La guerre des mondes (H.G. Wells, 1898)
Ca c'est du classique SF qui tue.
Rien que le fossé de l'époque et du débarquement extraterrestre ça tue : tout début du 20 ème siècle face à une entité bien plus avancée technologiquement ça induit forcément un puissant écart dans cette guerre des mondes. Monde de l'infiniment grand (les extraterrestres viennent de Mars et au début ya une bon suspens sur des observations étranges de la planète rouge...) et l'infiniment petit (la maladie qui tuera les envahisseurs) puis le monde "humain", qui lui est voué à perdre de façon inéluctable contre les ET. Le roman n'a que très peu de dialogues mais ce qui permet de rythmer un peu l'œuvre c'est l'utilisation de la première personne pour la narration. Ça permet de plus facilement s'identifier et de suivre le récit avec plus de passion.
Le livre est très sombre, très noir, voir même plus que le film de Spielberg, et on se retrouve très souvent dans une ambiance apocalyptique dépressive avec du gris, la nuit souvent présente, le feu qui lèchent les arbres, les près et détruit tout , les maisons défoncées, les rescapés qui tente de fuir , les longues marches, l'exode, un passage huit-cols que le film réutilisera mais d'une façon différente, le sentiment vraiment intense de fin du monde, de destruction totale de l'humanité etc....
et puis le message est vraiment bon: c'est un rappel à l'ordre pour l'homme, une grande remise en question qui suivra cette invasion : nous ne sommes pas tout puissant, nous ne sommes pas à l'abri d'être un jour envahit par une espèce différente et extérieur à la planète, nous ne sommes pas omniscients, et malgré notre taille , notre place sur la planète , notre intelligence et nos armes, ce n'est pas nous qui avons gagnés la bataille mais les bactéries microscopiques et cette idée est une des meilleurs qui existe dans ce genre de récit que ce soit en littérature ou en film ou autre. C'est d'autant plus réaliste que ça arrive dans ce monde, chez nous, quand les premiers colons sont arrivs en Amérique par exemple, yen a pleins qui sont morts de maladies etc...
Face à un monde niveau, un nouveau climat, un nouvel écosystème, nos sommes tous irrémédiablement en danger à partir du moment où l'on a respiré.
Le livre aussi été écrit pour que les Occidentaux se mettent à la place des pays qu'ils sont souvent envahis, colonisés etc...
C'est donc de façon empathique que l'on peut prendre ce roman.
yaaussi une bonne phase philosophique su le désespoir qui atteint vite nos cœurs face à un enfer pareil et comme le dit le personnage à la toute fin
Je voudrais aussi défendre la fin du film de Spielberg (le père qui retrouve le fils) parce que la fin du livre est très similaire : le narrateur, une fois que les ET son morts, décide de retourner dans sa maison comme habité par une leur d'espoir assez vaine et une fois à l'intérieur, il entend dans son dos sa femme et ils se retrouvent. et c'est surtout là pour marquer le truc : ne pas perdre espoir. Mais quand on voit le bordel qu'il s'est passé, bah on est en droit de se dire que la fin est pas réaliste mais c'est pas l'important : l'important c'est le message que le mec veut faire passer. D'ailleurs le Spielberg est une adaptation qui tue parce que à la fois très différente et très proche du roman. déjà c'est pas la même époque ni les mêmes persos mais ya des passages similaires et même des micros passages (descriptions d'un paysage) que l'on retrouve dans le film et ya pleins de clins d'œils au bouquin. Rien que l'intro et l'épilogue du film ça tue et ça fait référence au bouquin directement pour l'intro et l'épilogue a été conçue avec 2-3 bribes de descriptions vers les derniers chapitres.
Bon par contre l'aspect "jules Verne" du roman, à savoir les description des martiens, des tripodes etc...j'ai pas du tout aimé. ca plombe certains passages et franchement on s'en fout quoi de la construction, de comment ils fabriquent ça, des boulons qui assemblent deux parties machin machin. Là-dessus, le mystère aurait été bien mieux.
Voici l'aspect des tripodes du livre via cette illustration qui évoque un passage du roman et le tripode trait pour trait est exact par rapport au portait du bouquin :
Quelques passages:
" Il semblait vraiment que, dans cette direction, la contrée entière fût en flammes: j'avais sous les yeux un vaste flanc de colline, parsemé de langues de feu agitées et tordues par les rafales de la tempête qui s'apaisait et projetait de rouges réflexions sur la course fantastique des nuages. De temps à autre, une masse de fumée, venant de quelque incendie plus proche, passait devant la fenêtre et cachait les silhouettes des Martiens.""
Avant de les juger trop sévèrement, il faut nous remettre en mémoire quelles entières et barbares destructions furent accomplies par notre propre race, non seulement sur des espèces animales, comme le bison et le dodo, mais sur les races humaines inférieures. Les Tasmaniens, en dépit de leur conformation humaine, furent en l'espace de cinquante ans entièrement balayés du monde dans une guerre d'extermination engagée par les immigrants européens. Sommes-nous de tels apôtres de miséricorde que nous puissions nous plaindre de ce que les Martiens aient fait la guerre dans ce même esprit?"
" Une brume monta au-dessus des arbres. Puis soudain nous vîmes un énorme flot de fumée qui envahit rapidement le ciel; au même moment, le sol trembla sous nos pieds et une explosion immense secoua l'atmosphère, brisant les vitres des maisons proches et nous plongeant dans la stupéfaction"." Je croyais retrouver Sheen en ruine et je contemplais une contrée sinistre et lugubre qui semblait appartenir à une autre planète. Je ressentis alors une émotion des plus rares , une émotion cependant que connaissent trop bien les pauvres animaux sur lesquels s'étend notre domination. J'eus l'impression qu'aurait un lapin qui, à la place de son terrier, trouverait tout à coup une douzaine de terrassiers creusant les fondations d'une maison. [...} Il en serait de nous comme il en serait d'eux; il nous faudrait sans cesse être aux aguets, fuir et nous cacher; la crainte et le règne de l'homme n'étaient plus."