Katoucha: Elle avait eu une vie tragique, flamboyante et frivole. Elle avait été excisée à 9 ans à Conakry en Guinée, où c'était une pratique presque obligatoire et, depuis une dizaine d'années, consacrait une grande partie de son temps à lutter contre ce fléau en Afrique. Sa famille avait fui la dictature pour s'installer à Dakar. Avant l'âge de 20 ans, elle était partie à Paris où, dans les années 80, elle était devenue l'égérie d'Yves Saint Laurent et son mannequin vedette. Quinze ans de célébrité mondiale.
La Presse l'avait rencontrée en octobre dernier à Paris, pour la sortie d'un livre autobiographique où elle racontait son existence fastueuse et mouvementée, mais aussi l'expérience traumatisante de son excision, elle qui venait pourtant d'une famille privilégiée, père historien et écrivain, mère haut fonctionnaire. Puis les années champagne et cocaïne de la nuit parisienne, les amours agitées et successives, souvent malheureuses, la blessure jamais guérie de l'excision.
À 47 ans, beauté géante et filiforme, forte personnalité, intelligente et fébrile, elle s'était apparemment refait une vie heureuse, avec un nouveau compagnon et ses trois enfants issus de trois unions différentes. Elle avait monté à Dakar une entreprise qui fabriquait ses créations de mode. Et consacrait beaucoup d'énergie à aider à la lutte contre la pratique ancestrale de l'excision, principalement au Sénégal.
RIP Katoucha!