Le Mépris de Jean Luc Godard
7/10 : j'y vois pas le chef d'œuvre ultime tant vanté dans les différents top All time mais plutot un objet filmique absolument fascinant dans sa seconde partie
Bon, je démarre bien malgré moi mon dépucelage Godard. Je n'ai pourtant pas cherché à découvrir le réalisateur suisse tant il était victime, à mes yeux, des pires préjugés intellos. Pourtant, une belle promo sur l'UHD du Mépris m'a fait sauter le pas.
Au début (enfin quasiment la première demi heure quand même!), je ne cache pas que j'ai, au mieux, baillé et au pire pouffé de rire. Le générique parlé, le monologue sur l'anatomie de BB, Delerue en boucle, Jack Palance qui beugle, je me suis cru revenu dans le "Doutage" de Millénie de Gouinalou (comprennent ceux qui savent bien évidemment). Puis, arrive la longue séquence de l'appartement ou le couple commence clairement à se déliter. La passe d'arme entre BB (enfin correctement dirigée) et un impeccable Piccoli m'a clairement remis en selle en respectant, enfin, ce qui m'était proposé. Bardot est magnétique et s'approprie tous les plans du film même lorsqu'elle n'est pas là. En face, il fallait donc pouvoir donner le change pour éviter que le film se retrouve cannibalisé par la beauté de BB. Michel Piccoli endosse ce rôle avec la classe qu'on lui connait et surtout avec ce phrasé si particulier, clair et d'une élégance absolue. Le film aurait reposé uniquement sur les deux que cela ne m'aurait pas du tout dérangé.
J'ai également trouvé très intéressant le parallèle entre la fin du cinéma (l'avènement du petit écran) et la fin du couple. Le film repose très clairement sur ses deux acteurs et la splendeur des images proposées et notamment ce dernier tiers dans ce superbe décor à flanc de falaise. Je n'aurais pas cru (j'ai pourtant mis le temps et il aura fallu m'accrocher) mais j'ai absolument été transporté par cette histoire, la façon dont elle est jouée et surtout filmée. Je ne connaissais pas l'univers du bonhomme et je dois reconnaitre qu'il a un sens du cadre indéniable et une patte incontestable. Ca ne m'a pas forcément donné envie de découvrir le reste de la filmo de Godard (j'ai pourtant à bout de souffle sous le coude) mais je crois que j'ai misé sur le film le moins opaque me semble-t-il. Un mot sur le score de Delerue qui est déchirant et magnifique mais le mettre en boucle, toutes les dix minutes, ampoule clairement l'impact des séquences.