Brats, be ambitious !
Shin Adachi - 2022
Shin Adachi - 2022
Chroniques des soucis familiaux et extra scolaires d’une bande de garçons habitant dans une petite ville japonaise…
Durant les premières minutes, je me suis dit, en découvrant l’amitié entre Shun et Ryuzô, que j’allais avoir droit à une version japonaise de Tom Sawyer. Encore quelques minutes et là, j’ai songé à une version des Goonies. Et c’est finalement au bout d’une demi-heure que j’ai compris que le film louchait plutôt du côté du Stand by Me de Rob Reiner.
Cela pour dire que le film prend son temps pour mettre en place son histoire et justifier ses deux heures vingt. Ce serait mon principal grief : la longueur et un script pas assez resserré, à l’image de cette sous-intrigue avec Nishino, jeune garçon cinéphile et souhaitant devenir plus tard un grand réalisateur. Alors on voit ce qui a pu séduire Adachi, la parenthèse fournissant une mise en abyme, mais comme l’amitié avec Nishino ne débouche sur rien (comme ses parents divorcent, il doit quitter la ville), l’insertion semble un peu gratuite. En fait, elle aurait pu être intéressante, mais à condition de la développer, voire de constituer l’essentiel d’une histoire. On a un cas de « fausse piste narrative » qui donne à penser qu’Adachi a voulu fournir un film généreux, et tant pis si ça part un peu dans tous les sens.
Après, la longueur ne m’a pas semblé non plus constitué un problème dans la mesure où, au bout d’un certain moment, l’univers mis en place « prend ». Je me méfie toujours des films mettant en scène des gamins, c’est toujours le risque d’être agacé au bout d’un moment par une représentation de l’enfance niaise ou hystérique. C’est un peu le cas au début, mais assez vite, des nuages sombres arrivent (harcèlement scolaire, une mère atteinte d’un cancer, un père criminel qui revient après des années de prison…) et le film trouve un équilibre assez plaisant. On est bien parfois dans le mélodrame larmoyant, avec force nappes de violons pour essayer de faire pleurer dans les chaumières, mais pour ce troisième film somme toute bien rythmé, filmé caméra à l’épaule sans que ce soit saoulant (par contre, à noter que l’image numérique est parfois assez baveuse) et peuplé de personnages parfois intéressants (j’ai bien aimé la mère de Shun, maman qui n’a plus de poitrine parce qu’elle a eu un cancer et qui, devant de nouveau se faire opérer, prend un plaisir absolument WTF à faire pleurer sa fille en lui disant des choses comme : « Ne t’inquiète pas ma chérie, si je meurs ce n’est pas grave, nous nous reverrons dans l’au-delà ! »), il donne envie de suivre la carrière d’Adachi.
Et en attendant son prochain film, je tenterai peut-être son premier, 14 no yoru, cette fois-ci sur un groupe d’adolescents voyant leur quotidien bouleversé par l’arrivée, dans leur petite ville… d’une AV idol à gros seins.