
Tora-san 12
C'est dur d'être un homme : Mon Torajirô à moi
Yôji Yamada - 1973
C'est dur d'être un homme : Mon Torajirô à moi
Yôji Yamada - 1973
Toujours essayer de faire du neuf avec une recette déjà éprouvée depuis onze épisodes, c’est de nouveau ce que parvient à faire Yamada avec ce douzième opus. Comme d’habitude, l’histoire est fragmentée en deux parties, la première se concentrant sur un épisode de la vie de la famille Kuruma (ici, Sakura et Hiroshi décident d’offrir un voyage à Kyushu à leur oncle et à leur tante : tout le petit monde part donc pour quatre journées de vacances, tandis que Torajirô reste à Shibamata pour surveiller la boutique), la seconde à la rencontre entre Torajirô et une nouvelle madone (Ritsuko, une artiste peintre qui est la sœur d’un ancien pote de Tora).
Le thème de l’éloignement avait déjà largement été utilisé, avec Tora pensant subitement à sa famille et éprouvant le besoin de la revoir, ou bien les membres des Kuruma ne cessant d’évoquer dans leurs discussion ce diable de Torajirô. Chose intéressante ici, Yamada joue avec un éloignement qui n’est pas complet, puisque le téléphone permet un rapprochement le temps d’une brève discussion, le soir venu. Ce sera l’occasion pour Yamada d’utiliser pour la première fois d’un split screen et de jouer du ressort comique de cette bonté tyrannique qui est le propre de Torajirô. Il est tellement infect au téléphone qu’il n’est pas loin de pourrir le voyage de sa famille ! Mais l’on s’en doute, ce n’est que pour mieux jouer sur la corde sensible quand le voyage arrivera à son terme et que les Kuruma se retrouveront (bonne utilisation comique aussi du poulpe).

Les joies de la famille Kuruma en un split-screen.
Quant à la madone, si elle reste moins touchante que la précédente joué par Ruriko Asaoka, elle est originale pour différentes raisons. D’abord par la scène de rencontre avec Torajirô qui se fait en deux temps, le premier donnant carrément lieu à des insultes, et il s’en faut de peu pour que Tora utilise la boîte à gifles (par la suite, il sera plus raisonnable, égale à lui-même, en fondant devant le beau visage que lui fera Ritsuko pour se réconcilier après ce mauvais départ). Ensuite par la raison qui fera que l’amour de Torajirô ne pourra être concrétisé, raison qui, une nouvelle fois, permet d’éviter la redite. Ses proches disent souvent de lui qu’il se fait toujours jeter. C’est inexact, ou du moins exagéré. En fait, il y a toujours chez les madone une forme d’acceptation, une manière d’entrouvrir la porte pouvant laisser supposer qu’un jour, Torajirô pourra un jour poser pour de bon sa célèbre valise (valise aussi iconique que mystérieuse d’ailleurs).