[Alegas] Mes Critiques en 2025

Vos critiques de longs-métrages

Modérateurs: Dunandan, Alegas, Modérateurs du forum

Cinq gentlemen maudits (Les) - 5/10

Messagepar Alegas » Mar 11 Mar 2025, 19:03

Image


Les cinq gentlemen maudits de Julien Duvivier
(1931)


Un film assez surprenant grâce son pitch, inhabituel pour un film français des années 30. On y suit un groupe d’européens devenant potes lors d’un voyage au Maroc, et qui, suite à une altercation avec un autochtone, deviennent la cible d’une malédiction qui fait qu’ils vont mourir un par un dans un ordre donné. Un récit qui donne donc l’impression de voir un Final Destination avant l’heure, et franchement, malgré un rythme assez lent, ça se regarde plutôt bien sur la première heure. Ce n’est pas tant le côté ludique de la situation qui joue (ok on a envie de découvrir comment ils vont mourir, mais nous sommes dans les années 30 et donc la violence n’est guère spectaculaire :mrgreen: ) mais surtout le petit message anti-colonialiste que ça apporte.

J’ignore si c’est spécifiquement voulu par Duvivier, mais voir une bande de tocards suffisants se faire éliminer un par un parce qu’ils ont voulu forcer une femme voilée à montrer son visage, le tout dans un contexte d’avant-guerre, me paraît assez culotté. Du coup, le film a quelques aspects intéressants, avec des personnages de plus en plus perdus dans un pays où ils se posaient à la base en touristes conquérants, mais qui devient de plus en plus hostile à leur égard. C’est en plus retranscrit formellement, notamment avec une séquence de déambulation dans les nombreuses rues-escaliers typiquement méditerranéennes, qui préfigure un peu celles de Pépé le Moko. Bref, ça aurait pu se poser là en tant que film certes pas spécialement marquant, mais au concept sympathique, mais vient ensuite la fin et son twist qui viennent tout gâcher, supprimer le fantastique, et donner de la soi-disant cohérence à ce qu’on a vu auparavant. Un choix scénaristique que je ne m’explique pas tant il est complètement con, bourré de trous narratifs, et surtout qu’il vient annihiler tout le propos que le métrage avait jusqu’ici. Ca finit en plus sur une course-poursuite pas fofolle malgré son contexte (les toits de la ville), et qui se révèle plus ridicule qu’autre chose (on pense un peu à du Benny Hill) avec des choix sonores à la limite du racisme (en gros, dès qu’on filme des femmes arabes être dérangées par les participants de la course-poursuite, elles sont doublées par… des bruits de poules agitées :shock: WTF ?!).

Bref, les quinze-vingt dernières minutes sont un film singulièrement différent de ce qui a précédé, c’est rare de voir un film s’effondrer ainsi en peu de temps. Du coup, j’en retiens surtout la première heure, et la façon dont Duvivier se débrouille avec la technologie sonore sur son second film parlant tout en tournant énormément dans des décors naturels. D’ailleurs, il tournera en même temps une version allemande de ce même film, mais pour le coup je pense que je passerais mon tour, d’autant que je ne suis même pas sûr que ce soit disponible. Côté casting, c’est pas foufou, les cinq héros sont assez transparents, et on a Harry Baur dans un rôle ultra anecdotique, et qui donne l’impression d’être là uniquement pour ajouter son nom sur l’affiche. Au final, c’est un film très moyen de Duvivier, et très frustrant car on sentait un vrai potentiel pour avoir un métrage un minimum sympathique.


5/10
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

The Wachowskis


Image
Avatar de l’utilisateur
Alegas
Modo Gestapo
Modo Gestapo
 
Messages: 50789
Inscription: Mar 11 Mai 2010, 14:05
Localisation: In the Matrix

Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar Olrik » Mar 11 Mar 2025, 20:49

Alegas a écrit:avec des choix sonores à la limite du racisme (en gros, dès qu’on filme des femmes arabes être dérangées par les participants de la course-poursuite, elles sont doublées par… des bruits de poules agitées WTF ?!).


Des bruits de volière pour accompagner des femmes paniquées ? Plus misogyne que raciste, à mon avis.

Ce qui est surtout WTF est cette anecdote trouvée sur Wikipédia :
Pendant le tournage, l'équipe du film fut elle-même victime d'une malédiction lancée par un vieux paysan arabe qui leur reprochait d'être assis sur des pierres tombales. Coïncidence ou non, il s'ensuivit des tas de drames. Plusieurs membres de l'équipe tombèrent malades, Harry Baur perdit sa femme peu de temps après et la pellicule prit feu lors d'une projection aux États-Unis.

Voilà de quoi expliquer la vrille du film dans la seconde partie.
Avatar de l’utilisateur
Olrik
Predator
Predator
 
Messages: 3022
Inscription: Sam 28 Mar 2015, 11:34

Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar Alegas » Mar 11 Mar 2025, 23:07

Olrik a écrit:
Alegas a écrit:avec des choix sonores à la limite du racisme (en gros, dès qu’on filme des femmes arabes être dérangées par les participants de la course-poursuite, elles sont doublées par… des bruits de poules agitées WTF ?!).


Des bruits de volière pour accompagner des femmes paniquées ? Plus misogyne que raciste, à mon avis.


Il faut voir la scène je pense pour comprendre, car à mon sens c'est vraiment utilisé pour moquer en grande partie les cris caractéristiques des femmes des pays arabes, d'où le fait que j'y vois plus quelque chose de raciste, mais qui devait sembler complètement normal à l'époque.
Peut-être que je me trompe hein, mais je pense que cet effet sonore n'aurait pas été utilisé si le film s'était déroulé dans un pays européen.

Sinon, je doute que les emmerdes durant la production soit la justification du revirement car à priori c'était déjà dans le roman adapté, ainsi que dans une première adaptation muette de 1920. Peut-être tout simplement que Duvivier est moins inspiré sur cette partie non-fantastique et la bâcle.
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

The Wachowskis


Image
Avatar de l’utilisateur
Alegas
Modo Gestapo
Modo Gestapo
 
Messages: 50789
Inscription: Mar 11 Mai 2010, 14:05
Localisation: In the Matrix

Re: [Alegas] Mes Critiques en 2025

Messagepar Olrik » Mar 11 Mar 2025, 23:25

Alegas a écrit:Sinon, je doute que les emmerdes durant la production soit la justification du revirement car à priori c'était déjà dans le roman adapté, ainsi que dans une première adaptation muette de 1920

Ma remarque n'était pas sérieuse.
Je me suis aperçu que j'avais le film sur un disque dur, je suis allé voir la scène avec les femmes, je sais pas, faudrait que je vois l'ensemble du film pour me faire une idée précise. Là, ça me semble surtout être un effet comique hors de propos.
Avatar de l’utilisateur
Olrik
Predator
Predator
 
Messages: 3022
Inscription: Sam 28 Mar 2015, 11:34

Scoumoune (La) - 2/10

Messagepar Alegas » Mer 12 Mar 2025, 01:05

Image


La Scoumoune de José Giovanni
(1972)


Critique rapide de ce film avant qu’il ne disparaisse de ma mémoire, ce qui devrait arriver rapidement vu le peu d’intérêt que j’y ai trouvé. Rares sont les films qui me donnent envie de tout arrêter dès le début, et ici, ça n’a pas loupé : passées les dix premières minutes, je sentais que ça n’allait pas être pour moi (madame a d’ailleurs décidé d’arrêter les frais à ce moment-là), et malheureusement le reste m’a donné raison. Pourtant, il y avait de quoi y croire vu les noms attachés au métrage : Giovanni réalisateur qui adapte un de ses propres bouquins, Belmondo en lead dans le rôle d’un mafieux ayant la mainmise sur Marseille, Michel Constantin et Claudia Cardinale juste derrière, François de Roubaix au score, franchement il y avait de quoi être enthousiaste.

Le résultat, malheureusement, est catastrophique. Déjà, formellement, c’est mal foutu. Giovanni n’est pas connu pour être un esthète en tant que réalisateur, mais je m’attendais tout de même à quelque chose d’un minimum bien branlé. C’est finalement plan-plan au possible, y’a pas un seul beau plan qui marque la rétine, et les séquences d’action sont malheureuses, aussi bien du côté du découpage que de la violence qui s’en dégage, sérieusement par moments on croirait voir une parodie de films de gangsters (la fusillade dans le bar avec les blacks c’est d’une nullité… :shock: ceci dit la toute première scène du film posait déjà le niveau). Côté écriture, là pareil c’est la débandade. On sent un potentiel puisque le métrage se permet un long passage en prison à mi-chemin, ainsi qu’une issue dramatique, mais personnellement je n’y ai jamais cru à cette histoire d’amitié qui pousse un mafieux à aller très loin pour tenter de faire s’évader son pote. Faut dire aussi que c’est pas aidé par le traitement du film qui donne l’impression de voir un projet faire le grand écart entre un film très sérieux et quelque chose de nettement plus léger en mode Bébel :? . Ce dernier est d’ailleurs à mon sens l’un des éléments qui plombe l’ensemble : il semble ne pas jouer dans le même film que les autres, joue un personnage qui sombre parfois dans le cartoon en repérant le danger à partir de rien et tirant plus vite que son ombre, bref on sent le Belmondo plus soucieux de sa propre image de héros parfait que du reste du film, chose qui m’agace particulièrement :evil: .

C’est dingue de constater que tout ce qu’entreprend le film est raté : l’action est naze, les passages avec les américains qui tentent de prendre Marseille on se croirait dans un mauvais film de blaxploitation (d’ailleurs le score de François de Roubaix n’est pas du tout terrible sur ces scènes), toute la partie en prison est chiantissime, celle des démineurs ridicule (y'a une mort tellement mal jouée que j'en ai eu un rire nerveux), et la fin est plombée par une fusillade censée être tragique mais qui échoue complètement à retranscrire cet effet. Pour le coup, avec ce film, j’en viens sérieusement à reconsidérer les qualités de Giovanni en tant que réalisateur, car entre celui-ci et Le Rapace (que j’avais trouvé moyen), j’en viens à me demander si la réussite de Deux hommes dans la ville n’est pas un coup de chance (bon je garde quand même espoir pour Dernier domicile connu que je dois découvrir). Pas grand chose à sauver du film du coup, si ce n’est peut-être le thème musical principal, et Claudia Cardinale qui est clairement celle qui semble y croire le plus. Pour le reste, c’est un film que je rangerais aisément à côté d’un Borsalino ou d’un Flic story, bref un polar français 70’s qui vieillit très mal.


2/10
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

The Wachowskis


Image
Avatar de l’utilisateur
Alegas
Modo Gestapo
Modo Gestapo
 
Messages: 50789
Inscription: Mar 11 Mai 2010, 14:05
Localisation: In the Matrix

Garçon au pyjama rayé (Le) - 5,5/10

Messagepar Alegas » Mer 12 Mar 2025, 12:47

Image


The boy in striped pyjamas (Le garçon au pyjama rayé) de Mark Herman
(2008)


Voilà un film qui m’a beaucoup rappelé le débat qu’avait provoqué à sa sortie le Schindler’s List de Spielberg, qu’on avait accusé de dramatisation forcée avec la scène des douches alors qu’elle était basée sur les paroles des survivantes, et qui posait donc la question : à quel point peut-on jouer dramatiquement au cinéma avec la Shoah ? Une question qu’on pourrait clairement poser avec ce film, notamment pour le tout dernier acte plutôt maladroit qui est basé sur de bonnes intentions, mais qui du coup peut aussi créer des interprétations malheureuses.

Le récit est un peu une version consensuelle et hollywoodienne du récent film de Glazer, The zone of interest, puisqu’on suit la famille d’un dirigeant de camp d’extermination, et notamment un gamin qui ne comprend pas trop le contexte dans lequel il vit, et qui garde donc une grande innocence. La première partie du métrage est clairement la plus réussie, avec la découverte progressive du camp par le garçon, d’abord par une fumée à l’horizon, puis par la vision des détenus depuis sa fenêtre (où il est persuadé de voir des fermiers), et enfin avec un enfant juif du même âge, avec qui il va discuter à plusieurs reprises à travers un mur de barbelés. Pendant la majorité du film, l’écriture n’est pas trop mal, c’est simpliste, scolaire je dirais même, notamment dans sa façon de décrire les conséquences du nazisme sur une famille ordinaire (l’arc de la sœur qui devient une radicale, c’est loin d’être subtil, idem pour l'aide de camp qui s'énerve dès qu'un juif fait une connerie devant lui) mais du coup ça en fait un film qui peut expliquer facilement aux plus jeunes les réalités de cette époque.

Par contre, comme je le disais plus haut, gros malus sur la fin qui transforme le métrage en tire-larmes particulièrement grossier. Je le voyais venir gros comme une maison, je me suis dit que le film n’allait pas oser, et en fait si. Sans trop spoiler, c’est un final qui part sur l’idée d’une égalité entre les êtres, ce qui était déjà mis en place dans les séquences avant avec la relation entre les deux gamins (chacun d’un côté de la barrière, juste parce qu’ils sont nés dans différents contextes), mais qui aboutit sur une conclusion plus que maladroite, où on crée plus de l’empathie envers la famille de nazis que pour les familles juives assassinées :shock: , ce qui vient complètement niquer le propos. Le film n’avait, à mon sens, pas besoin d’un final pareil pour marquer les esprits, et du coup d’un petit drame joliment conté on passe à un gros mélodrame bien lourd qui balance son message avec de gros sabots (franchement faut voir la scène finale, on a même la pluie qui arrive pour bien marquer le désespoir, bref trop c’est trop).

Formellement, c’est de l’ordre du téléfilm appliqué : jolie image qui ne véhicule rien en termes de sens, narration didactique, on a pas vraiment l’impression de voir un film pensé pour la salle de cinéma (ça sortirait aujourd'hui, je qualifierais ça de film de plateformes). Par contre, ça se rattrape sur le casting, avec un joli duo Vera Farmiga/David Thewlis, et le jeune Asa Butterfield qu’on allait retrouver quelques années plus tard chez Scorsese. Enfin, il y a James Horner à la BO, mais pour être tout à fait honnête ça donne un score assez anecdotique et largement oubliable, surtout en comparaison de ce qu’il fera l’année suivante pour James Cameron. Bref, un film à réserver, je pense, à un jeune public, puisque ça peut être une relative bonne introduction à cette partie de l’Histoire, mais le côté mélodramatique bourrin l’empêche de prétendre à plus.


5,5/10
Critiques similaires
Film: Garçon au pyjama rayé (Le)
Note: 7,5/10
Auteur: Invité
Film: Garçon au pyjama rayé (Le)
Note: 7,5/10
Auteur: Scalp

"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

The Wachowskis


Image
Avatar de l’utilisateur
Alegas
Modo Gestapo
Modo Gestapo
 
Messages: 50789
Inscription: Mar 11 Mai 2010, 14:05
Localisation: In the Matrix

Précédente

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Scalp et 8 invités



Founded by Zack_
Powered by phpBB © phpBB Group.
Designed by CoSa NoStrA DeSiGn and edited by osorojo and Tyseah
Traduction par phpBB-fr.com
phpBB SEO