Metal Gear Solid 3 Après 16h de jeu, je suis venu à bout de Metal Gear Solid 3, que je n'avais pas fait depuis 6 ou 7 ans. Et pour la première fois, j'ai pu m'essayer à la version subsistence du jeu et sa caméra libre, grâce à la compile HD. Et sincèrement, je me demande encore comment Kojima a pu sortir le jeu sans cette caméra libre en 2005, tellement il semble être conçu pour cette jouabilité là. C'est bien simple, cette nouvelle expérience de MGS 3 me fait largement revoir le jeu à la hausse, car il m'avait quand même pas mal déçu à l'époque, notamment à cause de ce gameplay très mal pensé, et ce malgré ses nombreuses nouveautés follement enrichissantes.
Ca ne reposait donc que sur une chose. Une caméra libre, et le jeu prend alors tout son sens. L'absence de radar devient un véritable bonheur et non plus une tare augmentant grossièrement la difficulté. Là, on se retrouve donc avec un mélange de Metal Gear Solid et de Splinter Cell en termes de sensations de jeu, un pur bonheur. Bon, il faut bien avouer que certaines mécaniques de gameplay ont tout de même vieilli depuis toutes ces années, et certains trucs paraissent totalement improbables aujourd'hui (ne pas pouvoir viser en avançant, le tir sur une des touches centrales au lieu des gachettes, le CQC qui requiert un diplôme d'acrobate des doigts pour réaliser certains trucs, du style tirer sur les adversaires tout en tenant un ennemi en otage, et d'autres petits trucs un peu lourds et étrangement complexes). Un gaemplay un peu lourd par moment donc, mais d'une richesse toujours aussi vertigineuse.
Car en termes de possibilités de jeu, ce MGS3, c'est la fête du slip. MGS 2 avait déjà apporté un grand nombre de nouveautés rendant le premier opus très très archaïque. Mais ce troisième opus pousse encore plus loin, beaucoup plus loin. Les nouveautés sont directement liées au nouvel environnement naturel qui est proposé : la jungle. Un côté survival est apporté au jeu, qui prend tout son sens en mode hard (la seule et unique difficulté à choisir pour comprendre ce qu'est l'expérience MGS 3). On chasse des animaux pour les bouffer et se restaurer, on cueille des fruits. Mais il faut faire gaffe, car ça pourrir au bout d'un ou deux jours (le jeu prend en compte le temps passé hors du jeu ! Si on stoppe le jeu et qu'on reprend notre partie 3 jours après, toute notre bouffe sera bonne à jeter. Putain d'idée de pur génie !! MGS 3, c'est pas pour les casual
). Et puis aussi, fini les rations magiques, ici, il faut soigner ses blessures afin de ne pas perdre plus de vie. La vie elle, remonte toute seule, mais très très lentement, à condition que l'endurance de Snake soit à un bon niveau. Et pour maintenir son endurance, il faut bouffer. Si c'est pas super bien pensé ça franchement.
(bon par contre, le coup de soigner ses blessures, c'est un peu light, car on ne manque jamais de matériel, ou alors il faut vraiment jouer comme un bourrin)
Autre grande nouveauté, le camouflage. Très bien exploité (mais absolument pas pratique à utiliser...), cette option est loin d'être un simple gadget, et rajoute une nouvelle dimension au jeu. Ajoutez à cela un milliard de petits trucs qu'il est possible de faire, et on obtient un tout assez renversant. On peut vraiment choisir son propre style de jeu, ses propres approches (d'ailleurs, il y a souvent plus d'un chemin pour arriver à nos objectifs). Et vu que, cette fois ci, on peut faire tout ça EN VOYANT ce qui se passe devant nous, contrairement à la version d'origine, bah c'est fabuleux. Donc ouais, j'ai pris un pied monstrueux à m'infiltrer dans ce MGS 3, là où j'avais pesté et jeté ma manette à de nombreuses reprises en 2005.
Le scénario est magnifique, extrêmement émouvant dans les dernières minutes qui retournent littéralement le bide... et le cerveau, à grands coups de révélations, de double jeu, voire de triple jeu. C'est un truc de malade.
J'ai cependant une réserve à émettre sur ce scénario : je le trouve pas très bien construit, et j'ai encore eu cette désagréable impression que le jeu n'a pas grand chose à raconter pendant une bonne dizaine d'heures où on arpente la jungle. Il faut vraiment attendre de retrouver Sokolov à Groznij Grad pour qu'il se passe des choses importantes, que le scénar' évolue et se dévoile enfin...soit environ 4h avant la fin. Et puis, tout nous pète à la gueule dans la dernière heure, voire les dernières minutes, de manière un peu trop didactique à mon goût. J'ai cette désagréable impression que Kojima n'a pas réussi à pondre un truc totalement fluide, distillé sur l'ensemble de l'aventure, contrairement aux deux précédents opus maniaient à la perfection l'art de la dramaturgie.
Résultat, pendant une grosse dizaine d'heure, C'est assez pépère et on a l'impression que ce MGS n'est presque pas lié aux autres, qu'il ne s'inscrit pas dans la saga. Et même quand il le fait, c'est tout de même assez maigre (hormis les 10 dernières minutes), ce qui m'avait fortement déçu à l'époque. Aujourd'hui, je savais à quoi m'attendre, donc j'ai pris les choses telles qu'elles sont. Mais malgré ça, j'ai encore été gêné par ces aspects là.
Et pour continuer sur les défauts de scénario, comment ne pas citer l'unité cobra ? Une troupe de fous furieux qui ne bénéficient d'aucun développement, ils sont totalement ridicules, complètement WTF par rapport au reste du jeu qui est bien plus sobre. Leur présence fait vraiment tâche à l'écran, tellement ils semblent ne pas faire partie de cet univers. Heureusement, ils ont le mérite d'offrir des combats absolument dantesques, notamment The End, qui figure dans mon top 5 des meilleurs boss de tous les temps. Ah oui, il y a Volgin aussi qui est bien moisi, et lui en plus, son combat est bien chiant.
Pour finir sur les défauts (après promis, j'arrête), bah on ne peut pas ne pas citer l'ergonomie globale, pas bien foutue. Le camouflage, la nourriture, la guerison, c'est super cool et très bien exploité. Mais pouquoi fallait-il que ce soit une telle plaie à utiliser ?? Pourquoi ne pas avoir créé des raccourcis ? L'accès au menu est franchement fatigant, et a le don de casser le rythme (en plus, la musique s'arrête quand on ouvre le menu, super pour l'ambiance...). Vraiment dommage, et étonnant que Kojima ne soit pas revenu là dessus dans la version Subsistence.
Tous ces défauts empêchent malheureusement MGS 3 d'être un jeu ultime à mes yeux. Et malgré ses immenses qualités, il me marque moins que les deux premiers, qui eux me retournent le cerveau non-stop, de la première à la dernière minute, et qui maitrisent parfaitement ce qu'ils proposent. Mais ce MGS 3, lui, propose beaucoup plus de choses que ses ainés, ce qui en fait clairement l'opus le plus riche et "rejouable" de la saga. Aujourd'hui encore, il met une immense claque à la majorité des productions actuelles. Et rien que pour ça, ce jeu mérite que l'on s'incline.
Un jeu fabuleux.
9/10