Pacific Express (Cecil B. DeMille - 1939)
Commençons par évacuer le fait que le film est le seul à avoir eu une palme d'or rétroactive (en 2002). D'abord parce qu'il était en concurrence avec le Magicien d'Oz et que quitte à donner une palme d'or rétroactive (c'est-à-dire avec un recul certain et donc une perception nette de l'aura d'un film ou de l'incarnation de la fameuse "magie d'Hollywood"), mieux valait la donner au film de Fleming. Ensuite parce que le président du jury n'était autre que Jean "agagadémicien du village" d'Ormesson. 'nuf said.
À part ça, Pacific Express est un western, sur la construction du chemin de fer entre côtes est et ouest, extrêmement plaisant et qui ravira les amateurs de BD. Morris et Charlier l'avaient sans doute bien en mémoire lorsqu'ils ont pondu Des Rails sur la prairie (pour Lucky Luke, énormément de correspondances entre l'album et le film), Le Cheval de fer et L'Homme au poing d'acier (pour Blueberry). Et Goscinny, qui n'était pas le scénariste Des Rails sur la prairie, devait certainement le connaître tant le film, par sa succession d'épreuves, de trognes hautes en couleur, "fait Lucky Luke". Des joueurs professionnels, une armoire à glace barbue briseuse de travail (j'aime le concept), un vieil acolyte qui dégaine son fouet plus vite que son ombre, des saloons, une jeune femme aimée d'un séduisant voyou, des voleurs de paies, une attaque d'indiens, n'en jetez plus ! On a même droit à un segment sous la neige avec un déraillement de train. On a aussi quelques scènes politiques avec représentations du général Grant et du colonel Dodge (persos importants du côté de Blueberry). Bref, on est en terrain connu avec l'impression d'assister à une adaptation de quelque vieux comic book de western. 2h15 est un poil long pour un western mais là, avec ce foisonnement, ça passe relativement bien et donne envie de se plonger dans le film suivant réalisé par DeMille, un western justement, mais en couleurs : Les Tuniques écarlates.