Si donner une seconde suite à cette saga paraissait être une bonne idée au début des années 2000, d’autant que le deuxième film se terminait sur un simili-cliffhanger, il faut quand même avouer qu’avec le temps on a très bien accepté de vivre sans et qu’un tel projet paraissait désormais superflu. Mais ça, c’était sans compter la volonté de Clavier et Poiré de relancer la machine, alors que le premier avait le vent en poupe suite au succès de
Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu ?, profitant au second qui n’avait pas signé de film depuis une quinzaine d’années. Très franchement, je n’ai pas trop de doutes sur le fait qu’une suite aurait pu être au moins aussi bonne que le second volet si elle était sortie à la place du remake, mais le fait est que la sauce ne prend plus du tout une fois presque vingt ans plus tard, et en l’état ça donne plus l’impression de voir un nouveau projet opportuniste qu’une réelle volonté de conclure l’histoire entamée.
Après un résumé histoire d’être sûr de ne pas perdre la nouvelle génération de spectateurs, le film reprend exactement là où le second s’arrêtait : Godefroy et Jacquouille faits prisonniers en pleine Révolution Française. Dès ce début de récit, on capte qu’il y a quelque chose qui ne va pas : là où une telle situation paraissait intéressante en 1998, car on se doutait que Poiré et Clavier continuaient une certaine logique dans la relation maître/serviteur des deux héros, en 2016 on a l’impression que ça navigue à vue. Après un interrogatoire, on envoie les deux personnages aussi rapidement que possible dans un immeuble où va se dérouler la quasi-totalité du métrage, et à partir de là le métrage va clairement aller sur la pente descendante. Concrètement, on a l’impression de voir une suite où Poiré/Reno/Clavier ne sont plus certains de leurs capacités à intéresser leur public, et font donc en sorte de ramener toute une nouvelle génération de comédiens pour les épauler. Le résultat est franchement naze : dans ce troisième film, Godefroy et Jacquouille sont simplement des éléments perturbateurs pour compliquer des intrigues d’autres protagonistes dont on se fout totalement.
Que ce soit Dubosc, Testud, Alex Lutz, Karin Viard ou le personnage de Robespierre, tout ce qui tourne autour d’eux est inintéressant au possible, il y a zéro implication pour le spectateur qui est juste venu voir un choc des cultures, et surtout ça ne débouche sur rien, mais genre vraiment : aucun arc narratif ne semble complété une fois arrivé au générique de fin. C’est assez pénible à regarder donc, d’autant que Clavier et Reno sont un peu l’ombre de ce qu’ils ont été, on ne sent plus du tout la même énergie de leur part (d’ailleurs, on a une explication bien moisie pour justifier les années prises entre les deux films), et c’est sans doute ce qui a motivé la décision de reposer le film en partie sur les épaules d’autres comédiens. Bref, ça ne marche pas du tout, tout le film semble artificiel autant dans ce qu’il raconte que dans la façon dont il est raconté, et personne ne semble réellement y croire. Le pire, c’est que Poiré n’en profite même pas pour conclure sa trilogie : le film se termine de nouveau sur un cliffhanger, avec les deux héros plongés en pleine Seconde Guerre Mondiale et capturés par la Résistance. Franchement on pouvait difficilement trouver pire, d’autant qu’au passage ça accumule les incohérences entre les trois films, bref il y a vraiment la sensation qu’on se fout un peu de notre gueule
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Formellement, c’est franchement pas ouf du tout. Les Visiteurs n’était pas un monument de mise en scène mais au moins le budget se voyait à l’écran. Ici c’est une suite qui coûte cinq fois plus que le film original et ça ne se ressent jamais
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, surtout quand un bon tiers du métrage est éclairé avec une nuit américain dégueulasse au possible
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(la photo en général est bien ratée, et rend l’ensemble très artificiel). Nul doute que la majorité du budget est passé dans le cachet des comédiens. Globalement, c’est moins nul que le remake américain, mais franchement on est pas beaucoup au-dessus non plus. Du film, je ne retiens que quelques rares gags, le décolleté de Frédérique Bel qui vient faire un petit coucou
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, Poiré parfois en freestyle avec sa caméra qui en profite notamment pour filmer des couilles de porc en gros plan
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, et… c’est tout. Pour le coup, le flop du film me paraît entièrement mérité, le public ne s’y est pas trompé en captant très vite que c’était la suite à ne plus faire.