[Alegas] Mes Critiques en 2025

Vos critiques de longs-métrages

Modérateurs: Dunandan, Alegas, Modérateurs du forum

Évènement (L') - 7,5/10

Messagepar Alegas » Lun 17 Mar 2025, 17:14

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L'évènement de Audrey Diwan
(2021)


J’avais malheureusement raté ce film au cinéma à sa sortie, et pour le coup les louanges que j’avais pu avoir sont tout à fait méritées. Vu le sujet et le traitement, ça m’a beaucoup fait penser au 4 mois, 3 semaines, 2 jours de Cristian Mungiu, qui avait reçu la Palme d’Or à l’époque, à savoir une plongée âpre et sans concession dans le parcours d’une jeune femme qui cherche à avorter à une époque où ce droit est refusé. Dans celui-ci en revanche, la notion quasi-documentaire disparaît au profit d’une forme plus agréable à l'œil, ce qui crée du coup un contraste assez violent avec ce qui est raconté, notamment dans le dernier tiers. Concrètement, le film se résume à suivre l’histoire d’une jeune étudiante à l’université qui découvre qu’elle est tombée enceinte suite à une aventure d’un soir, le problème étant qu’on est dans la France des années 60 et qu’elle ne veut absolument pas renoncer à ses études.

La grande qualité du film est d’épouser l’état psychologique du personnage, et donc la détresse qui va l’envahir petit à petit au fur et à mesure que les semaines passent. Au début, l’avortement n’est pas une évidence, de par son illégalité et tout simplement le fait que l’héroïne ne peut parler de cette option à personne. De là découle l’impossibilité de communiquer, le renfermement sur elle-même, puis la panique grandissante alors que la date limite approche. Si le film commence comme un drame, on part peu à peu dans le thriller paranoïaque (il y a une réelle menace d’être découverte et dénoncée, et je ne parle même pas du twist autour du médoc prescrit par le médecin, c'est bien tordu) puis carrément dans le film d’horreur sur la dernière partie, où il faut avoir le cœur bien accroché alors que la réalisatrice ne montre pourtant rien à l’écran (du coup, c’est peut-être mieux que je ne l’ai pas vu en salle, car je me dis que j’aurais pu tourner de l’œil sur ces passages :mrgreen: ).

Comme dit plus haut, c’est formellement assez solide pour ce que ça cherche à faire (si le malaise est là, c’est aussi parce qu’on a une caméra toujours très proche du personnage), dans les intentions ça aurait pu tomber dans du Dardenne-like mais c’est clairement plus travaillé que ça. Le casting est top, déjà on a des seconds rôles qui marquent entre Pio Marmaï et Anna Mouglalis (parfait choix de casting vu la voix qu’elle a, ça ajoute une dimension gênante aux scènes où elle apparaît), mais surtout on a Anamaria Vartolomei (qu’on a vu depuis dans Le Comte de Monte-Cristo et chez Bong Joon-ho) qui porte littéralement le film sur ses épaules, sacrée performance de sa part. Bref, ce n’est pas à mettre entre toutes les mains, mais d’un autre côté c’est aussi un film particulièrement nécessaire à une époque où on trouve encore des gens capables d’être contre le droit à l’avortement. Peut-être qu’en montrant ce film à tous, et donc en faisant vivre à chacun le malaise profond vécu par des milliers de femmes, peut-être qu’on irait dans la bonne direction.


7,5/10
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Affaire Pélican (L') - 4/10

Messagepar Alegas » Lun 17 Mar 2025, 23:21

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The Pelican brief (L'affaire Pélican) de Alan J. Pakula
(1993)


Contrairement à certains ici, je suis loin d’être un hater des adaptations de Grisham au cinéma, mais pour le coup sur celle-ci je rejoindrais volontiers leur camp, car c’est clairement la pire que j’ai pu voir. Pourtant, à première vue, il y a de quoi faire avec un récit classique de source à protéger d’un gouvernement plus corrompu qu’il n’en a l’air, un mystère à résoudre, des tentatives d’assassinat à éviter, le tout avec deux grosses stars montantes de l’époque, et un réal qui est pour beaucoup un représentant du thriller paranoïaque des années 70. Bref, il y avait du potentiel, mais pour le coup j’ignore si c’est le récit de Grisham qui est tout pété à la base, ou si c’est Pakula qui a du mal à passer la seconde pour faire décoller l’histoire, mais franchement le résultat est terriblement mouuuuuuu.

A la limite, que la première demi-heure le soit, je peux comprendre : il faut du temps pour poser le contexte, les enjeux, les nombreux personnages et les conflits d’intérêt, après tout c’est normal qu’un thriller ne démarre pas forcément sur les chapeaux de roues. Sauf que là, on parle d’un film où c’est l’encéphalogramme plat pendant plus d’une heure et quart, soit une bonne moitié de métrage :eheh: , et qui ne bouge vraiment qu’à partir du moment où les deux héros se rencontrent enfin. On pourra dire qu’avant il y a quand même un attentat et des assassinats, mais franchement c’est mis en scène de façon tellement molle que ça a du mal à éveiller l’intérêt. Du coup, du film, je retiens surtout la dernière demi-heure, seul moment où j’avais vraiment l’impression qu’il se passait quelque chose qui permettait de faire avancer l’intrigue : le subterfuge pour identifier la taupe au sein de la compagnie, le passage à la banque puis dans le parking, la résolution finale. Le truc, c’est que même ces moments ne sont pas foufous, avec une mise en scène où on sent l’âge avancé du réal, et des deus ex machina nuls à chier (le chien dans le parking + le bad guy qui explose sur la voiture, c’est un grand non :evil: ). Heureusement, on croit un peu à la relation Denzel/Julia, ça sauve un peu les meubles mais ça ne transforme pas le plomb en or. Entre celui-là et The Devil’s Own, on ne peut pas dire que la carrière de Pakula se soit terminée glorieusement, c’est peu de le dire.


4/10
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Violon sur le toit (Un) - 7/10

Messagepar Alegas » Mar 18 Mar 2025, 21:24

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Fiddler on the roof (Un violon sur le toit) de Norman Jewison
(1971)


Une comédie musicale produite au début des années 70, tirée d’un spectacle à Broadway, et qui donne lieu à un film de quasiment trois heures fait pour amasser un maximum de récompenses, autant dire que j’en attendais pas grand chose, moi qui commence à me lasser de ces grosses productions de l’époque qui essayent vainement de retrouver le savoir-faire des années 50. Pourtant, celui-ci est une bonne surprise, pas tant spécialement pour le côté musical qui est finalement très secondaire, mais tout le côté fresque familiale qui s’inscrit petit à petit dans la grande Histoire m’a plutôt séduit, je ne m’attendais vraiment pas à ça. Le pitch est plutôt simple : un vieux fermier juif ukrainien doit marier trois de ses filles, et se retrouve partagé entre les vieilles traditions du village, qui le poussent à choisir lui-même les prétendants pour pouvoir profiter des dots, et les envies progressistes des jeunes femmes (on approche de la révolution de 1917) qui souhaitent se marier par amour.

Alors forcément, imaginer un film de trois heures là-dessus, c’est un peu hardcore, mais non seulement le récit prend une direction étonnante sur la seconde moitié, mais en plus c’est le genre de fresque qui prend son temps de façon efficace, et qui fait que malgré la longue durée on ne s’emmerde pas. Alors oui, il y a quelques longueurs, quelques storylines qui auraient pu être écourtées, mais elles ne viennent jamais plomber l’ensemble, et du coup je me suis retrouvé assez vite captivé par cette petite (longue) histoire, et par ce personnage de père de famille tiraillé entre sa foi et l’amour qu’il porte pour les siens. Un attachement qui doit beaucoup à son interprète principal, qui avait joué le rôle sur les planches à Londres, et qui dégage quelque chose de singulier, un peu comme s’il portait tous les malheurs du monde tout en essayant de trouver constamment du positif à sa situation. Bref un personnage avec lequel on crée très vite un lien, qui est amusant à plus d’un titre (ses monologues où il discute avec Dieu), et surtout qui s’avère déchirant sur le dernier acte.

Du coup, c’est vraiment tout cet arc familial et historique qui reste en tête et qui fait qu’on passe un agréable moment, car il faut l’avouer : tout l’aspect musical du film n’est pas assez marquant. Passées la chanson If I were a rich man (le genre de musique que tout le monde connaît sans savoir forcément d’où elle provient) et la scène dans la taverne avec les danseurs russes, c’est finalement très anecdotique. Norman Jewison emballe ça très correctement, aidé par une belle photographie d’Oswald Morris, et malgré le classicisme de l’ensemble il y a quand même quelques super idées de mise en scène qui sortent du lot (les introspections du héros à chaque demande de ses filles, où la caméra l’éloigne et l’isole le temps qu’il nous fasse part de sa réflexion). Sinon, on notera un certain John Williams au score, ce qui lui fera son premier Oscar, mais j’avoue être déçu pour le coup car on sent que c’est plutôt du réarrangement de musique déjà existante plutôt qu’un vrai score comme il sera capable d’en livrer dans les années suivantes. En l’état, le film reste une chouette surprise vu que j’en attendais pas grand chose, même si je ne conseillerais pas ça à tout le monde non plus.


7/10
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Attachement (L') - 7/10

Messagepar Alegas » Mer 19 Mar 2025, 12:49

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L'attachement de Carine Tardieu
(2025)


Un joli drame au sujet qui aurait pu être bien lourdingue dans l’écriture, à savoir la gestion du deuil d’une mère et épouse dans le quotidien d’un père et son fils. Ca aurait pu être très classique sans ce choix de point de vue bienvenue qu’est celui de la voisine de palier, qui se retrouve un peu aux premières loges du drame en acceptant de garder l’enfant et en créant petit à petit un lien avec lui, c’est clairement ce personnage qui permet au métrage de se démarquer. Niveau écriture, c’est plutôt pas mal, émotionnellement efficace dès les premières minutes (l’annonce au gamin de la mort de sa mère), et surtout ça ne va pas forcément là où on s’y attend, genre on évite de façon astucieuse la romance entre veuf et voisine, et la relation amoureuse qui prend le dernier tiers du film prend un tournant assez inattendu dans sa résolution.

Du coup, sans que ce soit un film particulièrement remarquable, ça se tient très bien, et ça sonne très juste tout le long, d’autant plus que les interprétations suivent. Bon par contre formellement il n’y a rien de notable, tout est très fonctionnel et on a l’impression de regarder le drame français typique avec sa caméra à l’épaule, son absence de composition dans le cadre pour faire naturaliste, bref ça manque clairement d’identité et c’est d’autant plus dommage que le film est tourné à Rennes et que la ville n’est jamais mise en valeur. Un film qui a ses limites, mais franchement, parmi les dizaines de drames français oubliables qui sortent chaque année, celui-ci s’en sort plutôt bien et on en ressort ému, ce qui est déjà beaucoup.


7/10
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