Finito comme dirait l'autre. J'ai pourtant failli abandonner au bout de trois épisodes, mais je n'ai pas trop envie de mater des films en ce moment... Du coup, j'ai persisté.
Pas de miracle : les personnages restent d'infâmes connards jusqu'au bout
L'intérêt de la série, c'est que la "succession" du titre est double : d'une part, la succession de Logan Roy, magnat des médias américains (tendance droite toute), qui vieillit et doit penser à tourner la page... Mais qui a du mal à le faire parce que ses quatre enfants n'ont pas les épaules pour le rôle. Et, d'autre part, la succession de la télévision elle-même, un empire sur le déclin qui ne va pas tarder à se faire bouffer par les magnats des nouvelles technologies.
Pour ce qui est de la succession de Logan... J'avoue avoir eu pitié parfois pour ce connard. Quatre gosses, c'est beaucoup, mais pas un seul ne tient la route. Sans leur nom de famille, ils seraient incapables de trouver un boulot tout seul dans un McDo. Connor est un rêveur qui donne envie de militer pour mettre fin à la notion d'héritage, Kendall est toujours rattrapé par ses démons (la drogue surtout), Shiv se croit plus intelligente qu'elle ne l'est et finit toujours manipulée et Roman est un impuissant qui a de sérieux problèmes de teub. Et autour, ce n'est pas mieux, entre le gendre Tom qui est un vrai guignol et le cousin Greg qui, du début à la fin, reste une sangsue imbécile.
Ce jeu des trônes se suit avec un relatif intérêt... Même si tous les personnages ou presque (j'épargne le frère de Logan, joué par James Cromwell) sont d'infâmes connards qui ne tomberont le masque et ne montreront une part d'humanité que vers la fin de la série. Je pense bien sûr à l'épisode 4.03 (très dur pour moi, j'ai vécu ce qu'y vivent les enfants pratiquement de la même façon) et surtout l'engueulade Shiv / Tom sur le balcon... Enfin un peu d'humanité et de vérité dans ces scènes !
Mais c'est finalement la deuxième manière de penser le terme "succession" qui m'a davantage intéressé. J'aime bien quand Logan compare la situation de son empire à celle de Kodak qui a vu le prix de ses actions chuter. Il ne veut pas vendre avant qu'il ne soit trop tard... Et tout le jeu de fusion ou non, de rachat ou non, de vente ou non, notamment avec un simili Elon Musk joué par Alexander Skarsgård est prenant. A noter que tous les suédois sont également d'infâmes connards... On n'est pas dépaysé comme ça, surtout dans l'épisode où ils annoncent que la France est un pays fini. On parle de contenu et on comprend mieux pourquoi le cinéma est mort et pourquoi on bouffe de la merde sur les plateformes
J'ai repensé à ce que disait la team Capture Mag sur la franchise Creed, comparée à la franchise Rocky : Rocky était attachant, Creed Jr ne l'est pas. On croise plus de Creed Jr que de Rocky dans la vie et on vit peut-être une époque où on préfère mettre en scène d'infâmes connards....
Bref, c'est pas mal comme série. Mais je n'y vois pas le chef-d'oeuvre tant vanté par certains. La série navigue à vue pendant un moment, lançant des personnages comme si ils allaient être importants sur le long terme, mais les faisant disparaître ou n'en parlant plus de manière un peu bizarre. Des personnages apparaissent, disparaissent, et on s'en fout un peu. Rob Yang qui rentre au conseil d'administration au premier épisode et qui annonce à Kendall qu'il va finir par prendre le contrôle, on s'en débarrasse très vite (finalement, c'est Skarsgård qui reprendra cette thématique). Le candidat démocrate soutenu un temps par Shiv disparaît également alors qu'on pouvait s'attendre à le voir jouer un rôle important dans l'élection... Et autour de Logan, ça bouge pas mal également. J'ai pas mal d'exemples comme ça.
Et je ne parle pas du rebondissement abusé de fin de saison 1, digne d'un soap opera. C'est le degré zéro de l'écriture ça.
Niveau interprétation, il y a quelques poids morts. Je pense surtout à Sarah Snook avec ses deux expressions faciales (le froncement de sourcils ou le regard en coin doublé d'un sourire en coin) et au frère Culkin qui semble agité de tics faciaux en permanence. Face à un Brian Cox impérial, ça fait mal.
Un dernier point sur la musique : j'aime bien le générique inspiré de
The Game, mais entendre le thème 50 fois par épisode, ça use.
Bref, c'est
Game of Thrones sans dragons, sans boobs (la fin d'une époque pour HBO) et avec des OPA à la place des coups d'épée. C'est divertissant et ça prend bien le pouls de notre époque dans ce qu'elle peut avoir de plus merdique... C'est sans doute ça, sa véritable force.