Le Dernier des Savage / Jay McInerney (1997)
Comme dit plus haut, j'ai ressenti le besoin de faire une pause au cours de ma lecture de
Crime et Châtiment... Pause qui risque de s'éterniser.
J'avais besoin d'une valeur sûre : je me suis donc replongé dans l'un de mes romans préférés, assez méconnu. En général, on présente Jay McInerney comme un Bret Easton Ellis du pauvre : le premier a été révélé en 1984 avec
Bright Lights, Big City, le second un an plus tard avec
Moins que zéro, deux romans qui voyaient leurs protagonistes sniffer des kilogrammes de cocaïne... Il n'en fallait pas plus pour que les journalistes, assez paresseux, rapprochent les deux auteurs, par ailleurs amis dans la vie, pour l'éternité.
McInerney traîne donc une image assez fausse depuis bientôt quarante ans... Car pour moi, lorsqu'il est à son meilleur, avec des titres comme
Trente ans et des poussières et
Le Dernier des Savage, il est le Francis Scott Fitzgerald de sa génération, son chroniqueur désenchanté.
Le Dernier des Savage est son
Gatsby. Il nous conte une amitié entre deux hommes, qui débute sur les bancs d'un lycée privé américain des années 1960, se poursuit à l'université et longtemps encore après, lorsque les deux protagonistes deviennent adultes : l'un, issu d'un milieu modeste et hanté par une nature qu'il tente de réprimer, fait tout pour s'élever sagement dans la société et l'autre, dernier héritier d'une riche famille sudiste, devient une figure de proue de la contre-culture, un producteur légendaire de blues et de rock, dans une Amérique en proie aux conflits raciaux (l'Histoire, perpétuel recommencement)...
J'aime tout dans ce roman : sa prose d'une élégance rare, ses personnages tous attachants, son univers (j'ai un énorme faible pour tout roman qui se déroule sur un campus américain), ses thèmes, sa nature proustienne (les personnages se retournent sur leur passé et se demandent s'ils n'ont pas trahi leurs idéaux)...
Si l'on reconnaît un grand livre au fait qu'il s'apprécie plus encore à la relecture, alors
Le Dernier des Savage, assurément, en est un.
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J'en profite pour poster la liste de mes lectures du premier semestre. Si certains veulent un avis, rapide, sur un titre dont je n'ai pas parlé, il suffit de demander :