
Tora-san 10
C’est dur d’être un homme : Rêve éveillé (Otoko wa tsurai yo: Torajirō yumemakura)
Yôji Yamada – 1972
C’est dur d’être un homme : Rêve éveillé (Otoko wa tsurai yo: Torajirō yumemakura)
Yôji Yamada – 1972
Comme toujours dans cette série, l’intérêt provient d’un savant mélange entre retrouvailles avec des ingrédients qui font le succès de la recette, variations pour éviter une impression de redite et inventions, par exemple en inventant de nouveaux personnages ayant un lien de parenté avec les célebrités locales du quartier de Shibamata. Ainsi ce professeur d’université, fils du prêtre joué par Chishu Ryû, et qui va en pincer avec la madone du film, jouée par Kaoru Yachigusa. Aucune idée si le personnage fera plus tard une autre apparition, mais j’avoue apprécier quand le microcosme de Shibamata se développe, lève le voile sur la vie familiale d’un personnage.
À part ça Gen montre des signes de rébellion vis-à-vis de Tora, et l’on n’entendra plus sonner le gong du temple du quartier de la même manière. Petite anecdote d’ailleurs en rapport avec Gajirô Satô, l’acteur jouant Gen. Apparemment, l’acteur était fauché et vivait avec une femme sans être marié avec elle. Or, dans l’une des premières scènes, on voit de dos une jeune femme en tenue de mariée entrer dans le magasin des Kuruma pour les saluer et recevoir leurs bénédictions. Il s’agit en fait de la compagne de Satô. En effet, Yamada, Kiyoshi et d’autres acteurs, supportant mal de savoir Satô dans la dèche et, à cause de cela, ne pouvant s’offrir une cérémonie de mariage, en ont improvisé une pour lui sur le lieu du tournage ! Beau cadeau qui donne une idée de l’esprit qui pouvait régner lors des tournages, et qui donnerait vraiment envie d’avoir un ouvrage un peu comme le journal d’Ozu.
Comme d’hab’, l’histoire d’amour se termine par un échec pour Tora même si, là encore, Yamada trouve une petite variation jamais utilisée depuis le début. Pas l’échec le plus cuisant, mais rageant et, d’une certaine manière, incompréhensible, sûrement.
Sinon, une des clés à mes yeux pour s’enquiller sans faiblir des épisodes de Tora-san : laisser passer au moins une semaine et, au moment du visionnage, totalement s’imprégner du générique et de ces plans photographiques restituant une certaine poésie d’un quotidien japonais suranné.
Un film de Tora-san, c’est finalement comme les dangos fabriqués par la famille Kuruma. Toujours la même chose, le même goût, et c’est ça qui est magique. Et quand arrive la scène finale avec la musique habituelle, le goût de reviens-y est imparable.
7/10