C’est probablement l’un des films les moins connus de la carrière de Schumacher, ce qui est assez étonnant quand on voit le casting, de mon côté j’avoue n’avoir jamais entendu parler de cette bobine avant de la voir apparaître sur Amazon Prime Video, chose qui doit sans doute beaucoup au fait que le métrage a été un sacré échec à sa sortie (même pas 5 millions de recettes aux States pour un budget de 27
). A priori, c’était un projet assez personnel pour Schumacher (qui écrit lui-même le script), de par le sujet LGBT, mais aussi parce qu’il s’inspirait de l’histoire d’un ami proche, c’est donc d’autant plus dommage de constater l’échec financier de la part d’un réalisateur qui osait faire un petit film pareil entre deux gros budgets.
En l’état, c’est probablement l’un des films de Schumacher que je préfère, c’est loin d’être parfait comme souvent chez lui, mais il y a une vraie sincérité qui se dégage de l’ensemble, c’est même assez touchant par moment, et surtout ça permet d’avoir un joli duo de cinéma avec De Niro et Philip Seymour Hoffman. On suit un ancien flic à la retraite, plutôt réac sur les bords, qui va avoir une attaque et se retrouver partiellement paralysée d’un côté du corps, l’empêchant de bouger et parler comme auparavant, et qui va devoir compter sur son voisin travesti pour lui donner des cours de chant/d’élocution. Sur le papier, c’est assez convenu, mais c’est le contexte qui fait la différence, avec d’un côté la représentation d’un New York peu enviable (un vieil immeuble où vivent les rebuts de la société ), mais aussi celle de la communauté LGBT des années 90 par quelqu’un la connaissait bien.
Du coup, on a beau avoir un récit particulièrement prévisible, avec le rapprochement des contraires et la storyline de l’argent à retrouver, l’environnement et les personnages font que ça reste agréable à regarder, et le traitement avec quelques touches d’humour bienvenues apporte une certaine fraîcheur (le coup des cendres du pote décédé, ça m’a bien fait marrer
). A cela s’ajoute la relation entre les deux héros qui fonctionne bien, non seulement en termes d’écriture, mais surtout avec l’interprétation. Si De Niro est fidèle à lui-même, dans un genre de rôle qu’il maîtrisait déjà (on est pas loin de sa prestation dans
Awakenings), c’est clairement Hoffman qui vole le show, trouvant là à mon sens l’un des meilleurs rôles de sa carrière alors qu’il y avait tout pour que ce soit le piège du too much. Pas un grand film oublié, mais tout de même une petite bobine qui mériterait d’être un peu plus mise en lumière.