par Waylander » Jeu 26 Déc 2013, 19:31
" Ce sont les plus vieux souvenirs de la Terre , les codes temporels que transporte chaque chromosome , chaque gène. Le moindre pas de notre évolution est une borne sur laquelle sont écrits des souvenirs organiques - les enzymes contrôlant le cycle du dioxyde de carbone , l'organisation du plexus brachial, les réseaux nerveux des cellules pyramidales du cerveau moyen, tout cela représente la somme de milliers de décisions prises face à une soudaine crise physico-chimique. De même que la psychanalyse reconstruit la situation traumatisante originelle afin de libérer les informations refoulées, nous nous trouvons désormais replongés dans le passé archéopsychique, nous redécouvrons les tabous et les impulsions archaïque demeurés latents durant des ères entières.
La brève durée de la vie individuelle et trompeuse. Chacun d'entre nous est aussi vieux que la totalité du royaume biologique, et nos systèmes sanguins sont des affluents de la grande mer de sa mémoire globale. L'odyssée utérine du fœtus récapitule toute l'évolution passée ; son système nerveux central est une échelle temporelle codée, chaque point de jonction des neurones , chaque niveau spinal marquant une station symbolique, une unité de temps neuronique.
Pus on descend le long du SNC à travers la moelle épinière , depuis le rhombencéphale, plus on remonte le temps neuronique. Par exemple, la jonction entre les vertèbres dorsales et lombaires , entre D-12 et L-1 , est la grande zone de transit entre les poissons et les amphibiens. "
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" Combien de fois, récemment , la plupart d'entre nous ont-ils eu une impression de déjà-vu , celle d'avoir déjà observé tout cela, de ne se rappeler que trop bien ces marécages et ces lagunes ? Aussi sélectif que soit l'esprit conscient , la plupart des souvenirs biologiques constituent des échos déplaisants de danger et de terreur. Rien n'est plus durable que la peur. Partout dans la nature, on observe des mécanismes de réactions innés , littéralement vieux de plusieurs millions d'années et demeurés latents à travers des milliers de générations sans rien perdre de leur puissance.
L'image de la forme du faucon héritée par le rat des champs en est l'exemple classique : une simple silhouette en papier tendue sur les barreaux de sa cage l'envoie se mettre frénétiquement à couvert. Et comment expliquer sinon le dégoût universel mais sans objet pour les araignées , dont une seule espèce a jamais été connue pour mordre ? Ou la haine tout aussi surprenante- compte tenu de leur relative rareté - des serpents et autres reptiles ? Nous conservons tous le souvenir enfouji de l'époque où les araignées géantes étaient redoutables et où les reptiles étaient la forme de vie dominante de la planète , voilà tout. "
Le Monde Englouti de J.G Ballard
" Monde au sein d'un monde , tout homme est une île en soi , nageant à travers des mers d'archipels "
John Donne
" La vérité, on va dire : heureusement qu' y'a la vieillesse, y'a la mort. C'est l'seule justice , c'est l'seule égalité. On peut pas insulter un vieux , on peut pas insulter un mort. Si y'avait pas la mort, les riches y s'raient toujours riches et la classe ouvrière, elle fait tout l'temps l’esclave... Du moment qu' y'a la mort , tac ! Tout l'monde part. Ca dure pas l'esclavage. La mort c'est la justice : t'es riche mais tu peux pas payer l'avocat, tu peux pas donner des pots d'vin pour qu' tu restes vivant. "
Georgette ! Farida Belghoul