[Auteur] Cormac McCarthy et ses oeuvres

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[Auteur] Cormac McCarthy et ses oeuvres

Messagepar Waylander » Dim 09 Mai 2010, 17:22



BIOGRAPHIE:

Cormac McCarthy naît en 1933, sous le nom de Charles McCarthy. La famille déménage à Knoxville, Tennessee, alors qu'il a quatre ans. Il y fait toute sa scolarité et entre à l'université du Tennessee où il étudie les Arts. L'année de ses vingt ans il entre à l'armée et y reste quatre ans, dont deux en Alaska où il anime une émission de radio. En 1957 il retourne à l'université et écrit deux nouvelles, primées en 1959 et 1960, pour la revue littéraire des étudiants. L'année suivante il épouse Lee Holeman, étudiante elle aussi, avec qui il a un fils, Cullen. Il quitte définitivement l'université et part pour Chicago avec sa femme et leur fils. Là, il travaille comme mécanicien automobile, et écrit son premier roman. Puis il retourne dans le Tennessee, et son mariage se termine peu après. Le Gardien du verger est publié en 1965 par l'éditeur de Faulkner. Juste avant la publication, McCarthy reçoit une bourse de voyage de l'American Academy of Arts and Letters. Il part dans l'idée de visiter les terres de ses ancêtres irlandais. Pendant la traversée il rencontre Anne DeLisle, qu'il épouse en Angleterre en 1966. Cette même année, il reçoit une bourse de la Fondation Rockefeller, qui lui permet de voyager avec sa femme en Europe, avant de s'installer à Ibiza où il écrit son deuxième roman.


Le couple rentre aux Etats-Unis en 1967 et habite près de Knoxville. L'Obscurité du dehors est publié et reçoit, tout comme Le Gardien du verger, des critiques très favorables. En 1969, la Fondation Guggenheim attribue à McCarthy une bourse qui lui permet d'acheter une grange, qu'il rénove tout en écrivant son troisième livre. Un enfant de Dieu, basé sur des faits réels et se déroulant comme son roman précédent dans le sud des Appalaches, (1973). A la fin de son mariage en 1976, il déménage pour El Paso, au Texas. Suttree, son quatrième roman, souvent considéré comme le meilleur, sort en 1979. Oeuvre de longue haleine, il y travaillait par intermittence depuis vingt ans.


Deux ans plus tard, il reçoit une bourse MacArthur qui lui permet de vivre jusqu'à la publication en 1985 du Méridien de sang, western apocalyptique et historique se déroulant au Texas et au Mexique dans les années 1840. Malgré une sortie assez discrète, il est maintenant vu comme capital dans l'oeuvre de McCarthy, dont il marque un tournant. Après la retraite de son éditeur chez Random House, il passe chez Knopf, qui lui assure une plus grande couverture médiatique. Fait rarissime, il donne une interview au New York Times Magazine. Le premier tome de sa Trilogie du confin, De si jolis chevaux, sort en 1992 et reçoit des critiques élogieuses, mais surtout touche le large public qui échappait jusque-là à McCarthy. Le deuxième tome, Le Grand Passage, sort en 1994, tiré à 200 000 exemplaires, et réédité à 25 000 avant la fin du premier mois en librairie. En 1998, Des villes dans la plaine clôt la trilogie. Bien qu'il soit moins remarquable que les deux premiers tomes, il les unit et les fait résonner avec Suttree.

Dans le même temps, il se marie une troisième fois et déménage avec sa nouvelle femme à Santa Fe, au Nouveau-Mexique, où il habite encore aujourd'hui. Non, Ce Pays n'est pas pour le Vieil Homme paraît en 2005, suivi en 2006 de La Route, où McCarthy raconte la lutte d'un homme et de son fils dans une Amérique post-apocalyptique. Non, ce n'est pas pour le vieil homme est en cours d'adaptation cinématographique par les frères Coen. Cormac McCarthy mène aujourd'hui une vie secrète, à l'instar d'un autre grand romancier américain à qui on l'a souvent comparé, Thomas Pynchon. A part les grandes lignes de sa biographie, nous savons peu de choses sur lui, si ce n'est qu'il n'aime pas parler d'écriture, que son roman préféré est Moby Dick, et qu'il est mis sur le même pied que Pynchon, DeLillo ou Philip Roth par le critique Harold Bloom.






POUR EN SAVOIR PLUS:





Interview
(anglais sans sous-titres)




Bibliographie



La trilogie des Confins:





Adaptations cinématographiques:




Mes critiques :




Blood Meridian par Ridley Scott normalement mais le nom de Todd Field circule aussi.
Cities of the Plain par le réalisateur du somptueux The assassination of Jesse James by the coward Robert Ford
à savoir, Andrew Dominik

Topics des films :




Mes lectures:



Cormac McCarthy signe une œuvre bouleversante (c'est la première fois de ma vie que je pleure presque à la fin d'un bouquin) et sèche, aride, grisâtre, dépressive, où les entités survivantes ne sont que des lambeaux de la civilisation humaine. Solitude, errance, survie (et sur ce thème Cormac explore des techniques de survie poussées, simples mais efficaces , réflexes ataviques d'une adaptation forcée à une condition extrême) et enfoui très profondément il ya l'étincelle, l'espoir. Le père inculque au files des valeurs qui n'ont plus lieu d'être normalement. La plupart des hommes ayant certainement choisit les facilité donc le cannibalisme (comme le sous entend le passage du bébé cuit à la broche quand 2 jours avant le père et son fils se dissimulaient aux yeux de trois personnes dont une femme enceinte..On peut supposer qu'ils se reproduisent uniquement pour manger...).

On porte le feu papa?
Oui on porte le feu.

Voilà le but du roman. Le but même de la survie est décrit comme une simple petite flamme en chacun de nous : l'espoir d'une vie meilleure, d'un retour à la normalité (normalité qui est non pas de survivre mais de vivre). Toute la forme est à l'extrême de ce qu'il inculque, de ce qu'il fait passer aux lecteurs. Oui le père aura plus d'une fois eu l'envie de mourir, de tuer son fils pour le soulager d'une existence suffocante, dangereuse et dépressive. Le fils porte réellement l'espoir en lui et quand son père perd peu à peu de son humanité afin de préserver sa vie mais surtout celle de son fils, le petit se tient tout prêt et rappel son paternel à l'ordre.
Le monde n'est pas si mal et tous les gens de cette terre ne sont pas aisément corruptibles comme on pourrait le supposer et cela même dans les pires conditions.
Tant que des valeurs, qu'une humanité continue de perdurer dans les cœurs, alors tout n'est pas fini. C'est une maigre ligne, une mince frontière et souvent le père est prêt de basculer. Le roman possède une véritable "âme" car il développe vraiment à l'excellence l'état d'esprit d'un survivant, d'un père, d'un homme. Le fils étant la nouvelle génération, l'espoir d'une nouvelle jeunesse qui aura acquis une éthique que le père avait du mal par moment à appliquer. Le fils sera ce nouvel homme, évolution du père. Logique de la reproduction.


On ne connaitra que très peu le passé du père et encore moins du fils. Pas de noms. Pas de passé.

Pas de noms comme si les perosnnages avaient oubliés leur appellation propre. Comme si les années avaient commencés à effacer les souvenirs. Pourtant, comme le dit le père, "On se souvient toujours de ce qu'il faut oublier et on oubli ce dont il faut se souvenir". La femme, la verdure, l'éclat de la lumière, le feu, et la décision pour celle-ci d'en finir en sortant dans la nuit ...voilà le peu de souvenirs.
Tout est gris et les paysages sont appauvris par une pluie de cendres venant recouvrir d'un linceul funèbre un nouvel enfer rendu presque organique par ses arbres qui tombent un à un dans de lourds grondements assourdissants et ces flammes qui surgissent de nulle part, ayant déjà tout carbonisés dans des temps immémoriaux...

Cormac McCarthy n'hésite pas à choquer en décrivant des passages très durs (notamment les le morts carbonisés quasiment rattachés au sol de gravier tout aussi fondu de la route, les deux s'assemblant dans une sorte de monstre à la The thing ou le bébé carbonisé sur une broche au-dessus d'un feu mais encore l'homme foudroyé encore en vie, cherchant à marcher et à continuer de vivre etc...).
la fin porte le feu. Inévitablement. Car tout n'est pas si noir que l'on croit de nos jours.

On reproche souvent la répétitivité du roman (niveau intrigue et style) alors que c'est voulut et que c'est très cohérent avec l'univers, l'ambiance et le sujet du livre. Cela augmente la forte impression de lassitude, de dépression, et le lecteur s'identifie plus facilement, rentre plus facilement dans les personnage et leurs sentiments, leurs questions existentielles et surtout leur état d'esprit. il y a par ailleurs des passage d'une rare violence et d'une intensité telle dans le style que j'en ai noté certaines qui valent le détour.
Le roman est court, efficace, sans chapitres (il n'y pas d'interruption, nous sommes avec le père et le fils sur la route, il n'y a pas de fin pas de pauses véritables = le père ne dort quasiment jamais donc il y a toujours un personnage éveillé et le fait de ne pas mettre de chapitre appuie ce sentiment d'épuisement, de ne jamais voir le bout du chemin etc...), avec des dialogues laconiques sans ponctuations ce qui soulignent grandement des paroles sortis d'être fatigués, lassés, déprimés, et ces mots sortent difficilement, comme s'ils avaient oubliés les longues phrases, le dialogue, les relations verbales avec autrui etc... tout dans le livre est entrain de glisser : l'humanité du père, innocence du petit, le monde, les souvenirs de celui-ci, etc... Le style du livre me parait logique et intelligent. Clairement le meilleur roman du genre actuellement avec I am legend. je parle des romans post-apo one man show (ou presque pour La Route).


Quelques extraits que j'ai relevé (ou passages très courts):

" On se souvient toujours de ce qu'il faut oublier et on oublie ce dont il faut se souvenir".

"Sur les routes là-bas les fugitifs s'écroulaient et tombaient et mouraient et la terre glauque sous son linceul suivait tant bien que mal son chemin de l'autre côté du soleil et s'en retournait aussi vierge de toute trace et tout aussi ignorée que la trajectoire de n'importe quelle planète soeur innommée dans le noir immémmorial."


"Peut-être que dans la destruction du monde il serait enfin possible de voir comment il était fait. Les océans, les montagnes. L'accablant contre-spectacle des choses entrain de cesser d'être. L'absolue désolation , hydropique et froidement temporelle. Le silence."



"Et peut-être qu'au-delà de ces vagues en deuil il y avait un autre homme qui marchait avec un autre enfant sur les sables gris et morts. Peut-être endormis séparés d'eux par à peine une mer sur une autre plage parmi les cendres amères du monde ou peut-être debout dans leurs guenilles oubliés du même indifférent soleil."

" Il les regardait pendant qu'ils éventraient à coups de pic et de pioche le sol rocailleux à flanc de colline et qu'ils ramenaient à la lumière du jour un énorme nœud de serpents au nombre peut-être d'une centaine. Agglutinés là pour partager une chaleur commune. Les tubes mats de leurs corps commençant à bouger paresseusement dans la dure et froide lumière du jour. Comme les intestins d'une énorme bête exposés à la lumière du jour. Les hommes les aspergeaient d'essence et les brûlaient vifs, n'ayant pas de remède pour le mal mais seulement pour l'image du mal tel qu'ils se le représentaient."




Western ultra violent, Blood Meridian fait partie des œuvres qui marquent. Une longue marche sanglante à travers les paysages arides du Mexique. McCrathy avait déjà un style basé sur une prolifération de "et" remplaçant les virgules mais , comparé à la Route, celui-ci est plus dense, et profite de plus de descriptions. L'environnement est traité comme un personnage à part entière et les différentes personnification sont là pour le prouver "l'aube les accueillaient.." et le roman est vraiment terrible : massacre purement gratuits de toute une troupe (un type tue même les nouveaux-nés en les fracassant contre des pierres) ou de l'ignoble nécrophilie en passant par les bébés pendus aux arbres secs sous l'insatiable fournaise qui se repait de la vie qui se perd sur ses terres brulantes.
Les Indiens ne sont pas ici traité de façon manichéenne.

Pas de gentils Indiens : ils tuent et sont ultra violents comme les blancs. on voit passer toutes les origines de l'époque et personne n'est tout blanc. Tous des psychopathes en puissance et ici on assiste à une survie complètement folle , sans éthique, sas frontières, et vraiment étouffante à cause du climat et de cette longue quête insensée. Le soleil, les carcasses d'animaux , de charrues, d'hommes, tous gisants morts sous l'étoile intense qui n'offre pas sa pitié . Les personnages marchent, galopent, trottent et souffrent sur ces terrains abandonnés des hommes sensés. On les suit et on voit des coyotes, des loups, on ressent cette solitude extrême qui ne peut engendrer chez les quelques fous qui s'y aventurent que de drôles d'envies sanguinaires.

Pas de place pour la lumière. Les descriptions de McCarthy côtoient le divin, et par-derrière, s'accouplent avec le Diable en personne. La lecture peut se révéler assez difficile car il y a peu de dialogues et ceux-ci ne sont pas ponctués (comme la Route) et les nombreuses descriptions -comparatives et qui touchent souvent à la personnification des paysages et parfois de nombreuses allégories religieuses- peuvent parfois freiner. mais c'est justement ça la force de ce roman : le style. Jamais je n'avais lu un tel livre et c'est une claque immense que je me suis pris.
C'est une véritable descente aux enfers pourtant magnifiée par ce style qui assure une écriture qui laisse bouche bée.
Ce n'est pas l'histoire qui fera date mais vraiment l'ambiance à la fois contemplative, ultra violente (excessive parfois) et sans compromis. Les protagonistes ne sont jamais attachants ni même intéressants car le silence et la violence les envahit trop. Une grand-mère abattue d'un coup sans aucun remord par exemple. Des vieillards ,des enfants, et les têtes du groupe sont encore plus aberrantes par leur pensés et leurs valeurs.

C'est vraiment très fort, noir et poussiéreux, et c'est une expérience inédite dans le genre pour moi.
Crépusculaire, totalement barré et absurde dans les quelques dialogues spirituelles et philosophiques du Juge, la quête de ces hommes est sans fondements. Ils n'auront conquis que le chaos le plus total, le désert le plus arride. La fin du livre est vraiment ridicule (dans le bon sens du terme)
et l'épilogue déchire avec cet homme qui creuse et met le feu au trou (pétrole donc).
Une conquête de l'Ouest revisitée et purgée des bons cotés.

Lien

Excellente analyse du livre bien que je sois pas d'accord avec tout mais ça me parait vraiment juste et profond. Le livre peut vraiment déstabiliser dans son fond et son ambiance ainsi que le style mais franchement c'est un chef d'oeuvre niveau écriture. Après c'est quand même ambiguë je trouve au final. Ya des passages excellents dont les 20 pages et quelques pages façon survival dans le désert. Comment il kifferais Scalp.


Quelques passages ou phrases ou répliques:


" Voici l'enfant. Il est pâle et maigre, sa chemise de toile est mince et en lambeaux. Il tisonne le feu près de la souillarde. dehors s'étendent des terres sombres retournées piquées de lambeaux de neige et plus sombres au loin des bois où s'abritent encore les derniers loups. Sa famille ce sont des tâcherons, fendeurs de bois et puiseurs d'eau, mais en vérité son père a été maitre d'école. Il ne dessoûle jamais, il cite des poètes dont les noms sont maintenant oubliés. Le petit est accroupi devant le feu et l'observe.[...]La mère morte depuis quatorze ans a nourri dans son sein la créature qui allait l'emporter. Jamais le père ne prononce son nom, l'enfant ne le connait pas. I a en ce monde une sœur qu'il ne reverra pas. Il observe, pâle et pas lavé. Il ne sait ni lire ni écrire et déjà couve en lui un appétit de violence aveugle."

" Dieu a créé ce monde mais il l'a pas fait au goût de chacun ,pas vrai? [...]
J'peux m'imaginer des endroits mieux et où on serait mieux.
Est-ce que tu peux faire qu'ils existent?
Non.
Non. C'est un mystère.[...] Tu peux trouver trouver du vice chez la moindre de créatures, mais quand Dieu a créé l'homme le Diable était à son côté. Une créature qui peut faire n'importe quoi. Faire une machine. Et une machine pour faire la machine. Et le mal qui peut tourner tout seul pendant mille ans, pas besoin de s'en occuper. Tu le crois?
J'sais pas.
Faut que tu le croies."


" Toute la nuit des nappes d'éclairs sans origine palpitèrent à l'occident derrière les nuées d'orages nocturnes, muant le désert en jour bleuâtre, les montagnes sur cet horizon éphémère massives et noires et livides comme une terre d'un autre ordre dont la vraie géologie n'était point la pierre mais la peur."

" [...] Cavaliers fantômes, pâles de poussière, anonymes dans la chaleur crénelée. Avant tout on eût dit des êtres à la merci du hasard, élémentaires, provisoires, étrangers à tout ordre. Des créatures surgies de la roche brute et lâchées sans nom et rivées à leurs propres mirages pour s'en aller rapaces et damnées et muettes rôder comme les gorgones errant dans les brutales solitudes du Gondwana en un temps d'avant la nomenclature où chacun était tout."




Roman le plus court de l'auteur, Un enfant de Dieu est une sorte d'ovni d'une noirceur et d'une violence rare. Le personnage principal est un rebus de la société, chassé et rejeté, et malgré ses 27 ans, on apprend très pe ude choses de lui malgré un passif familial déjà bizarre et d'une certaine violence.
Il erre, il marche,il chasse, il regarde.
Il se masturbe sur un couple entrain de forniquer dans une voiture. Il viole des morts, porte des vêteme,nts de femmes, parle peu et s'effraye parfois de l'écho de sa propre voix.
Autour de lui i l y a quelques autres cas sociaux dont les filles d'un père qui parfois monte une d'elle et celles-ci qui vendent leur cul à n'importe qui..
Environnement est rural. C'est reclus. C'est froid, pauvre, et les gens du coin sont pas forcément des gentils non plus.
Lui, Ballard, au fur et à mesure il sombre. Il vit dans des grottes, il erre tel un Gollum à la recherche de son anneau sauf que lui ne cherche rien. Le Mal à plusieurs sources et Ballard les as toutes connues plus ou moins : solitude, errance, enfance brisée, entourage et environnement non propice à l'épanouissement et à la morale bien etc...
Sans repères et sans rien , il est, comme le dis l'auteur "un enfant de Dieu certainement comme vous et moi". Oui, Dieu crée les hommes et ça inclus les déchets : les tueurs, les psychopathes, sociopathes etc...

Le livre dérange. Pas de héros, pas de morale, juste de la violence, de l'errance et un changement brutal dans le comportement d'un homme qui au départ s'amusait à viser des animaux avec son fusil en imitant le bruit d'un coup de feu puis finit par le faire réellement sur une petite fille (il laisse même cramer le petit frère, tout petit) et d'autres humains.

Le style est sec, brutal et c'est souvent très glauque, malsain, crasseux.
Pas son meilleur roman mais indéniablement original et percutant mais très dérangeant, bizarre à la lecture.
A noter qu'il n'y pas de répétitions de "et" dans ce roman contrairement à La Route et Méridien de sang. Par contre, les chapitres sont très courts et n'ont pas de dénominations (ni chiffre ni tire, rien en fait).


Quelques extraits :


" Tout ce qui restait des cabinets de la maison se réduisait à quelques débris de planches vermoulus envahis d'une mousse viridienne qui gisaient dans un trou peu profond d'où les mauvaises herbes poussaient en mutations démesurées. Ballard les longea passa derrière la grange où il se fraya une trouée dans les touffes de datura et de belladone, et s'accroupit pour chier. Un oiseau chanta dans les fougères chaudes et empoussiérées. L'oiseau s'envola. Ballard s'essuya avec un bâton , se leva en remontant son pantalon tombé à terre. Déjà des mouches vertes escaladaient le colombin sombre et bosselé."



" Tous les ennuis que j'ai eus, dit Ballard, ç'a été à cause du whisky et des bonnes femmes ou les deux. Il avait souvent entendu des types dire ça.
Tous les ennuis que j'ai eus, c'est parce que je me suis fait gauler, dit le Noir."



" Il gravissait une méchante piste à travers les bois de la carrière où gisent partout alentour d'énormes blocs et des plaques de pierre grise et patinée, envahis de mousse vert sombre, monolithes renversés parmi les arbres et les vignes comme les vestiges d'une race humaine plus ancienne."


" Ici les parois , avec leurs circonvolutions aux formes douces, salivantes de boue humide et rouge sang, avaient quelque chose d'organique, comme les viscères de quelque grande bête. Là, dans les entrailles de la montagne Ballard dirigea sa lampe sur des saillies , des grabats de pierre où, tels des saints, des morts reposaient."


Je n'aurais jamais du lire le roman après avoir vu le chef d'oeuvre des Frères Coen. En effet, le film est un pour copié collé du bouquin. A la virgule près par moment, et souvent à la description près. On retiendra 2-3 passages qui ne sont pas dans le film comme un petit bout de route façon Road movie entre Moss( Josh Brolin dans le film) et une fille de 15 piges un peu paumée ou encore le tueur (Bardem) qui rencontre le propriétaire de la mallette et passe un marché avec lui ou bine les 15- 20 dernières pages entièrement sur Belle (Tommy Lee Jones). tout le reste c'est dans le film.
Le style de ce roman de McCarhty bah bizarrement je le trouve faiblard comparé à La Route ou Méridien de sang. Dans No country for old men c'est bien moins léché, ya moins de description et plus de dialogues que dans les deux livres su-cités (et même que dans l'enfant de Dieu). Du coup, ça fait (pour le moment) de ce No country..son roman le plus rythmé. Au final je trouve que dans le roman le personnage de Bell (Tommy Lee) est bien plus développé que dans le film qui zappe un peu pas mal de choses sur lui mais en repensant au film je me dis que c'était pas nécessaire de s'étaler de toute façon : les rares dialogues et voix-off du perso suffisent à le comprendre. Limite dans le bouquin ça insiste trop sur la nostalgie, les vieux, l'évolution du monde, la mélancolie, une époque passé légèrement fantasmée bien que parfois Belle raconte des évènements qui tendent à penser que ça empire réellement ; comme le passage sur les professeurs à qui ont demandaient de son temps ce qui les dérangeaient dans les écoles (le passage il est plus bas si vous voulez le lire).
Ya aussi une sacré vision noire et pessimiste des USA et de son histoire sanglante et décalée (comme dans Méridien de sang et l'enfant de Dieu). Le perso du tueur est dérangeant :répondant à ses seuls codes et règles il est bizarre. Imprévisible, impassible, invincible du coup et ce détail gênera certains mais c'est aussi une parabole pour dire que le "mal" est là et sera toujours là et que très souvent, c'est lui le plus apte à survivre dans un monde impitoyable. Moss est un mec banal qui est tenté et malgré ce qu'il lui arrive il continue dans sa lancée alors que s'i lavait stoppé tout ça il aurait pu d'une part surement survivre et d'autre part bah sauver sa femme. Comme le dit Belle, ya parfois des gens plein de bonne volonté qui finissent mal parce qu'ils sont pas capables de dire non à la tentation ou d'accepter la défaite, les conséquences de leurs actes. De déposer les armes.

Enfin bref, pas mon livre favori de l'écrivain mais très bon quand même. Le fait d'adoré le film et de lire le livre après ça doit jouer sur ma petite déception.

Quelques passages:

" Par ici voilà quelques temps il y avait deux types qui s'étaient rencontrés et il y en avait un de Californie et l'autre de Floride. Et ils s'étaient rencontrés à un endroit ou un autre entre les deux. Et ensuite ils ont couru le pays ensemble en tuant des gens. J'ai oublié combien ils en ont tués. Bon combien y at-il de chances pour qu'une chose comme ça se produise? Ces deux types-là n'avaient jamais posé les yeux l'un sur l'autre. Il ne doit pas y avoir des tas comme eux. Je ne crois pas . Bon, on n'en sait rien. Ici,l'autre jour il y a une femme qui a balancé son gosse dans le broyeur à ordures. Qui imaginerait une chose pareille? Ma femme ne veut plus lire le journal. Elle a sans doute raison."


" Il reste un moment à contempler le désert. Tellement silencieux. Le bourdonnement sourd du vent dans les fils électriques. Les hautes herbes sanguinaires le long de la route. La sacahuiste et l'herbe-scie. Plus loin dans les pierres des arroyos les traces des lézards géants. Les montagnes de roche nue plongées dans l'ombre du soleil finissant et à l'est l'abscisse miroitante des plaines du désert sous un ciel tendu de rideaux de pluie noirs comme de la suie sur tout l'arc de l'horizon. Dans le silence habite ce dieu qui a passé au sel et à la cendre les terres ainsi laminées."

" Je crois que si on était Satan et qu'on commençait à réfléchir pour essayer de trouver quelque chose pour en finir avec l'espèce humaine ce serait probablement la drogue qu'on choisirait."

" Voici quelques temps j'ai lu dans le journal que des enseignants sont tombés sur un questionnaire qui avait été envoyé dans les années trente à un certain nombre d'établissements scolaires de tout le pays. Donc ils ont eu entre les mains ce questionnaire sur les problèmes rencontrés par les enseignants dans leur travail. Et ils ont retrouvés les formulaires qui avaient été remplis et renvoyés par des établissements de tout le pays en réponse au questionnaire. Et les plus gros problèmes signalés c'étaient des trucs comme parler en classe et courir dans les couloirs. Mâcher du chewing-gum. Copier en classe. Des trucs du même tabac. Alors les enseignants en question ont pris un formulaire vierge et en ont imprimé un paquet et ont envoyé les formulaires aux mêmes établissements. Quarante ans plus tard. Voici quelques-unes des réponses. Les viols, les incendies volontaires, les meurtres. La drogue. Les suicides. Alors ça m'a fait réfléchir. Parce que la plupart du temps chaque fois que je dis quelque chose sur le monde qui part à vau-l'eau on me regarde avec un sourire en coin et on me dit que je vieillis. Que c'est un des symptômes. Mais ce que je pense à ce sujet c'est que quelqu'un qui ne peut pas voir la différence entre violer et assassiner des gens et mâcher du chewing-gum a un problème autrement plus grave que le problème que j'ai moi".



McCarthy signe un premier roman déjà bien encré dans ce qui fera "Méridien de sang" et surtout son style, ses ambiances et ses environnements. Un des reproches que l'on pourrait faire à cet auteur c'est ses personnages et ses histoires : pas palpitantes, des protagonistes pas très développés (tout est subtil: c'est dans les actes et non dans les descriptions ou dialogues que l'on en apprend sur eux). Le gardien du verger c'est long à se mettre en place, long à poser les enjeux et l'intrigue mais en réalité ya pas vraiment d'enjeux ou d'intrigues. On suit des personnages qui vont se rencontrer ou être lier par une mort, une chasse matinale , etc... Il y a toujours une vraie situation de départ de présentée : ici c'est les années 30, la prohibition, la campagne reculée où le gens parlent en mâchant des mots, en crachant par-terre et se connaissent tous plus ou moins. Le vrai talent de McCarthy c'est son style, l'ambiance qu'il instaure et ses thèmes : la violence, les coins reculés, la nature très présente dans certaines de ses œuvres et décrite comme un vestige de la planète. Les bois, les animaux, les ombres furtives de la nuit, le rapport des hommes à la terre, la vie parfois glauque, crasseuse et solitaire des bois, des prairies, des ruines ancestrales de villages oubliés... Dans ce roman et dans "Méridien de sang", ces allusions sont très présentes et importantes mais on retrouve ça dans "La route", moins dans "No country for old men" et pas mal dans "L'enfant de Dieu".
L'ambiance champêtre est excellente et McCarthy nous étale ses descriptions de la flore comme personne en utilisant de nombreux adjectifs et noms sortis certainement de divers patois perdus de là-bas ou surnoms de noms tout aussi éteints sous les langages manipulés. L'histoire est assez originale même si le résumé n'est pas tout à fait dans le vrai puisque McCarthy ne se fixe pas sur le synopsis du livre mais se prend d'amour pour l'environnement plus que son histoire. Encore une fois la notion d'époque révolue, de gens oubliés qui disparaissent à jamais, un genre d'homme fini, la violence (ici latente) des hommes vis à vis de la nature et envers eux-mêmes.
Bref, Le gardien du verger impose un auteur sacré, quand in même ce premier roman n'est pas mon favori niveau fond mais style c'est comme pour"La route" et"Méridien de sang": j'adore. Mais faut reconnaitre que ça peut-être déstabilisant car l'auteur se perd dans son intrigue (c'est voulut je pense) et du coup parfois on lit 20 pages mais qui ne développé en rien l'idée de départ. Même bien plus de pages que ça. Dans ces moment-là, l'auteur met en avant une ambiance, l'environnement, etc..ou développe ses perosnnages à travers des passages en italiques liés à des souvenirs, des flash-back.

Quelques passages:

" Dans la relative fraicheur des bois, la sarigue et la muscadine fleurissent avec une obscène fécondité, et le parterre de la forêt- jonché de vieux troncs moussus, peuplé d'oronges vénéneuses, étranges et solennelles parmi les fougères et la vigne vierge et légèrement inclinées en arrière pour laisser voir leurs ouïes délicates de la teinte du foie cru- a quelque chose de primitif, marais carbonifères où parmi les fumées guettent d'antiques sauriens dans un simulacre de sommeil."

"La plaine était envahie d'aiguillettes écailleuses sortie de la rivière , poissons d'aspects féroce et primitif au long bec garni de dents, survivants inchangés depuis les marais mésozoïques , et plus avant dans la saison leurs squelettes jaunis et dépecés orneraient l'argile craquelée où l'eau les abandonnerait à qui parmi les harpies querelleuses , les corneilles piscivores ou les busards voudrait goûter à leurs carcasses , puante merveille pour les gamins."

" Il n'y avait plus de vent et les bois nocturnes dans leur quiétude qui respirait à peine ne contenaient pas d'autre son que la tendre chute de la pluie, l'écoulement de gouttes d'eau le long d'une branche - leur chute mesurée dans la coupelle d'une feuille. Avec de l'herbe dans la bouche le vieil homme se redressa et regarda autour de lui, entendit la voix de suppliante de la pluie, douve mélopée dans la sombre magie qui appelle la terre à ses fiançailles".

" Les morts enfouis dans la croute terrestre et tournant selon le lent diurnal de la roue terrestre, en paix avec les éclipses, les astéroïdes, les poudreuses novas, leurs os tachés de moisissure et la moelle captive changée en pierre fragile, tournant, leurs doigts enchevêtres de racines, ne faisant qu'un avec Toutankhamon et Agamemnon, avec la semence et les naissances à venir."

"Ils sont partis à présent. Enfuis, bannis dans la mort ou l'exil, perdus, défaits. Sur la terre, le soleil et le vent reviennent encore bruler et secouer les arbres, l'herbe. De ces gens rien ne demeure, aucun avatar, aucun descendant, aucun vestige. Sur les lèvres de l'étrange race qui habite ici désormais leurs noms sont mythe,légende,poussière."





Le style est déjà amené différemment après son premier roman et ici commence les répétition de "et" mais c'est encore assez rare. Je trouve que l'histoire est plus "claire" que dans "le gardien du verger" mais encore une fois (et malgré une intrigue moins floue que dans Gardien du verger") le but de cette histoire est flou, malgré des persos plus étoffés que dans son premier roman. Ici il est question d'un frère et d'une sœur, d'un bébé issu d'une relation consanguine que l'homme ira abandonné dans les bois en pleine nuit, sous un orage tenace. un colporteur le récupérera et l'amènera avec lui. Plus tard la fille sachant à moitié la vérité, elle parcourra les routes à la recherche de son enfant. Le frère quant à lui erre, la suit de loin et vit en solitaire, marchant régulièrement à la recherche d'ouvrage afin de gagner sa croute ou son logis. Les deux feront face à une campagne profonde, glauque, parsemé d'hommes et de femmes vivant pauvrement, oubliés du monde et pauvres. Des hommes parfois très aimables mais sous couvert d'un appétit de violence et de justice saignante. Dans cet environnement inquiétant surgissent parfois des hors(la-loi ne connaissant rien d'autres que leurs propres valeurs. Les maisons insalubres et abandonnées, la vie crasseuse , la nature omniprésente. Le roman bénéficie d'une très forte scène pleine de tension dans les bois entre le jeune Holme et trois hommes sortis de nulle part. Forte scène où McCarthy joue sur le silence profond d'une nature qui s'est comme stoppée face aux hommes et au mal qui pourrait surgir n'importe quand, comme si les oiseaux , les mulots et rapaces nocturnes se préparaient au pire.

cormac McCarthy raconte des histoires qui ont certainement du avoir lieu assez souvent, dans des lieux perdus, isolés, des quai no man's land où ne règne rien d'autre que la pauvreté et des lois qui jaillissaient de partout et de nulle part à la fois. une sorte d'anarchie champêtre où les hommes eux-mêmes se sont oubliés, agissant n'importe comment et ce roman veut mettre en avant (discrètement à la consanguinité qui a régné aux USA dans certains coins et qui se perpétuent encore et toujours de toute façon faut pas se leurrer. Plus largement il y en partout.
La fin est assez choquante avec l'enfant borgne, brulé sur le coté du corps et égorgé en direct devant Holme par un des trois hors-la-loi. on sait pas vraiment s'il s'agissait de l'enfant de Holme et de sa sœur mais certainement que oui vu qu'il était avec le colporteur dans les bois et qu'après le massacre (colporteur pendu et enfant égorgé) la fille arrive sur les lieux , voyant les affaires brulés et le feu éteint. Attendant que le colporteur revienne alors que celui-ci est pendu haut dans les arbres. Violence gratuit ou non, ce genre de truc parait aberrant et pourtant...


Passages:

" Ils surgirent sur la crête de la falaise dans le soleil de l'après-midi finissant, leurs ombres étirées dessinées sur la roche et les carex calcinés, se déplaçant à la file et lentement à l'aplomb de la rivière avec quelque chose de sa propre implacabilité, s'arrêtant et se regroupant un instant et repartant alignés les uns derrières les autres à contre-jour dans le soleil puis descendant sous la crête de la colline dans un repli d'ombre bleue, la lumière touchant leurs têtes auréolées de fausse sainteté et ils continuèrent ainsi jusqu'au moment où l'on vit le soleil disparaitre tout à fait de sorte qu'ils se déplaçaient entièrement dans l'ombre, ce qui leur convenait fort bien."

" Quand il fit irruption dans la clairière entre les peupliers cotonneux il tomba et resta étendu le visage sur le sol. Et tandis qu'il était couché là, une lointaine zébrure de foudre marqua le ciel d'un éclat bleuâtre et lui livra dans un premier regard d'oiseau embryonnaire sur le monde, éphémère et scandaleuse apparition d'un bord à l'autre de l'obscurité, une ultime vision de la grotte et de l'informe protoplasme blanc luttant sur l'épaisse, l'incunable mousse comme un lièvre exsangue des marais. Peut-être l'eut-il confondue avec je ne sais quel parent invertébré de l'épouvante de son cœur si l'enfant n'avait poussé un cri."


" Quand ils sortirent dans le pâle clair de lune, le colporteur marchant à son côté et elle portant l'enfant totalement emmailloté et invisible, ils avaient quelque chose de furtif, de clandestin, et leurs pas étaient silencieux et silencieuses leurs voix sur la route sableuse où ils marchaient parmi des ombres si rabougries qu'elles semblaient ivres et possédées d'une violence où leurs créateurs se déplaçaient dans une rêveuse irréalité".

" Devant lui s'étendait un désert spectral d'où ne dépassaient que des arbres dénudés dressés dans des attitudes de souffrance, vaguement hominoides comme des figurines dans un paysage de damnés. Un jardin des morts qui fumait vaguement et s'estompait pour se confondre avec la courbure de la terre. Il tâta du pied la tourbe qu'il voyait devant lui et elle se mit à monter, formant une grumeleuse boursouflure vulvaire qui vous aspirait. Il recula. Un vent fade s'exhalait de cette désolation et les roseaux du marais et les noires fougères au milieu desquels il se trouvait s'entrechoquaient doucement comme des créatures enchainées. Il se demandait pourquoi une route devait finir ainsi".




Certainement l'œuvre la plus "géologique" de l'écrivain de La Route, "De si jolis chevaux" est digne de figurer au rang des œuvres qui surprennent le plus. D'abord parce que l'on s'attend à quelque chose de sucrée, de beau, de niais mais vu l'auteur on sait très bien que ça ne sera pas le cas.
tout est là pour poser une quête initiatique sublime et ce n'est pas le cas. Le paysage est préhistorique, rocailleux, désertique, sec, les hommes sont muets, suspects, violents, l'ambiance est moins lourde que dans ses autres romans mais le no man's land se fait énormément ressentir.
Les protagonistes fuit leur pays pour trouver l'éden et s'y perdent corps et âme : à la fois l'amour des chevaux, l'amour d'un femme, la désillusion, la violence, l'éloignement, la solitude..
Toute l'intrigue ne repose que sur un fameux cheval finalement. Celui d'un jeune gamin paumé qui suit les deux jeunes adultes et devient une sorte de fardeau. Malgré tout une sorte de lien se créé.

Après une cavalcade pur récupérer le cheval perdu récupéré par de Mexicains, nos personnages vont tomber sur un ranch dans lequel ils vont travailler. John Grady Cole et la belle mexicaine doivent cacher leur amour, un drame survient et tosu sont séparés. Deux vont en prison, le jeune est abattu par la police etc...

L'intrigue est comme d'habitude assez spéciale à suivre: loin d'être linéaire il faut s'adapter à la ponctuation spéciale des romans de l'auteur et àsa manière d'amener les dialogues, d'organiser sa narration et de décrire les paysages très souvent avec une précision géologique experte et surprenante. Des comparaisons et des métaphores de génies, un style qui laisse bouche bée quand les images s'imposent au fer rouge dans notre imagination. Dans ce livre, le beau côtoie la violence, l'amour côtoie la haine, l'amitié côtoie une folie latente qui ne s'exprime que par à-coups et un passage exprime terriblement bien le fond même de ce premier tome de la trilogie des Confins :


" Il pensait que dans la beauté du monde il y avait un secret qui était caché. Il pensait que pour que batte le cœur du monde il y avait un prix terrible à payer et que la souffrance du monde et sa beauté évoluaient l'une par rapport à l'autre selon des principes de justice divergents et que dans l'abyssal déficit le sang des multitudes pourrait être le prix finalement exigé pour la vision d'une seule fleur."



Point barre.

316

hs: d'ailleurs on pourrait résumer les films de Terrence Malick de la même façon.

Quelques passages:


" Quand le vent était au Nord on pouvait les entendre, les chevaux et l'haleine des chevaux et les sabots des chevaux chaussés de cuir brut et le cliquetis des lances et le frottement continuel des barres des travois dans le sable comme le passage d'un énorme serpent et sur les chevaux sauvages les jeunes garçons tout nus folâtres comme des écuyers de cirque et poussant devant eux des chevaux sauvages et les chiens trottinant la langue pendante et la piétaille des esclaves suivant demi-nue derrière eux et cruellement chargée et la sourde mélopée sur tout cela de leus chants de route que les cavaliers psalmodiaient en chemin, nation et fantôme de nation passant au son d'un vague cantique à travers ce désert minéral pour disparaitre dans l'obscurité portant comme un graal étrangère à toute histoire et à tout souvenir la somme des vies à la fois séculaires et violentes et transitoires."


" Dans cette fausse aube bleue les Pléiades semblaient s'élever et sombrer dans l'obscurité au-dessus du monde et emporter avec elles toutes les étoiles, le grand diamant d'Orion et Céphée et la signature de Cassiopée, toutes remontant comme une nasse marine à travers la nuit phosphoreuse."

" Il se mit à la fenêtre du café désert pour observer les activités sur la place et il dit que le bon Dieu avait raison de faire que les jeunes qui commencent ignorent tout des vérités de la vie parce que sans cela ils n'auraient pas le courage de rien commencer."


Le fameux "i'm a poor lonesome cow-boy" n'a jamais trouvé plus bel écho que dans la dernière page du roman (337-338). L'écriture est impériale. Un de mes McCarthy préféré.





Musique m'inspirant très fortement l'univers McCarthy, surtout "Blood Meridian" dont je m'imagine déjà l'introduction du film en l'écoutant. :love: :roll: (Carter Burwell pour la musique du générique de No Country ford old men)
[youtube]<object width="480" height="385"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/vwGnW5L_Zrw&hl=fr_FR&fs=1&"></param><param name="allowFullScreen" value="true"></param><param name="allowscriptaccess" value="always"></param><embed src="http://www.youtube.com/v/vwGnW5L_Zrw&hl=fr_FR&fs=1&" type="application/x-shockwave-flash" allowscriptaccess="always" allowfullscreen="true" width="480" height="385"></embed></object>[/youtube]



Sans conteste, McCarthy devient mon écrivain préféré et me fascine par son style ,ses ambiances, et parfois le fond de ses œuvres (La route / Méridien de sang / No country for old men ). Cet été je me prépare à lire " la trilogie des Confins" et en fin d'année "Suttree".

Cinématographiquement , pour le moment dans mes lectures, je ne vois pas ses trois premiers romans faire l'objet de films.

"Blood meridian" ya un potentiel énorme pour en faire une sorte de "There will be blood" dans l'ambiance , un western ultra violent, contemplatif et léché.
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Re: [Livre] Cormac McCarthy et ses oeuvres

Messagepar Rotwang » Dim 09 Mai 2010, 17:55

Je n'ai encore lu que le sublime la route. Je pense que le prochain sera un enfant de Dieu.
Très intéressant merci pour ce topic et ce post..
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Re: [Livre] Cormac McCarthy et ses oeuvres

Messagepar Milkshake » Dim 09 Mai 2010, 18:53

:shock: Il claque ce topic, il parait que All Pretty Horses c'est assez naze comme film faut dire que l'intrigue du roman est pas géniale.

J'aime beaucoup cet auteur je les ai tous sauf Le Gardien du Verger tout lu sauf Suttre il y a pas à dire il a un style unique c'est c'est la marque des grand auteur. C'est sec, dépouillé et rattaché comme les grand espaces qu'il décrit.

Sinon on sait si McCarthy est entrain d'écrire autre chose ? car je l'avais vu en interview pour La Route chez Oprah (qui lui a poser des question à la con ça le soulait :mrgreen: ) il est plus tout jeune j'ai peur qui nous lâche d'ici peu. :(
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Re: [Livre] Cormac McCarthy et ses oeuvres

Messagepar Scalp » Dim 09 Mai 2010, 18:56

Je confirme All Pretty Horses c'est nase.
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Re: [Livre] Cormac McCarthy et ses oeuvres

Messagepar Waylander » Dim 09 Mai 2010, 19:18

Je cherche partout mais apparemment il a rien annoncé sur un probable prochain roman.
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Re: [Livre] Cormac McCarthy et ses oeuvres

Messagepar Heatmann » Dim 09 Mai 2010, 21:41

:nono: ben moi j aime bien ALL the pretty horses , enfin c'est loin de NO country mais c'est clairement un film qui me plait .
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Re: [Livre] Cormac McCarthy et ses oeuvres

Messagepar Scalp » Sam 15 Mai 2010, 17:15

Je viens de voir la route, la fin du livre est la même ? et le truc des pouces c'est expliqué dans le livre ?
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Re: [Livre] Cormac McCarthy et ses oeuvres

Messagepar Waylander » Sam 15 Mai 2010, 17:24

les pouces?
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Re: [Livre] Cormac McCarthy et ses oeuvres

Messagepar Scalp » Sam 15 Mai 2010, 17:28

Bein Guy Pearce et sa femme ( elle je suis moins sure ) ont pas de pouce tout comme Omar Little ( le black balafré ) y a pas une signification ?
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Re: [Livre] Cormac McCarthy et ses oeuvres

Messagepar Waylander » Sam 15 Mai 2010, 17:41

:shock: Dans le roman ya rien et dans le film j'avais pas vu ce détail.
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Re: [Livre] Cormac McCarthy et ses oeuvres

Messagepar Scalp » Sam 15 Mai 2010, 17:43

C'est un détail intriguant quand même, bon après ptet que j'ai mal vu ( mais je suis a peu près sure de moi ).
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Re: [Livre] Cormac McCarthy et ses oeuvres

Messagepar Waylander » Sam 15 Mai 2010, 17:48

http://groups.google.com/group/rec.arts ... 6?lnk=raot

c'est en anglais et ya pas que toi qui as remarqué ça en fait. Mais bon àç part un truc métaphorique de la part du réalisateur, dans le roman ya pas ça.
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Re: [Livre] Cormac McCarthy et ses oeuvres

Messagepar Scalp » Sam 15 Mai 2010, 17:50

Bon va falloir mater le com audio.
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Re: [Livre] Cormac McCarthy et ses oeuvres

Messagepar Scalp » Sam 15 Mai 2010, 17:52

Sinon y a aussi
Duval qu'on peut interpreté comme Dieu ( y s'appelle Eli en plus ) venu sur terre contempler les dégats
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Re: [Livre] Cormac McCarthy et ses oeuvres

Messagepar Waylander » Sam 15 Mai 2010, 17:56

Bah apparemment dans le livre ça parle de doigts coupés mais pas juste le pouce.
certains pensent que le pouce représente l'évolution de l'homme parce que ce doigt et l'index sont les plus importants et donc ce serait une métaphore pour dire que , dans la route, les hommes sont revenu à l'état sauvage, de barbare, connaissant ainsi une involution. Mais vu que le père et le fils ont pas ça, ça pourrait vouloir dire que la fin soumet l'idée que le petit tombe sur des cannibales et je pense pas que ce soit ça. C'est étrange ce petit détail.
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