par Scalp » Jeu 26 Jan 2023, 18:03
6/10
Scent of a Woman de Martin Brest - 1992
"When in doubt... fuck."
Quand tu écris en gros sur l'affiche par le réalisateur du Flic de Beverly Hills, c'est déjà un aveu d'échec, car bon si t'arrives pas à mieux vendre un film avec Pacino c'est que tu sais que ton réal est un tâcheron, et la filmographie de Brest en est la preuve (son soi-disant meilleur film avec De Niro est pas drôle du tout notamment). Bon ici sur le papier y a tout pour que j'aime pas et que ça me gonfle, je vois d'ailleurs très bien les défauts et ils sont nombreux mais j'ai pas passé un mauvais moment, surtout que ça dépasse les 2h30, c'est un exploit.
Si ce film est pas tombé dans l'oubli c'est pour une seule raison (et c'est pas parce que c'est un remake de Parfum de Femme), c'est parce que c'est le seul film pour lequel Pacino a gagné un oscar, le mec a tourné avec les meilleurs et il gagne un oscar avec Brest, et même si il est forcément bon, c'est Pacino quoi, je vois pas un personnage, je vois Pacino qui fait l'aveugle (il le fait à la perfection), je vois Pacino qui picole (et il picole beaucoup), je vois Pacino qui en fait des tonnes (c'est vraiment l'Actor Studio dans toute sa splendeur), alors j'aime sa prestation (car il arrive à être touchant malgré tout : "What life? I got no life! I'm in the dark, here! You understand? I'm in the dark!") mais elle éclipse beaucoup trop le personnage pour mériter un oscar (surtout que cette année là y a Clint de Unforgiven de nommé). Mais c'est cette prestation qui rend le film cool à regarder, oui il en fait des tonnes mais il fallait bien ça pour sauver un scénario aussi prévisible et un compagnon de route aussi fade que Chris O'Donnell (qui retombera très vite dans l'oubli après ce film), alors oui le rôle de O'Donnell veut qu'il soit effacé mais l'acteur est nul quand même. La relation amicale qui se noue entre eux et le coeur du film et on y croit malgré tout, malgré toute la lourdeur pachydermique du script (et cette BO qui en fait elle aussi des tonnes), malgré cette première demi heure qui en fait des caisses sur le coté connard de Pacino (il est cynique à l'extrême, sarcastique, dur, violent, un bon gars quoi), malgré le jeu sans nuance de O'Donell (il est gauche, pauvre, sans charisme et on dirait qu'il porte toute la misère du monde sur ses épaules), malgré la connerie de certaines séquences (la sortie en Ferrari on est vraiment dans le too much, c'est le seul film où y a pas une seule voiture dans les rues de New-York), malgré ce script qui nous emmène exactement où il doit nous emmener et sans aucune surprise (même si la transformation de taciturne suicidaire en papa par procuration est un peu rapide et facile). On le regarde sans aucun ennui et on arrive même à être touché par instant0
Ca doit être ça le génie d'un grand acteur, transcender un script en bois, vampiriser son personnage, des partenaires en mousse et un réal de merde, et réussir à rendre le film sympathique.