Les Trois Mousquetaires : D'Artagnan de Martin Bourboulon
(2023)
(2023)
Une déception, et de taille : ce n’est toujours pas aujourd’hui qu’on va faire un revival du film d’aventure à la française. Pourtant, le projet partait plein de bons points pour lui : un gros casting de qualité, une ambition affichée dans l’adaptation (autant du côté du budget que du fait de faire deux films séparés tournés en une fois), une promo en mode gros blockbuster, bref il y avait vraiment de quoi y croire. Le seul gros point noir au final, c’était le choix du réalisateur pour tenir le projet, et manque de bol c’est en grande partie à cause de ça que le résultat final foire. Une énième preuve qu’un mélange de talents, aussi bons soient-ils, ne peut pas donner grand-chose si le mec à la barre n’est pas capable de rendre harmonieux le-dit mélange.
Sur les quelques points positifs, on note tout de même une envie de bien faire, notamment du côté de l’écriture où on se retrouve avec l’une des adaptations du roman les plus fidèles (en tout cas de ce que j’ai vu, à savoir les versions de Lester et d’Hunebelle), et un casting qui marche bien, avec quelques bonnes surprises (si Eva Green en Milady était une évidence , Garrel en Louis XIII et Eric Ruf en Richelieu l’étaient moins). Pour le reste, c’est malheureusement beaucoup moins glorieux. Déjà, j’avoue avoir du mal avec le concept de film d’aventure sans aventure : tout fait plat, jamais on est emporté par les péripéties vécues par les personnages, et j’ai souvent eu l’impression que le film zappait plein d’opportunités d’offrir de vraies scènes rythmées (l’ellipse au moment où D’Artagnan est blessé, coincé sur les toits de Paris, really ? ), et qu’il en saisissait d’autres qui étaient en fait de fausses bonnes idées. Autre concept avec lequel j’ai du mal : le film d’époque où rien n’est chatoyant et où tout est morne. On me dira que ça colle avec le Paris dégueulasse de l’époque, et à la limite c’est un argument que je peux entendre, mais quand même dans un bal masqué de l’aristocratie anglaise l’image est dans des tons marrons-jaunes doublés d’une sous-exposition, j’ai vraiment le sentiment que le film loupe le coche et tombe dans la facilité du blockbuster où on n’ose plus afficher des couleurs à l’écran.
Globalement, c’est toute la mise en scène qui est à critiquer dans ce film, car quand ce n’est pas des choix d’exposition douteux qui sont à pointer du doigt (cette scène de course-poursuite sur les bords d’une falaise en nuit américaine dégueulasse et où on ne comprend rien parce qu’on ne voit rien, c’est chaud ), c’est la totalité des scènes d’action qui vont l’être. Pour le coup, on ne peut pas reprocher à Bourboulon de ne pas avoir eu une idée de mise en scène, sauf que justement il en a eu une seule et a décidé de l’utiliser à outrance, à savoir le plan-séquence dans les bastons, en mode caméra-épaule. Le rendu est franchement naze : rien n’est compréhensible car la caméra veut coller trop à l’action, on voit les limites des chorégraphies, les raccords sont ratés, il n’y a aucune iconisation dans l’action, bref c’est clairement un mec qui a vu Kingsman et qui s’est dit qu’il allait reprendre le concept chez les mousquetaires, en mode premier degré, mais sans le talent de Vaughn pour y arriver.
Mais ce n’est pas juste l’action qui est ratée : on ne croit pas aux personnages, quasiment aucun d’entre eux n’ont le temps d’exister, et surtout le casting est rarement exploité. Aramis est juste là pour faire le beau gosse, Porthos juste là pour crier sa bisexualité, Milady, en dehors d’une courte scène de séduction, n’a jamais le sex-appeal et le côté manipulatrice qu’elle devrait avoir, au final seuls Civil, Cassel et Garrel arrivent réellement à tirer leur épingle du jeu, même Richelieu n'a pas assez de temps pour faire plâner sur le film son aura menacante. Narrativement, si le film est assez fidèle, il y a plein de choix vraiment étrange qui font qu’on se demande ce qu’ils foutent là, à l’image de cette scène où D’Artagnan se bat contre un ennemi invisible avant de découvrir que c’est Athos : c’est tellement mal filmé et mal raconté qu’on peine à comprendre ce qu’a souhaité faire le réal à ce moment. Je lis souvent que le budget se verrait à l’écran, et c’est vrai sur les intérieurs et les costumes, mais par contre j’ai vraiment du mal avec un film de ce style qui ne montre AUCUN plan d’ensemble de Paris. Toutes les scènes dans les rues sont filmées de façon à voir le moins possible le background, et du coup on ne ressent jamais l’ampleur qu’une telle production devrait avoir visuellement. Cerise sur le gâteau : le score musical en mode Hans Zimmer du pauvre (j’ai même cru déceler du temp-track de The Dark Knight sur quelques passages), aussitôt écouté, aussitôt oublié.
Pour le coup, c’est vraiment une amère déception de mon côté tant je souhaitais qu’un tel projet soit réussi sur le plan artistique. Reste à voir ce que donnera le second film avec la promesse du siège de La Rochelle, mais si l’ambition visuelle est similaire à ce premier volet, ça risque de ne pas voler très haut. Quel dommage de ne pas avoir confié ce film à Christophe Gans : ça aurait sûrement moins bien joué, mais au moins on en aurait pris plein les yeux et on se ferait bien moins chier.
Sur les quelques points positifs, on note tout de même une envie de bien faire, notamment du côté de l’écriture où on se retrouve avec l’une des adaptations du roman les plus fidèles (en tout cas de ce que j’ai vu, à savoir les versions de Lester et d’Hunebelle), et un casting qui marche bien, avec quelques bonnes surprises (si Eva Green en Milady était une évidence , Garrel en Louis XIII et Eric Ruf en Richelieu l’étaient moins). Pour le reste, c’est malheureusement beaucoup moins glorieux. Déjà, j’avoue avoir du mal avec le concept de film d’aventure sans aventure : tout fait plat, jamais on est emporté par les péripéties vécues par les personnages, et j’ai souvent eu l’impression que le film zappait plein d’opportunités d’offrir de vraies scènes rythmées (l’ellipse au moment où D’Artagnan est blessé, coincé sur les toits de Paris, really ? ), et qu’il en saisissait d’autres qui étaient en fait de fausses bonnes idées. Autre concept avec lequel j’ai du mal : le film d’époque où rien n’est chatoyant et où tout est morne. On me dira que ça colle avec le Paris dégueulasse de l’époque, et à la limite c’est un argument que je peux entendre, mais quand même dans un bal masqué de l’aristocratie anglaise l’image est dans des tons marrons-jaunes doublés d’une sous-exposition, j’ai vraiment le sentiment que le film loupe le coche et tombe dans la facilité du blockbuster où on n’ose plus afficher des couleurs à l’écran.
Globalement, c’est toute la mise en scène qui est à critiquer dans ce film, car quand ce n’est pas des choix d’exposition douteux qui sont à pointer du doigt (cette scène de course-poursuite sur les bords d’une falaise en nuit américaine dégueulasse et où on ne comprend rien parce qu’on ne voit rien, c’est chaud ), c’est la totalité des scènes d’action qui vont l’être. Pour le coup, on ne peut pas reprocher à Bourboulon de ne pas avoir eu une idée de mise en scène, sauf que justement il en a eu une seule et a décidé de l’utiliser à outrance, à savoir le plan-séquence dans les bastons, en mode caméra-épaule. Le rendu est franchement naze : rien n’est compréhensible car la caméra veut coller trop à l’action, on voit les limites des chorégraphies, les raccords sont ratés, il n’y a aucune iconisation dans l’action, bref c’est clairement un mec qui a vu Kingsman et qui s’est dit qu’il allait reprendre le concept chez les mousquetaires, en mode premier degré, mais sans le talent de Vaughn pour y arriver.
Mais ce n’est pas juste l’action qui est ratée : on ne croit pas aux personnages, quasiment aucun d’entre eux n’ont le temps d’exister, et surtout le casting est rarement exploité. Aramis est juste là pour faire le beau gosse, Porthos juste là pour crier sa bisexualité, Milady, en dehors d’une courte scène de séduction, n’a jamais le sex-appeal et le côté manipulatrice qu’elle devrait avoir, au final seuls Civil, Cassel et Garrel arrivent réellement à tirer leur épingle du jeu, même Richelieu n'a pas assez de temps pour faire plâner sur le film son aura menacante. Narrativement, si le film est assez fidèle, il y a plein de choix vraiment étrange qui font qu’on se demande ce qu’ils foutent là, à l’image de cette scène où D’Artagnan se bat contre un ennemi invisible avant de découvrir que c’est Athos : c’est tellement mal filmé et mal raconté qu’on peine à comprendre ce qu’a souhaité faire le réal à ce moment. Je lis souvent que le budget se verrait à l’écran, et c’est vrai sur les intérieurs et les costumes, mais par contre j’ai vraiment du mal avec un film de ce style qui ne montre AUCUN plan d’ensemble de Paris. Toutes les scènes dans les rues sont filmées de façon à voir le moins possible le background, et du coup on ne ressent jamais l’ampleur qu’une telle production devrait avoir visuellement. Cerise sur le gâteau : le score musical en mode Hans Zimmer du pauvre (j’ai même cru déceler du temp-track de The Dark Knight sur quelques passages), aussitôt écouté, aussitôt oublié.
Pour le coup, c’est vraiment une amère déception de mon côté tant je souhaitais qu’un tel projet soit réussi sur le plan artistique. Reste à voir ce que donnera le second film avec la promesse du siège de La Rochelle, mais si l’ambition visuelle est similaire à ce premier volet, ça risque de ne pas voler très haut. Quel dommage de ne pas avoir confié ce film à Christophe Gans : ça aurait sûrement moins bien joué, mais au moins on en aurait pris plein les yeux et on se ferait bien moins chier.
5/10