Cela faisait longtemps que je n'avais plus mis le nez dans l'oeuvre d'Yslaire en dehors d'une intégrale de
Bidouille et Violette mais là, j'ai senti le gros poisson avec ce
Mademoiselle Baudelaire, concentré sur la relation tumultueuse entre le poète et sa muse, Jeanne Duval, la "Venus noire" à l'origine de nombre de poèmes des
Fleurs du mal.
Yslaire y narre la descente aux enfers du poète maudit, entre coucheries endiablées et doses de laudanum de plus en plus importantes, le tout en n'oubliant pas de restituer les liens familiaux (entre Baudelaire et sa mère) mais aussi les lien confraternels avec les pousses romantiques de l'époque (Nadar, Delacroix, Courbet, Nerval, etc.). La trouvaille d'Yslaire est d'avoir donné la parole à Jeanne Duval elle-même puisque c'est elle, la muse maudite que personne ne cherchait à défendre, qui livre sa version de sa liaison avec Baudelaire.
Il ressort de tout cela une plongée réussie et maîtrisée dans le Paris du romantisme, permettant notamment à Yslaire de s'adonner lui aussi à une poésie picturale, à une version graphique des Fleurs du mal, alternant visions érotiques malsaines et bestiaire gothisant.