Cat on a hot tin roof (La chatte sur un toit brûlant) de Richard Brooks
(1958)
Encore une adaptation de Tennessee Williams qui se tape une grosse réputation, autant dire que je n’y allais pas forcément avec la plus grande des motivations. Ceci dit, malgré le fait que ça conserve pas mal de défauts que j’avais pu déceler sur d’autres adaptations, c’est clairement la plus réussie que j’ai pu voir jusqu’ici, en grande partie grâce au sujet traité, mais aussi et surtout grâce aux prestations du casting qui élèvent grandement le film. Du côté des défauts, je noterais principalement le fait que ça ne ressemble jamais vraiment à un film de cinéma, et qu’il y a clairement l’impression de voir la captation d’une pièce de théâtre.
Un sentiment qui n’est pas aidé par la mise en scène pour le coup, car contrairement à ce que peuvent faire Lumet ou Mankiewicz en adaptant eux-aussi une pièce de Tennessee Williams, ici il y a une véritable pauvreté formelle qui empêche le métrage d’avoir un cachet visuel. On sent que Richard Brooks, bon réalisateur au demeurant, s’efface derrière son sujet, un peu trop, mais si ça n’améliore pas le film, ça ne va pas non plus le descendre car toute l’attention va se concentrer sur ce qu’on nous raconte, et pas forcément sur comment on nous le raconte. L’autre défaut du film, et qui est lui aussi lié au travail d’adaptation, vient du fait que ça prend très peu de distance par rapport à l’oeuvre d’origine : on a l’impression de voir la pièce adaptée au mot près, tout ce qui fait avancer le récit passe uniquement par le dialogue, jamais par la composition visuelle, ce qui limite forcément le métrage. Heureusement, l’histoire en elle-même est assez captivante pour retenir l’attention.
Alors oui, il y a plusieurs longueurs, oui ça surligne un peu trop, et oui ça fait beaucoup de mystères pour pas grand chose (une constante dans l’écriture de Williams j’ai l’impression), mais j’avoue avoir plutôt apprécié ce drame familial où chaque personnage va se révéler de plus en plus au cours du récit. Une appréciation qui, de toute évidence, vient énormément de la qualité du casting proposé : le couple Newman/Taylor, au-delà du fait d’être un monument de sex-appeal, fonctionne très bien, et j’avoue avoir été assez impressionné par Burl Ives qui incarne, à mon sens, le personnage le plus intéressant du film, dans ce rôle de père fort qui va, peu à peu, montrer toutes ses fragilités. C’est clairement une bobine qui fonctionne en grande partie grâce à sa distribution, aucun doute là-dessus, mais ça a le mérite de ne jamais être chiant et d’avoir quelque chose à raconter, chose que je ne peux pas vraiment dire de toutes les adaptations de cet auteur. Bref, c’est pas un grand film à mes yeux, c’est trop théâtral et pas assez cinématographique pour l’être, mais ça vaut le coup d'œil rien que pour le trio d’acteurs en lead.
6/10