[Scalp] Shit Movie 2023

[Alegas]

sauf qu'on est en 2023 et qu'on a déjà vu Capitaine Conan, les Sentiers de la Perdition, Croix de Fer...

Tu veux plutôt parler du Kubrick, non ?

[Scalp]

Ouais ça marche pas trop la prohibition ici.

[Scalp]

Tiens, ça me rappelle les propos de la réalisatrice de La Rafle :

Je me méfie de toute personne qui ne pleure pas en voyant le film. Il lui manque un gène : celui de la compassion. On pleure pendant La Rafle parce que… on ne peut que pleurer. Sauf si on est un "enfant gâté" de l’époque, sauf si on se délecte du cynisme au cinéma, sauf si on considère que les émotions humaines sont une abomination ou une faiblesse. C’est du reste ce que pensait Hitler : que les émotions sont de la sensiblerie. Il est intéressant de voir que ces pisse-froid rejoignent Hitler en esprit, non ? En tout cas, s’il y a une guerre, je n’aimerais pas être dans la même tranchée que ceux qui trouvent qu’il y a « trop » d’émotion dans La Rafle.

C'est tellement chaud de penser comme ça.

[Jed_Trigado]

J'ai pleuré devant La Rafle mais pas pour les mêmes raisons.

[Scalp]

7.5/10

To Catch a Killer de Damián Szifrón - 2023

Clairement sur le papier ça me vendait pas du rêve, Damián Szifrón avait buzzé avec son précédent film les Nouveaux Sauvage que je trouve évidemment surcoté, et ici le lead c'est Shailene Woodley plutôt spécialiste des films pour ado que des bons films mais voilà c'est l'exemple parfait de film qui fait que j'essaye encore de regarder des trucs qui me font pas envie, car des fois y a des bonnes surprises.
On ici devant un vrai thriller policier, le genre qui était à son sommet avec l'enchainement Usual Suspect/Seven, qui a eu quelques soubresaut avec Zodiac et Gone Girl (oh curieusement que des Fincher) mais certainement pas Prisoners. Mais c'est clairement un genre tombé en désuétude car on a eu beaucoup trop de merde et de trucs osef qui voulaient surfer sur la vague, enfin du moins au cinéma et en voir un qui débarque en salle et qui en plus est réussit c'est presque une anomalie. Ce genre de film est même presque anachronique aujourd'hui. Mais c'est dans les vieux pots qu'on fait la meilleure confiture (tu t'y attendais pas à celle là) et ici sur une base de serial killer on a donc un film qui se tient de bout en bout car ça se prend pas pour plus malin que le genre. Il a des fondations solides et il se repose dessus sans jamais que ce soit cliché pourtant un truc comme le trauma de l'héroïne on fait difficilement plus cliché à la con mais ici c'est traité intelligemment.
Là où le film est meilleur qu'un Prisoners, exemple prit totalement au hasard évidemment) c'est qu'il arrive vraiment à allier film de genre (on a une vraie enquête et même un gunfight) et réflexion intelligente, car bon quand on commence à expliquer le pourquoi du comment ça peut vite être saoulant et même hors sujet, ici c'est une radiographie de Etats-Unis d'aujourd'hui et de ses tueries de masse presque quotidienne, une société malade et le film nous emmène sur un truc nihiliste vraiment surprenant aujourd'hui. Le choix de Baltimore est parfait, ville grisâtre qui ne respire pas la joie de vivre et la ville devient même un personnage du film, quant on en arrive à ce niveau c'est que c'est bien réalisé.
On a donc une vraie enquête, prenante du début à la fin avec ce sniper sans pitié introuvable, alors on peut chipoter sur des légères facilités pour la découverte du tueur, mais on peut aussi enculer des mouches. Car à coté de ça on est vraiment devant un film intelligent très bien dialogué (ça cite textuellement les Dents de la Mer et ça fait tout sauf citation inutile), c'est si bien dialogué que le face à face finale c'est toujours le truc casse gueule et ça peut se transformer en fin pourri à la Scoubidou autrement appelée fin à la Old Boy et là on a une vraie bonne scène super bien dialoguée. Et on se mange pas un vieux twist à la con, et la fin est cohérente avec ce que ça raconte, ça essaye pas de nous surprendre pour nous surprendre.
Une des premières choses qui frappent quand le film commence c'est qu'on a du cinéma (sans que ce soit maniériste), une volonté de faire de la mise en scène, entre cette intro avec un massacre tétanisant, le passage en vidéo surveillance où on découvre le sang froid du tueur, le gunfight dans le supermarché (super utilisation du hors champs entre autre), la confrontation finale, on est clairement devant un mec qui sait tenir une caméra, sait découper une séquence, sait quand faire durer un plan ou un dialogue.
Le film surprend sur son casting, enfin son duo plutôt, Ben Mendelhson ça fait une dizaine d'année qu'on le voit fréquemment et passé la découverte c'est devenu lassant de le voir jouer encore et encore des méchants clichés (alors qu'il avait montré dans Bloodline qu'il avait un vrai registre de jeu), ici il campe un good guy, ça change et ça fait plaisir et il est carrément bon dans ce rôle d'agent du FBI droit dans ses bottes, Shailene Woodley jusqu'à présent on peut pas dire que j'avais été ébloui par son talent et là dans un rôle à la Jodie Foster Silence des Agneaux, elle sort une vraie bonne prestation, et le film repose beaucoup sur ce duo qui évite le cliché mentor/élève. On peut cependant regretter le choix de l'acteur pour le tueur, y aurait fallu un nom, une tête, enfin quelqu'un qui nous marque immédiatement, là on a un mec un peu lambda et qui ne restera pas comme les grands tueurs en série des 90's.
Un bon film avec un serial killer ça faisait tellement longtemps qu'on avait pas vu ça que je boude pas mon plaisir, bon après on peut toujours préférer un film avec un éléphant qui chie mais là je peux rien faire pour vous car bon quand je vois les retours un peu poussif alors qu'un bon polar qui tient la route qui sorte en salle c'est devenu inexistant.

[osorojo]

J'avais pas tilté que c'était le mec de Nouveaux sauvages (sans le trouver sous ou sur côté, j'avais bien aimé l'exercice de style).
Ca fait plaisir de te lire enthousiaste, je me le fais ce week-end.

[Scalp]

Ca fait tellement plaisir de voir un bon polar qui soit pas des 70's ou 90's.

[Mark Chopper]

Vendu. Je le sentais bien.

[Scalp]

8/10

Vampire Hunter D Bloodlust de Yoshiaki Kawajiri - 2000

Comme pour Ninjascroll, Kawajiri signe un film blindé de références : un générique "Hammer's Prod" où on est dans un pur film gothique avec tout le décorum qui va avec, puis on se retrouve dans un post apo, puis un western spaghetti (ou le Vampire de Carpenter), un film d'aventure, un film de commando, un film de monstres (Kawajiri se fait une nouvelle fois plaisir avec le bestiaire), autant dire qu'il se fait plaisir et que Del Toro saura s'en inspirer pour son Blade 2 dans lequel il lui rend hommage. Et on est devant une bonne grosse série b horrifique bourrine qui livre la marchandise. Bon ici c'est l'alliance de Kawajiri et des écrits de Hideyuki Kikuchi (je fait pas faire style je suis spécialiste, je le connais pas lui). Après je sais pas qui est arrivé en premier mais on pense aussi pas mal à Castelvania tant dans le design global, la société de vampire et ce coté western gothique. La galerie de personnage est emmené par D le vampire/humain qui chasse ses congénères et qui est clairement ultra classe, mais les persos secondaires sont tous réussis. Il se dégage du film une douce mélancolie surprenante quand on a vu Ninjascroll qui était plus rentre dedans et même sexuel.
Un animé lyrique et crépusculaire par le meilleur réal du genre (oui pour moi Kawajiri c'est le numéro 1 japonais et de loin) qui est un génie quand il s'agit de mettre de l'action en scène.

[Scalp]

0/10

Terrifier de Damien Leone - 2016

Ca fait longtemps que les slasher c'est plus pour moi, bon ça l'a jamais vraiment été vu ce que je pense des classiques du genre. Ca fait un moment que j'ai lâché l'affaire et que je m'inflige plus ce genre de DTV, mais là, le 2 a débarqué et même en salle en France (ça c'est assez surréaliste quand on y réfléchit).
Alors je sais pas en quoi ce film est censé se démarquer de la concurrence car on est vraiment devant un slasher type, on y trouve absolument tous les clichés du genre. La nuit d'Halloween (très original), un clown va s'amuser à terrifier 2 meufs. On sent direct le petit budget : casting minimaliste (0 figurant entre autre), 2 décors cheap avec un chef op en vacances et une courte durée (ça c'est un putain d'avantage vu la nullité du truc, et quand je vois que le 2 dépasse les 2heures, je suis pas près de le voir). Le film ne commence pas immédiatement et on doit donc se taper des tunnels de dialogue entre les 2 connasses et c'est clairement impossible de pas se faire chier tant elles ont rien à raconter. Mais le film va pas être meilleur quand le clown entre vraiment en scène car on est devant un film qui a rien à raconter et vu qu'on a pas de personnage à buter, on se fait chier. Et le film ne propose donc que du gore à l'ancienne, alors oui c'est très gore, oui c'est même super trash avec un notamment une meuf qui se fait couper en 2 de bas en haut (enfin de haut en bas car elle est pendue par les pieds) et le film n'a donc rien à proposer à part sa barbaque, c'est lent, long et terriblement répétitif (les parties de cache cache j'en peux vraiment plus), et faut surtout pas demander de la mise en scène, ce qui est un peu con quand ton nom de famille est Leone. On dirait un court métrage qui a été étiré au maximum pour en faire un film exploitable en festival, c'est d'ailleurs le genre de film qui doit marcher en festival pour sa barbaque mais bon festival ça s'extasie pour que dalle.
La seule chose que je retiens finalement c'est que le réal doit changer de nom de famille, pour le bien de l'humanité.

[Mark Chopper]

T'es chaud pour le remake de White Men Can't Jump ?

[Scalp]

Il est dispo ?

Edit : oui, me le fait cet après midi.

[Scalp]

3/10

White Men Can't Jump de Calmatic - 2023

Voilà ce qu'on appelle tout simplement un remake inutile, quand on remake c'est pour y apporter une plus-value ou au moins on modernise, ici on est loin de tout ça. Pourtant l'original est pas un grand film mais ça l'empêche pas d'être un classique car il a su marquer son époque et aujourd'hui encore les perso de Snipes et Woody sont cultes (à chaque Halloween y a des joueurs NBA qui se déguisent comme les persos du film).
Alors en fait ici on essaye de moderniser le propos, donc les blancs savent dunker et c'est évacué en une phrase, mais c'est complètement con car c'était l'enjeu de l'original, c'était ce qui stigmatisait les différences entre les 2 personnages et c'était le moteur du métrage, donc ici c'est remplacé par ... ben par rien. Le film perd son enjeu pour nous coller une histoire de père mourant qui n'a pas sa place ici. Wesley Snipes et Woody campait un duo complémentaire alors que Wesley était loin de livrer sa meilleure prestation que Woody y trouvait son premier premier rôle et ça se voyait mais y avait une alchimie, des punchlines qui fonctionnent et le petit coté drama fonctionnait. Ici rien ne marche, alors je vais pas charger les acteurs, le duo fait ce qu'on lui dit et c'est même ce qu'il y a de moins foireux dans le film. Alors Walls a jamais le charisme de Snipes mais il s'en sort bien, pour le rappeur Jack Harlow on a du lui dire d'en faire des caisses dans le coté à l'ouest, du coup ça marche une fois sur 2, c'est con car l'acteur est pas si mal, le reste du casting est soit anecdotique soit nul . Par contre les dialogues sont atroces, on sent un film qui veut donc être dans l'air du temps avec son personnage vegan, des tas de lignes de dialogues sur le racisme systémique, la gentrification, mais tout ça est fait au détriment de la chose la plus importante : le basket, ici on en a carrément rien à foutre, suffit pas de citer Latrell Sprewell et d'avoir un caméo de Blake Griffin. Les matchs sont nuls alors qu'on sent que les mecs ont des skills. La relation entre les 2 personnages est aussi vraiment foirée (bon c"était pas la chose la plus réussie du premier car Wesley était quand même un connard pendant tout le film et on se demande comment Woody peut toujours revenir).
On a donc a peu près la même histoire avec petites arnaques (alors là c'est 700000 fois mieux dans l'original), disputes et tournoi final mais la dramaturgie est nulle dans le Shelton quand Woody perd son argent car il veut à tout prix dunker ça fonctionne, ici y a pas d'equivalent.
Par contre le soundtrack est vraiment classe entre classique rap et un morceau des Sublime qui fonctionne toujours.
Sans surprise c'est donc nul.

[Scalp]

1/10

God's Country de Julian Higgins - 2023

Typiquement le genre de film que je déteste, un film qui prend un postulat de film de genre (ici plus ou moins un revenge movie) mais pour en faire un truc pseudo intello car le genre c'est pas assez noble pour le réal. Pourtant ça commence pas trop mal, la première demi heure grosso modo on a envie d'y croire. On va suivre Thandie Newton qui habite seule dans sa baraque perdue dans le Montana profond, Montana où on a encore évidemment des mentalités régressives d'hommes blancs, alors jusque là pourquoi pas, des rednecks c'est toujours une valeur sûre sauf qu'il y a un problème : Thandie Newton. Elle campe un personnage qui est jamais attachant et on se demande pourquoi elle casse les couilles aux chasseurs, alors oui c'est des chasseurs (bouh le mal) mais à la base ils font chier personne et là on se retrouve devant une bonne grosse écriture moralisatrice qui va vite péter les couilles avec cette femme qui veut donner des leçons de vie à tout le monde et t'as juste envie de lui dire mais ferme ta gueule putain, elle s'occupe de trucs qui la regarde pas. Et puis passé la première demi heure qui se conclut avec une confrontation tendue où y a du cinéma, le film se perd et ça traine pour rien (et paye tes symboliques religieuses à la con), pour revenir à l'intrigue dans les 20 dernières minutes et un pétage de câble final qui voit Newton buter les mecs en hors champs (vraiment un film qui assume rien), oups pardon je spoile. Du coté des seconds rôles y a rien à se mettre sous la dent, la réal alors y a des chouettes plans car c'est au Montana et des fois il arrive à instaurer une ambiance mais c'est 5 minutes sur 1h50 car le reste c'est quand affreusement mou et plan plan, filmer la lenteur faut un vrai talent, le mec en a pas.
Voilà ce qu'on appelle un film prétentieux.

[Scalp]

6.5/10

Youssef Salem a du Succès de Baya Kasmi - 2023

Petite comédie drôle (heureusement) quand elle doit l'être, intelligente (le propos est juste) et osée (heureusement que c'est réalisé par une femme d'origine algérienne sinon ça pouvait crier au racisme), le film s'intéresse donc sur l'identité arabe en France, et un peu une satire du monde littéraire (mais ça c'est plus secondaire et on a surtout une scène de débat littéraire presque lunaire tant on est dans un catalogue de banalité de la part de chaque intervenant). Là où le film est réussit c'est qu'on rigole mais jamais on se moque, le ton est parfait. On va donc suivre Youssef Salem écrivain raté qui a 45 ans trouve enfin le succès avec son roman, sauf que ce roman retrace sa vie et sa famille, et il se moque allégrement d'eux et il ne veut donc pas que son père lise le livre, l'enjeu est donc simple mais suffisamment efficace. Le vrai sujet du film de Kasmi est donc l'arabité (j'ai appris l'existence de ce mot dans le film), qu'est ce que c'est être arabe en France, entre valeur et hypocrisie, entre sérieux et humour (le traitement du sexe est très bien vu dans le film). Cette quête identitaire est donc le coeur du film et ce qui aurait pu être un catalogue de clichés se révèle d'une vraie justesse.
Là où le film marque des points c'est que personne n'est épargné et que le film est donc assez osé, le film se moque évidemment des vieux racistes mais aussi sur ceux qui en font des tonnes sur le coté arabe (la critique littéraire t'as envie de lui dire de fermer sa gueule). Là où le film marque des points c'est lors des scènes de groupe où les répliquent fusent avec un sens du timing parfait. Mais le film manque peut être d'une grosse séquence drôle ou émouvante, tout est très carré mais rien ne dépasse, la fin aurait pu être plus émouvante, ça marche mais y a pas le petit truc en plus qui en aurait fait un très bon film.
Bon on va pas demander au film de faire de la mise en scène, ce serait trop en demander, donc on est dans l'illustration et ça fait juste le taf, mais y a un vrai manque d'ambition à ce niveau.
Ramzy est parfait dans le rôle, il est juste dans toutes les scènes et depuis quelques années il est quand même devenu un sacré acteur qui peut jouer beaucoup de choses (plus que son compère en tout cas), il joue ici un homme prit en étau entre son identité arabe et son intégration française, mais aussi son milieu social et le gratin littéraire assez détestable (Augustin Trapenard fidèle à lui même donc détestable), c'est le second rôle qui apporte l'humour dans le film : ses parents (les 2 acteurs sont parfaits et sont de toutes les scènes les plus drôles du film), Noémie Lvovsky qui joue toujours a peu près le même rôle dans tous ses films mais elle a un timing comique parfait, la soeur de Ramzy de manière générale elle casse les couilles avec une vulgarité un peu trop poussé mais ici elle est parfaite.
Comédie douce amère avec une vraie qualité d'écriture subtile et légère.