"Le K" de Dino Buzzati - 1966¤¤¤
Forcément, quand on se retrouve devant un recueil contenant plus d'une cinquantaine de nouvelles, il y a forcément du déchet. Parfois incompréhensibles, souvent loin de ce qu'on est venu chercher chez Buzzati, elles permettent toutefois de mettre en valeur les histoires qui sont clairement réussies. Et il y en a un paquet ! Plus du tiers des nouvelles sont savoureuses, empreintes de la réfléxion principale de l'auteur sur le temps qui s'écoule à une vitesse vertigineuse. Si on retrouvait ce thème à la puissance 1000 dans "Le désert des Tartares", on y a droit à un dosage plus équilibré, ce qui permet d'entretenir ici la réflexion avec une fiction toujours originale.
Débuter le livre par "Le K" est vraiment dommageable tant elle est le point d'orgue entre toute. "Chasseurs de vieux", "Ubiquité" et "Le veston ensorcelé" sont parmi les meilleures du recueil.
Buzzati fait des injustices sociales et du vernis écaillé de la civilisation son son fer de lance. Glissant toutes vers le fantastiques, les nouvelles sont basées sur un schéma identique permettant d'identifier rapidement le style et d'embrasser la morale plus facilement. Si certaines histoires sont un peu simplettes, elles n'en fonctionnent pas moins par leur intemporalité.
"Demain les chiens" de Clifford D. Sidmak - 1952¤¤¤
"Demain les chiens" est un condensé de contes philosophiques écrit entre 1944 et 1951 cherchant à percer l'âme humaine par le biais d'intermédiaires pour le moins originaux: des chiens. Qui mieux que le meilleur ami de l'homme pour le comprendre, le juger voire remettre en cause sa propre existence ?
Se déroulant sur un espace-temps de 12 000 ans, les histoires contés dans l'ordre chronologique mettent en évident l'instinct autodestructeur de l'homme pour sa planète ainsi que sa propre espèce, par des décisions purement égoïstes et individualistes. Derrière des inventions et des avancées technologiques importantes, le monde tel que nous le connaissons n'est bouleversé que par un petit nombre de décideurs, mettant en évidence une critique acide de l'échiquier politique.
Malgré cet aspect sombre de l'être humain, Sidmak laisse une grande part à l'optimisme et à l'éradication du mal en utilisant la réflexion canine (venant des robots, et donc de l'homme) et la philosophie comme fondations pour un monde idéal. Malgré le final à la tristesse poétique déchirante, on ressort de la lecture avec un sourire, en se disant que nous sommes capables du pire mais aussi du meilleur.