"Le loup des steppes" d'Herman Hesse - 1927¤¤¤
Magistral ! Lorsque Thomas Mann a dit à Herman Hesse que ce livre lui a réappris à lire, je partage totalement son sentiment tant il a résonné et résonne encore en moi comme rarement un roman à su le faire. Harry Haller, personnage tourmenté dont il est difficile de ne pas voir l'alter ego de l'auteur au delà des simples initiales, concentre tout le mal être d'une époque et d'un état d'esprit. Construit comme une matriochka, le roman découpe ses chapitres en plongeant toujours plus avant dans l'auto psychanalyse, effleurant des points sensibles où le lecteur, impacté par les idées fulgurantes d'Hesse, frissonnera lors de longs passages méditatifs sur la condition de l'homme dans son environnement.
Interdit par le régime nazi à cause de sa très forte propension à critiquer le régime de manière visionnaire, ce bouquin est à mettre entre toutes les mains !
"Les meilleurs récit de Weird Tales: Vol.1" - 1975¤¤¤
Recueil de nouvelles compulsant les meilleurs histoires publiées dans la revue Weird Tales entre 1925 et 1932, ce premier volume est une véritable mine d'or. Les 2/3 des récits vont assez loin en terme d'imaginaire et/ou d'horreur psychologique. Et ça permet de découvrir des écrits de grands auteurs difficilement lisibles autrement que par ce biais.
"Le masque vide" de Philip José Farmer - 1957¤¤¤
Premier roman de Philip José Farmer, il est incroyable de constater à quel point il est empreint d'une vraie maturité, que ce soit dans l'écriture, les raisonnements et la capacité à révolutionner la SF, alors bien cannibalisé par Asimov à l'époque. 39 ans à peine et il prend beaucoup de risques, mêlant sexe et religion à un genre littéraire qui était alors asexué. De par son héros, tiraillé dans sa foi musulmane et la naissance d'un chaos prenant la forme d'un nouveau Dieu en formation, Farmer interroge la spiritualité, les dogmes et balaye les idées reçues sur la religion d'un souffle épico-mystique rafraîchissant. Poussant très loin l'introspection par l'intermédiaire de personnages aux capacités mentales exacerbées, il inscrit son récit dans une volonté de renouveau des thèmes de la SF. Quand on voit le reste de sa carrière, on peut clairement dire que "Le masque vide" est le terreau de sa pensée sur laquelle ses fondations solides vont se poser. Du grand art !
"- Ça vous dirait un petit échange dans la ruelle, derrière le bar ?
- Si c’est un échange de fluides corporels, je suis pas contre. Mais alors dans ce cas, tu passes devant."