Les Trois Mousquetaires : D'Artagnan de Martin Bourboulon - 2023
Quel gâchis...
Pâté avait un matériau de base exceptionnel et a mis les ronds sur la table pour que ça envoie visuellement. Alors qu'est ce qui a merdé?
D'un côté, on a des décors en dur qui font plaisir, qui proposent de la variété et sont dans les clous. On a des costumes superbes, des figurants à foison, avec des trognes bien comme il faut. On a un casting de l'espace, bien dirigé, où François Civil fait un D'Artagnan convenable et où Louis Garrel envoie Louis XIII en orbite au milieu des étoiles avec ENFIN un roi qui semble humain et qui arrive à être touchant et drôle. Sur ce dernier point, on est d'accord que la tâche relevait facilement des 12 Travaux d'Hercule?
Bordel, y'a même Patrick Mille un peu flippant!
Le pire, c'est que les rajouts au texte de Dumas sur les péripéties d'Athos et l'enquête qui en découle ne dépareillent pas trop. On a même des répliques marrantes, avec par exemple Duris qui cite
Les 7 Mercenaires de façon idoine. C'est à peine croyable...
Mais derrière... on se paye une photo pourrie par un filtre "
diarrhée post intoxication alimentaire". Dur, enfin... non... mou du coup! Vous voyez où je veux en venir.
Ce n'est pas le pire, parce que Bourboulon se prend pour Guy Ritchie qui revisite Sherlock Holmes. Et c'est sale. Très sale. Très très très sale. Il y a quatre scènes de combat, si Greengrass et Cuaron les visionnent un jour, je suis certain qu'ils financeront une machine à remonter dans le temps pour s'empêcher de tourner
Jason Bourne et
Les Fils de l'Homme afin de tuer dans l'œuf une progéniture aussi dégénérée. Madame a fermé les yeux tellement ça lui rappelait les souffrances causées par sa névrite vestibulaire.
C'est indigne de faire une bouillie visuelle aussi incompréhensible. Pour être sympa, je dois avouer que le combat dans la forêt commence bien quand on suit d'Artagnan qui monte sur son cheval et en tombe. Mais ensuite c'est la foire à la shaky immonde, on ne sait pas qui est qui et on croit voir des gardes du Cardinal se battre entre eux. Minable.
Autre déception, certains choix de scénario ultra frustrants comme le cut quand d'Artagnan est blessé et poursuivi sur les toits de Paris. On s'attend à une course poursuite haletante. Ben non, cut, retour à l'auberge, une bonne nuit de repos, ses plaies sont pansées.
Pareil pour le tour de passe passe scénaristique obligeant Portos et Aramis à rester à Paris se gratter les couilles pendant que d'Artagnan va chercher les férets. Du coup le film est un brin trop "d'Artagnan". Encore ça va pour Athos qui a une storyline, mais les deux autres font tapisserie. Le pire étant Pio Marmaï, juste là pour dire qu'il est bi.
De même, l'idée de rajouter un complot protestant autour du roi, c'est bien sur le papier, ça rajoute de l'enjeu. Mais du coup, ben le Cardinal et Milady n'ont pas toute la place qu'ils devraient avoir et leurs persos sonnent creux.
Le résultat, c'est vraiment un sentiment de gâchis. L'impression que les mauvaises personnes ont été mises à la tête de ce projet qui aurait pu tout défoncer, le meilleur exemple étant cette scène de bal chez Buckingham où le faste est présent, mais l'image immonde et le manque d'idée flagrant.
4,75/10