La tempête qui tueFilm de Frank Borzage · 1 h 40 min · 1940 — 6/10
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J'ai assez longuement hésité à laisser un avis référencé pour celui-là parce qu'on est typiquement dans le genre de film qui ploie bien trop sous le poids d'un sujet trop grave pour réellement exister en tant qu'oeuvre de création à part entière.
C'est mal formulé mais c'est toujours le sentiment que j'ai devant ce genre de film que l'on juge forcément à hauteur de notre époque, et du recul que l'on a aujourd'hui à propos de ce qui est raconté. Il est clair qu'on ne peut percevoir ce film aujourd'hui avec la même puissance que quand il est sorti en 1940, à l'aube de l'entrée des USA dans la première guerre mondiale, alors que le nazisme n'avait pas encore été disséqué par tout un tas d'historiens et enseigné ensuite par tout corps enseignant de la plupart des sociétés démocratiques.
Du coup ce genre de sujet propagandiste (dans le bon sens ici hein que les choses soient claires) lourd est si vampirisant qu'il ne laisse aucune place pour la liberté de le raconter. Et je trouve que
La tempête qui tue en porte les stigmates, en tout cas j'ai ressenti tout le film cette bride qui empêche son potentiel dramatique de décoller parce qu'il ne peut qu'être exprimé de manière très manichéenne, avec des personnages dépourvus de toute ambivalence, si l'on excepte deux ou trois retournements de veste à la fin.
Ce qui fait qu'on se retrouve avec un James Stewart archétype même du héros romantique, lisse et sans défaut qui suit le sillage idéalisé lui aussi d'un père de famille scientifique aux principes inflexibles qui lui offre pour l'occasion une dulcinée née dans le même moule. Et en face, des abrutis vampirisés par un rouleau compresseur idéologique tous plus cons les uns que les autres qui se mettent à se comporter comme des idiots finis du jour au lendemain.
Alors qu'on soit bien clair : c'est surement en grande partie l'illustration fidèle d'une réalité qui fut bien triste (même si je l'imagine tout de même moins binaire) mais d'un point de vue cinématographique, avec le recul qu'on a aujourd'hui, ben c'est super chiant à suivre en gros : ça m'ennuie, voire même ça m'agace de voir tous ces personnages sans dimension faire des trucs grossièrement révoltants qui ne sont là que pour avancer des arguments que l'on ne saurait remettre en question.
En somme, un propos nécessaire (tout ce qui s'attèle à prouver que le nazisme était une débilité sans fond est salutaire), mais un film du coup plutôt mièvre, dont le potentiel dramatique est muselé par une nécessité de ne surtout jamais se faire mal comprendre. D'où un script et des personnages uniquement fonctionnels qui donnent au film un côté scolaire et didactique que chacun appréciera ou non en fonction de ce qu'il recherche au moment de commencer la séance. Pour ma part, ça m'est passé au dessus.