[Olrik] (`0´)ノ  映画 2025 !

Vos critiques de longs-métrages

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Re: [Olrik] Eiga 2025

Messagepar Olrik » Sam 25 Jan 2025, 14:24

Total laisser-aller ! Aucun respect de l'ordre ! Comment mener une révolution avec un tel pitre ? Quelqu'un avec moi pour aider Jed à faire son auto-critique ?
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C'est dur d'être un homme : Tora-san est nostalgique - 7/10

Messagepar Olrik » Dim 26 Jan 2025, 08:36

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Tora-san 5 : Tora-san est nostalgique
Yôji Yamada - 1970


Retour derrière la caméra de Yoji Yamada pour ce cinquième opus, et il ne la quittera plus jusqu’à la fin. Mais sur le moment, il ignorait qu’il rempilerait pour 45 autres épisodes puisque ce cinquième film était prévu pour être le dernier. Seulement, voilà, comme les entrées firent un bond de 50%, les producteurs se dirent qu’ils n’allaient pas ignorer la poule aux œufs d’or.
Ces 50% en plus étaient-ils dû à un gain qualitatif du fait de retour de Yamada ? Franchement, pas évident de répondre, surtout après un quatrième épisode que j’avais trouvé très bon. Après cinq épisodes, la formule commence à être bien rôdée. On assiste au retour du rêve inaugural, deux intrigues s’enchaînent, dont une mettant forcément Tora aux prises avec la Madone du film, ici jouée par Tokuko Sugiyama qui interpréta Sakura pour la série TV. Sakura justement qui est particulièrement présente dans cette épisode et qui vaudra à Chieko Baisho le prix de la meilleure actrice au Mainichi Film Contest. C’est tout bête, mais un épisode de Tora-san proposant de bonnes scènes avec Sakura, c’est tout de suite l’assurance de passer un bon moment.
Il m’a par ailleurs semblé que l’épisode était encore plus soigné dans ses compositions et ses cadrages. J’ignore comment la série va évoluer au fil des décennies sur ce point, mais il y a eu un vrai plaisir à se plonger dans ce Japon showaesque en Fujicolor.
Sinon, le premier gag vient d’une mystification dont Torajirô est la victime. Pour rigoler, sa tante lui fait croire au téléphone que son oncle est à l’article de la mort. Plaisanterie sans le savoir un rien cruelle : l’acteur, Shin Morikawa, n’aurait plus qu’une année à vivre avant de mourir à soixante ans. Encore trois épisodes pour profiter de cette excellente première incarnation d’oncle Kuruma.
7/10

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Re: [Olrik] (`0´)ノ  映画 2025 !

Messagepar Olrik » Dim 26 Jan 2025, 11:17

!! Téléfilm !!
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Kodoku no Gurume (aka Le Gourmet Solitaire) : Episode spécial "New Year's Eve 2024"
J'avais un peu lâché l'affaire avec ce drama, avant de me rendre compte dernièrement qu'il était arrivé à sa dixième saison ! Par curiosité je suis allé voir cet épisode spécial. Goro est un peu le Tora san des expéditions culinaires, le temps ne semble pas avoir de prise sur lui. Par contre déception : pas de Masayuki Qusumi à la fin pour tester lui-même les restos de l'épisode avant d'en sortir à moitié titubant après s'être octroyé de généreuses rasades de boissons frelatées. A vérifier dans la saion 10, c'était un des moments comiques et sympathiques de la série.
Sinon un must see pour les amateurs du manga de Jirô Taniguchi.
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Bête aveugle (La) - 7,5/10

Messagepar Olrik » Lun 27 Jan 2025, 14:41

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La Bête aveugle
Yasuzô Masumura - 1969


Michio, un sculpteur aveugle, kidnappe un modèle connu, Aki Shima, dans le but de réaliser une sculpture qui restituera la perfection tactile de son corps. Le relation à trois (Michio peut compter sur sa mère pour garder l’entrée à son atelier et empêcher que la captive n’en sorte) prendra un tour inattendu.

Adapté d’une histoire particulièrement marquante (j’en ai encore des frissons) d’Edogawa Rampo, le film de Masamura minore l’horreur dans le sens où il préfère se concentrer sur une seule victime. Il n’empêche, il livre malgré tout une histoire hors normes, un classique de l’horreur touchant à l’érotique grotesque. Car visuellement, le spectateur est cueilli au bout d’un quart d’heure par la découverte de l’atelier. Imaginez un hangar obscur dont les parois sont constituées de renflements constitués d’appendices sculptés. Ici on a le coin des bouches, là celui des oreilles, là encore celui des seins, etc. Avec au milieu un immense corps féminin en caoutchouc sur lequel le kidnappeur et la victime ne tarderont pas à s’ébattre. Gros boulot du chef décorateur Shigeo Mano qui livre un décor à la fois kitsch, baroque et saisissant, avec un primat des couleurs froides au milieu desquelles jaillit la chair et la sensualité .
On est à l'époque d'un cinéma nouvelle vague et d'un cinéma louchant du côté de l'érotisme (les roman porno de la Nikkatsu ne sont plus très loin) et à ce titre, Masamura tape fort. On ne verra pas grand-chose de la plastique de son actrice, sa nudité étant souvent camouflée et c'est tant mieux : l'oeil du photographe prend le pas sur l'oeil du voyeur, livrant de chouettes compositions créant à merveille la tension entre désir et perception (prception d'ailleurs lacunaire dans le cas de Michio). Il s'agira de moins donner à voir que de faire sentir le malaise de la situation qui dégénérera quand Aki découvrira, alors que la séquestration la rendre elle aussi peu à peu aveugle, du pouvoir de la sensualité tactile.
Il y a dans cette histoire un peu de la variation sadienne autour de ces histoires peuplées de pauvres hères séquestrés et torturés sexuellement. Mais ici, la Justine devient en même temps une Juliette, savourant aussi bien la destruction de son tortionnaire (et amant) que la sienne. Dérangeant, mais beau. Et un excellent complément à l'histoire originale.

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Re: [Olrik] (`0´)ノ  映画 2025 !

Messagepar Alegas » Lun 27 Jan 2025, 14:46

Probablement un des tout premiers films japonais que j'ai vu de ma vie, lors d'un petit festival ciné en 2007. Ça m'avait bien marqué, que ce soit par le traitement de la sensualité que par la violence suggérée de la séquence finale.
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

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Re: [Olrik] (`0´)ノ  映画 2025 !

Messagepar osorojo » Lun 27 Jan 2025, 14:49

Sacrée péloche, j'ai encore des plans en tête malgré ma mémoire de poisson rouge.
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Re: [Olrik] (`0´)ノ  映画 2025 !

Messagepar Olrik » Lun 27 Jan 2025, 17:06

Là aussi, Masumura, si l'on veut explorer sa filmo, c'est vertigineux. Je crois avoir lu quelque part que pour les années 50 et 60, d'un point de vue quantitatif, le Japon dépassait l'Inde. Et le plus incroyable est le qualitatif y était aussi.
Faudrait que je revoie Red Angel et Manji, là aussi, dans le genre film tordu mais visuellement maîtrisé, ça se posait là.
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Re: [Olrik] (`0´)ノ  映画 2025 !

Messagepar Mark Chopper » Lun 27 Jan 2025, 17:14

Son adaptation de Tatouage de Tanizaki est à voir, avec Ayako Wakao dont la beauté vénéneuse est particulièrement mise en valeur (la photographie du film est à tomber).
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Re: [Olrik] (`0´)ノ  映画 2025 !

Messagepar osorojo » Lun 27 Jan 2025, 17:15

@Olrik : Tu me bottes bien, je vais essayer de choper quelques uns de ses films pour me faire un petit cycle. Red Angel et Manji, pas vus.

@Mark : j'ai lu un article sur cette adaptation y a pas si longtemps, et ça m'avait bien donné envie.
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Re: [Olrik] (`0´)ノ  映画 2025 !

Messagepar Olrik » Lun 27 Jan 2025, 17:30

Oui, Tatouage aussi est à voir. Et plein d'autres à découvrir. Bon, par contre, son film érotique italien tourné en 1980, je passe mon tour. Mais s'il y a des amateurs pour crash-tester, je ne demande qu'à découvrir :
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Méduse paralysée (La) - 7/10

Messagepar Olrik » Mar 28 Jan 2025, 15:46

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The Hot Little Girl (Shibire Kurage)
Yasuzô Masumura - 1970


Midori est une top modèle pour qui tout roule : elle a succès et son copain, un fils à papa qu'elle devrait un jour épouser, lui trouve des boulots dans le département marketing de son entreprise.
Problème : il lui propose un jour de coucher une nuit avec un riche investisseur américain.
Problème n°2 : le papa de Midori est panier percé alcoolique qui se fait prendre dans un piège tendu par des yakuzas.


Chouette ! Un mélodrame sexy de Masumura ! Et avec Mari Atsumi encore ! L'affiche du film est aguicheuse, ça promet une bonne séance de rinçage de mirettes ! On commence pied au plancher avec, dès le générique, une jolie scène d'effeuillage (qui n'ira pas au-delà de la lingerie) avant que, patatras ! on tombe peu après sur cette vision d'horreur :
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Midori au plumard avec un gaijin graisseux et poilu !

Heureusement, comme pour se laver du contact de ses mains poisseuses, on a ensuite droit à une (brève) scène de douche :
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Et il faut en profiter, ce sera la seule scène de nu. Car il faut savoir que Mari Atsuni n'avait rien de ces starlettes qui allaient bientôt pulluler à la Toei dans les pinky violence et qui ne voyaient aucun inconvénient à se montrer plus souvent nues qu'habillées. Atsumi a toujours répugné à déballer son corps et se montrera toujours plus intransigeante sur ce point pour des rôles ultérieurs. Dommage, sans doute, et en même temps sa prestation suffit à procurer du plaisir. J'évoque les tigresses à venir de la Toei, mais Midori, c'est ça, davantage une tigresse qu'une méduse (shibire kurage signifie "la méduse empoisonnée"). C'est bien simple, je n'ai jamais vu un personnage féminin distribuer autant de mornifles (notamment sur la frime de son père). Et d'ailleurs, il n'y a pas qu'elle, tout le monde à la main leste dans ce film. Elle s'en mange bien entendu elle aussi (de la part de yakuzas et même de son félon de petit ami), mais ces messieurs n'hésitent pas à faire fonctionner aussi la boîte à gifles entre eux ce qui, du coup, permet d'éviter de s'endormir durant l'histoire. Et ouais ! Une bonne mandale, ça tonifie, surtout quand les personnages sont tous très bien campés. Ryôichi Tamagawa est sympa en père vrille et alcoolique, les yakuzas (un cool, l'autre pas cool) sont convaincants, tout comme Mari Atsumi qui assure complètement dans le rôle du modèle qui pourrait mettre le monde à ses pieds mais qui doit se confronter à un monde masculin qui lui pourrit la vie. Elle n'est pas non plus idiote, la fille a du répondant (elle n'est pas du tout impressionnée par les yaks qui font chanter son père) et l'on suit sans déplaisir ses mésaventures.
Il faut savoir qu'il s'agit du deuxième film "méduse" de Masumura puisque la même années, de nouveau avec Mari Atsumi et d'autres comédiens présents dans Shibire, était sorti Denki Kurage ("la Méduse électrique"), un autre mélodrame sexy où Atsumi jouait une jolie fille cette fois-ci prénommée Yumi, mais là aussi devant faire face à une situation délicate. Pas encore vu, mais ça ne saurait tarder. En tout cas on ne peut que regretter n'ait pas davantage joué de rôle dans ce style. On est en 1970 et Atsumi n'est plus très loin de sa fin de carrière (en tout cas au cinéma). Ses derniers feux seront pour des films d'action avec Sonny Chiba, avant que, dégoûtée qu'on ne l'envisage que comme un paquet de belles chairs, elle s'éloigne du cinéma (avec malheureusement une tentative de suicide en 1978). Dommage car, d'une certaine manière, Atsumi est davantage à rapprocher d'une Meiko Kaji que de Reiko Ike, et il aurait été intéressant de la voir dans d'autres films de la même veine que ce Shibire Kurage.
7/10
Le film est visible ici.
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Re: [Olrik] (`0´)ノ  映画 2025 !

Messagepar osorojo » Mar 28 Jan 2025, 15:48

1h32, dispo sur archive, thank you sir, j'me le fais bientôt :super:
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Méduse électrique (La) - 7/10

Messagepar Olrik » Mer 29 Jan 2025, 13:21

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Play it cool (Denki Kurage, aka La Méduse électrique)
Yasuzô Masumura


Yumi vit en compagnie de sa mère, une hôtesse sur le déclin. Un jour, alors que cette dernière est partie travailler à son bar, Yumi se fait violer par le type avec qui la mère a une liaison depuis quelque temps. Apprenant la vérité, la mère, furieuse, tue son amant avant d'être envoyée en prison pour quelques années. Yumi se retrouve seule et va donc devoir trouver un travail. Que voulez-vous, il faut bien vivre ! Mais que faire ? Hé ? et pourquoi pas bosser dans un bar à hôtesses ?

Denki Kurage et Shibire Kurage forment vraiment un diptyque : même actrice principale, mêmes acteurs, même style d'affiche, même durée et à peu près la même histoire. On retrouve une héroïne, enfin, une belle héroïne jetée au milieu d'un monde masculin éminemment toxique mais qui va apprendre à composer avec cette « méduse électrique » qui, une fois son malheureux dépucelage effectué, va prendre sa destinée en main, en n'hésitant pas notamment à jouer les manipulatrices pour parvenir à ses fins (comprenez, obtenir un max de pognon). Elle aura souvent bien chaud aux fesses (elle est à deux doigts de servir de prostituée dans un endroit où on la séquestre, et elle passe aussi par la case "poste de police" pour avoir joué de l'argent lors de partie de cartes clandestine), mais aura à chaque fois les ressources ou le petit coup de pouce du destin (un homme est sincèrement amoureux d'elle) pour l'aider.
Aussi bien, il n'est pas évident de dire lequel des deux films est le plus intéressant. J'aurais envie de dire que c'est Shibire Kurage, mais c'est peut-être aussi parce que je me suis enfilé les deux films à la suite et que j'ai eu un sentiment de redite avec Denki Kurage. Ce dernier m'a paru cependant un peu plus sombre. Un viol, un meurtre, une séquestration... sans oublier un avortement après un engrossement qui avait un but bien précis. Ici, on ne va rien révéler. Disons juste que c'est en rapport avec une galerie de sinistres personnages qui ont donné un côté balzacien (très Cousin Pons) à la fin. Otoko wa tsurai yo, disait l'autre. Avec ce diptyque, on pourrait dire : Onna mo wa tsurai yo !
Et, dans le cas de Mari Atsumi, on pourrait ajouter « C’est dur d’être une bijin ! ». J’avais évoqué la réticence de la belle à dévoiler sa nudité, en dépit d’affiches aguicheuses. Cela dit, l’affiche de Denki Kurage annnonce la couleur : qu’on se le dise, Atsumi fera tout pour cacher sa poitrine. je n’ai jamais vu une actrice défendre avec autant d’adresse le dévoilement complet de ses charmes. Il y a toujours une main, un bras ou un objet pour empêcher la vue des précieux atouts – parmi tant d’autres – de Mari, et il faudra une des dernières scènes (on se dit que le plan a été obtenu à coups de supplication ou bien en ajoutant une clause bien rémunérée au contrat) pour voir un glorieux globe :
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… avant d’être recouvert d’une pogne qui ne le lâchera plus. Ça ne portera d’ailleurs pas chance à l’amant. Quelle idée aussi de vouloir caresser une méduse !
7/10
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Underworld beauty - 7/10

Messagepar Olrik » Jeu 30 Jan 2025, 15:16

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Underworld Beauty
Seijun Suzuki - 1958


À peine sorti de prison, Miyamoto (Michitarô Mizushima) file tout droit dans les égouts pour mettre la main sur trois magnifiques diamants qu'il avait planqués (et pour le vol desquels il avait passé plusieurs années à l'ombre). Mais il ne souhaite pas les garder, non, il préfère les donner à son ancien partenaire, Mihara, désormais amputé d'une jambe. Mais un autre associé ne l'entend pas ainsi. Du rififi survient et l'amputé meurt. Miyamotio décide alors remettre les diams à la sœur de ce dernier, Akiko (Mari Shiraki), jeune femme espiègle un rien loubarde...

Underworld Beauty est le premier film de Suzuki en Cinemascope et dans lequel son nom d’artiste est crédité au générique. Et clairement, ce n'est pas un tour de chauffe. Suzuki a déjà passé la deuxième, si ce n'est la troisième. Sans atteindre les délires visuels de La Marque du Tueur ou ses autres polars en couleur qui lui vaudront d'être licencié par la Nikkatsu, Underworld Beauty se veut un polar vitaminé et inventif. On sent un réalisateur qui s'amuse, dans ses compositions d'images, mais aussi dans sa narration. L'esprit cartésien a de quoi tiquer devant certaines séquences, mais ce ne serait pas voir combien ces invraisemblances participent au charme de l'ensemble, à son énergie. En fait, le maître mot pour Suzuki semble être de raconter son histoire avec du style, en en prenant garde de ne pas la laisser reposer trop longtemps.
Alors ce n'est pas non plus aussi virevoltant que, disons, L'Homme de Rio, mais c'est vrai que cette chasse aux diamants à un côté B.D. de par sa grande variété de situations et son éventail de décors allant des égouts à des quartiers populaires en passant par des boîtes de nuit restituant un swingin' Tokyo alors qu'on y trouvait encore des GIs en goguette.
Quant à l'atout charme, précisons qu'il y a tromperie sur la marchandise si on se focalise trop sur l'affiche. Mais pas d'erreur, l'Underworld Beauty renvoie bien à Akiko (et non pas aux diamants, comme j'ai pu le lire quelque part). À coté des trois autres, elle est le 4e diamant, et finalement l'élément le plus marquant du film. Petite peste moqueuse, gueularde et pleurnicheuse, elle aussi virevolte pas mal, beauté brute d'un monde interlope et qui, comme le suggérera l’ultime plan, n’attend finalement que le polissage d’un doux sentiment prêt à naître.


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Au bout du monde - 7,5/10

Messagepar Olrik » Ven 31 Jan 2025, 14:30

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Au Bout du monde
Kiyoshi Kurosawa - 2019


Une équipe de TV japonaise est en Ouzbékistan pour tourner une émission documentaire. La présentatrice, Yoko, n’est pas au mieux dans cette ambiance très roots, d’autant que l’attitude assez peu bienveillante de ses collègues n’aide pas…

2013 : Sortie de Seventh Code, dans lequel Atsuko Maeda (ex-AKB48) jouait un personnage devant se rendre à Vladivostok.
Cinq ans plus tard sortait donc ce Au Bout du monde, dans lequel on retrouve… Atsuko Maeda bourlinguant cette fois-ci du côté de Tachkent.
C’est peu dire que l’on a l’impression que le premier film faisait office de brouillon pour le second. Mais en fait rien de tel, puisque Au bout du monde a été créé pour commémorer le 25e anniversaire des relations diplomatiques entre le Japon et L’Ouzbékistan. Origine totalement improbable donc, d’autant qu’on est dans une histoire qui s’écarte des habituels thèmes de Kurosawa. Point de fantômes ou de virus ici, juste une quête intérieure et une compréhension de l’altérité. Et franchement, c’est totalement réussi.
D’abord, parce que nuancé. Les Ousbeks ne sont pas présentés comme des rednecks d’Asie centrale. Certes, une certaine lourdeur s’en dégage (le sans-gêne, la rude misogynie d’un pêcheur, les regards curieux pas vraiment discrets sur Yoko, la scène de l’escroquerie avec la chèvre…), et l’on est un peu inquiet quand on voit la présentatrice kawai s’aventurer seule dans des rues sordides où des mâles se retournent à son passage. On se dit que ça va mal se passer, qu’elle est bien imprudente, que tout cela va finir en viol collectif. Mais en fait, au fur et à mesure qu’avance l’histoire, on s’aperçoit qu’il se dégage surtout une certaine bienveillance à son égard, sentiment que l’on n’observe guère du côté de ses collègues japonais, comme en témoigne la terrible scène (vraiment, j’ai failli vomir) dans laquelle Yoko, pour les besoins du documentaires, doit monter dans un manège à sensations. Ce qui compte alors, c’est de savoir si les prises ont été réussies, la santé de la présentatrice (qui n’a rien d’une star, on le comprend très vite) étant secondaire.
Mais pour cela aussi, Kurosawa finit par nuancer, les trois hommes de l’équipe de tournage n’étant pas forcément de mauvais bougres, même si le personnage joué par Shota Sometani reste assez antipathique. Sinon, entre les Ousbeks et les Japonais se trouve un traducteur local, Temur, jeune homme admiratif du Japon, des Japonais, et qui, par son humanité, aidera Yoko à sortir de ses déceptions (l’épisode de la chèvre) ou de ses déconvenues (la poursuite avec la police dans Tachkent), et à comprendre combien ses angoisses étaient fausses et parasitaient sa perception du pays et des gens.
À cela Kurosawa ajoute une autre intrigue, celle concernant la liaison amoureuse entre Yoko et un petit ami laissé à Tokyo, liaison qui connaîtra un violent rebondissement dans une atmosphère de fin du monde. C’est un autre point commun avec Seventh Code, et d’ailleurs, en y réfléchissant bien, on peut y trouver un autre, celui de ménager une scène chantée. Eh oui, que voulez-vous, une ex-AKB48, ça ne se refuse pas ! C’est un peu saisissant au début, presque gênant, mais finalement, la scène (enfin, les deux scènes précisément) tient la route et peut être mis en lien avec le final d’un autre film sur le doute et la perte des repères, Tokyo Sonata. Dans les deux cas, les deux scènes fonctionnent comme une parenthèse quasi magique, appartenant à un autre monde préservé des menaces du monde réel, c’est-à-dire de l’habituel univers kurosawaesque où pullulent fantômes, virus et autres serial killers.
Une belle découverte pour ce premier long métrage de Kurosawa tourné en-dehors du Japon. Le film fait deux heures mais, avec les différentes approches que ménage Kurosawa (auxquels il faut ajouter tout bêtement un certain plaisir de carte postale, avec de beaux paysage et la découverte de certains quartiers de Tachkent), ce sont deux heures très prenantes. Un Korosawa atypique et très recommandable, même auprès de ceux qui seraient hermétiques à ses autres films.

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