Mark Chopper a écrit:
Il y a un truc qui s'appelle les programmes et que le prof doit respecter. Sa marge de manoeuvre est de plus en plus limitée.
Collège + lycée = 7 années.
Exemple de programme au collège
Exemple de programme au lycée
Ça ne donne pas l'impression d'une marge de manœuvre limitée. A la fin du cursus scolaire, ça fait potentiellement un paquet d’œuvres et d'auteurs étudiés, et pas uniquement les mêmes. Les programmes proposent, le prof fait son choix, et le choix est large, quoi que tu sembles en penser.
Mark Chopper a écrit:Si tu n'as pas l'impression que pas mal de gens sont dégoûtés de la littérature au lycée et ne s'y remettent jamais plus tard, je pense qu'on ne vit pas dans le même monde.
Concernant cette accusation d'être un doux rêveur claquemuré dans sa tour d'ivoire...
Mark Chopper a écrit:J'ai personnellement ce problème avec la poésie : impossible d'en lire encore aujourd'hui, parce que le collège et le lycée ont saboté ma vision de la poésie, à grand renfort de termes comme "césure", alors que l'intérêt est tout autre.
Non. L'image du poète voyant, en contact avec la parole divine, c'est une chose, mais cela n'empêche pas que la poésie soit avant tout un travail sur la langue et que les choix d'un poète, qu'ils soient prosodiques ou autre, participent au sens. Lire une fable de La Fontaine, c'est facile (encore que pas toujours). Mais pour peu que tu t'amuses à regarder dans les détails, ça devient vite vertigineux et génial. Après, on peut se contenter de lire un poème des Contemplations avec force trémolos dans la voix pour se convaincre que c'est beau et en ignorant royalement les choix stylistiques de Hugo, c'est sûr, mais bon, c'est peut-être justement laisser de côté l'essentiel de "l'intérêt".
Mark Chopper a écrit:Ce n'est pas tant le sujet qui compte qui dicte mon exemple, j'aurais pu citer un Hemingway par exemple, ou tout auteur au style très simple en apparence, bien qu'il soit très travaillé, qui le rend plus accessible.
On ne va pas leur faire lire un texte russe de 1000 pages, Proust ou Joyce.
Un texte russe de 1000 pages, non, pour sûr ! Par contre faire lire le Joueur de Dostoievski, une page de Proust croustillante (oui, oui, je t'assure qu'il y en a) ou un extrait du monologue de Mony Bloom dans Ulysse pour montrer une tentative de monologue intérieur, ça doit être possible. Au professeur de rendre ceci accessible, "style simple en apparence" ou pas. D'ailleurs, pourquoi un "style simple" ? Tirer un peu vers le haut, sortir des sentiers battus, c'est pas mal aussi. (sinon c'est pas toujours très bandant Hemingway, non ?)