
Hirokazu Kore-eda – 2023


Dans une ville de province, une mère est excédée par l’attitude d’un collège qui cherche à minimiser les persécutions d’un enseignant envers son fils. Celui-ci, Minato, est en effet perturbé, agissant de plus en plus bizarrement, se mettant même parfois en danger. Pour la mère, ça ne fait pas un pli, l’enseignant, M. Hori, doit être viré. Mais celui-ci n’est pas d’accord, il estime qu’il n’a rien fait, au contraire de Minato qui, selon lui, harcèlerait un autre garçon, Yori, garçon efféminé suscitant les moqueries. Dès lors, qui est vraiment le monstre ?


Oui, qui est le monstre ? car précisons ici que le titre original, kaibutsu, signifie « monstre ». Le titre français vend à mon goût bien trop la mèche sur le cœur du film, mais enfin, passons.

Dernier film en date pour Kore-eda, et dernier film tout court pour Ryuichi Sakamoto dont il s’agit de la dernière collaboration avec un cinéaste, avant de nous avoir quittés en mars dernier. Dans le film, la musique est comme l’homme, à savoir discrète et élégante. Il n’empêche, entendre retentir les notes de Hibari à un moment clé, fait son effet et fait regretter la disparition de ce grand créateur de B.O.

Le film reprend la structure du Dernier Duel, de Ridley Scott, à savoir une structure en trois segments, chacun reprenant les faits à zéro mais du point de vue d’un personnage différent. Ainsi, le premier sera associé à celui de la mère (jouée par Sakura Ando, toujours excellente). Pas une mère hystérique, juste une mère en colère, et qui a des raisons de l’être. C’est une partie qui illustre bien un versant sombre de Kore-eda, souvent associé (et c’est compréhensible), à un réalisateur solaire et optimiste. Un incendie criminel, un gamin qui dit sérieusement à sa mère qu’il a sûrement dans le crâne un cerveau de cochon, le même gamin qui fugue, qui se jette de la voiture en marche, enfin un collège déconcertant, inhumain dans sa manière de s’excuser auprès de la mère. C’est une veine qui rappelle celle de The Third Murder, ce qui n’est pas nécessairement pour rassurer puisque ce film de 2017 n’était pas vraiment le meilleur film de Kore-eda. En tout cas, à la fin du segment, pas de doute (enfin si, un peu quand même), tout désigne M. Hori comme le « monstre ».

Mais toutes les cartes sont rebattues dans la deuxième partie puisqu’il s’agit justement de celle qui épouse le point de vue de l’instituteur (interprété par Eita Nagayama, lui aussi excellent). On comprend assez vite qu’il est innocent des faits qu’on lui reproche. Lui, il veut juste faire honnêtement son métier, il apprécie les gamins dont il a la charge et veut poursuivre tranquillement sa liaison avec la femme qu’il aime (pas de chance cependant, elle est hôtesse dans un bar, ce qui fait mauvais effet dans le dossier à charge que l’on met en place sur le cas M. Hori).

Enfin, on devinera que la dernière partie épouse le point de vue des deux enfants, Minato et Yori. Et là, on évitera de trop en dire. Disons juste qu’elle témoigne d’abord des grandes capacités en direction d’acteurs — notamment quand ils sont très jeunes — de Kore-eda, mais ça, ce n’est pas forcément une surprise. S’il y a bien un réal’ que l’on peut qualifier de « réalisateur de l’enfance », c’est bien lui. Les deux acteurs, Soya Kurokawa et Hinata Hiiragi ont été parfaitement castés et dirigés, en particulier le dernier. Sa frimousse, sa démarche de feu follet qui fait virevolter au-dessus de sa tête la ficelle de son jouet, tout cela illumine l’écran et rend incompréhensible tous les faits graves qui se sont passés. Ces faits, on finit par comprendre qu’ils ont pour origine un secret, touchant justement Yori et ricochant sur Minato. Et là, c’est l’occasion de retrouver une autre facette bien connue de Kore-eda, celle qui lui permet d’associer légèreté d’évocation et puissance des sentiments, le tout enrobé dans une maîtrise technique qui font du Japonais aussi bien le poète de ceux qui sont rejetés, en marge, qu’un des plus grands cinéastes de notre époque. 61 ans, 28 ans de carrière, 16 films avec aucun déchet : oui, on pourrait qualifier Kore-eda de « monstrueux » mais c’est là une monstruosité qu’on lui pardonne — et dont on espère qu’elle perdurera.
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Auteur: Scalp

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Re: [Olrik] Mes 8/10 minimum de 2024

Messagepar Olrik » Dim 07 Jan 2024, 16:55

J'ai oublié une info importante : pour ceux qui se demandent si Kore-eda a encore embauché une ravissante actrice, la réponse est : voui :mrgreen:
Enjoy :
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First slam dunk (The) - 8,5/10

Messagepar Olrik » Dim 10 Mar 2024, 14:37

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The First Slam Dunk
(Takehiko Inoue – 2022)

Electron libre du manga depuis les années 80 (il est l’un des rares mangakas à posséder les droits de ses créations), en proie encore il y a peu à une crise existentielle à cause de son deuxième manga phare après Slam Dunk, Vagabond, Takehiko Inoue semble être définitivement sorti d’une impasse liée à l’exigence et à la noirceur de ce dernier manga, et ce, de nouveau grâce au basket, le sport d’une vie en ce qui le concerne puisqu’il l’a abondamment pratiqué et que ce sport lui a donné richesse et célébrité, lui permettant surtout de travailler tout en s’éclatant et non pas en ayant l’impression d’effectuer un pesant pensum imposé par un directeur de publication et un insupportable sondage de lecteurs.

Il y a d’abord eu un retour à Real, son autre manga sur le basket (précisément le handi-basket) mais surtout à son magnum opus, à Slam Dunk, avec une première expérience en tant que réalisateur d’animation avec ce The First Slam Dunk restituant l’ultime match entre Shohoku et Sannoh, LA pièce manquante dans tout ce que que la série TV, les OAV et les autres films d’animation avaient déjà adapté.

Et Inoue semble-t-il s’être autant éclaté en réalisant le film qu’en dessinant des chapitres du manga au temps des riches heures du Jump ? En tout cas, après avoir bien jubilé au visionnage d’épiques scènes de match, je veux bien l’imaginer.

Car qu’on se le dise, si après Slam Dunk il y a eu Kuroko no basket, autre shonen (réussi) dédié au basket et paru dans les années 2000 et 2010, Slam Dunk reste Slam Dunk, c’est-à-dire le manga le plus abouti sur le basket (à moins que Real…). Pas de coups spéciaux comme dans Kuroko, juste une maestria technique réaliste qui transpire la parfaite connaissance de ce sport. Le film ne perd pas de temps : passé le (magnifique) générique, les joueurs se réunissent pour l’entre-deux au milieu du terrain, et le match commence, livrant les premiers marquages, les premiers mouvements, les premières feintes et franchement, c’est magnifique. Mélangeant la 3DCG et la 2D, le film excelle à retranscrire le mouvement, le dynamisme des actions sans que la technique choisie heurte la rétine (on est loin, très loin des balbutiements animés de Buzzer Beater, anime adapté du troisième manga – original mais bien moins important que les eux autres – d’Inoue). Au contraire, c’est du pur bonheur et on en vient presque à s’agacer quand le rythme du match est interrompu par un des nombreux flashbacks du film.

Car c’est la forme choisie par Inoue. Comme se contenter d’adapter exclusivement le dernier match eût pu peut-être devenir indigeste à la longue (et surtout diminuer significativement la longueur du film), Inoue a choisi d’injecter des analepeses sur des épisodes déjà connus (ainsi la période où Mitsui était un sérieux fous-la-merde)… et inconnus. C’est la petite surprise du chef avec un nombre de minutes considérables (à la louche je dirais une bonne demi-heure) sur le passé de Ryota. N’en dévoilons pas trop, disons juste qu’il y est question d’un trauma survenu peu avant l’adolescence et que l’idée de « faire du basket » est dans son cas une sorte de bouée existentielle (ce qui n’est pas sans créer une passerelle avec Inoue lui-même).

J’ai parfois été un peu agacé de voir le rythme trépidant du match contre Sannoh être interrompu par un énième flashback. Mais après, encore une fois, il faut bien comprendre que c’est un choix intelligent, permettant de revenir avec plaisir au match et surtout de donner une épaisseur et une profondeur appréciables, permettant au manga originel de quitter son costume de shonen pour se vêtir d’une parure plus seinen (c’est aussi qu’entretemps, Real est passé par là). Et puis, pour le spectateur qui ne connaîtrait rien au phénomène Slam Dunk, c’est peut-être l’assurance de se dire : « Bordel ! Mais c’est quoi ce manga ? C’est génial en fait, il faut que je le lise ! »

Ici, je reconnais : moi qui n’ai pas lu le manga (mais qui s’est enquillé l’intégralité de la série TV ainsi que les autres films), je suis allé inspecter la bibliothèque de mon fils cadet afin de lui chourer les premiers tomes histoire de sentir de nouveau la sueur des vestiaires et laisser l’imagination entendre le bruit si appréciable (j’ai eu autrefois traîné mes baskets sur le terrain lors de sept années en club) du rebond du ballon sur le parquet.

J’ignore de quoi l’avenir d’Inoue sera fait mais franchement, après son passage à vide lié à Vagabond, voilà de quoi être pleinement rassuré. Et, alors qu’Otomo annonce un improbable retour au manga (on reste méfiant après le pétard mouillé de son annonce d’Akira en série TV) et que Toriyama vient de disparaître, rappelant combien la deuxième partie de sa carrière a quelque peu été phagocytée par le monstre massmedia boursouflé qu’était devenu Dragon Ball Z, ça fait plaisir de voir un des héros de l’âge d’or du Shonen Jump revenir en force et montrer de manière éclatante qu’il n’est pas mort, loins s’en faut.


8,5/10

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Safe word - 7,5/10

Messagepar Olrik » Dim 17 Mar 2024, 11:30

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Safe Word (Aisheteru !)
Kôji Shiraishi – 2022

L’affiche de Safe Word, dernier film de la deuxième opération Roman Porno Reboot) m’incitait à la prudence car moi, je n’ai jamais été très client des films SM de la Nikkatsu dans lesquels les femmes sont ficelées comme de vulgaires saucissons de foire avant d’être fouettées sur les parcelles les plus sensibles de leur délicat épiderme. Souvent barbants, glauques, répétitifs, et, pour ma part, guère émoustillants.
Mais voilà, Safe Word (l’expression désigne un ou plusieurs mots que l’esclave partage avec son maître lorsque les petits jeux deviennent par trop dangereux, pour lui faire comprendre que, c’est bon, il a sa dose), est un film SM d’un genre particulier. Vous aimez depuis toujours les roman porno SM ? Mais aussi les roman porno comiques ? Et même les roman porno WTF ? Félicitations, vous allez être servi, puisque Safe Word appartient en fait au roman porno SM comique WTF. Jugez plutôt :

Misa est une idole de troisième zone rencontrant peu de succès dans son rôle d’idole chanteuse-catcheuse (nom de scène : Misa the Killer). Mais un jour qu’elle file une mornifle à un otaku qui l’énerve, elle est remarquée par un ami gay qui lui demande d’entrer et de travailler au H Club, club SM dans lequel officie Kanon, brune hautaine mais sachant fort bien manier le fouet, et qui va bientôt lui apprendre ce que c’est d’être une esclave SM avant d’être elle-même une dominatrice hors pair.

Vous l’avouerez, des idoles chanteuses-catcheuses-dominatrices au cinéma, on n’en trouve pas tous les jours. Eh bien c’est ce que proposent Koji Shiraishi (surtout des série B horrifiques à son actif) et Kohei Taniguchi (le scénariste) pour ce roman porno qui finalement échappe au crapoteux (on est loin des horreurs d’un Rope Cosmetology de Shogoro Nishimura) pour proposer une heure et demie assez réjouissante, joliment portée par Chisako Kawase, petite boule d’énergie qui se donne bien sur scène devant son parterre d’otakus en liesse (car oui, associé à son travail de dominatrice et surtout à son réel amour envers Kanon, son costume d’idole va finir par séduire), mais qui se donne bien aussi lorsqu’elle tombe dans les mains de sa dominatruice.

Ici, l’amateur de roman porno se souvient sans doute qu’autrefois, le prestigieux titre de SM Queen avait été pu être décerné à des actrices qui avaient su montrer beaucoup d’art et de grâce dans l’art d’être ficelée, fouettée ou couvertes de pisse. Chisako Kawase allait-elle rejoindre les glorieuses Naomi Tani, Junko Mabuki, Ran Masaki et autre Izumi Shima ? Certes non, car le film reste finalement assez sage dans ses scènes érotiques. En revanche, si après les « scream queens » on devait imaginer le concept de « moan queen », alors là, kawase aurait toute ses chances ! Gros travail effectivement sur le gémissement, le halètement ou même le feulement. Exagération qui m’a fait sourire, sans doute le même type de sourire que j’ai pu arborer devant certains excès de l’excellent Naked Director. De même, l’approche faux documentaire (toutes les scènes sont filmées par une amie photographe de Misa) sonne comme un amusant clin d’oeil aux roman porno dokyumentary, sous-genre qui n’avait jusqu’à présent pas été revisité par les réalisateurs de ces deux Roman Porno Reboot. Quant aux répliques sur la beauté et la nécessité d’être un pervers, je n’ai pu m’empêcher de songer à certaines scènes de Love Exposure (Ah ! Sono ! En voilà un qui pour le coup, aurait dû être moins pervers, ça lui aurait évité d’être mis durablement au ban des réalisateurs japonais).

Pinku assez réjouissant donc, que ce Safe Word moins glauque que passionnée, et même doublement puisque le titre original (Aisheteru, je ne ferai pas l’insulte au lecteur de ce site d’en donner la traduction) souligne qu’il s’agit avant tout d’une belle histoire d’amour, d’une vraie… et qui saura générer d’ultimes gémissements kawasesques lors du générique de fin.

Bref, une amusante découverte et peut-être le meilleur opus de cette deuxième vague de l’opération Roman Porno Reboot.

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Re: [Olrik] Mes 8/10 minimum de 2024

Messagepar Mark Chopper » Dim 17 Mar 2024, 11:34

Je ne lis pas ta critique parce que j'ai prévu de le mater prochainement.

Mais très déçu en tout cas par les deux autres films de ce roman porno reboot.
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Re: [Olrik] Mes 8/10 minimum de 2024

Messagepar Olrik » Dim 17 Mar 2024, 15:09

Oui, déçu moi aussi. J'ai été un peu conciliant mais les films se prennent trop au sérieux, ce qui n'est pas le cas de celui-ci et finalement, c'est une approche payante pour le roman porno.
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