"Les Peaux-épaisses" de Laurent Genefort - 1992¤¤¤
Aussitôt lu, aussitôt oublié. Avant de tenter quoi que ce soit chez un auteur, j'aime à démarrer son oeuvre par les romans moins populaires, histoire de voir si le style, la qualité de l'écriture, le ton ou la fluidité va m'attirer. Chez Genefort, il y a bien quelque chose à sauver, c'est le temps qu'il prend à être extrêmement précis sur son univers, le détaillant de toute pièces pour que l'on ait pas l'impression d'une toile de fond grossière. Mais le problème, c'est qu'il le fait ici au détriment de ses personnages. Et dans un actionner SF, où tout repose sur notre empathie avec eux, autant dire que c'est compliqué de s'intéresser à l'histoire si on se moque éperdument de leurs sorts. Je pense toutefois que je ne lâcherai pas l'affaire car l'auteur est réputé pour savoir créer des univers foisonnants mais cette expérience m'a refroidi.
"Narcisse et Goldmund" d'Hermann Hesse - 1930¤¤¤
Hermann Hesse ne finira jamais de m'épater. Derrière sa figure récurrente du vagabond, il dresse dans ce roman le bilan d'une lutte éternelle de l'homme, tiraillé entre sa spiritualité et son animalité, la contrition et la jouissance. En faisant usage d'un moine ascètique (on retrouve les traces de Siddhartha) et d'un artiste romantique, il compare deux philosophies bien distinctes et tente de les rapprocher en leur trouvant des points communs, afin de prouver au lecteur que l'homme est indivisible et que derrière ses paravents culturels et moraux ne se cachent que de la chair et des os, des passions et des sentiments, du sang et de la sueur.
Même si les pérégrinations de Goldmund sont bien moins travaillées que dans "Knulp" ou "Peter Camenzind", le ton romantique habituel de l'auteur y est toujours présent et c'est avec délices que l'on parcourt la vaste campagne en sa compagnie, bien que ses frasques amoureuses viennent souvent entâcher le voyage. Du très lourd ! Ca commence à devenir une habitude avec lui.
"Les meilleurs récit de Weird Tales: Vol.2" - 1975¤¤¤
Second recueil de nouvelles contenant certaines des meilleures histoires publiées dans la revue Weird Tales entre 1933 et 1937 cette fois. Les nouvelles sont beaucoup moins mémorables que dans le premier volume, même s'il reste des éclairs de génie, et notamment le poème "Psychopompos" de Lovecraft.
"La Folie Almayer" de Joseph Conrad - 1895¤¤¤
Après une longue carrière dans la marine marchande, Conrad va écrire son premier roman qu'il va terminer dans la douleur: doutes sur l'intérêt de son histoire, difficultés à écrire en anglais, les années vont se succéder et les chapitres s'accumuler jusqu'à former un premier manuscrit qui sera accepté et dont les lecteurs trouveront des qualités indéniables. Dans ce roman, on trouve déjà la patte de l'auteur, sa narration ultra fluide malgré de lentes descriptions de son environnement, ses personnages tourmentés qui errent dans le récit en subissant les actes des personnages secondaires et dont la nature se fait l'écho de leur détresse intérieure (la scène où Almayer éclate de colère en même temps que l'orage est sublime), la violence subite et brutale qui frappe sans qu'on s'y attende, permettant à la mort de se dissimuler derrière chaque page en attendant son heure.
Malgré toutes ses qualités, on sent qu'il s'est passé un long moment entre chaque chapitre car ils sont assez inégaux en terme de rythme et de grandeur, se raccordant parfois assez maladroitement. Mais c'est à lire car il est important de constater à quel point un simple marin d'origine polonaise a su dynamiter la littérature britannique en s'imposant comme un écrivain incontournable.