Les avis de vos dernières lectures

[Jack Spret]

"La route de Los Angeles" de John Fante - 1936

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Dieu que c'est poignant et émouvant. Alors que dans "Demande à la poussière", on suivait un Arturo Bandini dépressif et alcoolique, traînant toujours comme un boulet son problème avec les femmes (ni plus ni moins qu'une timidité maladive), "La route de Los Angeles" nous conte ses mésaventures, ses rencontres désabusées et ses besoins de solitude profonde. Ça a été un choix que j'ai fais de commencer par l'âge adulte et de remonter le fil de l'existence de Fante (ses romans autobiographiques sont au nombre de 4 et celui ci est le premier). Ce choix a également été poussé par le fait que ce roman avait été jugé choquant à son époque et qu'il m'intriguait au point de me faire peur de découvrir Fante par cet intermédiaire (comme de commencer n'importe quel grand auteur avec son chef d'oeuvre, tout nous paraît fade par la suite).
C'est bourré de références, c'est extrêmement intelligent (il débute l'écriture de ce roman à 24 ans !), poétique, viscéral. Bref, on comprend pourquoi Bukowski s'était entiché de son oeuvre. On y retrouve les mêmes démons, en plus manipulateurs et vicieux du fait qu'ils n'ont pas besoin de l'alcool pour se révéler à l'auteur. C'est scotchant de réalisme et cette tranche de vie des années 20 nous donne à montrer une image rare de l'Amérique. Celle où le rêve américain était encore à portée de main à celui qui osait la tendre.

[pabelbaba]

Superbe ce bouquin. Une des grosses influences de Bukowski. Moi aussi je les ai lu dans le désordre et je pense que ça ne change rien.

[Jack Spret]

Tu as lu quoi d'autre de Fante à part les deux que je cite ?
En dehors du cycle "Arturo Bandini", ça vaut le coup aussi ?

J'ai trouvé cette image également sur Internet. Dommage car j'ai l'impression que ça ne verra jamais le jour

[pabelbaba]

De Fante? J'ai lu tous ses bouquins sortis chez 10/18, même sa correspondance avec HL Mencken :
- Pleins de vie
- Les Compagnons de la Grappe
- Grosse Faim
- Mon Chien Stupide
- L'Orgie
- Bandini.
- Rêves de Bunker Hill

Pleins de Vie et Bandini étant vraiment aussi puissants que les deux autres.

J'ai même poussé jusqu'à lire les trois bouquins écrits par un de ses fils, Dan Fante, mais c'est 10x plus dépressif et ça tient plus d'Hubert Selby Jr que de son père. Faut vraiment creuser pour y trouver un peu d'humanité.

J'aime pas trop les adaptations, mais bon, ce cast-là ressemblait sans doute plus aux persos du bouquin que le truc avec Farrell et Hayek.

[Jack Spret]

J'avoue, j'avais regardé la bande annonce de "Demande à la poussière" à la suite de ma lecture et j'avais eu envie de rigoler tellement c'était à mille lieues du sujet.
Ton avis me rassure quand au fait qu'il faut que je fasse le complétiste sur son oeuvre à l'instar de Buck.
C'est un mec qui a plein de choses à raconter et qui le fait de bien belle manière.

[pabelbaba]

Ouais, on peut faire confiance à un mec qui sait être intéressant en parlant de l'enfance.

[pabelbaba]

Sinon j'ai relu Elles se rendent pas compte de Boris Vian pour me détendre.

Ben c'est toujours aussi fendard. Du polar décomplexé, fun et violent (pourtant il a été écrit à la fin des années 40), un peu comme s'il y avait du sang et des viols dans un polar dialogué par Audiard. Vu le millésime, il n'y a pas d'autocensure ni de politiquement correct. D'ailleurs ça m'étonne que les ligues lbgt ne se soient pas attaqué à ce bouquin.

Ca se lit donc assez vite, le sourire aux lèvres, en se disant que ça ne passerait pas sans doute pas au cinéma, mais qu'avec des mots et dans le métro, c'est parfait.

[noname007]

Si tu as aimé ce Vernon Sullivan, faut continuer avec les autres (J'irai cracher sur vos tombes, Les morts ont tous la même peau, Et on tuera tous les affreux)... c'est vraiment agréable.

[pabelbaba]

Je vais sans doute me les refaire aussi, c'est de la super came.

[Jack Spret]

"Des souris et des hommes" de John Steinbeck - 1937

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On continue dans les années 30 avec cet inénarrable roman, adapté à de multiples reprises au cinéma, à la télévision et sur les planches. Directement, on sent l'influence qu'a pu avoir cette oeuvre chez Stephen King durant l'écriture de "La ligne verte", tant dans l'atmosphère que dans la dramaturgie lié au racisme et à la non acceptation de la différence. John Coffee ressemble à s'y méprendre à Lennie (personnage d'homme enfant imposant jouant avec des souris).
Steinbeck plonge vraiment au cœur de l'âme humaine grâce à une galerie de personnages vraiment très colorée et diversifiée. Les descriptions sont toujours en retrait de ce qu'observent les personnages (souvent en début de chapitres), le roman faisant la part belle aux dialogues, très nombreux, qui font que l'histoire se lit très rapidement (une grosse heure suffit) et que nous sommes directement mis en situation et confrontés aux affres de la vie.
Touchant, cruel, empreint d'une nostalgie poignante, "Des souris et des hommes" mérite bien son statut culte.

[pabelbaba]

C'est justement le livre qui m'a donné envie de lire.

[Jed_Trigado]

Le Postier de Charles Bukowski

Second ouvrage du "Buk" que je découvre, première impression : quel plaisir de lire un truc qui s'étale pas pour ne rien dire, même si certains passages sont un peu chiants (surtout quand Chinaski parle des courses de chevaux et qu'on est agressé par les chiffres), ils ne dépassent jamais deux-trois pages et on passe vite a autre chose. Le point commun avec Hollywood reste cette écriture soignée qui garde une vraie rugosité, quand ça clashe ça le fait pas de main morte mais également ce doute persistant entre réalité et fiction, est-ce que certaines choses énoncées dans ce bouquin se sont vraiment déroulées ? Parce que si c'est le cas, Bukowski est un vrai taré et la faune urbaine qui l'entoure ne vaut guère mieux (l'anecdote où il explique qu'il a abusé d'une nana court vêtue un peu chiante pendant une de ses tournées, c'est d'un glauque. ), notamment ses employeurs qui ont des allures de tyran, son premier patron dans le genre enculé, il est pas mal.

Loin d'être un étalage de misérabilisme, Le Postier reste dans la droite lignée de ce que sait faire son auteur, apporter un regard cru, parfois méchant, souvent drôle sur l'Amérique d'en bas grâce a ce personnage génial qu'est Henri Chinaski, l'alter-égo de l'auteur, ni looser, ni winner, juste un type qui vogue au gré du vent qui s'en branle complètement d'être ambitieux tant qu'il a de quoi payer sa bibine et continuer a taper a la machine a écrire entre deux conquêtes féminines louches.

[Mr Jack]

C'est justement le livre qui m'a donné envie de lire.

Pareil.

[Waylander]

[Jack Spret]

"Ils vivent la nuit" de Dennis Lehane - 2012

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"Le Parrain" de Lehane ! Comme si Don Corleone s'était payé des vacances au soleil. Dense, rythmé, cette fresque criminelle aux multiples rebondissements tient en haleine du début à la fin. Il est juste regrettable de voir que l'écriture est trop simpliste (où est-ce le fait de la traduction ?), que certains personnages sont trop clichés et que certaines situations sont prévisibles. Mais il reste le sentiment d'avoir lu un matériau parfait pour un film de gangster (adaptation prévue d'ailleurs par Ben Affleck avec une sortie dans les mois à venir).
Les années de la prohibition sont un terreau fertile pour voir naître des carrières criminelles et Lehane l'a parfaitement compris. Allié ça à un état rarement exploité dans le grand banditisme (la Floride et sa "faune" locale haute en couleurs) et vous avez un roman rafraîchissant, où la violence fait la part belle aux musiques cubaines et aux accents latinos. Je regrette juste cette fin téléphonée, où l'on sent que Lehane avait envie d'en finir rapidement avec le destin de ce Joe Coughlin.