"Les guerriers du silence - Terra Mater" de Pierre Bordage - 1994
¤¤¤ A la fin du premier tome, il était clair que l'auteur savait où il allait et comment il allait y aller. Le tome 2 est d'une fluidité incroyable et met la barre encore plus haut dans le développement de l'univers créé, déjà bien vaste. Cependant, j'ai eu du mal à accrocher aux parties concernant la fuite de l'enfant vers son destin car j'ai toujours eu du mal avec les personnages principaux jeunes dans les romans (sauf à de rares exceptions) et j'ai trouvé que ça créait un contraste beaucoup trop fort entre sa quête et les intrigues politiques et de cour ayant lieu à la Capitale.
Sinon, c'est un sans-faute, j'ai laissé mûrir ma lecture car après l'avoir fini, je le trouvais moins réussi que le premier mais force est de constater que le temps lui sert et que le tout s'imbrique parfaitement, dans une cohérence incroyable. On regrettera juste que malgré tous les obstacles qui se mettent en travers du chemin des protagonistes, ils arrivent toujours à s'en sortir et ce côté "sur le fil" va sans doute être lassant à la longue.
"Magellan" de Stefan Zweig - 1938
¤¤¤ Il y a des destins dont on ne sait rien ou pas grand chose. A peine ces héros sont-ils mentionnés à l'école. Et pourtant, force est de constater que l'oeuvre de Magellan est de celle qui mériterait qu'on lui accorde toute notre attention. Zweig, en essayiste talentueux, nous raconte ici la biographie romancée de cette quête incroyable aux confins du monde, à la recherche d'une réponse qui hantera à jamais le navigateur portugais.
C'est précis, documenté, poétique parfois. La plume de l'auteur ne cache rien des horreurs et des coups bas, de la noirceur de certains actes et de certaines paroles. Il nous permet ainsi de nous faire notre propre avis sur le personnage, quand bien même il tend à adoucir certains passages pour le rendre moins féroce. Il y a des découvertes qui changent le monde, révolutionnent toutes choses connues. Et ces découvertes se font dans la douleur, nécessitant parfois des sacrifices que bien peu aurait pu faire.
"- Ça vous dirait un petit échange dans la ruelle, derrière le bar ?
- Si c’est un échange de fluides corporels, je suis pas contre. Mais alors dans ce cas, tu passes devant."