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C'est dur d'être un homme : Le grand amour - 6/10

Messagepar Olrik » Jeu 09 Jan 2025, 14:13

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Tora san 3
C’est dur d’être un homme : Le Grand Amour (Otoko wa tsurai yo: Fūten no Tora)
Azuma Morisaki – 1970


Le Grand Amour est le premier des deux seuls opus n’ayant pas été tournés par Yôji Yamada (le second étant le film suivant). À l’origine, Yamada s’était contenté d’écrire les scénarios, se disant que cela suffirait à d’autres metteurs en scènes pour bien restituer son univers. Mais déçu par le résultat, il entreprit de revenir à la réalisation pour cette fois-ci ne plus céder sa place jusqu’au cinquantième film.

Sa déception est-elle justifiée ? Sans aller jusqu’à dire que Tora san 3 est un ratage, force est de constater qu’il est tout de même moins prenant que les deux premiers. Pourtant, on a les mêmes acteurs, les mêmes ingrédients, et encore une fois, le scénario venait de Yamada lui-même. Alors, quoi ? Il serait intéressant de savoir ici quelle était le degré de précision du scénario et s’il laissait une marge de manœuvre au réalisateur, notamment concernant les choix dans la direction d’acteur. Car ici, si Torajirô est toujours Torajirô, c’est-à-dire un emmerdeur attachant, il est peut-être moins drôle que d’habitude. Attention ! le film possède quand même son lot de scènes capables de faire sourire ou de rire (notamment toute la partie où il s’agit de lui faire rencontrer une femme pour le marier), mais oui, j’ai trouvé le personnage moins irrésistible.

Déception aussi de voir que Sakura n’apparaît que très peu dans le film (il paraît que c’est le film de la saga ou elle a le moins de temps d’apparition). Et là aussi, c’est dommage, les confrontations entre Torajirô et sa petite sœur constituant souvent des scènes attendrissantes, contrebalançant bien les scènes comiques. De même, le prêtre du quartier joué par Chishû Ryû n’apparaît que dix secondes, et là aussi, c’est frustrant. Il est toujours drôle de voir sa mine exaspérée quand on évoque devant lui le cas Torajirô Kuruma.

Enfin, le film s’ouvre non pas sur une séquence de rêve (excellente idée initiée au deuxième opus et qui sera par la suite un passage obligé dans la série) mais par une scène un peu surprenante, avec notre héros coincé dans une sinistre auberge, occupé à tousser à cause d’un mauvais froid. Sinistre et inhabituel.

Bref, après les deux premiers films, on pouvait croire que la série était fermement installée sur de bons rails. Mais il suffit de peu de choses pour que la mayonnaise prenne moins (ah ! j’ai trouvé aussi que certains passages dialogués avaient parfois tendance à s’éterniser, petit problème de rythme donc). Assez curieux malgré tout de voir le quatrième film, cette fois-ci réalisé par Shunichi Kobayashi, et surtout le cinquième avec Yamada de retour aux affaires, pour essayer de déceler en quoi consiste sa magie pour la mythique saga.


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Re: [Olrik] Eiga 2025

Messagepar Mark Chopper » Jeu 09 Jan 2025, 14:30

Pas vu le 4ème pour la peine. Curieux de ton retour le cas échéant.
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Re: [Olrik] Eiga 2025

Messagepar Olrik » Jeu 09 Jan 2025, 15:42

Apparemment il est correctement noté. On verra cela d'ici quelques jours. En fait, tout va dépendre de la madone (là aussi, celle du troisième film était un peu quelconque). Je veux avoir confiance :
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Serpent's path - 6,5/10

Messagepar Olrik » Ven 10 Jan 2025, 13:52

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The Serpent's path
Kiyoshi Kurosawa - 1998


Miyashita, un yakuza peu gradé, a soif de vengeance. Il veut faire payer celui qui est responsable de la mort de sa petite fille qui a été enlevée, violée et torturée. Pour ce faire, il est aidé de Nijima, un professeur de mathématiques impassible. Ensemble, ils parviennent à kidnapper et séquestrer un premier yakuza. Problème : il s’avère que ce n’est peut-être pas lui le responsable. Qu’à cela ne tienne, le duo en kidnappe un second. Mais là aussi, le doute subsiste. Finalement, le vrai coupable serait un certain Agata… peut-être…


Tourné en un mois, The Serpent’s path est le premier volet d’un diptique (le deuxième film étant Eyes of the Spider) sur le thème d’une vengeance liée au meurtre d’une petite fille (et dont un remake, filmé par Kurosawa et comprenant des acteurs français, est sorti l’année dernière). Chronologiquement dans la filmographie, il suit Cure, le film qui a fait connaître Kurosawa à l’international. Pour qui n’aurait vu que ce dernier de film, voir The Serpent’s path constituerait à n’en pas douter une surprise. Si on retrouve un certain glauque (par le thème, mais aussi la violence ou le goût de Kurosawa pour un Japon déshumanisé ainsi que pour de vieux entrepôts sales et désaffectés), le film se démarque nettement du précédent par un ton alternant sérieux et incongruité. Rien d’étonnant non plus quand on a exploré la filmo du réalisateur. Dès le début, dans ses deux films érotiques (The Excitement of the DO RE MI FA Girl et Kandagawa Pervert Wars), était en effet déjà présent un goût pour l’humour absurde.

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Kandagawa Pervert Wars


Il faut donc bien avoir conscience qu’on se trouve en face d’un revenge movie particulier. Habituellement, dans ces films, le personnage principal suscite l’empathie du spectateur qui souhaite que la vengeance soit à la fin récompensée (ou qu’au moins un certain apaisement soit trouvé). Je ne dirais pas que c’est le cas ici. Miyashita a beau mettre un poste de TV en face des yakuzas attachés au mur pour leur montrer des images de sa fille, tout en scandant les terribles mots du médecin légiste qui a examiné le corps de la petite victime, on est surtout curieux de cette drôle d’association entre un yakuza et un professeur de mathématiques. Professeur qui d’ailleurs, dans des cours du soir qu’il dispense (précisons d’ailleurs que ce sont des mathématiques pour de vrais génies puisqu’il utilise des symboles qui n’existent pas), a parmi ses élèves une gamine qui évoque fortement la fille disparue de Miyashita. Forcément, le spectateur cogite, se demande si l’intrigue ne va pas rebondir, si la fillette ne va pas permettre de s’avancer un peu vers la vérité. Mais en fait non, Kurosawa sème des indices, des scènes étranges, des détails qui semblent n’être là que pour tisser des interprétations susceptibles d’éclaircir la brume.

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Miyashita devant des équations mathématiques. Une métaphore du spectateur devant le sens du film ?


Autant dire que le spectateur qui attendrait une réponse claire court le risque d’être déconcerté et de gémir à la fin, surtout après une ultime et brève scène de flashback épaississant encore davantage le mystère. Mais si l’on ne se sent pas d’humeur interprétative, pas grave non plus, on peut tout aussi bien se laisser porter par l’aspect ludique de la chose, et l’invention que met Kurosawa pour que chaque scène intrigue, amuse ou surprenne.

Assurément pas le meilleur film de Kurosawa, mais film très représentatif de son univers et, quand on prend en compte les conditions d’un tournage un rien commando, film un rien fiévreux et stimulant.

6,5/10

Une interprétation pertinente du film :
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My broken Mariko - 7/10

Messagepar Olrik » Sam 11 Jan 2025, 13:08

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My Broken Mariko
Yuki Tanada - 2021


Tomoyo, OL célibataire menant une vie morne à Tokyo, apprend un jour en regardant les infos que sa grande amie de toujours, Mariko, s’est suicidée. Elle se rend illico chez ses parents pour voir l’urne funéraire de son amie et lui rendre hommage. Mais ça se passe mal. Ulcérée par la présence du père dont elle sait qu’il n’a cessé de persécuter Mariko durant son enfance et son adolescence (il l’aurait même violée), elle se saisit de l’urne et s’enfuit avec. Son but : disperser les cendres à Marigaoka, lieu que Mariko aurait aimé visiter avec son amie…
Les adaptations live de mangas ne sont pas toutes foireuses, My Broken Mariko en est la preuve. Adapté d’un josei manga de Waka Mariko (très bon one shot d’ailleurs, que l’on trouve en France chez Kioon), Yuki Tanada a su rester très fidèle à l’œuvre, sans pour autant que cela soit pesant, artificiel, comme c’est souvent le cas lorsqu’un réalisateur accepte une commande de ce type. On peut penser que ce qui a attiré la réalisatrice dans le projet, c’est tout simplement le fait qu’une nouvelle fois, elle allait devoir gérer l’histoire de jeunes femmes en marge de la société (One million yen girl), vivant un quotidien bouleversé à cause d’un événement (The Cowards who looked to the sky).
Vu après le magnifique 658km Yoko no tabi de Kazuyoshi Kumakiri, je me suis donc de nouveau retrouvé face à un road movie où il est question de faire son deuil de quelqu’un. Avec pour point commun quelques mésaventures pour les deux héroïnes (une fois arrivée à destination, Tomoyo se fait faucher son sac à main où se trouvent son portable et tout son argent) et une rumination du passé qui devra être dépassée afin de retrouver l’apaisement. En revanche, rien de commun entre elles pour la personnalité puisque Tomoyo est, elle, une jeune femme parfaitement intégrée dans la société. Mais bossant dans une entreprise sous la pression d’un petit chef qui la gonfle passablement, on sent qu’elle n’est pas non plus totalement heureuse. Rude caractère en tout cas. Grosse fumeuse, elle se laisser parfois déborder par ses émotions et ses accès de colère. Ce qui n’est pas sans lui donner un côté viril qui, avec les flashbacks nous montrant une Mariko à l’inverse féminine et toute en émotions rentrées, donne à imaginer une amitié teintée d’homosexualité. Cela reste en tout cas du domaine de l’implicite.
Ainsi la rencontre que fait Tomoyo avec Makio, jeune homme nonchalant et désœuvré, qui vient en aide à Tomoyo au milieu de sa détresse après s’être fait voler tous ses biens. Il est l’antithèse parfaite du connard qui sert de supérieur à Tomoyo dans son entreprise. Une sorte d’amant idéal pour cette jeune femme que l’on ne sent pas épanouie dans sa vie tokyoïte. Eh bien cela ne donnera rien.
N’attendez pas une multitude de péripéties. My Broken Mariko, tout comme 658km Yoko no tabi, se veut avant tout comme une histoire simple sur l’amitié entre deux jeunes femmes (et là, je pense aussi à l’excellent Look Back sorti l’année dernière), toutes deux interprétées par d’excellentes actrices. Manque peut-être un peu de cette âpreté vue dans le film de Kumakiri, mais là, c’est une affaire de goût. En tout cas, Yuki Tanada continue d’être une réalisatrice intéressante


7/10

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Re: [Olrik] Eiga 2025

Messagepar Mark Chopper » Sam 11 Jan 2025, 13:38

Le manga était tellement dur que je ne l'ai pas terminé. Pas d'humeur à l'époque.
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Re: [Olrik] Eiga 2025

Messagepar Olrik » Sam 11 Jan 2025, 14:16

Oui, faut pas croire, mais les josei mangas destinés avant tout à un manga féminin, ça peut bien tuer la gueule.
Cela dit le film m'a paru finalement plus doux.
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Eyes of the spider - 7/10

Messagepar Olrik » Dim 12 Jan 2025, 13:43

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Eyes of the Spider (Kumo no hitomi)
Kiyoshi Kurosawa - 1998


Un jour, un salary man nommé Nijima met la main sur un yakuza qu’il pense être le responsable du meurtre de sa fille. Il le séquestre, le torture jusqu’à ce que l’homme succombe. Une nouvelle vie commence. Ça tombe bien, Nijima tombe sur un ancien camarade, Iwamatsu, qui lui propose d’abandonner son métier pour le rejoindre dans son « entreprise ». En réalité, il s’agit d’un gang souvent chargé de buter des gens…

Bon, par où commencer ? Peut-être par l’excellent casting : Shô Aikawa (déjà présent dans le premier volet du diptique, ici dans le rôle du père de famille vengeur), le kitanesque Dankan…
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Ah ! Getting Any ! Quel film !


…l’excellent Ren Osugi mais aussi ce bon vieux Susumu Terajima ou encore Moe Sakura, fraîchement débarquée d’un pinku de Takahisa Zeze (Raigyô).

Mais on peut aussi insister sur le fait que le film n’a rien à voir avec le premier volet, notamment dans le ton. Alors oui, il y a toujours un côté cryptique qui pourra rebuter les plus réfractaires aux plaisirs herméneutiques, et l’on retrouve un certain goût de l’absurde. Mais le curseur est poussé un peu plus du côté du délire, délire qui, dès que Nijima fait la rencontre de l’équipe de bras cassés d’Iwamatsu, rappelle ce glorieux nom :

Takeshi Kitano


Car oui, en voyant ces Yeux de l’araignée, impossible de ne pas songer à Jugatsu (dans lequel jouait Dankan) et surtout Sonatine, sorti cinq années plus tôt. On y retrouve la même ambiance étonnamment décontractée (cf. la scène où la fine équipe pêche sur une barque au milieu d’un lac) ainsi que l’humour jouant sur les ellipses. Il y a même parfois un humour foutraque, un rien WTF, qui évoquerait les facéties de Beat Takeshi dans d’autres films. Ainsi la scène où les cinq gars entourent une victime pour l’achever mais mettent le temps à le faire à cause d’une succession d’enrayages des revolvers, mais surtout celle (souvent citée) où l’on voit Nijima de profil, marcher le long d’une avenue. Arrive dans le champ, à l’arrière-plan, le personnage d’Osugi (un yakuza supérieur) dans une voiture, roulant au rythme de Nijima pour lui demander de penser à rédiger un dossier demandé. Je ne vais pas dévoiler davantage cette scène, ce qu’il se passe est tout bête et assez réussi, si l’on aime le comique basé sur la répétition et la variation.

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Après, le film n’est pas exactement une tarte à la crème façon Getting any ? envoyée à la frime du spectateur. Mais comparativement au reste de la filmographie de Kurosawa il est, en dépit des nombreux cadavres qui jonchent le film, le plus comique. D’ailleurs, si l’on regarde la liste de ses films après Eyes of the Spider, on s’aperçoit que le ton sera invariablement sérieux (du moins dans l’ensemble), que Kurosawa ne retrouvera jamais cette verve. Et c’est bien dommage car je serais assez curieux de voir un film maintenant avec toute sa maîtrise technique.

Eyes of the Spider peut donc être abordé comme une sorte de pastiche de Kitano à la sauce Kurosawa. Mais on peut tout aussi bien l’apprécier comme un film sur le vide et l’effondrement moral d’un personnage, effondrement qui résonnera étrangement lorsqu’arrivera une stupéfiante révélation à la toute fin du film.

Scénarisé par Kurosawa lui-même (alors que The Serpent’s Path l’avait été par le scénariste de Ringu), Eyes of the Spider est peut-être le meilleur film du dytique… qui est en fait une tétralogie, puisque Kurosawa considère ses deux autres films sur la vengeance (The Revenge: A Scar That Never Disappears et The Revenge : A Visit from Fate) comme les deux premiers volets.

7/10

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Re: [Olrik] Eiga 2025

Messagepar osorojo » Dim 12 Jan 2025, 14:52

Il m'intéresse bien celui-là, je vais essayer de le voir.
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C'est dur d'être un homme : Le millionnaire - 7,5/10

Messagepar Olrik » Lun 13 Jan 2025, 18:16

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Tora san 4 : Le Millionnaire
Shunichi Kobayashi - 1970


Tora vient de gagner un million de yens aux courses. Le voilà devenu nouveau riche… du moins juste le temps du premier quart d’heure du film puisqu’il se fait voler son argent par le patron d’une agence de voyages (il comptait offrir un séjour à Hawaï à son oncle et sa tante)…

Deuxième et dernier Tora-san qui n’est pas réalisé par Yamada lui-même. Après la relative déception du troisième opus, j’ai lancé la pelloche de ce film un peu à contrecœur, craignant le pire. À tort car franchement, il est très réussi.
Dès la première scène, j’ai senti que l’affaire était bien partie. Pourtant, comme pour le troisième film, on n’a pas droit là non plus à une plongée dans un rêve que fait Tora. On rencontre ce dernier perdu dans une petite auberge, attendant de prendre un car. La scène est réussie, amusante, tout comme le flashback sur les champs de courses raconté par Monsieur Poulpe. Entendre au bout de dix minutes un savoureux « Abayo, Tako ! » m’a mis de bonne humeur pour jusqu’à la fin de l’histoire.
Par la suite, on revient à Shibamata, et on n’en sort plus. Et c’est là qu’on voit qu’un film de Tora-san, c’est un peu comme un album de Gaston. Dans les deux cas, on est un peu face à des héros sans emploi, rêveur et gaffeur. On a un plaisir à les retrouver, mais compte tout autant la galerie de personnages qui gravitent autour d’eux. Et là, on est servi. Dans le film précédent, j’avais regretté par exemple de ne quasiment pas voir le personnage du prêtre joué par Ryû Chishu. C’est réparé, on a droit à de belles apparitions. De même Sakura bien sûr, mais aussi Noboru et d’autres personnages appartenant à la rue où se trouve la boutique Kuruma, personnages donnant une vivifiante couleur populaire à l’ensemble.
Mention spéciale à l’oncle et à la tante, très présents et souvent franchement drôles, en particulier l’oncle qui permet à Shin Morikawa de donner sa meilleure prestation depuis le début de la saga.
Cerise sur le gâteau, la madone (jouée par Komaki Kurihara) est là aussi un cran nettement au-dessus par rapport à la précédente :
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La môme est maîtresse d’école dans le quartier et, forcément, Tarojirô se sent des envies de redevenir un élève studieux (enfin, surtout reluqueur du frais minois de sa sensei bien-aimée). Mais pas non plus totalement béat tout le long du film, le Torajirô, on retrouve un aspect (un peu mis en sourdine dans le troisième film) de sa personnalité, à savoir le Tora teigneux comme une gale (pas mal de mandales distribuées, notamment sur le crâne du Poulpe).
Bref, vraiment un chouette opus qui tend à prouver que, finalement, un film de Tora-san réussi, c’est avant tout un bon scénario et de bons acteurs, les metteurs en scène pouvant être interchangeables. Alors pourquoi Yamada a-t-il eu des réserves en voyant les épisodes trois et quatre ? À un premier niveau, il y aurait peut-être eu une basse envie intéressée, celle de cumuler les casquettes de scénariste et de metteur en scène. Mais on peut se demander aussi si, tout simplement, il n’y aurait pas eu le désir du créateur de ne pas céder son jouet à quelqu’un d’autre, de le garder pour lui afin de ressentir le plaisir de maîtriser totalement un univers en se confrontant aux images toutes de chair de ses personnages. Dans tous les cas, il sera plaisant de voir le film suivant pour tenter de déceler de petites différences ou un petit gain en qualité, en plaisir. Mais, après un 4ème opus vraiment réussi, ce sera aussi chaud que d’attendre de M. Poulpe une réplique ne portant pas sur les nerfs de Torajirô.
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Vingt-quatre prunelles - 8/10

Messagepar Olrik » Mar 14 Jan 2025, 17:22

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Vingt-quatre prunelles
Keisuke Kinoshita - 1954



Japon, île de Shôdoshima, 1928. Hisako Ôishi, lumineuse jeune institutrice, est nommée dans un petit village. Elle doit s’occuper de douze gamins, tous issus de familles pauvres. Très vite, un attachement particulier se tisse entre la maîtresse et les élèves. Et puis, les années passent, les premiers soucis politiques arrivent (l’incident de Shangaï, l’invasion de la Mandchourie), avec la montée du militarisme…


Je précise humblement d’emblée que je n’ai pas vu la bonne cinquantaine de films réalisés par Kinoshita et ne saurai donc dire s’il s’agit de son meilleur film. Mais qu’il soit un de ses plus célèbres avec La Ballade de Narayama, sans l’ombre d’un doute.
D’abord parce qu’on y retrouve, trois ans après Carmen revient au pays, Hideko Takamine débarquant de nouveau dans un trou perdu, cette fois-ci pas en tant que strip-teaseuse espiègle mais comme modeste institutrice n’aimant rien d’autre que la vie. Un changement de registre qui illustre l’étendue de la palette de l’actrice, et d’autant plus que le film s’étale sur vingt ans, donnant ainsi à voir le vieillissement du personnage à chaque étape joué de manière très convaincante par Takamine.
Mais le plus touchant est sans doute le côté anti-militariste « en mode mineur ». Car le film n’a rien d’un brûlot dénonçant la guerre par le biais, je ne sais pas moi, de tirades enflammées de paysans ayant viré communistes. Le point de vue est ici essentiellement féminin, qui plus est institutionnalisé, cadenassé par le pouvoir impérial. Avec beaucoup d’amertume, l’institutrice s’aperçoit à un moment qu’elle n’est plus libre d’exercer librement, tenue qu’elle est d’exploiter des manuels où à chaque coin de page apparaît des mots comme « devoir », « patrie » ou « patriotisme. » Après avoir constaté qu’elle n’a pas la main sur des éléments intervenant en dehors de la sphère de l’école (elle s’aperçoit que beaucoup de ses élèves ont un avenir bouché du fait de la misère de leur famille), elle comprend qu’elle doit faire profil bas, accepter que ses élèves, devenus à peine des hommes, s’enrôlent pour aller se faire tuer dans cette guerre contre les Américains.
« Ne rien voir, ne rien dire, ne rien entendre : ce sont les préceptes que vous devez leur inculquer pour en faire de bons serviteurs de notre pays », lui dira avec le plus grand sérieux le directeur de son école, tandis qu’un de ses collègues affirmera : « Nous enseignants, devons être de bons patriotes. » Nous sommes à une époque où simplement dire que l’on souhaite que la guerre s’arrête vous catalogue illico comme « rouge ». Et quand elle exprime ce souhait à ses trois enfants, ils la traiteront aussitôt de « poule mouillée ». Elle se contentera de sourire et de répondre « C’est vrai », attendant des jours meilleurs qui, au bout du compte, lui donneront raison, le temps d’un final que les mauvaises langues taxeront de « lacrymal », et que je qualifierai pour ma part simplement de « touchant ».
Dans tout cela, le peuple japonais apparaît fondamentalement comme innocent, victime surtout d’une propagande va-t’en-guerre toute puissante (« Nous ne sommes pas morts pour la patrie ! » ira même jusqu’à regretter Daikichi, le fils aîné d’Ôishi, au moment de la capitulation). Cela peut sembler un peu facile, on aurait pu espérer à la fin une sorte de remise en question d’idéaux militaristes vérolés, ou la reconnaissance d’une lâcheté collective. Mais ce ne sera pas le choix du film qui, jusque au bout, restera essentiellement féminin, avec d’anciennes élèves devenues mères, ayant un métier, étant même parvenue à s’échapper de la misère familiale, tandis que leur bien-aimée « Professeur Petit Caillou » (surnom donné à Ôishi au début du film mais qui, à la fin, deviendra « Professeur Grosses Larmes » — et on comprendra volontiers pourquoi) repart vaillamment à son travail, cette fois-ci pour « semer des graines » (allusion à un livret évoqué dans le film) selon son cœur de pédagogue humaniste.
Sinon, autant prévenir : ça pleure beaucoup et c’est accompagné tout le long du film de chansons d’enfants. Après, comme on est côté familles plutôt que côté soldats, il est plus logique d’entendre cela plutôt que des obus ou des balles de mitraillettes. Personnellement, ça ne m’a pas gêné, surtout quand au milieu du film, on a ce sinistre effet des premiers chants d’enfants gangrénés par un élan patriotique. On a alors plus qu’à faire comme Ôishi sensei, c’est-à-dire serrer les dents et espérer que les premiers chants entendus, plus bucoliques, reviennent… et ils reviendront.


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Re: [Olrik] Eiga 2025

Messagepar Mark Chopper » Mar 14 Jan 2025, 17:26

Je tease un peu : tu es prêt pour Tora-san 36 maintenant.
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Re: [Olrik] Eiga 2025

Messagepar Olrik » Mar 14 Jan 2025, 18:04

Je suis allé vérifier : bien vu !
Marrant d'ailleurs, la madone du film est Kumiko Kurihara, qui faisait déjà celle du quatrième opus.
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Vital - 7,5/10

Messagepar Olrik » Mer 15 Jan 2025, 15:42

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Vital
Shinya Tsukamoto (2004)



Hiroshi Takagi se réveille dans la chambre d’un hôpital. On lui explique qu’il revient d’un accident de voiture, accident dans lequel sa petite-amie, Ryoko, a eu moins de chance. Mais à cette perte s’ajoute une deuxième puisque Takagi a aussi perdu la mémoire. Il découvre cependant qu’avant l’accident, il avait commencé à étudier la médecine. Dès lors reprend-il ses études dans une une université. Là, une étudiante, Ikumi, semble s’intéresser à lui. En vain car alors qu’il doit activement participer à une dissection sur un cadavre s’étalant sur plusieurs jours, il s’aperçoit que le corps qu’on lui confie n’est autre que celui de sa petite-amie…



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Quinze ans plus tôt, Tsukamoto racontait avec Tetsuo la renaissance d’un homme qui voyait son corps peu à peu contaminé par le métal. Dans Vital, il s’agit de nouveau du récit d’une renaissance, mais cette fois-ci, le métal du bistouri ne remplacera par la chair. Il sera utilisé pour faire ce dont il est destiné, c’est-à-dire couper et pénétrer, afin d’accéder à une résurgence des souvenirs, mais aussi d’accéder à une sorte de havre dont on serait bien en peine de préciser s’il est purement onirique, fantasmatique ou touchant au fantastique.

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Pour Tsukamoto, le point de départ du film a été sa fascination pour les dessins anatomiques de Léonard de Vinci, fascination qu’il a cultivée en se rendant dans une fac de médecine pour assister à des travaux de dissection. Présenté comme cela, ça fait peur. Morbide forcené, le père Tsukamoto ? C’est ce que l’on craint lors des premières scènes de dissection, mais il faut savoir que les seuls organes internes que l’on verra seront représentés par le biais de dessins que l’on demande aux étudiants d’effectuer. Il y a du coup une distanciation esthétique, distanciation magnifiée par les rêves (ou les visions ? ou par un réel accès à un ailleurs mystique ?) que fait Takagi et qui lui permettent de rejoindre son ancienne bien-aimée dans un lieu édénique, tranchant terriblement avec l’univers de béton (signifié dès les premiers plans, avec la puissante apparition de quatre gigantesque cheminées d’usine — ou d’un crématorium) dans lequel il vit.

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Indéniablement, il dissèque un corps qui n’est plus que mort. Mais en même temps, c’est en disséquant cette mort qu’il parvient à se souvenir, à retrouver avec ivresse le souvenir vital de son histoire d’amour avec Ryoko. Et entre les deux, Ikumi ne peut que ronger son frein et sentir la jalousie monter. Car la jeune femme, si elle est bien vivante, semble finalement bien morte aux yeux de Takugi.

Vous l’aurez compris, difficile de trouver un triangle amoureux plus WTF que celui proposé par Tsukamoto. Mais l’histoire ne doit pas rebuter. Film d’amour, film sur la nature, enfin film affrontant la mort avec élégance et pudeur (belles scènes au moment de la toilettes funéraire et de l’incinération des personnes qui avaient légué leur corps à la science), Vital apparaît finalement comme une porte d’entrée aussi fascinante qu’accessible pour celui qui n’aurait pas encore exploré l’univers si particulier de Tsukamoto. Sa seule faute de goût n’est finalement que son générique de fin, avec une chanson de Cocco, chanteuse alors à la mode et que l’on a dû probablement imposer à Tsukamoto. Pour le reste, le film est visuellement très beau, loin de l’expérimentation techno-punk de Tetsuo.
7,5/10
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Film: Vital
Note: 5,5/10
Auteur: nicofromtheblock

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Re: [Olrik] Eiga 2025

Messagepar Mark Chopper » Mer 15 Jan 2025, 15:49

Sa seule faute de goût n’est finalement que son générique de fin, avec une chanson de Cocco, chanteuse alors à la mode et que l’on a dû probablement imposer à Tsukamoto.


Mmm... Vu que cette chanteuse est l'actrice principale de Kotoko - son pire film avec Tetsuo 3 - j'en doute.
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