THE KILLER de David Fincher

[Mark Chopper]

Ce serait mieux.

Parce que les états d'âme, c'est surtout dans le premier "chapitre". Après, la voix off se résume surtout à s'exprimer sur sa manière de travailler (de simples mantras à vrai dire), pas à partager ses réflexions sur la nature humaine (j'aurais préféré).

Le film a tellement peu à raconter finalement. Je cherche encore sa note d'intention... Parce que, comme je l'ai dit, il ne paraît pas si solitaire que ça vu qu'il agit par amour pour une femme.

[pabelbaba]

Va quand même falloir que je trouve un moyen de le voir.

[Mark Chopper]

The Killer : 8,5/10
Une épure "millimétrée consciente d'elle-même" est toujours préférable à un gloubiboulga foisonnant et indigeste à la Babylon (mais pourquoi ce putain de film est-il toujours à la première place ? Faites quelque chose, bordel !)
Je n'ai pas lu la BD, j'ai pu donc découvrir sans faire de comparaisons et franchement, j'ai apprécié cette proposition de film de tueur. Bon, il faut dire aussi que dernièrement je me suis maté les quatre John Wick, donc l'effet de contraste est saisissant. A part une violente scène de baston, la violence jaillit un peu comme dans un film de Kitano : le temps d'une seconde et boum ! il y a un mort.
Film froid, évidemment (après ses films ne sont pas forcément connu pour leur chaleur), mais je m'y retrouve plus qu'avec son pénible Mank.
Et puis les Smiths, c'est chouette.

Edit : sur les vingt première minutes.
Vingt minutes quand même. C'est pas rien de tenir éveillé un spectateur sans la moindre voix-off durant tout ce temps. Je suis sûr qu'au bout de dix minutes, plus d'un aurait crié grâce.
À comparer avec l'ouverture d'Il était une fois dans l'ouest qui doit durer dans les dix minutes. Déjà une belle performance. Mais c'est une scène diurne, dans un vaste décor, proposant une certaine variété avec les trognes. Là, c'est nocturne, dans une seule pièce, avec un seul personnage, donc plus limité. Non, je pense que ça aurait été casse-gueule de faire vingt minutes sans la voix-off.

J'avais oublié les Smiths. Putain, trop c'est trop. Qu'on lui conseille une playlist.

c'est nocturne, dans une seule pièce, avec un seul personnage, donc plus limité.

On peut jouer davantage sur la vie dans la rue et l'immeuble. Hitchcock style. Et couper cinq minutes.

[Olrik]

Mais les scènes de Fenêtre sur cour ne sont pas toujours silencieuses, elles sont souvent ponctuées de commentaires de personnages.
Et plongé en plein silence, le spectateur peut avoir pleinement conscience des effets de répétitions (par exemples celles avec ces scènes de rue) et finir par ressentir une certaine lassitude. La voix off permet de tenir l'attente et d'être moins sensible à ces répétitions je pense. Et comme la BD semble apparemment faire la part belle aux récitatifs restituant la psyché du tueur, Ficher s'en est saisi, et je ne vois pas pourquoi en le lui reprocherait. Au moins on ne va pas l'accuser d'avoir cherché à faire comme Melville.
En fait, le seul à avoir brillamment réussi à tenir 20 minutes d'ouverture silencieuse pour arriver à une scène de meurtre, c'est Kubrick avec 2001.

[Jed_Trigado]

Perso, je trouve la mise en scène de Fincher tellement parlante, que la voix off sonne comme un manque de confiance envers le spectateur.

[Mark Chopper]

fait, le seul à avoir brillamment réussi à tenir 20 minutes d'ouverture silencieuse pour arriver à une scène de meurtre, c'est Kubrick avec 2001

J'y pensais. Mais je peux te refaire un mix avec une voix off de singe si tu veux

Edit : Et Le Flingueur avec Bronson ?

[Olrik]

Perso, je trouve la mise en scène de Fincher tellement parlante, que la voix off sonne comme un manque de confiance envers le spectateur.

Mais il y a simplement la volonté de caractériser le personnage !
D'emblée on nous le montre dans une situation d'attente interminable, il doit constamment rester dans une veille mentale.
Si on supprime la voix off, on se retrouve avec un personnage froid, impitoyable, une machine à tuer.
Avec, ce n'est plus la même chose. il reste évidemment doué pour ce qu'il fait, mais on sent plus de failles. Psalmodier ses petites phrases fétiches, comme pour se rassurer, n'est justement pas forcément rassurant.
Et puis il y a le contraste avec tous les autres personnages qui eux, s'adonnent pleinement à la communication, notamment celui de Tilda Swinton. C'est pas mal, je trouve, cette opposition entre paroles pensées et paroles parlées qui agissent souvent comme une sorte de musique pour accéder aux pensées du personnages afin d'essayer de les troubler. On comprend mieux d'ailleurs pourquoi ces dernières sont rudimentaires. C'est un peu une carapace primitive qui l'empêche de trop réfléchir.

Il commet d'ailleurs un certain nombre de gestes impulsifs, instinctifs, dont celui de la mise à mort du personnage de Swinton. Il fait bien d'ailleurs, car le poignard dans la main fait comprendre ce que tentait de camoufler le langage parlé.

J'y pensais. Mais je peux te refaire un mix avec une voix off de singe si tu veux

Edit : Et Le Flingueur avec Bronson ?

Non, merci, ça ira (ou à la rigueur avec la voix du doubleur du professeur Zaïus, dans La Planète des Singes).
Pour le Bronson, je ne connais pas. J'essaierai de voir cela.

[Mark Chopper]

mais pour un cinéaste de la trempe de Fincher, je ne peux pas m'empêcher de trouver ça mineur.

Il a fait Panic Room dans le même genre (que j'aime bien plus).

On dirait un premier film ambitieux et référencé plus que le nouvel opus d'un cinéaste à son acmé.

Nan mais le pic de créativité de Fincher est derrière lui. Tu trouves que Mank c'était le boulot d'un cinéaste à son acmé ?

[Val]

J' ai bien souffert devant Mank.

[Mark Chopper]

. Pas sur qu'on aurait les mêmes notes si c'était Soderbergh derriére, bref.

Pas faux, c'est aussi chiant que le Soderbergh / Fassbender dont j'ai oublié le titre. Il y a ce côté froid de Soderbergh qui avait réussi à transformer Sasha Grey à une époque en glaçon

Je sais bien que ce côté froid a souvent été reproché à Fincher, mais je ne l'ai jamais ressenti à ce point... Parce qu'ici, les relations entre les persos n'existent pas (exemple : le tueur et sa femme).

Effectivement, il faut que cette association avec Netflix prenne fin... Mais c'est mal barré je crois.

[logan]

Les meilleurs passages du film sont justement la ou y a un tantinet d'humanité qui ressort comme le passage avec la secrétaire ou la tueuse, sinon le reste c'est d'une froideur inintéressante. Et c'est pas la voix-off pseudo philosophique qui changera mon opinion...

Je vois ce que veux faire Fincher avec la métaphore masse versus élite et toute les grosses compagnies qui parsèment le film. On a Fassebender qui fait parti d'un rouage de la masse pour servir les élites malgré son statut social élevé (la baraque quoi....) mais putain qu'est ce que c'est faible comme propos....

.

Effectivement, il faut que cette association avec Netflix prenne fin... Mais c'est mal barré je crois.

Clairement, il les brosse encore dans le sens du poil récemment en disant que c'est le meilleur studio actuel ou un truc du genre. Surement parce que personne lui casse les couilles sur le contrôle de son œuvre du coup il se sent libre, mais même les meilleurs ont besoin d'un cadre, j'y crois pas une seconde au cinéaste génie absolu qui évolue seul, sans cadre et qui pond chef d’œuvre sur chef d’œuvre, faut arrêter...

[Val]

Vivement qu'il retrouve un vrai producteur mais vu le boulard et le caractère que Fincher semble avoir, c'est pas gagné.

[Mark Chopper]

j'ai fini le film en cherchant désespérément sa note d'intention)

Pareil. Et c'est un peu la pire chose qu'on puisse dire d'une histoire.

[lvri]

Pauvre Alegas, va encore falloir qu'il vienne déplacer tous les posts sur The Killer

[Olrik]

j'ai fini le film en cherchant désespérément sa note d'intention)

Pareil. Et c'est un peu la pire chose qu'on puisse dire d'une histoire.

Sérieusement les mecs, il vous faut une notice, un mode d'emploi pour apprécier un film ? Une note d'intention !
Faudrait faire une liste de toutes les oeuvres (littérature ou cinéma) où l'artiste se tamponne d'une "note d'intention" et décide de brouiller la réception. M'est avis qu'elle serait mahousse. Et pas forcément synonyme de médiocrité.